Discussion: WHV Australie, pourquoi c'est une mauvaise idée
- 16/10/20, 11:31 #1Je souhaiterai partager mon expérience sur le PVT en Australie, afin d'éclairer au mieux les futurs candidats sur ce qui les attend. L'Australie est un pays qui fait rêver beaucoup de monde, avec un niveau de vie très élevé.
Pourtant, je pense que partir en Australie avec un Working holidays visa est une très mauvaise idée, et je ne comprends pas que plus de gens ne reviennent pas avec un avis très négatif sur leur expérience. Je pense que c'est du à une forme d'autocensure, au fait que les gens préfèrent montrer à leurs proches uniquement le positif, ou alors par honte d'être perçu comme quelqu'un de négatif ou je ne sais quoi.
Si quelqu'un avait put me prévenir sur la réalité du terrain, j'aurais économisé 5000 euros, 6 mois de ma vie, et beaucoup d'émotions négatives. Alors j'ai pris l'initiative de le faire.
La raison principale pour laquelle vous ne devriez pas partir en Australie est la suivante: la seule raison de votre présence sur place est de servir de main d’œuvre exploitable à merci, sans droits, et de pompe à fric pour l'industrie des backpackers. Les Australiens ne sont pas un peuple philanthrope, et si ils accordent 200 000 visas par an à des jeunes touristes Européens, c'est bien car c'est dans leur intérêt le plus strict.
Concrètement, vous risquez de vous retrouver dans des situations très difficiles, seul au bout du monde, à la merci d'Australien peu scrupuleux, à vivre dans des conditions déplorables au milieu des cafards en espérant que votre employeur vous versera bien votre salaire dans les 15 jours. Si vous pensez que j'exagère, je vous invite à lire les nombreux témoignages ici et là des conditions de travail dans les fermes en australie. Oui car n'espérez pas trouver un vrai travail avec votre visa en carton, vous n'êtes pas là pour ça. Mais bon à la limite ce ne serait pas grave si les conditions de travail étaient bonnes, les backpackers étaient respectés.
N'allez pas penser à ce que je m'attende à ce qu'on me déroule le tapis rouge, mais ce que j'ai put observer là bas dépassait de loin mes pires prévisions.
Non seulement travailler pour 2 ou 3 euros de l'heure est une chose commune, mais il vous faudra payer un droit dans les hôtels pour trouver du travail. Une fois payé 2 semaines de loyer, puis versé une caution, soit environ en moyenne 500 euros, vous pourrez avoir le plaisir d'être traité comme un sous-homme, à attendre des semaines pour un emploi bien rémunéré qui ne viendra pas, sauf si vous êtes assez coriace et près à endurer un mois ou deux de travail sous rémunéré, qui ne suffira pas à payer vos factures d'hotel et votre nourriture.
Mais attendez, ce n'est pas le pire. Ca peut encore s'aggraver. Car les situations harcèlement sexuel, de maltraitance sont monnaies courantes. Je vais ici vous citer quelques cas qui ont fait la une des journaux lorsque j'étais sur place
https://www.abc.net.au/news/2019-03-05/meningie-rape-ordeal-backpacker-pig-shed-gene-bristow/10872706
Ce charmant fermier australien avait séquestré une backpackeuse Belge pour la violer non stop dans sa porcherie. Apparament elle a réussit à s'échapper au bout de 48 heures sans quoi je pense qu'elle aurait surement finie en viande hachée? enfin bref ce n'était pas la première, et si vous êtes une fille, surtout n'ayez aucune confiance dans les fermiers australiens ou les gens qui vous proposent des emplois au fin fond du bush, car je pense que les abus sexuels sur les backpackeuses sont très fréquents, même si pas forcément aussi extrême.
Un autre fait divers qui me fait particulierement pitié, ce jeune britannique, mort en faisant du fruit picking, à cause de la chaleur et de l'épuisement
Death in the sun: Australia's 88-day law leaves backpackers exploited and exposed | Australia news | The Guardian
oui car l'Australie a un climat particulièrement dur à supporter, ce qui rend le travail physique beaucoup plus dangereux et épuisant. Ne sous-estimez pas la difficulté de travailler 10 h par jour, avec des gens odieux, dans conditions de vie médiocre, le tout dans une atmosphère de précarité car vous savez très bien qu'avoir recours à la justice, en tant qu'étranger, sera un processus trop long et trop coûteux. Et les Australiens le savent bien.
Si j'ai cité ces 2 cas, qui ont fait la une des journaux, il faut que vous compreniez que ce n'est que la pointe de l'iceberg qui reflète l'ambiance générale qui vous attend. La très grande majorité des abus et même des morts ne font pas la une des journaux, puisque j'ai moi même croisé des gens qui étaient sur un working hostel ou un backpacker est décédé, suite à un malaise au travail. Alors je n'ai pas fait d'autopsie mais il y a fort à parier que ce soit lié à la dureté des taches. J'ai croisé une gamine de 20 ans en pleur qui n'était là que depuis 3 semaines et qui voulaient rentrer de suite chez elle. Avec un autre garcon, on a essayé de la faire parler et de lui demander ce qui lui était arrivé pour la consoler mais elle n'a pas voulu nous répondre. Je vous laisse imaginer.
Un autre cas concret, que j'ai croisé, un jeune français qui s'est blessé sur une ferme à bananes avec un petit couteaux au genoux (utilisé pour découper les bananes sur la chaine de production). La blessure en elle même était bénigne, mais sur ces fermes les gens se salissent énormément et la blessure s'est infectée. La situation a très vité dégénérée, son genoux a gonflé et viré au noir. Alors qu'il était normalement protégé car déclaré et blessé dans le cadre de son travail, l'employeur a nié qu'il s'était blessé au travail. Sur cette simple déclaration, l'assurance lui a été refusée. Il a dont dut rentrer en urgence en France se faire opérer car il risquait l'amputation. Je regrette de ne pas avoir pris les coordonnées de cette personne, car je souhaite constituer un dossier de tous les abus subis pour le communiquer au gouvernement.
Si vous avez eu une expérience de ce type, n'hésitez pas à me joindre pour que j'inclue votre histoire dans mon dossier.
Enfin quelques mots sur les hostels, qui sont de véritables bordels ou les backpackers sont bourrés et drogués 24h sur 24h, et vous aurez la surprise de les voir faire l'amour alors que vous êtes dans la pièce à 2 m d'eux. (ca m'est arrivé 2 fois en 2 mois d'hostel) Je ne juge personne si ce genre de mode de vie vous tente à vous de voir personnellement je ne suis pas près d'y refoutre les pieds.
Toute une industrie vit uniquement sur le dos des backpackers : auberges, transports, bars ou discothèques.... L'argent part très vite en australie, et ce que vous gagnez, les australiens se débrouilleront pour vous le reprendre intégralement. C'est leur logique économique.
D'ailleurs, j'ai fait connaissance avec un australien qui avait monté un business de taxi pour les backpackers. Son chiffre d'affaire venait principalement d'"emergency calls", c'est à dire des gens dans la merde prêt à payer 300 euros pourqu'on vienne les chercher au fin fond du bush tellement les conditions de travail et de vie sont insupportables, voire ils se sentent en danger (femmes seules, etc...) Tout ce que je dis est 100% vrai, ce qui n'empêche pas que oui certains s'éclateront en australie. l'un n'empêche pas l'autre.
Oui certains adorent leur année en Australie, car ils se font des super potes, voyagent, et évidémment, certaines expériences sont très positives. Même dans le travail, oui vous pouvez très bien avoir de la chance, ou trouvez un super job dans une grande ville.
Si vous avez une qualification type soudeur, coiffeur, etc, alors les choses devraient être bien plus sympathiques pour vous. Tout n'est pas noir. Je le reconnais volontiers.
Mais dans l'ensemble je pense que les conditions du WHV sont un scandale et les australien devraient avoir honte, mais ce n'est pas dans leurs habitudes.
Je sais que je ne vais pas forcément me faire des amis mais je pense qu'il fallait que les choses soient énoncées clairement, l’Australie est loin d'être une destination de rêve. Je vous conseillerai plutot le canada ou la culture et la mentalité sont bien différentes.
A bon entendeur.
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- 16/10/20, 19:49 #2Moi non plus je n'ai pas aimé mon année en Australie et je me sens aussi souvent à contre-courant.
J'y suis allée car j'avais trouvé un travail à distance et évidemment, ils ne sponsorisaient aucun autre visa. Je n'ai pas à me plaindre niveau travail (compétence très spécialisée, je gagnais très bien ma vie) mais le reste...
Même sans vivre comme un backpacker, on est assimilés en tant que tel. Impossible de trouver une colocation à Melbourne à cause de ma nationalité alors que j'étais prof à l'université.
J'ai été dans le circuit backpacker le temps de faire un road-trip Cairns-Sydney et j'ai vraiment détesté l'expérience (Fraser Island étant le top du top des arnaques avec pas assez de nourriture pour 3 jours quand elle n'était pas avariée)
Bref j'ai plein d'histoires aussi, je n'ai pas été en ferme ce qui étonnait tout le monde, mais non. Je regrette pas d'y être allée, ça a été très formateur sur plein de domaines, mais effectivement, ce n'était pas pour moi.
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- 17/10/20, 12:17 #3Salut Yann,
Je te remercie pour ton message, tous les avis et retours d’expérience sont les bienvenus ici
Nous avons publié il y a 6 ans cet article : Tribune : un WHV en Australie fantasmé - pvtistes.net, qui avait pour objectif de préparer les pvtistes au fait qu’il ne fallait pas idéaliser l’Australie, mais ce phénomène (employeurs qui sous paient, qui maltraitent...) est devenu plus fort au fil des années malheureusement. On en a aussi parlé dans le guide des pvtistes en Australie et hier encore, j’étais à Brest pour une présentation du PVT et j’ai bien indiqué de ne pas penser qu’on quittait la France pour des eldorados, notamment en parlant de l’Australie (on a du mal avec les reportages qui parlent de pays sans chômage, de gens qui ont trouvé un boulot super bien payé après une séance de surf, sur la plage, car un inconnu leur a demandé leur carte de visite. C’est arrivé à 1 mec en 15 ans et le reportage parle de lui, pffff).
J’aimerais commenter quelques points que tu évoques.
- S’il y a beaucoup d’excellents retours d’Australie (j’en fais partie !), c’est que pour beaucoup, ça se passe super bien, pour de vrai. En aucun cas, ça veut dire que ceux qui n’ont pas une bonne expérience sont des menteurs, loin de là, on ne vit pas la même expérience, on ne rencontre pas les mêmes et on n’a pas tous la même chance !! D’ailleurs, je regrette parfois de voir sur les réseaux sociaux des réactions hyper virulentes quand on partage le témoignage de quelqu’un qui est déçu d’un pays (souvent, le pire c’est le Canada et l’Australie, comme si ces deux pays étaient des paradis terrestres, avec des habitants tous plus merveilleux les uns que les autres, c’est dommage !). Si on partage ton message sur Facebook par exemple, je vois d’ici les commentaires...
- Ensuite, bien sûr, certains n’osent pas parler de leur mauvaise expérience, pour différentes raisons. Ce qui peut donner l’impression à un futur pvtiste que TOUT LE MONDE adore son PVT alors que ce n’est pas le cas. Une pvtiste a créé une discussion il y a quelques années, le titre était parlant : l’Australie je n’ai pas aimé : L'Australie, je n'ai pas aimé !.
- Pour ce qui est des entreprises qui sous paient, on essaie au maximum de dire aux pvtistes (dans notre contenu et quand on faisait des événements physiques, avant le covid) de quitter rapidement une entreprise qui sous paie, de voir si des gens qui sont là depuis plusieurs semaines gagnent bien leur vie (ce qui laisse penser qu’une fois le coup de main pris, on peut gagner correctement sa vie), sinon ciao !
- Pour ce qui est séquestrations et viols, c’est ignoble et je regrette de voir que ça arrive encore aujourd’hui, comme si ces employeurs pensaient pouvoir agir en toute impunité, comptant sur le fait que leurs victimes ne parleront pas...
J’ai fait un Facebook Live la semaine dernière sur le fait de partir seul en PVT et forcément j’ai abordé le fait de partie seulE. Je pensais faire un dossier sur pvtistes.net en prenant la visio comme base, et avec ton message, je pense que j’insisterai beaucoup plus sur le risque d’agressions de la part des employeurs, en conseillant sans doute de partir travailler dans des zones reculées à plusieurs.
- Enfin, pour la dureté des tâches ou la chaleur, il faut absolument que les gens cessent de travailler quand les conditions de travail ne sont pas bonnes et dénoncent les employeurs, c’est primordial. L’Australie dispose d’une interface où on peut faire ce type de dénonciations. Mais je sais aussi que parfois, on manque d’argent alors on se dit « je vais continuer un peu et je démissionnerai après ». J’en ai conscience, j’ai moi-même manqué d’argent en Australie. C’est délicat, parfois, on n’a pas trop le choix...
Ton message est un rappel important, on va essayer de remettre en avant notre article évoqué tout au début de ce message et j’y ajouterai un lien vers ton post.
Malgré tout, je pense que pour beaucoup, l’expérience est belle car ils travaillent pour un salaire décent, même en ferme, car ils ont des potes/petits amis avec qui ils se lient vraiment fort, parce qu’ils voyagent beaucoup et vivent « légèrement ». C’est ce que j’ai gardé de cette merveilleuse année en Australie. Je ne dirais pas que c’est une mauvaise idée de partir en Australie avec ce visa, mais qu’il est très important (primordial !) d’avoir conscience de la réalité de la situation, 1. Pour ne pas être surpris, 2. Pour essayer de limiter les risques de se retrouver dans ces situations et 3. Pour savoir comment réagir face à ce type de problèmes.
Quant aux auberges, il faut effectivement bien les choisir, certaines sont ni plus ni moins des boites de nuit / baisodromes quand d’autres (généralement plus petites, moins centrales et un peu plus chères) donnent une sensation de grosse colocation (perso, j’adore !). Après, j’ai souvent entendu des gens me dire qu’ils choisissaient la Nouvelle-Zélande et non l’Australie a cause de ce genre de choses (alors qu’ils n’y sont pas allés - c’est bien que des gens le leur ont dit). Les pvtistes d’Australie sont souvent vus comme les plus fêtards, les moins préparés et les plus irrespectueux, même par les pvtistes eux-mêmes et certains, clairement, les fuient !
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