Discussion: La photo humaniste va-t-elle mourir?
- 08/08/07, 03:02 #1Voici un excellent documentaire que je conseille a tous les passionnés de photographie, et a tout le monde d’ailleur de regarder :
https://video.google.fr/videoplay?docid=-8055791195744484552&hl=fr
Puis si vous etes du genre a gueuler quand vous réalisez que vous devez figurer dans le cadrage d un photographe inconnu, allez donc crever! (Oui j ai la haine)
- 09/08/07, 15:04 #2très beau reportage, merci pour l'info !!!
- 09/08/07, 17:15 #3Tiens je vais regarder ce reportage même si je suis pas un grand photographe dans l'âme c'est toujours interessant ...
- 09/08/07, 18:01 #4Dans notre société actuelle où tout tourne autour de la protection et de la sécurité, le droit à l'image est devenu un exemple typique de possibles dérives, bien que cette loi soit parfaitement compréhensible en soi.
Le droit de l'image est tout de même très précise sur ce qui est possible ou non. De plus, certains média dans le cadre de leur travail peuvent se passer de se justifier.
Reste que pour les amateurs et professionnels, il est devenu obligatoire de se "protéger" en demandant l'accord écrit de la personne photographiée (idem dans un cas d'une photo de "groupe"). Bien sûr cela est très contraignant dans certains cas, mais il y a aussi ce que l'on appelle l'accord "tacite" : La présomption d'autorisation se justifie par la « satisfaction d'un besoin légitime du public à être informé par l'image »
Enfin bon, c'est un sujet très tendancieux qui pose surtout un problème pour les artistes (amateurs ou pro). Cependant, il existe aussi des droits pour les protéger... C'est un gros cercle "vicieux" où chacun se renvoie la balle au nom de la sécurité individuelle.
Je souhaite aussi rappeler que si le photographe a parfaitement le droit de faire son travail artistique, les personnes photographiées ont parfaitement le droit de refuser d'y participer. Il y a droit, devoir et permission dans chacune des parties.
Dernière modification par Zifnab Hydre ; 09/08/07 à 18:05.
- 09/08/07, 21:08 #5
- 09/08/07, 23:12 #6ouais, c'est quand memebien dommage tout ca...
c'est vrai que tant que la personne n'est pas tournee en derision, ni dans une position incomfortable et qu'elle a toute son integrite j'ai du mal a comprendre vraiment les attaques contre les photographes... on va dire que je les concois juste...
heureusement que ces lois n'existaient pas il y a quelques annes sinon des photos comme celles de Doisneau (au hasard "le baiser") ne nous seraient jamais parvenues...
Mais c'est vraiment triste pour les "Doisneau" de demain.
- 10/08/07, 03:26 #7Je me rappelle d'un dicton d'un de mes profs (je ne crois pas que ce soit de lui mais peu importe) :
" Dans de nombreuses cultures, on perçoit les artistes de deux façons :
- soit ils immortalisent des moments important de votre vie
- soit ils volent des moments intimes de votre vie "
La perception est donc diamétralement opposé en fonction de son état d'esprit.
Je conçois donc parfaitement que certaines personnes ne souhaitent pas apparaître sur une photo, une peinture ou une oeuvre quelque soit sa raison. Cela peut paraître individualiste voir hypocrite, mais il s'agit simplement d'une forme de respect envers le modèle même de l'artiste.
Un artiste est aussi là pour imaginer, créer, inventer de nouvelles choses, techniques, etc. Il a donc parfaitement la capacité de s'en "sortir" sans se mettre en "tort".
- 11/08/07, 18:25 #8
- 02/11/08, 19:01 #9Merci aussi pour ce lien. L'émission est d'autant plus intéressante qu'elle montre bien que le problème vient de France et "contamine" maintenant le Québec. De plus elle présente New-York comme une ville où il est possible de photographier dans la rue. En France on prétend que ce problème vient des Etats-Unis et qu'en Europe, seule la Grande-Bretagne est épargnée. J'ai d'ailleurs publié certaines de mes images en Angleterre (Black and White Photography) sans rencontrer les mêmes problèmes qu'en France.
- 02/11/08, 19:22 #10ce post remonte à loin mais je voudrais juste préciser que la plupart des photos de Doisneau n'ont rien de spontané, que bien souvent il employait des acteurs et qu'il préparait soigneusement ses clichés pour leur donner cet air spontané justement.
Pour le baiser de l'hôtel de ville a d'ailleurs donné lieu à un procès il y a quelques années, même si les choses n'ont pas été, me semble-t-il, été réellement éclaircies.
Dans tous les cas, il est vrai qu'il y a une cinquantaine d'année les gens se souciaient moins de leur droit à l'image, ou tout de moins qu'il n'y avait pas cette parano atour du contrôle de son image qui selon moi s'est développée non pas à cause de la législation mais bien plutôt en raison de l'évolution de notre société : les images sont aujourd'hui beaucoup plus facilement prises, détournées, diffusées à grande échelle. Et ça fait peur aux gens. D'une part ils ne veulent pas que leur image leur échappe, une image qu'ils considèrent comme une part de leur personnalité (une version moderne de la croyance selon laquelle lorsque le photographe prend une photo d'un modèle, il lui vole son âme).Et d'autre part, la peur que quelqu'un d'autre fasse de l'argent grâce à cette image (et donc grâce à eux pensent-ils) et que eux n'aient droit à rien.
- 03/11/08, 15:57 #11il est vrai que de nos jours, le culte de l'image et la manipulation que l'on peut en faire en est rendu à un tel paroxisme qu'il ne faut pas s'étonner de voir quelques réticences quant à la diffusion de certains clichés..
Bien entendu, la plulpart de ces clichés n'ont pas de réel vocation à la polémique; mais il peut arriver que la diffusion d'une photo gêne plus que passablement le sujet de la dite photo. Et lorsque je lis
"Puis si vous etes du genre a gueuler quand vous réalisez que vous devez figurer dans le cadrage d un photographe inconnu, allez donc crever! (Oui j ai la haine)"
au lieu de gueuler sur les sujets potentiels, il faudrait aussi s'interroger je pense sur le rôle qu'ont joué les professionnels de l'image au fil des années, en mettant au premier plan des clichés somme toute banal et en en faisant des clichés représentatif de tel ou tel mouvement, de telle ou telle époque, et en associant les sujets d'un cliché à un mode vie ou de penser ou autre auquel ils n'adhèrent pas forcément.. L'importance que l'on accorde à l'image aujourd'hui, et le relais potentiel que peut jouer une simple photographie entre un sujet anonyme et son accès à la notoriété dans des conditions qu'il ne gère absolument pas; font que le contrôle de l'image croît en même temps que son importance potentielle et que sa diffusion potentielle...
l'image étant devenu un tel marché il est compréhensible que les sujets veuillent en contrôler l'accès, quitte à virer dans un excès de protectionnisme au grand daim des photographes humanistes.
- 03/11/08, 16:05 #12en gros:
"vous nous faites chier aussi à vouloir tout photographier et tout rendre publique, vous avez contribué à l'élaboration d'un monde de paillette, de faux semblants et de "m'as tu vu?", maintenant vous en payez les frais "
.. c'est une réponse qui pourrait être autant justifiée que la crainte des photographes à perdre leur droit d'exercer leur passion..
- 03/11/08, 21:40 #13Grosso modo il y a vraiment 2 camps. Celui des photographes qui voient dans ce "droit à l'image" la mise hors la loi de leurs activités. Le deuxième camp est celui de ceux qui ne connaissent rien à la photo mais phantasment sur un pseudo risque d'être ridiculisé en image à l'échelle planétaire du net et qui surtout s'imaginent que les photographes sont richissimes grace aux vols d'images. J'aime beaucoup dans le reportage le passage où Guy Le Querec raconte sa mésaventure avec une jeune-fille dans une librairie. Elle n'accepte pas que Guy lui photographie les mains mais elle lit un livre de Doisneau! Il y a en effet un moment où ces deux camps se rencontrent c'est lors de la publication des images. Le photographe montre ce qu'il a vu et celui "qui n'y connait rien" trouve les photos superbes. Cherchez l'erreur.
- 04/11/08, 11:50 #14Tu prends très nettement parti contre celui "qui n'y connait rien" selon toi.
Tu peux t'y "connaître" et ne pas vouloir te retrouver dans un livre de Doisneau (ou équivalent).
- 04/11/08, 19:06 #15En tant que photographe, personne ne se préoccupe de moi depuis que j'ai un banal compact numérique.
Mais dès que je sors le réflex avec trépied et gros objectif, arrive les gardiens, les gens se méfient, me demande pour quel journal je travaille, etc... Et certains prennent la même photo que moi, sans vraiment savoir ce que je cadre...
Moralité, je prend des photos dans la rue avec mon petit compact.
D'ailleurs, les photographes humanistes utilisaient majoritairement un Leica pour la discrétion.
Et j'ai aussi fait beaucoup de photos de concert, et là... Certaines grosses vedettes (ou même certains musiciens anonymes...) sont très pointilleux sur leur droit à l'image, comme si on avait une montagne d'argent potentiel entre les mains... Et ce n'est surtout pas dans ce domaine là que l'on peut faire fortune (sauf rares exceptions...)
D'un autre côté, je n'ai pas non plus envie de retrouver ma tête dans un skyblog sur une photo mal faite et avec des commentaires désobligeants.
Et la photo humaniste va-t-elle mourrir ?
Je pense que la photo est passé à un stade plus conceptuel.
D'ailleurs, je ne pense à aucun nom de photographe humaniste de moins de 50 ans...
- 05/11/08, 14:53 #16La photo humaniste ne doit pas mourir car c'est selon moi un des vecteurs principal d'émotions en photographie ! Mais peut-être faut-il pour cela que les 2 "camps" pré-cités arrêtent de se voir en ennemis et de s'incriminer...
Respect et confiance, voilà ce qui est nécessaire.
Il faut que le photographe respecte le sujet (il ne serait rien sans lui après tout), respecte le contexte de l'image sans essayer de la détourner et respecte une certaine éthique.
Il faut que le sujet fasse confiance au photographe par rapport à l'utilisation de son image et par rapport à la diffusion.
De plus, les deux doivent arriver à s'abstraire de la notion d'argent. Le photographe doit agir dans une démarche purement artistique et le sujet ne doit pas redouter qu'on fasse de l'argent sur son dos et qu'il n'en retire rien.
La communication serait probablement le moyen de survie de la photo humaniste. Il faudrait informer, demander et simplement partager !
Ah là là... dans un monde idéal, la photographie humanisme vivrait ! oui... sauf que là, respect, confiance et désintérêt pécunier sont en perte de vitesse. Finalement je suis suis assez pessimiste quant à l'avenir de la photo humaniste...
- 05/11/08, 21:14 #17J'ai effectivement tout juste 50 ans mais cela fait pas mal d'années qu'on me classe parmis les "photographes humanistes". Si vous voulez voir ce que je fais j'espère que ce lien marche:
https://www.facebook.com/profile.php...84&ref=profile
Sinon dans Face Book il faut taper mon nom: Bruno Delannoy.
Je ne gagne rien avec mes photos, j'ai un autre métier pour me nourrir, je crois d'ailleurs comme le dit une des filles de Doisneau dans le reportage de TV5 Monde (voir le lien en haut), c'est le fantasme de l'argent gagné dans la commercialisation qui perturbe le "sujet photographié". Non les photographes humanistes ne travaillaient pas à la dérobée avec un Leica ou alors nous n'avons pas la même définition (Cartier-Bresson n'est pas un "humaniste, éventuellement un "surréaliste" à ses débuts). Oui ils "arrangeaient" certaines de leur photo (Doisneau pour "Le baiser de l'hôtel de ville" mais aussi pour les mariés qui vont au bistrot, les photos de Michel Baquet, de l'enfant avec son pigeon...). Je ne me reconnais d'ailleurs ni dans la technique de HCB ni dans celle de Doisneau. Pourtant on classe dans ce fourre-tout, l'ensemble des photographes qui "osent" photographier des visages de gens qu'ils ne connaissent pas. Le "vrai" courant humaniste est par définition fini puisqu'il ne concerne que des photographes français qui ne sont plus en activité: Doisneau, Ronis, Izis, Boubat...Essentiellement des photographes qui ont lancé la pratique de l'illustration avec le support d'agence comme Rapho. Pour mieux expliquer ce qu'étaient la photographie d'illustration, il n'y a qu'à voir les livres de "fonds de tiroir" des moins bonnes photos de Doisneau. Robert D. travaillaient sur des thèmes comme les congés payés, l'école...et Rapho vendaient ses images à des journaux ou des magazines pour illustrer des articles éventuellement pendant des années. Ces photographes étaient donc payés à chaque publication et certaines photos comme le baiser ont semble-t-il constitué des rentes à vie. A la même époque les "reporters" étaient souvent salariés de journaux et donc non intéressés à chaque publications. On peut donc dire que d'une certaine façon ces photographes ont en même temps qu'ils ont créé une nouvelle façon de vivre de leurs images, ont mis le ver dans le fruit. Une autre annecdote est assez symbolique. Lors d'un tremblement de terre en algérie, un photographe indépendant photographie une femme en pleurs soutenue par deux femmes telle une mater dolorosa. La photo est très émouvante et raconte parfaitement la catastrophe. Le photographe reçoit un prix dont le montant est important. La femme a porté l'affaire devant les tribunaux pour réclamer sa part du gâteau! Je ne dis pas que seuls les amateurs ou les salariés des journaux peuvent photographier dans la rue mais je dis que tous ces débats sur le droit à l'image sont nés de ce malentendu entre photographes et sujets en grande partie à cause des façons de "vendre" ses images.
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