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    Par Marie Cousin, publié le 24/06/2009 14:55 - mis à jour le 14/10/2009 13:39

    De Toronto à Vancouver en passant par les Prairies, le Canada anglophone recrute. Le défi pour les arrivants : s'adapter aux us et coutumes d'un nouveau monde du travail. Décryptage et conseils.


    La préparation du travail

    Avant de partir, renseignez-vous sur le marché du travail via les sites Internet d'offres d'emploi et ceux des provinces mais aussi sur les conditions d'exercice de votre métier : au Canada, près de 20 % des professions sont réglementées. « Travaillez votre anglais avant d'arriver, conseille Michèle Pignole du Bureau de l'emploi du consulat général de France à Toronto. Il est obligatoire pour décrocher un boulot et s'intégrer dans le milieu du travail. » Vous serez en compétition avec des immigrés du monde entier, très diplômés qui, eux, maîtrisent fort bien cette langue.
    Ne vous attendez pas, en revanche, à décrocher un job avant d'être sur place. «Une recruteuse avait pris mon CV pendant le forum Destination Canada pour le proposer à des employeurs, se souvient Nelly Osanno, 28 ans, arrivée en mars 2008 avec un PVT. Mais je n'ai reçu aucune offre. Sur place, j'ai recontacté ces entreprises en précisant que j'étais à Vancouver avec un permis de travail. J'ai obtenu sept rendez-vous en dix jours ! » Pas question non plus de se pointer en entretien d'embauche avec un visa de tourisme. Pour ceux possédant un permis de travail temporaire tels que les pvtistes, mieux vaut ruser. «Ne dites pas que vous avez un visa d'une durée d'un an, explique Michèle Pignole, mais que vous possédez un permis de travail de douze mois prolongeable pendant dix-huit mois avec un emploi de perfectionnement. C'est plus rassurant pour l'employeur. »


    La positive attitude !



    « C'est le grand problème des Français, affirme Fanny Brossa, conseillère au centre de ressources en emploi de la ville de Toronto. Ils ne savent pas se vendre. Ici, on souligne toujours l'aspect positif de toute expérience, bonne ou mauvaise. » Pas question d'envoyer votre CV français. Mettez en avant vos compétences et expériences plutôt que vos diplômes, inconnus pour un employeur canadien. « Développer vos réalisations, précisez comment vous avez atteint vos objectifs », explique Fanny Brossa. Pour mettre toutes les chances de votre côté, rédigez un CV adapté à chaque annonce à laquelle vous répondez : utilisez le vocabulaire de l'offre d'emploi dans votre CV afin de passer le barrage du tri informatique par mots clés... L'entretien aussi se prépare. « Réfléchissez à quelques exemples où vous montrez vos capacités comportementales en situation de stress et, surtout, réfléchissez à deux ou trois questions à poser au recruteur à la fin de votre rencontre », complète Fanny Brossa.

    Le bon profil


    Lorsque vous détenez les codes de la recherche d'emploi, vous pouvez passer la vitesse supérieure et chercher à enrichir votre profil. Minh Quang Yvonet, 37 ans, est arrivé au Québec en 2001 avant de déménager en Ontario en 2003. « J'ai dû tout recommencer à zéro car mon expérience québécoise d'administrateur informatique ne comptait pas et mon diplôme français - un DEUG - n'a pas d'équivalence ici, se souvient-il. J'ai donc décidé de passer des certifications, une sorte de diplôme, pour multiplier mes chances. » Rapidement, Minh Quang Yvonet a trouvé un emploi de consultant spécialisé dans le champ de sa nouvelle compétence canadienne, à Waterloo, dans l'Ontario. Le bénévolat est une piste à ne pas négliger. « Lorsque nous sommes arrivés à Vancouver en août 2007, je me suis impliquée comme volontaire dans un festival international de littérature, raconte Anne-Laure Collay, 38 ans. Je me suis rendu compte que cela a beaucoup compté pour mes employeurs : c'était un signe d'engagement dans la communauté et une preuve de compétences. »

    Le réseautage


    En gardant contact avec l'un des organisateurs de ce festival, Anne-Laure a profité de la création d'un poste au musée de Vancouver : c'est l'effet réseautage. «Près de 80% des offres d'emploi sont ainsi pourvues », explique Victoire, une animatrice du Centre francophone de Toronto à son auditoire de nouveaux arrivants. Pour se créer un embryon de réseau, pensez à l'entretien informel : contactez une personne dans votre secteur d'activité pour vous informer et profitez-en pour repartir avec deux contacts supplémentaires même si, parfois, c'est difficile.
    Lysianne Faïs, une jeune Belge de 32 ans, a lâché ses recherches en sciences sociales pour suivre son mari à Winnipeg, dans le Manitoba. Son niveau d'anglais étant insuffisant, elle n'a ciblé que des offres francophones. « Cette démarche n'a pas fonctionné car je n'étais pas suffisamment intégrée dans la société franco-manitobaine pour avoir des appuis, explique-t-elle. Pour l'instant, j'ai accepté un poste administratif dans une école : ce n'est pas très motivant mais j'aurais eu mon expérience canadienne. »


    L'expérience canadienne


    Lysianne a raison, c'est le sésame qui permet de postuler à d'autres emplois, plus conformes à ses compétences. Beaucoup de francophones passent donc quelque temps dans les centres de services à la clientèle, les fameux call centers où l'on recherche de la main-d'oeuvre bilingue etbon marché. « Cela permet de se familiariser avec la mentalité des entreprises locales et d'apprendre le vocabulaire technique », souligne Marjorie Moulin, du Club francophone de recherche d'emploi de Toronto. L'enjeu consiste à ne pas y rester trop longtemps. « Il est difficile de sortir de l'engrenage des petits jobs car ils sont souvent l'unique revenu, prévient Fanny Brossa. Or, pour progresser, il faut s'extraire de la case "nouveaux arrivants" que les employeurs collent aux salariés des call centers. » Frédéric Collay, 37 ans, connaît bien la problématique : « J'ai accepté un emploi de service à la clientèle pour subvenir aux besoins de la famille, explique-t-il. Mais j'y suis resté trop longtemps - plus d'un an. Il n'y a aucune perspective de promotion. » Depuis que son épouse, Anne-Laure, a trouvé un emploi à plein-temps, il a démissionné, bien décidé à chercher un vrai job !
    Le vendredi tout est permis !

    TOMBEZ LA VESTE, ABANDONNEZ LA CRAVATE ET LE TAILLEUR : C'EST VENDREDI ! La coutume du casual friday (vendredi décontracté) a vu le jour aux Etats-Unis et au Canada à la fin des années 1950. Le but : détendre l'atmosphère « col blanc » de la semaine en assouplissant les plis du code vestimentaire. Mais le port du bermuda ou de la chemise à fleurs pour un rendez-vous avec la clientèle est à éviter ! Autre tradition : le pot luck(littéralement, la chance de la casserole). Chaque employé prépare pour le déjeuner un plat qu'il partagera avec ses collègues et sa hiérarchie sur son lieu de travail. Il existe même des forums de salariés angoissés, à la recherche de la recette idéale. C'est dire si la chose est prise au sérieux. Cette forme de management s'inspire d'une coutume indienne- le potlatch - durant laquelle étaient échangés des cadeaux, dont de la nourriture. Paradoxalement, la cérémonie servait à marquer le statut social, ce que cherche à éviter le potluck du XXIe siècle.


    Source : Les cinq clés pour décrocher un job