Annie Morin et
Richard Hénault
Le Soleil (09/01/2012)
(Québec) Pour avoir affirmé sur le ton de la blague qu'il y avait une bom be dans sa valise, un jeune Français a été accusé de méfait public et d'avoir transmis de faux renseignements, lundi, au palais de justice de Québec.
Paul-Prosper L'Homme, 25 ans, avait passé l'épreuve des douanes et avait même pris place à bord de l'avion devant le mener de Québec à Montréal, dimanche après-midi, quand il a lancé la phrase maudite.
Le personnel du vol 8719 de Jazz Aviation, filiale d'Air Canada, lui a aussitôt demandé de quitter l'appareil.
«Lorsqu'un passager démontre un comportement qui est perçu comme étant menaçant à la sécurité ou au confort de nos passagers, il est nécessaire d'agir dans l'intérêt de la majorité des passagers, et cela peut inclure le débarquement d'un passager dans certains cas», a précisé lundi Manon Stuart, porte-parole du transporteur, dans un courriel relatant brièvement les faits. «Heureusement, de telles situations n'arrivent pas fréquemment», a-t-elle pris soin d'ajouter.
Dimanche, L'Homme a respecté l'ordre d'expulsion de l'avion, puis il a demandé de récupérer son bagage de cabine. Pendant les discussions suivant cette requête, le ton a monté, le voyageur refusant désormais de quitter le terminal d'embarquement. Les agents de sécurité de l'aéroport de Québec ont alors appelé la police municipale en renfort. Le plaisantin a été arrêté.
Lors de sa comparution, lundi en fin d'après-midi, le prévenu résidant à Nevers a décidé de se présenter seul devant le juge. Il a exprimé une certaine crainte des honoraires des avocats québécois.
Le juge Bernard Lemieux lui a toutefois permis de rencontrer un avocat de l'Aide juridique, Me Nicolas Déry, qui l'a finalement représenté pour sa comparution.
Répondant aux questions du juge, le prévenu a indiqué qu'il venait de passer trois semaines de vacances chez des amis.
«Vol raté»
Le procureur de la Couronne, Me Jean-Roch Parent, s'est quant à lui opposé à la mise en liberté provisoire de L'Homme après avoir ironiquement mentionné qu'il avait raté son vol.
Il estimait que la détention provisoire de l'individu est nécessaire afin d'assurer sa présence au tribunal pour la suite des procédures. L'enquête sur mise en liberté provisoire du jeune homme a donc été reportée à mardi matin.
«Il faut que les gens comprennent que c'est sérieux. On ne peut pas faire de blagues sur les bombes dans les valises», a martelé lundi Catherine Viel, porte-parole de la Sûreté municipale de Québec. Dès qu'il y a mention de la présence d'explosifs dans un aéroport, l'arrestation est «systématique», a-t-elle confirmé.
Entre février et août 2006, sept touristes, dont six Français, avaient fait de fausses déclarations concernant des bombes ou des terroristes à l'aéroport de Québec.
Depuis, il y a eu quelques cas ici et là, mais «ça reste des événements isolés», assure Jonathan Trudeau, porte-parole de l'administration aéroportuaire, qui laisse à la police le soin de s'occuper des passagers fautifs.