Je ne suis pas la première ni la dernière PVTiste à tomber enceinte lors de son PVT, mais les informations sont rares et souvent contradictoires sur quoi faire dans cette situation, c’est pour cela que je vous propose mon témoignage de grossesse et accouchement lors d’un PVT au Canada, plus précisément au Québec, en espérant que cela puisse aider certaines personnes.
J'espère que ce n'est pas trop confu, bonne lecture (et bon courage!)!
Tout d’abord, un petit état des lieux de notre situation: nous sommes arrivés au Canada en Janvier 2017 avec chacun un PVT et notre petit garçon de presque 2 ans.
« Au cas où » j’avais pris mon assurance obligatoire de PVT chez Chapka (edit : ils ne couvrent plus la grossesse), qui est le seul à rembourser les frais de grossesse à 75% pour un montant de 10 000€ maximum, ce qui peut très vite s’avérer insuffisant en Amérique du Nord, comme nous le verrons plus tard.
Après 3 mois de voyages, woofing, que nous venions tous les deux de trouver du boulot et quelques semaines après notre emménagement dans notre nouvel appartement, surprise! Je suis enceinte!
Nous avions imaginé avoir un deuxième enfant, peut-être même ici au Canada, mais pas si tôt. Apres la première surprise, la joie l’emporte! On va le faire!
Ici, pas de prise de sang ou de visite chez le médecin pour confirmer la bonne nouvelle. Comme on nous le dira souvent dans les semaines suivantes, ici on ne fait rien avant 10 semaines de grossesse au cas où il y aurait une fausse couche.
D’ailleurs, à 5 semaines de grossesse (SG), j’ai des saignements peu abondants pendant plus d’une semaine. Paniquée, j’appelle le 811 (l’équivalent de notre 15) pour savoir si je dois me rendre aux urgences, j’appelle la Maison de Naissance pour savoir si je peux voir une sage-femme, et partout j’ai la même réponse: on ne peut rien faire avant les 10 semaines, de toute façon si c’est une fausse couche il n’y a rien à faire de plus. Pas rassurés, on est persuadés d’avoir perdu ce bébé surprise qu’on veut vraiment maintenant.
Quelques temps après ça, nous nous inscrivons pour une réunion d’information de groupe à la Maison de Naissance de l’Estrie, à 30 mn de chez nous. Pour info, j’ai eu une césarienne d’urgence lors de mon premier accouchement en France que j’ai très mal vécue et je n’ai jamais digéré de ne pas avoir « mis au monde » mon fils, donc je ne veux plus retourner à l’hôpital. Il y a également le facteur financier qui rentre en compte, car lorsque j’appelle la comptabilité du CHU de Sherbrooke à côté de chez nous, on me parle de 4000$ et quelques par jour de frais d’hospitalisation pour la mère, 2000$ et quelques pour le bébé, et on ne compte pas les frais de plusieurs milliers de dollars en cas de césarienne ou autre urgence... Pari risqué donc, surtout qu’on dit souvent « césarienne un jour, césarienne toujours »... alors qu’à la Maison de Naissance il faut compter 2400$ pour l’accouchement même, et 70$ par heure supplémentaire dans la chambre (Spoiler: autant vous dire qu’après l’accouchement on n’a pas traîné), mais il s’agit d’un accouchement 100% naturel.. et donc pas de péridurale!
Evidemment, nous pesons le pour et le contre entre rester et prendre le risque de s’endetter fortement, ou rentrer en France, tout recommencer de zéro, quitter ce pays que nous aimons déjà... Pour être rentrée de mon PVT en Nouvelle-Zélande enceinte de 8 mois de mon fils et avoir connu la galère que c’est de se réinstaller en France et surtout de récupérer notre Sécurité sociale française (pour info: après 3 mois à l’étranger on est radiés automatiquement, et si on veut récupérer ses droits il faut soit retravailler, soit être déclaré à la charge d’une autre personne qui a des droits) on se dit que ça ne vaut pas le coup. Nous sommes au début de notre PVT, et notre vie est ici maintenant. Inconscients ou courageux, on l’aura au Québec ce bébé!
Nous voilà donc à la réunion d’information. La maison de naissance porte bien son nom car elle ressemble vraiment à une maison normale, avec son salon, sa cuisine, ses quatre chambres, chacune équipée d’un grand lit et d’une baignoire. Pas de néons, de fils, de tubes, d’infirmières en tenue... nous sommes conquis. On nous fixe donc un premier RDV avec notre sage-femme aux fameuses 10 SG. La date arrive et nous nous rendons dans son bureau. Pour avoir été suivie par une sage-femme en NZ et une gynécologue en France, je connais la différence. Des RDV d’une heure, pas de toucher vaginal, elle prend juste ma tension, nous discutons de notre histoire, de mon premier accouchement raté, de ma volonté d’aller jusqu’au bout cette fois. Elle m’informe que je fais partie des accouchements dits « à risque » car j’ai un risque plus grand de ravoir une césarienne, et surtout un risque de déchirure utérine au niveau de ma cicatrice qui peut s’avérer mortel. Elle nous explique bien tous les risques et le fera encore lors des prochains RDV mais nous laisse prendre la décision, on appelle cela faire des choix éclairés, phrase que nous entendrons encore souvent à l’avenir. Je commence à avoir peur qu’elle refuse de s’occuper de moi à cause de ma césarienne, mais au contraire, elle est très optimiste sur mes chances de réussir mon AVAC, accouchement vaginal après une césarienne. Je ne réalise pas encore ma chance d’être tombée sur cette sage-femme, c’est au fil de mes lectures que je le comprendrai plus tard: beaucoup de femmes se font fermer la porte au nez par les médecins lorsqu’elles parlent de tenter un AVAC, certains étant toujours persuadés qu’on ne peut avoir que des césariennes après une césarienne, d’autres trop effrayés par les risques.
La sage-femme m’explique qu’il faudra que je me prépare encore plus que pour un accouchement normal, mais je suis hyper motivée. Je ne veux vraiment pas revivre ce que j’ai vécu pour le premier, et pas payer la facture de l’hôpital! Elle me conseille des lectures très instructives que je ferai religieusement, de mon côté je choisis également de me faire suivre pendant toute ma grossesse par une acupuncteur, et dans les dernières semaines je fais du yoga prénatal. Je verrai également une ostéopathe pour masser ma cicatrice et diminuer les risques de rupture, je m’entraînerai à la méditation et à l’auto-hypnose. C’est un investissement de temps et d’argent sur 8 mois, mais toujours moindre que ce que pourrait représenter un séjour à l’hôpital. Avant de partir, elle nous propose d’écouter le cœur du fœtus, je suis surprise car je pensais qu’il était trop tôt. Je ne sais pas si nous allons entendre des battements après mes saignements, et c’est les larmes aux yeux que nous entendons battre le cœur de notre bébé pour la première fois, Nous payons les 200$ de la visite, comme nous le ferons à chaque fois, et prochain RDV dans 6 semaines.
Chaque RDV se passe à peu près de la même manière, nous jasons, tension, cœur, elle me propose certains examens que j’ai le droit de refuser. Nous ferons les deux échographies au CHU (environ 150/200$ chacune), le test de la trisomie 21 (environ 400$) mais je refuserai par exemple le test sur le diabète gestationnel car je ne suis pas considérée comme à risque. La sage-femme respecte tous nos choix et n’émet jamais de jugement. Tous les frais sont remboursés à 75% par mon assurance mais nous devons toujours faire l’avance. Pendant les trois premiers mois, tout est de notre poche car l’assurance prévoit six mois de carence pour les frais de grossesse. Ça pique un peu!
A partir de 34 semaines de grossesse, les RDV sont au deux semaines, puis chaque semaine à partir du neuvième mois. Il faut avancer l’argent mais nous avions essayé d’économiser un peu. Normalement à 36 SG, nous aurions dû avancer 2000$ de l’accouchement, mais j’arrive à négocier avec mon assurance pour qu’ils les prennent en charge, la secrétaire de la maison de naissance est un peu réfractaire à ce changement de procédure mais accepte finalement. C’est un peu compliqué de jongler entre l’assurance et la Maison de Naissance, mais au final, j’accoucherai en avance et ils n’auront pas le temps d’avancer les frais.
Louison est né à la maison de naissance comme prévu. C’est la chose la plus difficile mais aussi la plus belle que j’ai faite de ma vie. La sage-femme a été extraordinaire. Lorsqu’il est né, on me l’a posé sur le ventre, puis donné à son papa avec le cordon toujours accroché et le placenta dans un cul-de-poule! Nous l’avons gardé dans nos bras pendant 3h avant qu’il soit examiné, pesé et mesuré et qu'on lui fasse les soins (vitamine k et antibiotique dans les yeux que nous avions accepté). Après ça, nous avons eu le droit à un superbe plateau de petit déjeuner et nous sommes rentrés chez nous à 15h, soit 6h après sa naissance. Nous voulions être à la maison avec nos fils et accueillir mon père au Québec.
La sage-femme est venue pour un suivi à domicile au jour 1 et 3 de Louison, et comme tout était beau et l’allaitement se passait bien, elle n’est pas venue au jour 5. Prochain RDV à 3 semaines et six semaines.
Nous n’avons pas encore payé la facture, il faut que je la récupère au prochain rdv et l’envoie à mon assurance, nous aurons 25% à payer de notre poche, le prix pour le passeport canadien de notre fils!