Bonjour à toutes et à tous,

J'espère que vous allez bien en cette période bien particulière et que vous et votre entourage êtes en bonne santé.


Si je publie ce message aujourd'hui, c'est parce que j'ai besoin de parler, de vider mon sac, une bonne fois pour toutes. Quand on projette de partir en PVT - ce qui est mon cas -, on appréhende souvent ce moment où on va devoir en parler à ses proches et c'est si compréhensible. On ignore commet ils vont réagir, ce qu'ils vont dire et le pire, on a peur de les décevoir. On ne veut pas les décevoir. Pourquoi ? Parce qu'on met sa vie de côté et que c'est risqué, à leurs yeux. Parce qu'on s'envole à des kilomètres d'eux et qu'ils seront fatalement plongés dans l'inquiétude. Parce qu'on ne rentre pas dans cette case, cet idéal qu'ils ont créés pour nous.

L'an dernier, je me suis rendue à Londres pour devenir jeune fille au pair et j'ai, forcément, dû l'annoncer à mes parents. C'est tombé comme ça, sur un coup de tête. Je rêvais de voyager, de goûter à cette expérience enrichissante, une nouvelle fois. Je l'ai balancé au cours d'une conversation et ma famille était sous le choc. Pendant six mois, j'ai eu le droit à tout un tas de réflexions bien étouffantes du genre : "Quel va être ton avenir ?", "Tu ne peux pas vivre du voyage éternellement", "Tu ne peux pas fuir toute ta vie", "Tu fuis quelque chose", "Tu ne trouveras pas de travail en rentrant", "Tu nous abandonnes ?", "Imagine tout ce que tu vas louper ici". Etouffant. C'est le mot. Alors, on ravale sa colère, on prend sur soi et on se barre avec une saveur amère, une rancune mal placée.

Voilà cinq mois que je suis revenue du Royaume-Uni. J'ai trouvé deux jobs que je cumule pour me faire un maximum de sous et j'essaie, du mieux que je peux, d'être une femme stable. Mais il y à cette adrénaline en moi qui vibre encore plus qu'avant. Je veux partir, je veux découvrir, je veux vivre. De mon point de vue, la vie est trop courte pour ne pas être vécue comme on l'entend. Et personne ne sait de quoi demain est fait. Je n'ai pas envie de me réveiller à 40 ans et de me dire que j'ai vécu pour les autres et non pour moi.

Or, c'est vachement délicat. Parce que je tiens à ma famille plus que tout au monde. Et je tiens à ma vie plus que tout au monde. J'aime passionnément mes proches. Et j'aime passionnément le voyage. Cette semaine, j'ai, de nouveau, parlé de mes projets et en l'occurrence, celui du PVT. J'ai bien connaissance de la situation actuelle et de la crise sanitaire. Je sais parfaitement que je ne partirai pas en Australie de sitôt mais c'est un projet que je construis doucement dans mon esprit. Et malheureusement, quand j'en ai parlé, je me suis pris les mêmes réflexions qu'avant, ces incessantes réflexions. On m'a dit que je foutais ma vie en l'air, que je n'étais pas dans le monde des bisounours, que la vie se résume à études et travail, que je ne pourrais jamais mené une vie idyllique, que je ne pourrais pas vivre mes rêves. Et je suis lessivée. Lessivée parce que je n'arrive pas à comprendre, lessivée parce que j'en ai marre de me justifier, lessivée parce que je ne me sens pas "normale". Est-ce grave ? J'ai bien l'impression que oui. Les gens - attention, je ne fais pas de généralités - n'arrivent pas à se détacher de l'image de l'avenir idéal : faire de longues études, trouver un emploi stable, construire une vie amoureuse, avoir des enfants, un chien, une maison et être parfait dans un idéal parfait.

C'est insurmontable, parfois, de ne pas ressentir le soutien de ses proches. C'est difficile de voir cette déception qui nuance leurs yeux. C'est atroce d'être constamment incompris.

Voilà, j'ai craché ma colère.

Certains d'entre vous ont-ils vécus cette expérience ? Comment avez-vous surmonté la pression familiale et les réflexions désagréables ? Et surtout - parce que j'ai besoin de lire de la positivité en masse -, qu'est-ce que l'expérience de PVT a apporté à votre vie ?


Merci pour ceux qui ont pris le temps de me lire et à ceux qui me répondront.
Take care.