Athènes est une ville vieille de plus de 3000 ans... De tout temps, son rocher - l'Acropole - fut un lieu d'habitat : position haute et dominant une plaine... un refuge idéal. Ainsi, des traces d'habitats et de sanctuaires ont été retrouvés datant de l'époque mycénienne (environ 1700-1500 av. J.-C.). Mais aujourd'hui tout cela semble occulté par la seule présence majestueuse et imposante de l'Acropole qui dominait l'ancienne cité antique et qui domine toujours la cité moderne.
Les antiquités ont une place plus que prédominante à Athènes, mais aussi de par l'ensemble de la Grèce. Elles font parties intégrantes du paysage qu'il s'agisse du paysage géographique, culturelle, mais aussi politique. En effet, depuis que la Grèce lutta pour obtenir son indépendance (entre 1821 et 1833) les antiquités et surtout le Parthénon furent élevés au rang de symboles : c'est-à-dire qu'ils justifiaient la "haute ancienneté" et la "haute descendance" des Grecs modernes, comme des héritiers de la Grèce antique.
Ces racines prennent d'autant plus de réalité en ce moment. Depuis près de trois semaines, nous sommes entrés dans la période du Carnaval (
apokria en grec) et ces semaines sont synonymes d'une sorte de libération et d'exutoire avant le début du carême qui durera 6 semaines. Le carême à la différence du calendrier catholique - la Grèce est un pays orthodoxe où l'Église n'est pas séparée de l'État - débute un lundi appelé "Lundi pur" (
Kathara deftera) et justement c'est ce lundi 2 mars. Associé à l'arrivée du printemps, c'est un jour de "grand ménage". Comme les Grecs aiment à se retrouver en famille ou autour d'un bon repas pour n'importe, mais m'importe quelle occasion, le lundi pur est une fête de famille qui plus est, c'est aussi un week-end de trois jours. C'est l'occasion de ne manger aucun produit d'origine animal afin de débuter le jeun.
C'est aussi l'occasion d'aller faire voler des cerfs-volant en famille (là désolé, j'ai oublié la signification...).
À Athènes, tout le monde se retrouve sur la colline des Muses (ou la colline Philoppapos par qu'un évergète et philhellène d'Orient avait eu le droit à un monument commémoratif au sommet de cette colline, privilège rare pour un étranger) ou sur la colline d'à côté, la Pnyx, ancien lieu de réunion de l'assemblée des citoyens durant l'antiquité. Qui plus est, ces deux collines font face à l'Acropole !
Autant dire que c'est noir de monde et qu'il est extrêmement difficile d'avancer en milieu de journée.
On peut même rencontrer Bob l'éponge si on a de la chance !
Mais tout cela se fait dans une ambiance bon enfant : les gens viennent avec leur pique-nique, font voler les cerfs-volant et écoute de la musique traditionnelle puisque la mairie d'Athènes organise un concert de musque régionale en haut de la colline et tout le monde danse.
YouTube - Kathara Deftera
La religion orthodoxe est donc très présente dans la vie quotidienne et les célébrations de Pâques sont les plus importantes de l'année : 5 jours fériés pour le week-end de Pâques. En attendant, toutes les villes grecques vivent encore au rythme du Carnaval : Patras pour le plus grand et le plus connu, mais parmi les traditionnels, celui de
Skyros, une île des
Sporades.
La particularité repose essentiellement sur les costumes des habitants qui se recouvrent de peaux de bêtes et se font des ceintures avec les cloches des animaux pour faire fuir les mauvais esprits (photo ci-dessous) : ceci est encore un héritage de la culture et des cultes antiques des fêtes dionysiaques.
Le Grec, vous l'aurez compris est quelqu'un qui attache énormément aux traditions. Ainsi, la petite chapelle du XIIe siècle encastrée dans la rue la plus commerçante du centre accueille de nombreux passants avec leurs sacs de shopping qui viennent soit brûler un cierge soit embrasser les icônes.
Ou encore, la jeunesse grecque qui célèbreront le carnaval dans les quartiers branchés du centre tout le week-end et qui lundi se retrouveront autour du déjeuner familial de début de carême et qui assisteront aux nombreuses cérémonies de la semaine sainte.
Antiquité, traditions et modernité... tout cela est bien mêlé dans la vie grecque et il faut le garder à l'esprit si l'on veut tenter de comprendre la Grèce. Et pour finir sur une note plus légère, exemple ultime de ce mixte, l'
Eurovision qui est ici une des plus grandes messes télévisuelles et médiatiques de l'année (après le championnat de football) : les deux exemples suivants expriment très bien cette dualité entre traditions et modernité.
En 2004 (la Grande année grecque avec les JO à Athènes et la victoire de l'Euro), Sakis Rouvas (grande star grecque de la pop grecque

) représentait fièrement son pays avec
Shake it et malgré tous les espoirs fondés en lui, il finit 3e. L'année suivante en Ukraine, ce fut Elena Paparizou qui remporta une "belle" (?) victoire avec
My Greek Lover : le trophée tant convoité par la Grèce vint enfin en Grèce (d'ailleurs, cette année, le Sakis national retente sa chance et représentera de nouveau son pays).
Vous noterez l'intégration de chorégraphies inspirées de danses traditionnelles (surtout dans les refrains) et surtout l'utilisation d'instruments traditionnels tels que le
bouzouki. Sur ce, je vous laisse les admirer dans leur plus grande splendeur... et pour mesdemoiselles, je vous laisse admirer les pectoraux de ce cher Sakis !
Enjoy !
YouTube - Sakis Rouvas - Shake it (Live@Eurovision2004)
YouTube - Elena Paparizou - No. 1 (Live EUROVISION)