Discussion: Nihon ga suki desu ka ? ( = tu aimes le Japon ?)
- 19/11/12, 18:20 #1Ca fait un petit moment que je veux écrire un texte sur mon expérience au Japon, mais vous connaissez tous la procrastination ... Mais là je me lance !
Oui je suis plutôt axée Canada actuellement mais j'ai pas mal de choses à raconter sur le Japon car grâce à un de mes derniers emplois en France, j'ai eu l'occasion de mettre les pieds 12 fois en 2 ans au Japon, pour des périodes allant de quelques jours à 1 mois. Hé oui j'ai 12 tampons de Narita sur mon passeport ! Autant vous dire que en plus d'une expérience collaborative de travail avec les Japonais, j'ai pu visiter en long en large et en travers le pays !
Avant que vous ne demandiez "ouah c'est qui ton boss je veux bosser là aussi", je vais vous le dire tout de suite : mes voyages étaient dans le cadre d'une expérience internationale de physique située à 100 km au nord de Tokyo (dans le petit village de Tokai-Mura), et nous collaborateurs parisiens du CNRS, devions aller y passer régulièrement un peu de temps pour notre contribution locale.
Alors maintenant que j'ai situé le contexte, un peu plus de détails sur ce que j'ai vécu. Vous allez voir qu'il n'y a pas que du positif, mais plutôt un mélange de choses et situation qui m'ont plu et d'autres moins.
Le quotidien
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Mon quotidien était particulier à un village de campagne. J'étais logées dans l'appartement de fonction du cnrs, et mon moyen de locomotion était le vélo, ustensile très pratique qui était prété par le centre où on travaillait. Donc vraiment de quoi se sentir comme un habitant du coin, et je me souviens surtout des poubelles parce que c'était un calvaire monstre pour savoir quand on pouvait sortir quoi, quel sac de quelle couleur, les plastiques recyclables, les cartons, les non recyclables, les trucs, les ... Finalement j'amenais mes poubelles régulièrement aux poubelles du 7-11 à côté, c'était plus simple
J'aimais bien mettre la télé un peu le soir. Juste pour regarder les jeux débiles tellement drôles et caractéristiques du Japon.
Question nourriture je dirais que je n'ai jamais manqué de rien grâce au supermarché pas trop loin, sauf peut être de bonne viande. Un bon gros steak... Ben ca, j'ai cherché longtemps, jamais trouvé ! Et pour faire un commentaire sur la nourriture japonaise en générale, j'aimais vraiment ca, beaucoup beaucoup, même leur riz blanc tout doux. On s'y habitue totalement, au début où je finissais pas mon bol à la cantine, les dernières fois je demandais le gros bol !
Est ce que je parle japonais : chotto chotto ... j'ai pris 1 an de cours (gratuits !!) en même temps que ma première année où j'ai du aller au Japon, donc je connaissais quelques trucs et savais lire un peu de kanjis aussi ! Des mots et tournures de phrase rudimentaires qui m'ont sauvée plus d'une fois quand je me trouvais dans des coins paumés lors de mes nombreuses excursions.
La collaboration professionelle avec les Japonais
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Ben au risque d'en décevoir ou de contredire certains c'est le point où j'ai le moins réussi à me sentir à l'aise. De mon point de vue, les Japonais travaillent entre eux et partagent peu, et dans mon cas ils sont même allés jusqu'à "piquer" des idées. Pas de facon complètement intentionnelle, mais du fait qu'ils ne communiquent pas sur leur travail, je me suis retrouvée 2 fois face à la situation où un Japonais avait repris mon idée, développé des choses autour et présenté des jolis résultats sans jamais m'en parler. C'est très frustrant, surtout quand on sait qu'on est supposé travailler ensemble pour une même cause et qu'il n'y a pas de compétition monétaire d'entreprise ! Ce problème de communication vient très certainement de la langue car leur anglais n'est pas toujours formidable surtout chez les jeunes, et pour eux j'ai souvent eu l'impression que travailler en anglais était une contrainte, même si dans le cadre d'une expérience internationale, l'anglais est de mise. Je n'ai pas vraiment lu les conversations sur est ce qu'on peut travailler au Japon sans parler japonais, je dirais que c'est possible mais il ne doit pas falloir s'attendre à une intégration formidable de leur part dans leur équipe.
La vie sociale avec les Japonais
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Sur le point social, j'ai trouvé la "confrontation" (c'est pas péjoratif, juste un mot pour marquer une grosse différence) très intéressante. Beaucoup de différences culturelle qui font que la vie sociale au Japon n'est pas du tout la même que celle qu'on connait en Europe. Encore que là j'imagine que ca dépend de où on se trouve et avec quelle tranche d'âge. Dans notre petit village on était loin des rues animées de Shibuya et Shinjuku où les bars sont envahis de Japonais en smoking qui viennent purger leur journée de labeur dans la bière. Les quelques activités possibles à Tokai-Mura se résumaient à 2 restaurants, un bar et un karaoké (forcément ), et les collègues japonais n'étaient pas tous des ptits jeunes en soif de bière.
Mon premier choc culturel social a été un soir à 5h, quand on m'a demandé si je voulais aller manger des sushis. J'ai ouvert des grands yeux parce que je trouvais ca un peu tôt mais je me suis laissée porter par la gang de japonais (y'a pas d'heure pour les sushis ! ). On est allé au restau à sushis, tout le monde a englouti ses 5 petits morceaux sans rien dire ou presque, on est reparti 15 minutes plus tard, petit passage au 7-11 où ils ont tous acheté des sacs de sucreries, et retour au local de travail. Les sacs de sucreries, c'étaient les provisions pour la soirée qu'ils allaient passer au local à travailler... Là, me suis vraiment sentie seule et je me suis passée "lost in translation" dans ma tête
Pour parler de quelque chose de plus fun, les collègues aimaient bien des fois organiser des "party". Ils appelaient ca comme ca. Ca consistait en général en un bon souper dans un restaurant un peu classe, où on commandait plein de plats différents où chacun pouvait manger, et où on buvait du nihonshu (sake) et de la bière. Je dirais que c'est dans ces moments là où j'ai vraiment "eu du fun" avec les Japonais, aussi et surtout parce que c'était seulement dans ces moments là que je voyais nos collègues se lâcher un peu !
Une fois avec un autre collègue francais on avait apporté du vin, du saucisson et du fromage de france, et on leur a organisé un party "vin et fromage". Ils sont tous venus très enthousiastes, ont bien bu et ont tous adoré la nourriture, et là aussi, c'était vraiment, vraiment un bon moment.
Et finalement, les fois où j'ai pu aller au karaoke avec les Japonais (après les "big party" de toute la collaboration par exemple), j'ai trouvé ca incroyable tellement c'était surréaliste. Ces petits bonhommes tout timide qui vous parlent à peine en temps normal se transforment en furies dégénérées et s'arrachent le micro pour chanter, se battent pour les chansons, et prennent tout le monde par le cou pour chanter de la pop japonaise. Juste, énorme
Le tourisme !!
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Le meilleur sujet ! J'ai évidemment pu visiter les grandes villes, Tokyo en super long, super large, super travers, Osaka et son chateau, Kyoto et ses temples, Nara et ses daims, ... Ce que font la majoritée des touristes quoi, mais j'ai aussi pu aller me balader dans des coins beaucoup moins touristiques, où on traverse des km et des km de champs, de plaines des hectares de no-mens-land. Les Japon rural qu'on connait peu, et qui surprend aussi quand on connait l'effervescence des grandes villes. En plus j'ai pu expérimenter différentes saison et bien sûr accorder les lieux avec la période !!
Des conseils donc :
- pas loin de Tokyo : les villes de Kamakura (maginfique temple, belle plage, gros boudha), et Nikko (montez en bus au lac et à la chutte, surout en hiver c'est tellement beau !)
Egalement, la péninsule d'Izu et la ville Atami sont vraiment un chic endroit pour passer un week-end pour les tokyoites.
- Région de Nagano : un petit train permet de s'enfoncer loin loin dans les terres. Vous trouverz sur la route du train :
* Obuse village : allez gouter les différents sake de la distillerie !!
* Shibu Onsen : un village de "onsen" (bains vapeurs). Si vous prenez un hotel dans ce village, on vous donnera un kimono et des sandales pour aller arpenter les rues et visiter toutes les onsen du village. A faire en hiver de préférence, c'est encore mieux de prendre un bain de pied dans un bac d'eau chaude avec la neige autour !
* Non loin de Shibu Onsen, le site des "snow Monkey" ou singes des neiges. Un bus part de Shibu Onsen et vous amene dans le territoire de ces petits singes où vous pouvez vous promener chez eux finalement, et si vous avez jamais vu des singes prendre des bains de vapeur, allez les voir ici
-Si vous avez le gout de l'aventure allez sur l'île de Kyushu. Vous pouvez vous promener sur le cratère de volcans (le Aso san par exemple), et je conseillerais les Takachiho gorge, ainsi que la ville de pêcheurs Beppu. Sur l'île il faut pas avoir peur de faire 50 km en 3h avec 2 trains et 5 km de marche, les transports sont un peu limités mais ca fait partie de l'aventure !
- Et je finirai par le Fuji san, pour les âmes de randonneurs. C'est une expérience unique, passez une nuit dans un refuge à 3000m et soyez sûrs d'être avant le lever du soleil en haut !
Je finirai cette section par dire que j'ai beaucoup aimé le contact que j'ai eu avec les Japonais pendant toutes ces excursions. Comme je voyageais seule la plupart du temps, j'ai du mettre à l'oeuvre mon faible savoir de langue japonaise pour demander une chambre, demander où trouver un resto, demander comment aller à un endroit précis... Quelques moments de trouble parfois, mais je garde 2 souvenirs majeurs de contacts avec les locaux :
- dans mon hotel à Shibu Onsen, le patron est venu s'asseoir à côté de moi dans le patio en m'amenant un thé, et a entamé une conversation "qu'est ce que je fais là, d'où je viens, comment j'ai aterri dans ce coin paumé", etc ... Un moment d'échanges intense avec mes 4 mots de japonais et ses 4 mots d'anglais.
- dans un train au retour de Kyushu, une vieille dame à côté a vu que je regardais mes photos et m'a demandé où j'étais allée, du coup j'ai raconté mon périple , et elle, elle m'a raconté sa vie en japonais que j'ai pas compris du tout lol, mais c'était encore une fois intense. Elle m'a laissé une carte de visite avec ses coordonnées à Tokyo mais je ne m'en suis jamais servi
Voilà, pour résumer un peu mon histoire au Japon, il y a beaucoup de négatif sur la collaboration professionalle avec les Japonais, mais beaucoup de positif ailleurs sur toutes les rencontres que j'ai pu faire pendant mes voyages. Je regrette un peu de ne pas avoir pu visiter quelques endroits comme l'île d'Hokkaido.
Je n'ai aucune idée si je retournerai au Japon ou pas. J'ai un peu la nostalgie des fois de certains endroits, et parfois donc l'envie d'y retourner. Mais j'ai d'autres pays à visiter et pour l'instant aussi d'autres priorités avec l'immigration au Canada. Mais il n'est pas du tout improbable que j'y retourne dans 15 ou 20 ans, et que je redécouvre les endroits où j'aimais aller
Enjoy le Japon !Dernière modification par BMag ; 20/11/12 à 17:27.
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- 19/11/12, 19:01 #2Super compte-rendu, on s'y retrouve peu ou proue
Juste un truc, je pense que c'est
日本が好きですか
Mais je peux me tromper, car le thème elliptique c'est Kimi/anata/anatatachi/minna... ha nihon ga suki desu ka? (Pardon ce n'est pas du nazisme grammatical, je n'aurai pas cette prétention)Dernière modification par Gaijineuh ; 19/11/12 à 19:03.
- 19/11/12, 19:10 #3Merci pour ce témoignage! J'y retrouve exactement mon vécu dans une petite ville de campagne japonaise. Faut pas dire, les séjours dans les petites villes de campagne au Japon, c'est une toute autre experience que Tokyo tout en étant aussi fun!
- 19/11/12, 19:16 #4
- 20/11/12, 03:47 #5Super compte rendu et très intéressant!
Par contre ayant testé trois villes différentes, je trouve en effet que la vie est plus conviviale dans les ptites villes que à Tokyo. Plus d'échanges possibles, des gens moins occupés aussi.
Bon courage pour la suite!
- 20/11/12, 14:53 #6Totalement d'accord, que ce soit à Fukuoka, à Hakodate ou Sapporo, qui ne sont pas pourtant des villes si petites que ça, les gens sont super accessibles et gentils mais parfois ça tourne à la curiosité malsaine envers le gaijin. Ce qu'on appelle du racisme positif. Sans râler car c'est souvent sympa, des fois c'est un tit peu lourd.
Au final l'indifférence de Tokyo est plus agréable à la longue surtout après quelques années.
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