Alors je rajoute ma petite expérience. Déjà, à la base, pour moi, j'ai été "formatée" au fait de partir : Papa normand, Maman lorraine, rencontrés à Cognac===> Papa a déménagé en Lorraine, se sont mariés puis ont déménagé dans le sud alors que mon grand frère n'avait qu'un mois et demi.
Donc, les attaches... j'ai été élevée pour faire avec et sans. Je n'ai jamais vu mes grands-mères plus d'une fois par an... l'été pour les vacances. Déjà, sur le mois de vacances estivales que mes parents prenaient, 2 étaient réservées pour nous (en famille, mes parents, mon frère et moi), puis une dans chaque côté de la famille. Noël avec les cousins, oncles et tantes... je connais pas. Ça fait que mon frère, son premier boulot c'est en Bretagne qu'il a trouvé, ça fait plus de 10 ans, il y vit toujours et y a fondé sa famille. On se voit une fois, allez, deux fois par an si tout va bien.
Maintenant je suis en Grèce (enfin depuis 5 ans) et on s'apprête à partir au Canada. Alors, vive les nouveaux opérateurs genre "free" où tout est inclu, sinon y a la webcam. Mes parents sont super ouverts et sont venus 4 fois depuis que je suis ici (presque tous les ans ou 1 an et demi). Depuis qu'on parle Canada, ils nous encouragent : malgré le fait de nous voir loin, ils nous savent heureux et je crois que c'est ce qui les confortent.
Par contre, dès le début on en a parlé (la communication et les échanges c'est vital) : genre, le mois dernier, ils étaient là, donc forcément on a parlé de notre vie au Canada et du fait que les congès payés, y en a beaucoup beaucoup moins... donc que on prendra d'abord des vacances pour nous, pas pour rentrer en France. Eux m'ont dit qu'ils viendraient (surtout qu'ils auront le temps, ils seront de jeunes retraités). Le fait de prévenir, d'en parler et de préparer le terrain, ça aide.
Avec mes parents, je sais que c'est simple et que si on fait par la suite des petits canadiens, ils seront ravis de venir les voir. Par contre, avec ma belle-famille, il va falloir travailler sur la durée et la préparation : mais je ne vais pas pour autant ménager ma belle-mère (je vous vois de suite... oh la brue indigne !!). Non, c'est dans le sens, où on va commencer à lui dire que Noël, l'année prochaine, on ne sera peut-être pas en France (en même temps, l'année dernière, il avait fallu commencé dès février à la préparer au fait qu'à Noël, nous étions chez mes parents... et oui, l'alternance !!). Au début, la pilule a été dure, puis après mon homme lui a fait comprendre qu'il fallait qu'on alterne et qu'on devait faire plaisir à tout le monde et comme tout le monde n'habite pas à côté, et bien, on s'était pas vu. C'est pas facile, il a du être un peu dur avec sa mère, mais au final, ça a porté ses fruits, puisqu'elle avait compris.
Alors, oui, notre décision de partir comporte une part d'égoïsme. Mais comme tu le dis si bien Mandinette, tu ne vas pas t'excuser d'avoir choisi une vie dans laquelle tu es heureuse. Le mieux, c'est une bonne mise au point, calme, mais il faut dire ce que l'on a sur le coeur.
Dernier exemple (je sais, je sais, faire court... je connais pas). Mon frère au bout de 4 ans de thèse, ne comprenait toujours pas ce que je faisais : tu vas en cours ? t'as des exams.... Alors que je lui avais dit des milliers de fois. Et bien, une fois, on était tous les deux, je lui ai dit d'une certaine manière ce que ça représentait pour moi cet investissement qui m'avait exilé en Grèce (non pas à regret) et ce que je faisais et toutes les conséquences personnelles que cela impliquait. Et bien maintenant, il me demande régulièrement comment ça avance mes recherches, s'intéresse à mon sujet, à l'avancée de la rédaction. Il a suffit d'une heure de discussion entre frangin pour renouer.
Le seul conseil que je pourrais te donner, c'est de ne pas leur laisser, ne serait-ce qu'une seconde, l'impression que tu pourrais regretter tes choix. Au contraire, leur montrer ce que tu es devenue grâce à cette formidable histoire que tu as l'air de vivre et que tout ça, sans ton chum, tu ne serais pas la Mandinette que tu es. Après, c'est vrai et je te comprends, grandement, tout cela n'est pas facile et rajoute une couche supplémentaire de difficultés au fait de partir. Mais quand tout cela est réglé, je crois que c'est du 100%.
En tout cas, je te souhaite beaucoup de courage pour cette petite passe (je l'ai vécu, alors je crois que je comprends un peu), mais je suis sûre que tu vas trouver les mots pour leur expliquer et essayer d'enlever l'idée du "méchant québécois" qui a volé la fille de ses parents ! [après, un petit coup de gueule de temps en temps, ça aide aussi...].
Bon courage à toi, en espérant que nos témoignages t'aident un peu.
Et puis, apparemment, c'est que du bonheur qui vous attend au vue de vos projets !