1. #1
    Avatar de Yohann26
    Yohann 37 ans

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    "Je pars vivre au Canada"
    "Ah Bon ? Pourquoi ? Comment ?"
    C'est toujours compliqué de répondre à ces questions, je vais essayer de coucher tout ça sur le papier, pour rendre les choses plus claires.


    Le projet est né il y a des années. Dans une forme beaucoup moins précise bien sûr, les détails techniques s'ajoutant au fur et à mesure que l'idée murissait dans ma tête. Étant gamins, on a tous rêvé à un moment ou un autre de partir vivre aux USA, mais avec du recul on se rend compte que ce n'est pas chose facile, et que ça ne peut pas être aussi beau que dans nos fantasmes. Ça restera donc une destination de vacances, mais l'Amérique avait une autre carte de côté pour moi, que j'ai découvert par la suite. En général le rêve de partir vivre à l'autre bout du monde passe une fois adolescence finie, mais ce ne fut pas mon cas, bien au contraire.


    L'année passée en Angleterre en échange universitaire, qui fut en elle-même une aventure passionnante mais aussi très longue et complexe à mettre en place, m'a confirmé que je ne voulais pas rester en France une fois mes études finies. J'ai toujours l'impression de me sentir plus "chez moi" quand je suis dans des pays plus anglophones ou germaniques, à beaucoup de niveaux et surtout au niveau de la culture. Une fois de retour et devant mon incapacité à trouver ma place dans notre société, le moment de la réflexion "faut-il partir ou non ?" s'est représenté à moi, plus intense que jamais. Le choix du pays et de la ville fut difficile, et si j'ai envie de m'expatrier sur le long terme depuis environ 10 ans, j'ai officiellement choisi le Canada il y a 2 ans seulement.




    Quand vous annoncez à quelqu'un que vous allez partir vous installer à Montréal, ils vont TOUS vous répondre qu'ils connaissent déjà quelqu'un (ou plus de monde encore) déjà installé là-bas. La Terre Promise du 21ème siècle pour tout francophone (l'Australie semble être un endroit de passage seulement), il faut croire. Personnellement, je ne vais pas là-bas parce que les autres y vont (J'ai toujours tendance à prendre le contre pied de tout le monde justement), et le fait qu'il y ait beaucoup de Français déjà présents sur place, est plutôt un point négatif pour mon projet, plutôt que quelque chose de rassurant. J'ai toujours ce sentiment en évoquant mon départ, vu le contexte économique en Europe, que les gens me prennent pour un opportuniste utopique qui espère "trouver mieux ailleurs". Alors oui la situation actuelle est assez déprimante ici, et l'immigration/fuite des jeunes est réellement en forte hausse. On peut y voir une version plus soft des grandes vagues d'immigrations de l'Europe vers l'Amérique de nos livres d'histoires, et ce n'est pas tout à fait faux.
    Il y a ceux qui sont persuadé que le Canada c'est le paradis sur Terre, que le pays ne connait pas la crise, et ils y ceux qui pensent exactement l'inverse. (Mais où est le juste milieu ici?)
    "Tu sais l'herbe n'est pas plus verte ailleurs".
    A cette question, j'ai toujours envie de répondre : "Si justement, en Angleterre elle est beaucoup plus verte que ici, avec toute cette humidité."


    Je fais partie de ces gens qui pensent que chaque pays est différent, et qu'on peut y vivre des expériences différentes. Les raisons de mon départ sont nombreuses et variées, et contrairement à ce que certains ont tendance à penser, je ne vais pas là-bas parce que j'ai vu un reportage TV sur la facilité pour trouver un emploi outre-Atlantique. J'ai des raisons purement factuelles et techniques, mais d'autres beaucoup plus émotionnelles et personnelles. Je n'ai pas choisi la "facilité", sinon je serai parti vivre en Angleterre (Et Londres pour être encore plus original) comme beaucoup de Français, mais je n'ai pas voulu tenter le diable non plus et partir vers des endroits qui me font rêver mais où je n'arriverai sûrement pas à m'installer sur le long terme (Scandinavie, Asie).





    Le Québec laisse clairement entrer les francophones (et les Français surtout) assez facilement dans sa province (toutes proportions gardées), ce fut donc un gros plus pour mon choix (attention quand même, le permis de travail PVT c'est pas non plus du gâteau pour le Canada). On peut être utile à leur société sur le long terme, et pas juste venir tondre les moutons ou travailler dans les champs comme en Australie. Dans le même ordre d'idées, Montréal est LA ville idéale pour un francophone qui souhaite travailler dans le secteur du jeu vidéo (ce qui est mon cas). Le gouvernement local a proposé des arrangements fiscaux plus qu’intéressants aux sociétés high-tech (et pour le jeu vidéo en particulier), bilan : le pays passe de "rien" à la troisième place mondiale pour le développement de jeu vidéo. Montréal est particulièrement gâté (Ubisoft, Bioware, Eidos, THQ...) et toute une armée d'entreprises qui sous-traitantes avec ces géants.
    On n'est pas si mal loti en France en termes de quantités de places disponibles, mais je peux le dire par expérience, les places sont tellement recherchées qu'il ne faut pas espérer entrer dans ce domaine, même au plus bas de l'échelle sans un bac +5 et un cv remplis de stages. Bilan : plus de 50 cv envoyés, aucun entretien de prévu. A Montréal, j'ai ciblé trois sociétés de tests/traductions de jeux vidéo, et j'ai eu trois réponses pour me rencontrer (et aussi un contrat de travail déjà signé), alors que je ne suis même pas encore sur place !


    Je n'ai pas de réponses magiques à la question "Est-ce qu'on trouve du travail plus facilement là-bas?" Ça dépend d'un nombre de facteurs, trop élevés, pour généraliser. Mais il est clair qu'en France avoir un look un peu "original" c'est un gros moins pour le monde du travail, là où les pays anglo-saxons sont beaucoup plus tolérants et ouverts. (Et encore je ne parle même pas de montrer ses tatouages).


    Je ne suis pas si matérialiste que ça rassurez-vous, y'a pas que l’appât du gain qui m'attire de l'autre côté de l'océan. Un autre facteur important est... le Rock'n'roll, baby ! Et oui vous avez bien entendu, pour un amoureux des musiques alternatives comme moi, la France est un lieu d'inculture musicale. Il est clair que les musiques dites indépendantes ne sont jamais celles qui sont écoutées par une majorité de la population, c'est le principe à la base. Mais cependant, le mélomane attentif remarquera des signes qui démontrent qu'en France, la minorité est encore plus minoritaire. Je ne vais pas trop m'étaler là dessus mais citer quelques exemples en vrac qui concernent les musiques alternatives et indépendantes:
    -Quasiment la moitié des tournées européennes zappent la France
    -Celles qui passent en France, se contentent en général d'une date à Paris, là où la plupart des autres pays "riches" ont plus de concerts.
    - A échelle de population identique et pour la même affiche, une ville comme Lyon va attirer deux, trois voire quatre fois moins de public au concert.
    - Les rares groupes français qui sortent quelque chose de correct sont totalement boudés dans leur pays et doivent aller trouver un label et/où des dates à l'étranger.
    -Globalement toute l’infrastructure autour de ces musiques est quasiment inexistante (salles de concerts, labels, booker, et donc public au final.)
    Bref je vais pas continuer à pourrir notre scène musicale, il y a également des choses plutôt bonnes malgré tout, mais c'est incomparable avec ce qu'on peut vivre de l'autre côté de l’Atlantique.


    Le seul endroit équivalent en Europe pour cette culture rock, ça serait Londres. Ça peut sembler un caprice de chercher "la petite bête", mais quand on est une personne aussi impliquée dans une "sous-culture" comme celle-ci, il est très difficile d'avoir une amitié très profonde avec une personne qui n'en fait pas partie. On vit avec l'impression de faire partie d'une reconstitution peu inspirée de ce qui se fait en Amérique, avec 5 ans de retard.


    Bref pour un amoureux de Garou et Céline Dion, tout cet aspect du Canada est quelque chose qu'il ne pourra jamais apprécier à sa juste valeur.


    "Tu as un travail là-bas ? Tu as trouvé un logement ?"
    Question tout à fait naturelle, mais malheureusement la réponse est non. Il est quasiment impossible d'être sûr avant même son départ d'avoir un poste là-bas. A moins de se faire muter par son entreprise depuis la France, de participer à un recrutement sur un salon international de l'emploi en France, ou alors d'avoir un savoir faire VRAIMENT rare. Tout ce qu'on peut faire c'est prévoir des entretiens, et même si on signe un contrat, on ne peut pas être sûr d'être embauché sur le long terme à l'avance. Pour le logement, je ne connais personne d'assez proche là-bas pour les rejoindre "les yeux fermés", je préfère donc rencontrer en personne et voir les appartements de mes propres yeux.


    Ce constat m'amène à ma conclusion, c'est que je pars à l'aventure, et non vers le luxe et le confort d'une vie "meilleure" assurée. Je prends des risques et j'espère avoir assez réfléchi à mon projet et préparer mon coup pour ne pas le regretter. On n'a pas beaucoup de chance de "recommencer à zéro" souvent dans sa vie.


  2. #2
    Avatar de iJuJu
    Justin 34 ans

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    Salut, J'ai lu en entier et je part pour essayer de bosser dans les jeux vidéos comme toi. Et j'ai vu en plus que tu viens de Valence, moi je suis de Tain.


  3. #3
    Avatar de SametJu
    Julie 36 ans

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    J'aime beaucoup ton post parce que je m'y retrouve dans plusieurs point. Mais surtout je suis d'accord avec ta conclusion: "Ce constat m'amène à ma conclusion, c'est que je pars à l'aventure, et non vers le luxe et le confort d'une vie "meilleure" assurée. Je prends des risques et j'espère avoir assez réfléchi à mon projet et préparer mon coup pour ne pas le regretter". Mais je pense que dans tous les cas il n'y aura rien à regretter car c'est une expérience à vivre et quoiqu'il arrive elle n'en sera que très enrichissante ! Bon voyage à toi et peu importe ce que pensent ou disent les autres il faut vivre sa vie et non la rêver


  4. #4
    Avatar de Sim28
    Sim

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    Salut et merci pour le témoignage, j'espère que tout se passera bien pour toi tiens nous au courant

  5. #5
    Avatar de Jorine
    Jorine 39 ans

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    Idem que mes camarades au dessus Yohann : j'aime la maturité et la réflexion dans ton raisonnement. Je pars exactement dans le même état d'esprit.Nous avons/serons tous été confrontés à ces questions : charge à nous de défendre au mieux notre projet.
    Je te souhaite en tous cas que cette aventure t'apporte plein de belles choses et plus encore. D'ailleurs, je vois que tu es sur place depuis une semaine : n'hésite pas à revenir de temps en temps pour nous dire ce qu'il en est!


  6. #6
    Avatar de SkyTomuch
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    Ton poste est vraiment intéressant à lire car il y a pas mal de trucs ou je te rejoint complètement ! notamment sur le Rock...je suis moi même amoureux du Rock Alternatif et c'est pas le top ici en Belgique...
    Bonne Chance dans ton parcours au Canada !

  7. #7
    Avatar de MrBungle
    Bungle

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    Message de Yohann26
    "Je pars vivre au Canada"
    Dans le même ordre d'idées, Montréal est LA ville idéale pour un francophone qui souhaite travailler dans le secteur du jeu vidéo (ce qui est mon cas). Le gouvernement local a proposé des arrangements fiscaux plus qu’intéressants aux sociétés high-tech (et pour le jeu vidéo en particulier), bilan : le pays passe de "rien" à la troisième place mondiale pour le développement de jeu vidéo. Montréal est particulièrement gâté (Ubisoft, Bioware, Eidos, THQ...) et toute une armée d'entreprises qui sous-traitantes avec ces géants.
    On n'est pas si mal loti en France en termes de quantités de places disponibles, mais je peux le dire par expérience, les places sont tellement recherchées qu'il ne faut pas espérer entrer dans ce domaine, même au plus bas de l'échelle sans un bac +5 et un cv remplis de stages. Bilan : plus de 50 cv envoyés, aucun entretien de prévu. A Montréal, j'ai ciblé trois sociétés de tests/traductions de jeux vidéo, et j'ai eu trois réponses pour me rencontrer (et aussi un contrat de travail déjà signé), alors que je ne suis même pas encore sur place !

    Pareil ici.
    En France avec 2 ans d'experience comme lead testeur j'ai reussi a avoir un pauvre entretien pour etre testeur et ca n'a pas marche.
    Au Canada j'avais un CDD de 4 mois trouve depuis la France...

    Mais bon en passant: l'industrie du jeu video n'est pas une bonne industrie pour les travailleurs IT en general. Moins bien paye qu'ailleurs, et un peu infantilises sur les bords.
    Pour les testeurs en particulier c'est dur. Je te conseille de te glisser hors de ca tout doucement.
    Moi je l'ai fait en commencant par devenir testeur pour une compagnie qui fait des applications, puis en passant Dev.
    Ca a pris du travail personnel mais je regrette pas.

    Le cote fun des jeux video passe tres vite quand on travaille dedans je trouve.

  8. #8
    Avatar de titoo87
    Valentin 37 ans

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    J'ai un peu de retard mais je viens de tomber sur ce post et j'avoue que l'on peut s'y reconnaître assez facilement ! A la seule exception que j'ai eu une chance de malade : un ami sur place m'a trouvé un boulot ! Départ dans 4 jours, let's rock !

  9. #9
    Avatar de gauthier1989
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    Le Canada, j'irais après mon vhw en Australie.
    Je me fais la main en australie, et ensuite je finirais au Canada.. Toronto ou Vancouver .
    J'ai arrêté mes études car j'arrive pas à trouver vraiment ma voie , mon objectif maintenant de voyager tout en économisant.
    Ensuite j'espère m'installer au USA avec l'argent mis de côté en y créant une entreprise là bas et décrocher le sésame... Une green card