Discussion: Parti loin ... mais plus dure sera la chute
- 19/09/07, 00:20 #1Ca fait maintenant 3 semaines que je suis rentré de Montréal pour retrouver Strasbourg. Et ces 3 semaines auront été éprouvantes. Voici le petit récit de mon départ, de ma parenthèse Canadienne, qui paradoxalement contiendra un point final, et de mon retour en France.
Commençons par le contexte : non, je ne suis pas PVTiste. J'ai 22 ans (ou presque), et finis mes études d'ingénieur à Strasbourg. Je suis allé à Montréal faire un stage (obligatoire) de 3 mois dans une école locale, l'ETS (Notre Dame & Peel, pour ceux qui situent), et du même coup valider ce qu'on appelle "mobilité internationale" (également obligatoire), ce qui est juste une manière pompeuse de dire qu'on est allé voir ailleurs si l'herbe était plus verte au cours de notre cursus.
Me voila donc, de Mars à Juin, faire des démarches dans tous les sens pour m'arranger avec mon maître de stage sur place, trouver un logement, des billets d'avion (parce que à la nage, c'est long), faire mon passeport, mon permis de travail, etc...
Bref, tous les passages obligés qui ne sont les plus marrants ni à raconter, ni à lire. Faisons donc l'impasse et mettons notre flashback sur "avance rapide" jusqu'à début Juin.
Le départ & les deux premières semaines : Jusque là, tout va bien ...
Fondu enchaîné, on arrive dans un deux pièces en banlieue de Strasbourg. Nous sommes le 7 Juin. L'appartement est propre, ca cache quelque chose...
Et pour cause, je viens d'emballer pas mal de bordel. Après avoir fait mes bagages et retourné mon appart de fond en comble une bonne douzaine de fois pour être sur de ne rien oublier d'important, c'est le grand départ. Direction Francfort avec, à bord de la vaillante Renault Espace, un bon quintal de bagages, mes parents et ma copine.
Oui, car j'ai une copine. Elle s'appelle Sandrine. On est alors ensemble depuis 5 ans, et habitons ensemble dans notre appart Strasbourgeois depuis 3 printemps (oui, "printemps" c'est un peu cucul, mais c'était pour éviter la répétition ; et puis j'écris encore comme je veux, non mais !).
Après s'être paumés pendant deux plombes en cherchant l'hôtel où je dois passer la nuit avec ma tendre (oubliez la légendaire "précision teutonne", leurs indications routières sont aussi merdiques qu'ailleurs), nous arrivons à destination. Une petite bouffe - comprendre "ce que l'estomac noué veut bien laisser passer" - et mes parents nous laissent.
Et voici notre dernière nuit ensemble. Circulez, y'a rien à voir, bande de coquins !
8 Juin au matin : ca commence tôt et ça s'enchaîne vite : petit dej' - navette - aéroport - check in.
C'est donc le moment des adieux - que dis-je - de l'au revoir. Après tout, je pars peut-être dans l'inconnu complet, mais c'est pour seulement 3 mois, et surtout, Sandrine viens me rejoindre fin Juillet, soit dans 6 semaines ! Ca devrait être gérable ...
Malgré tout, ça fait bizarre : c'est la première fois que je par si loin, de plus dans un endroit dont je ne connais rien et où je ne connais personne, et également la première fois que je pars tout seul. Une sacrée première, donc.
Donc, étreinte interminable, quelque larmes, pas plus, et me voila grimpant dans un magnifique 767 aux couleurs d'Air Canada. Direction Montréal.
Les deux premières semaines se passent très bien : j'emménage avec ma coloc' Annabelle le jour même (une Québequoise de 32 ans, psy, et très sympa), je fais mes débuts à l'ETS avec mon maître de stage et mon tuteur, Youri, un type extraordinaire et complètement barré par moments. Mon stage est calme, trop calme, mais y'a une bonne ambiance et avec Youri on se fend la gueule.
En même temps, je commence à prendre mes repères dans la ville, à rencontrer quelques Français sur place, à sortir un peu dans les bars de Saint Denis, bref, ce sont deux semaines très sympas.
... et là, c'est le drame !
Mais ça ne pouvait pas durer. Enfin en tout cas dans mon cas ça n'a pas duré. Maintenant je déprime. Du matin au soir. Quelque chose m'obsède, me prend aux tripes, me donne envie de cogner dans tout ce que je vois, de gueuler sur quelqu'un. Tout allait si bien. Je n'avais rien vu venir. Et pourtant personne n'a rien fait de mal. Pourquoi en est-on arrivé là ?
De quoi je parle ? Sandrine veut qu'on se sépare.
Depuis que je suis parti, elle sort avec ses copines, elle bouge, elle fait des choses qu'elle ne faisait plus avant. Elle veut vivre comme ça un moment, ce qui implique de ne plus vivre en couple. Il y a bien sur des raisons sous jacentes et je ne suis pas irréprochable, loin de là, mais je pensais que ça allait bien, je n'ai rien vu. Je lui dis donc d'annuler ses billets d'avions. Ce n'est pas la peine qu'elle vienne, ce serait trop bizarre. A mon retour, je resterai dans l'appart où on a vécu ensemble, seul, et elle déménage en cloc' avec des copines.
La déprime durera deux bonnes semaines.
Merci les pvtistes !
C'est là que je me suis inscrit sur pvtistes.net. Et à ce moment, la déprime s'est transformée en tristesse, qui s'est amoindrie peu à peu. Je suis allé aux Festivals, aux feux d'artifices, je suis sorti, j'ai rencontré tellement de gens super...
Grâce à ça, je me suis de nouveau senti bien, et le reste de mon stage s'est bien passé.
Bien sur, je regrette de ne pas être beaucoup sorti de Montréal, mais en même temps je n'avais que des week ends de 2 jours, et les 3 mois seront passés beaucoup trop vite. Le temps de nouer des amitiés, de rencontrer des gens avec qui on se dit qu'on peut faire des choses sympas, et c'est déjà fini.
Malgré ça, et vu les circonstances, je suis quand même content d'une chose : je sais que maintenant je peux le faire. Je peux partir loin, seul, et m'en sortir. Et la prochaine fois que je le ferai, ce sera - je l'éspère - dans de meilleures circonstances.
Je tiens donc a vous remercier, vous, les expats de pvtistes.net, sans qui ma déprime aurait peut-être duré plus que 2 semaines. Tout particulièrement Manu(e)² et les deux Alsaciens qui se reconnaîtront, mais également tous les autres, qui ont contribué à transformer cette galère en expérience plutôt positive, et tous ceux que j'ai croisé, une ou plusieurs fois, et à qui j'ai dit "A la prochaine !" en pensant que je les reverrai, alors que ça n'a pas toujours été le cas. Je ne cite pas grand monde parce que ça n'aurait pas d'intérêt, mais soyez surs que je ne vous oublierai pas de si tôt !
Le retour (de flammes)
Retour en Alsace via Francfort le 3 Septembre. Je revois ma famille, mes amis, mais reste chez mes parents pour le moment. Mais la rentrée approche et je dois retourner à mon appart.
Méchant retour de flamme. Je ne me suis jamais senti aussi seul que lors de mon retour dans mon sweet home : tant de choses ont disparu.
Sandrine et moi nous parlons toujours, car aucun de nous n'en veut à l'autre. Mais c'est tellement dur.
Quand on est loin, on ne se rend pas compte que c'est fini : l'autre n'est de toute façon pas là, alors ensemble où pas, c'est pareil. Je savais que ça allait changer à mon retour, et c'est ce qui avait causé ma déprime sur place, mais ce n'est qu'un fois dans mon appart que j'ai réalisé pleinement... c'est le deuxième effet kiss cool. Je me suis retrouvé plongé dans un environnement qui m'étais pourtant familier, plein de souvenirs, mais qui a complètement changé.
Je vais essayer de me remettre d'applomb, mais j'imagine que faire mon deuil d'une relation de 5 ans prendra du temps. Le temps de trouver quelqu'un d'autre probablement.
Depuis mon retour, je me remets sans cesse en question, je doute de tout, surtout de moi même bien sur, j'ai l'impression que tout est à changer et que j'ai tout à refaire. Enormément de regrets, beaucoup de "Et si ?", pas mal de culpabilité, un peu de rancoeur. Sacré cocktail !
J'imagine qu'il faut passer par là, et peut-être que au fond, comme dit la chanson, "ça fait p'têt mal au bide mais c'est bon pour la gueule".
La suite
Maintenant, j'ai pas le choix. Il faut que je bouge, que je me remue, que je me sorte les doigts du c**, comme j'avais réussi à le faire au Québec. Mais c'est la dernière année, le projet de fin d'études approche, ça va être dur. Il faut que je me reprenne en main. Sauf que cette fois j'habite tout seul. C'est la première fois. Va falloir s'habituer.
"Une gonzesse de perdu c'est dix copains qui r'viennent".
Espérons que c'est vrai.
En tout cas à Montréal, les copains ils ont été au rendez vous.
Merci !Dernière modification par jona ; 19/09/07 à 00:26.
- 19/09/07, 03:03 #2Salut
merci pour ton histoire
je me sens concerné et je me reconnais pleinement dans ton histoire
j'ai vécu la même enfin presque. Je suis arriver un février avec ma copine à Montréal avec qui j'étais depuis 7 ans et en juillet elle m'annonce qu'elle veut que l'on se sépare.
Ce la fait maintenant 1 et demi que je l'ai pas vu. Je resens exactment la même chose que toi.
Comme on dit avec le temps tout fini par passer!!!!
- 19/09/07, 06:14 #3Très beau témoignage, poignant et sans aucun doute sincère.
Je te comprends aussi très bien car dans une situation très proche de la tienne à la différence que j'espère que mon couple va tenir (courage ! Y a aucune raison).
Je comprends aussi ta détresse du moment (qui dure encore en fait), et je me doute que ça n'a pas du être rose tous les jours... Mais bon ! 1) Tu t'en es bien sorti finalement (à Montréal), et 2) Tu repars à zéro en France. De ce point de vue, ce n'est pas si dramatique (...).
Evite juste de trop penser au passé (et à Sandrine...). On a tous vécu ça un jour (homme ou femme), et ça fait toujours aussi mal... Donc : Courage & Rebondis !
Pis bon, rien ne t'empêches de revenir au Québec ^_______________^
- 19/09/07, 09:25 #4Salut,
J'ai lu ton récit et je sais que c'est pas facile. J'suis un peu plus vieux que la moyenne ici, donc Vieux Khôn Inside(TM) mais je vais quand même me fendre de ma ptite phrase... Dans ta situation y'a qu'une chose à faire, c'est de plonger dans tes études (dernier sprint!) pour t'occuper l'esprit, ça marche bien même si ça réchauffe pas le lit la nuit. Et puis quand t'as fini de bosser tu peux aller te ravager les neurones dans les pubs avec tes potes. Pi dans 1 an... qui sait ce qui t'arriveras
T'es encore très jeune, la vingtaine faut en profiter un max car passé 30 ans, j'te garantis que les choses changent (la longueur des gueules de bois aussi )! Je vais vraiment faire le Vieux Khôn(TM) maintenant, mais je pense que vivre en couple à 21 ans c'est peut-être très mignon et exaltant, mais c'est un peu jeune pour se fixer. A cet âge on n'a pas encore vécu grand chose et on a vite fait de s'accrocher aux premières expériences, qui sont certes exaltantes mais y'a encore beaucoup à apprendre de la vie! Quand je pense aux conn...euh choses que j'ai fait quand j'avais ton âge (et même un peu plus vieux) ben j'me dis qu'on est vraiment pas très futé à 21 ans, et pourtant je croyais le contraire à l'époque
Allez, bon rebondissement (va pas te prendre le plafond non plus, jeune inconscient!) et peut-être à bientôt un jour au Canada
- 19/09/07, 16:12 #5C'est envisageable. En tout cas je repartirai, que ce soit au Québec où ailleurs. Surement ailleurs dans un premier temps : ce serait dommage passer à côté du reste. En même temps, comme dit, je n'ai pas vu grand chose du Québec à part Montréal, et je compte bien réparer l'oubli. Wait & see ...
Pas mal. Je réutiliserai ça quand j'aurai 30 ans. T'auras des royalties, promis !
C'est sûr, on était trop jeune. Enfin du moins, maintenant que c'est fini, c'est comme ça que je le vois. C'était ma première, visiblement pas la bonne. Tant pis. Elle va me manquer, mais maintenant je vais rebondir, d'une manière où d'une autre. En évitant le plafond, en effet, ce serait préférable. Pas en me réfugiant dans le boulot, parce que je ne suis pas bosseur, et ça a toujours très bien marché comme ça. Je vais bien trouver quelque chose...
Je suis passé à côté d'un tas de trucs. Maintenant, je vais essayer de faire toutes les conneries que j'aurais du faire plus tôt !
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