1. #1

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    Eh bien ! Ce fut long. Nous sommes repartis de Toronto en 2008 après une année extraordinaire. Dans l'avion, nous le savions, le Canada nous avait conquis. Quatre ans plus tard nous revoici sur le sol canadien. Mais plus de compte à rebours cette fois-ci, nous restons pour de bon avec la résidence permanente en poche.
    Quatre ans pour mûrir, pour avoir de nouvelles expériences en France et en Europe, pour peser le pour et le contre, pour décider d'abandonner l'idée d'une vie dans notre pays natal. Avec l'age, les projets changent, et les interrogations avec. Ce n'est plus une simple découverte, une agréable parenthèse. Le billet est sans retour, l'esprit aussi, tourné vers une vie outre atlantique chez nos "cousins".

    Du coup, on reprend du service et après les "Chroniques d'un voyage [TO]", voici les Chroniques d'un retour, le pays reste le même, mais le décor change : place au Québec et Montréal. Après Toronto, cette ville si envoutante et captivante, nous voilà débarqués au cœur de la première ville francophone d'Amérique. Un nouveau challenge, une nouvelle vie, on prend les mêmes et on recommence. Chronique d'un retour c'est parti !


  2. #2

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    Voici trois semaines que nous avons posé nos valises sur le sol Québécois, nous commençons à prendre nos marques, jeter les bases d’une nouvelle vie, d’une nouvelle routine. Tôt le matin, le soleil fait déjà oublier la légère brise de la nuit. L'atmosphère se réchauffe vite, le vent chaud envahit la chambre, l’humidité se fait ressentir. Aujourd’hui sera une journée chaude et lourde, comme hier, comme avant-hier, comme demain. Tranquillement, au son de l’écureuil déjà affairé à grignoter ses trouvailles, nous nous levons et allons préparer le petit déjeuner. Doucement la cuisine se remplit d’une odeur de café mêlée à celle du bacon, aux cliquetis des couverts posés sur la table. Les informations de Radio Canada ont pris le pas sur les activités matinales de l’écureuil et l’accent québécois annonçant l’éternel ralentissement matinal de l’avenue Papineau fait déjà parti de notre quotidien. Tout nous parait naturel bien que totalement nouveau. Étrange. Plutôt un bon signe.

    En route pour la ville, nous découvrons un peu plus chaque jour notre nouveau quartier, les étalages sont remplis de légumes et de fruits soigneusement achalandés, protégés du soleil par un store rayé vert et blanc. Les itinérants, chargés de canettes et autres bouteilles consignées arpentent déjà les trottoirs, obnubilés par leur quête quotidienne de verre et de métal. A chaque parcmètre croisé, mécaniquement, le bras se tend et la main va fureter à la recherche de monnaie négligemment oubliée par un automobiliste pressé. Triste routine me dis-je.

    Les «bixi» - vélib’ locaux - serpentent entre les voitures se massant les uns derrières les autres aux croisements des rues, attendant frénétiquement le pied bien encré sur la pédale la venue libératrice du vert. Des touristes se mêlent aux montréalais aux terrasses des cafés dégustant salades de fruits, pancakes et autres bagels. Les conversations vont bon train, les lunettes de soleil solidement accrochées sur le bout du nez. Le vent chaud balaie nos visages, emporte les cheveux de Charlène, au loin nous apercevons le parc du Mont Royal, véritable colline verte plantée au beau milieu de l’île, sorte de rond-point naturel partageant la ville en différents quartiers tout autour de lui. À l’Ouest les anglophones, à l’Est les francophones.

    Le métro n’est plus loin, le trottoir se fait de plus en plus petit à chaque coin de rue nous rapprochant de notre but. La foule des piétons se densifie à chaque enjambée, le centimètre carré de chaussée disponible se fait rare. La bouche du métro agit comme un aimant géant, attirant inexorablement des dizaines et des dizaines de quidams toutes les secondes, en recrachant tout autant au même moment. Un véritable petit ballet ou chacun tient sa partition à merveille. Un grand courant d’air nous emporte dans les entrailles de Montréal, mon ventre gargouille, le petit déjeuner est déjà un lointain souvenir.


  3. #3
    Avatar de marjorie91
    Marjorie 38 ans

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    je viens tout juste de decouvrir tes posts de 2007 à Toronto et je suis ravie de lire la suite de l'aventure aujourd'hui à Montreal!!! un vrai plaisir de te lire!!!!!!


  4. #4

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    Vous est-il un jour arrivé d’attendre à l’arrivée ? Pour moi c’était il y une semaine maintenant, pile-poil un mois après notre arrivée le 13 juin. Me voici en train de faire le trajet en sens inverse, une sensation de rembobinage géant, je vois la bande défiler en sens inverse. Je descends les escaliers, puis remonte la rue, m’engouffre dans les sous-sol du métro montréalais puis, embarque dans le bus direction l’aéroport Trudeau. A côté de moi, un futur voyageur, en train de peaufiner son excursion en Thaïlande. La tête plongée entre les chapitres, les yeux rivés sur les mots défilants les uns après les autres, tel un étudiant dans ses révisions. Je l’observe lire attentivement avec tant de concentration le petit livre rouge du voyageur, le graal de l’escapade, la bible de l’itinérant : Le Guide. Orphelin d'ustensiles de voyage je suis vite démasqué, l’aéroport ne sera pas pour moi cette fois-ci une porte de sortie. Il est devenu notre porte d’entrée, point commun de nombreux expatriés, me dis-je.

    En sortant du bus je me faufile entre les charriots laissés à l’abandon et les fumeurs soulageant un besoin contrarié trop longtemps, une main sur la valise l’autre solidement accrochée à leur cigarette, source d’un plaisir certain. Quelques enjambées plus tard, je me joins à la foule massée devant les cordons. De loin la scène ressemble à une nuée de fans attendant avec impatience l’arrivée d’une rock star, mais de près le spectacle - car oui, il s’agit d’un véritable spectacle - est tout autre. Le hall d’arrivée se transforme en un plateau de cinéma où l’action est sans cesse renouvelée par des vagues et des vagues de passagers fraîchement débarqués.

    Les « fans » regardent tous dans la même direction à la recherche du premier regard, de la première réaction, «c’est lui, il est là », « oh my god ! », « qu’il a grandi ». Ces exclamations trahissent une distance, un long moment sans l’autre. L’expression des sentiments diffère selon l’origine, la confession. A chacun sa manière d’exprimer sa joie. De l’émotion des aînées toute dissimulée, aux youyous en passant par les larmes et les bras en l’air, le ballet des avions dans le ciel prend forme sur terre de la plus belle des manières. Les bouquets de fleurs paraissent bien illusoires, finalement ils ont plus accompagné une longue attente, qu’une arrivée si heureuse, et passent vite au second plan, derrière le dos lors d’une longue étreinte. Ce bouquet, ce ballon gonflé à l’hélium est certainement une manière de prouver que l’on attendait bien l’autre, j’imagine.

    Dans tout se remue-ménage les pilotes et membres d’équipage se faufilent entre les familles réunies, les copains retrouvés, l’amant espéré. Tableau-mélange de langues, de valises de toutes les couleurs, d’odeurs, de gens perdus à la recherche d’un regard familier.
    Moi même je me retrouve emporté par cette frénésie et pars à mon tour à la recherche de cette petite tête blonde familière. Je scrute au loin, analyse chaque visage et passe de l’un à l’autre dans l’attente du bon. Un indice, les étiquettes des bagages trahissent le nom de la compagnie de cette nouvelle vague. Elle arrive, dans quelques minutes, une poignée de secondes, je m’impatiente, tourne en rond et enfin la reconnaît. Un large sourire échangé et une accolade plus tard, nous nous dirigeons vers le bus, à peine arrivée nous voici déjà partis.

  5. #5
    Avatar de Damien69
    Damien 38 ans

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    tres joli récit, merci pour ce début de récit, je reste attentif à tes prochains posts sur cette chronique


  6. #6
    Avatar de g6ka01
    Jessica 40 ans

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    On attend la suite,
    j'espere que votre experince quebeocise sera aussi enrichissante que la torontoise