Extrait de mon blog (d'où "Camille", "Olivier" et "Jessie", pvtistes australiens que vous ne connaissez pas (encore

). Pour vous resituez un peu, après deux mois à Sydney, deux semaines de road trip en Tasmanie et aux alentours de Melbourne avec ma maman et deux semaines à Melbourne avec Olivier et Camille, je pars pour nulle part pour ramasser du raison...
18 mars 2007
Lever difficile… A peine quelques heures de sommeil derrière moi… Le train roule, je suis Xavier dans les Poupées Russes, mon ordinateur sur les genoux. Je découvre par la fenêtre le paysage australien me menant à Mildura où je m’apprête à faire du fruit picking. Je n’ai pas peur, sans doute parce que je rejoins Jessie et que le fait d’être à deux donne une sensation de force. En face de moi, une petite fille blonde comme les blés, elle a 3 ou 4 ans et est assez fascinante à regarder, jamais à court d’idées pour s’auto-divertir, face à une maman obnubilée par son téléphone portable depuis plus de deux heures…
Elle mange la mie d’une tranche de pain de mie et garde deux bords pour faire des cornes de taureau. A travers la fenêtre, elle dit au revoir aux gens qui descendent du train. Sa mère lui met une tape sur la main et lui dit de « stop it », mais Boucles d’Or a l’air habitué, reste imperturbable et ne perd pas le fil de ce qu’elle fait… Elle a bien raison
Demain, je serai dans un champ, je ramasserai des fruits, sous la chaleur, avec un pantalon et un T-shirt à manches longues pour éviter non seulement que le soleil ne me brûle mais aussi pour éviter tout contact avec une araignée, un serpent, un moustique, une mouche…
La page Sydney est belle et bien tournée, la page Melbourne est elle aussi en train de laisser place à une nouvelle page encore blanche dans mon esprit et il semblerait que cette partie de mon roman australien soit la plus trépidante, excitante et impressionnante puisqu’après avoir accumulé des dollars, je partirai à la conquête de la côté Est pour arriver à Cairns, ville tant attendue car à deux pas de la Grande Barrière de Corail.
Vais-je supporter le travail en fruit picking ? Combien de temps vais-je rester dans cette ferme ? Vais-je rencontrer des gens avec qui je vais m’entendre ? Vais-je rencontrer des gens avec qui faire un bout de chemin ?
Que je sois « liftée » dans un voiture ou un van ou que je voyage seule, en car, comment vais-je vivre cette aventure ?
Boucles d’Or vient de descendre de son siège et perdant l’équilibre, se rattrape légèrement au genou de sa grand-mère, qui immédiatement prend sa main et la rejette. Elle regarde sa grand-mère qui ne quitte pas son magazine people des yeux, je sens que son petit cerveau d’enfant n’est pas dénué de sentiments et que ce rejet est mal vécu… Envie pressante de donner une claque à celles qui n’ont pas l’excuse d’être trop jeunes pour se comporter si mal…
Vais-je comme tout le monde adorer Byron Bay, trouver la ville de Surfer Paradise trop urbanisée, qualifier les Whitsundays et Fraiser Island de génial, magnifique, inoubliable ? Vais-je pouvoir faire tout ce que je veux faire en ne dépensant pas tout l’argent que j’aimerais garder pour la Nouvelle Zélande et l’Asie ?
J’aime assez - même si elle m'angoisse par moments - cette impression d’inconnu, cette sensation que je suis libre de mes mouvements, de mes choix, mais j’avoue également que le fait d’avoir un programme (surtout avec Camille) prévu pour les mois suivants ce trip en solo, me rend assez euphorique : 21 juin : Sydney -> Christchurch (Nouvelle Zélande)
4 juillet : Retour en Australie, séjour dans l’Outback (terre rouge) dans l’Uluru, découverte de Darwin et du Parc National de Kakadu
23 juillet : Darwin -> Singapour
25 juillet : Singapour -> Phuket (Thaïlande)
31 juillet : Surat Thani (10 jours d’initiation à la méditation bouddhiste chez des moines)
Nous arrivons ainsi au 10 Août ! Pour le reste, nous verrons bien, nous avons trouvé des brochures sur des tours en Asie. Nous n’y participerons pas mais nous nous en inspirerons pour aller aux endroits à ne pas manquer !
PVT canadien, WHV australien, deux expériences tellement différentes ! PVT canadien confortable, avec un appartement, un travail et des amis réguliers. WHV australien, confortable pendant deux mois, puis « sac sur le dos » par la suite. Vivre comme une backpacker ne me déplaît pas, je ne sais pas où je serai demain, c’est ce que mon road trip tasmanien m’a appris mais il est vrai que vivre sans arrêt dans les bagages n’est pas une mince affaire.
J’apprécie le confort mais je m’en passe aussi très bien, ce n’est pas ce qui m’a manqué, je me suis simplement sentie très fatiguée d’aller de ville en ville, d’auberges de jeunesse en auberges de jeunesse, de ne rien créer nulle part, de ne pas défaire mes affaires car le lendemain rime a nouveau avec départ. Je suis contente de ne pas simplement expérimenter une année sensiblement similaire à mon année au Canada car même si je suis persuadée que le PVT fixe et le PVT mobile apportent beaucoup chacun à leur façon, je pense que j'aurais regretté de simplement vivre la même chose qu'au Canada mais ailleurs...
Petit partage d’impression que j’ai et qui ne me réjouit pas. J’ai le sentiment parfois d’être blasée des voyages, de ne plus m’émerveiller de quoi que ce soit, de me contenter de trouver ça joli, voire magnifique, mais je ne retrouve pas la magie que l’on pouvait voir dans mes yeux lorsque je suis arrivée à Toronto, ou même à Sydney. J’espère que cette impression n’existe que parce que ce que j’ai vu récemment ne m’a pas suffisamment dépaysée et que la Barrière de Corail et/ou l’Asie parviendront à me faire rester bouche bée !
J'arrive à Swan Hill où Jessie doit venir me chercher avec son van dans quelques heures. Je me pose sur une terrasse et je remarque que tous les habitants qui passent me regardent, me sourient. Certains essaient même de deviner d'où je viens et ce que je viens faire ici. C'est ainsi que deux couples viennent me parler, me félicitent d'être ici toute seule, bref, je trouve leur attitude vraiment gentille. Je demande dans un café si je peux rester quelques heures avec mon ordinateur branché. Ca ne leur pose pas de problème et je réalise que pour quelqu'un qui veut apprendre l'anglais, Sydney ou Melbourne ne sont pas les bonnes destinations, comme la plupart des grandes villes australiennes sans doute car même si vous pouvez y pratiquer l'anglais, on entend toujours un Français passer par là ou une serveuse française.
Ici, à Swan Hill, le contact est vite lié avec les locaux, ils sont très prévenants et une petite Française toute seule, sac à dos sur le dos, intrigue, notamment les jeunes qui passent devant elle. J'ai l'impression de ressentir (en moins fort quand même) la même séduction que pour Geelong. J'ai l'impression que la vie ici serait paisible mais pas ennuyeuse...
Le café ferme et Jessie devrait arriver dans une heure. Je me pose sur une table devant le centre d'information, mon PC a encore un peu de batterie, ouf ! Je suis triste, je pense à Olivier, il me manque déjà beaucoup, impossible de mettre des mots sur ce qui se passe dans ma tête mais je suis un peu abattue.
Un couple passe me voir et me demande ce que je fais toute seule ici. Je leur explique que j'attends Jessie et il me donne des chocolats Cadbury (attention !) de leur paquet déjà entamé (emballés individuellement parce que je sais qu'il ne faut pas prendre les bonbons donnés par des inconnus

), ils veulent être sûrs que Jess va vraiment venir. Je leur dis de ne pas s'inquiéter, mais il me donne l'adresse de leur hôtel, leur numéro de téléphone portable et en partant, le mari me dit "Profitez bien des chocolats", grosse erreur ! Sa femme lui prend le paquet entamé, me le donne et crie sur son mari en disant qu'il lui en reste un autre plein. Je ne sais plus où me mettre, il n'est pas question pour eux de me laisser refuser. Je les remercie et je leur dis que c'est exactement ce dont j'ai besoin à ce moment précis. Jessie arrive dés qu'ils partent, je commence la dégustatiion, mmmmhh...
Nous conduisons jusqu'à Mildura. Il fait de plus en plus nuit et nous avons du mal à trouver la ferme, qui se trouve au bout d'une route cachée et difficilement empruntable (10 à l'heure, sensations assurées

)
On passe devant un cadavre (de kangourou ?)
Nous ne pouvons pas faire la connaissance du fermier ce soir car il est trop tard, nous ne voyons ni van, ni tente... Nous verrons demain, réveil à 7h.