Bonjour,
Pour être honnête, je suis allé au Québec et je me suis tout de suite sentie mal, moi aussi. D'abord pas par rapport aux québécois en tant quel tel, mais, c'est vrai (et personne n'y est pour rien), le déracinement de la France, le changement d'atmosphère, l'air ambiant qu'on sent très sec, et qui vous prends. De l'ordre des choses auxquelles on doit d'adapter, et qui prennent du temps. Mais ces adaptations, se feraient certes normalement et sans accoups, si au contraire de se prendre dans les dents "tu es habillé comme une française, tu ne sais pas ce que c'est que le froid ou quoi?" ou des "mais vous, les français..., vous me faites rires avec vos petites vestes et vos petites chaussures..." etc. et j'en passe. Il en vient un moment, où au lieu de s'y faire et de soi-même le prendre du bon côté des choses (inconsciemment) on se rebiffe, on se dit que ce pays n'est pas accueillant du tout, qu'on ne veut pas de nous, et le froid et la nuit qui tombe à 16h en hiver n'aide pas à se remonter le moral (tout ça n'est que de l'ordre du psychologique, c'est bien vrai, mais ça arrive, et la preuve dans ce forum). Je pense donc, que le temps et la météo nous jouent des tours, tout autant que nos amis québécois qui sont "joueurs" et ne prennent pas au sérieux l'intégration d'un français par exemple, je crois qu'ils ont effectivement envie de "rester tranquille" comme beaucoup de cultures qui se revendiquent et souhaitent être indépendants (exemple des basques, des bretons, des Corses etc.) et donc on se sent forcément "pas à sa place". La situation est encore plus problématique quand (comme moi) on est venu ici pas du tout pour se frotter aux québécois (que je n'avais même pas idéalisés, ou ne serait-ce qu'imaginé d'ailleurs) car j'étais venu dans le but de faire une maîtrise et d'étudier culturellement (en anthropologie) les populations d'Amériques du Nord (Inuits, Innus, Cris). Mais le découragement aussi, que ces personnes, m'ont partagé, à ce sujet, a plus était que décevante. Moi qui m'attendais à un engouement général pour des populations qui réussissaient à survivre malgré tout, à refaire vivre des traditions et des croyances (que je pensais être davantage légitimé) je me faisais une joie d'aller à la rencontre de ces personnes qui, pour moi, été acceptées de la société. À cela, j'ai fait face à deux problèmes: ceux qui me faisait comprendre que ces "autochtones" dont je parlais n'existaient plus ou pas/peu, et je n'avais pas d'intérêt à aller m'approcher d'eux (donc, choquée, dénigrement ; à la fois de leur présence, pourtant les "premiers habitants" de ce territoire ; et de moi-même ainsi que de mon travail/terrain à venir..) et d'autre part ceux qui me faisait comprendre, de façon sous-entendu, mais malgré tout, que je dérangeais et que je n'avais pas à me mêler d'affaires autochtones sur le sol Canadien, en tant que française (en gros, je n'avais aucune légitimité, bien que chercheuse..). J'en avais gros sur la patate. Et, pour couronner le tout, mes activités plein air, que je pensais pouvoir réaliser les week-ends pour me ressourcer et souffler un peu, et bien, je me suis vite rendu compte que ce n'était que des grands parcs nationaux qui sont considérés comme des "aires protégées" mais, en réalité, de par mes recherches, je me suis rendue compte également que ces parcs étaient des business touristiques, voire des parcs animaliers à visiter (ne citons pas cet exemple du parc Oméga où tout le monde donne à manger je ne sais combien de fois par jours aux animaux quand tu paye 7$ ta carotte à l'entrée du parc...) puis que ces entrées, même pour des parcs de randonnées sont payantes à l'entrée. Il y'a une privatisation de la nature qui m'a dégoutée. Il y'a : soit d'un côté la "wilderness" qu'on imagine mais ne peut jamais toucher puisqu'inaccessible (ce qui est normal et compréhensible, mais pendant ce temps on sait que des compagnies minières et des forages creusent et font l'économie du pays comme ça, loin des regards touristiques ou ne serait-ce que des gens qui y auraient accès puisque caché dans le Grand Nord) ou alors des petits parcs éco-touristes comme je viens de citer. Moi qui pensait trouver au Canada "une nature" grandiose, j'ai eu le sentiment d'être dupée. Pas de petit chemin en sous-bois en bord de route sympa, tout est privatisé, aménagé, et si on a l'audace de s'y aventurer on a l'impression d'être un criminel (le respect de la loi au Québec est admirable, mais au point où on a l'impression de ne pas pouvoir faire un faux pas: en tant que française, si je traversais au feu rouge alors qu'il n'y avait personne ou si je faisais un pas de travers, on me regardait comme si j'avais commis la pire des choses..). Moi qui aime la liberté, le grand air, les animaux sauvages, je me sentais bridée. Et je peux vous dire que si vous ne décidez pas de vous aventurer en ski-doo ou de prendre un avion pour le Grand Nord (et encore, là-bas, ce sont de petits villages isolés, mal desservis, et peu pris en compte par le gouvernement, donc vous vous sentirez tout autant "piégé" et "isolé") il y'a peu d'espace où l'on peut respirer. Moi, je sais que seule la vue du fleuve Saint-Laurent me posait : j'avais l'impression que c'était l'ultime sortie, et l'idée que le continent Européens était derrière me rassurait. Bref, à ce moment-là, j'étais arrivé à un point assez critique de mal-être, mais pour vous dire..
Enfin, et je le sais bien, je pense que l'Ouest du Canada est peut-être plus sauvage, libre comme je l'entends et m'imaginais (si on ne parle pas d'un point de vue politique, mais de nature et de grands espaces encore vierges) - (à savoir tout de même que j'ai appris que des compagnies coupaient aussi des arbres au milieu des forêts et en laissaient seulement quelques-uns au bord des routes pour faire croire que le Canada est ce joli paysage qu'on imagine boisé mais que l'intérieur est parsemés de trou, vrai ou faux, je ne sais pas, mais ça m'a fait encore plus froid dans le dos quand j'ai appris ça ; le rêve seulement en peinture, mais ne pas regarder derrière le tableau...) - mais je n'ai pas eu l'occasion d'y aller. À savoir, est-ce que les randonnées sont plus apaisées dans les Rocheuses, comme tout le monde le dit ? En revanche, si c'est le seul point un peu hippie et libertin (où on sent l'énergie des jeunes, et des vans qui y vont en mode roots) un conseil, si vous y allez dans cet état d'esprit: partez directement là-bas, et ne vous attardez pas au Québec, effectivement.
Bonne journée à tous.
Flavie