Discussion: Etapes de vie à l'étranger
- 20/05/10, 01:04 #1Suite à l'article de JeromeL sur le choc culturel, cela m'a rappelé de bien nombreux souvenirs, pas forcément tous bien joyeux.
Plus que le choc du mode de vie, il y a le choc de la vie tout court. Je pense qu'on doit tous y passer, car avec du recul, cela me semble une nécessité pour bien comprendre tout ce qui nous entoure (et faire des choix).
Lors de mon 1er séjour, j'ai vraiment vécu ces différentes étapes (et nombre de mes amis français arrivés en même temps ou juste après aussi), et je vous fais donc part de ce ressenti. Sur le moment, je peux vous assurer que c'était des phases euphoriques ou totalement... déprimantes !
1. Stade de la lune de miel :
Tout est beau, merveilleux, fascinant ! Les grattes-ciels comme la mentalité, la culture différente comme l'activité très forte des canadiens.
Je passais la majeure partie du temps à visiter, découvrir, discuter, festoyer (et travailler). On sort et s'amuse fréquemment, on fait beaucoup d'activité et de loisirs. Je m'extasiais devant les écureuils, les marmottes, les castors, les mouffettes (!). J'étais à fond dans la découverte de la cuisine nord-américaine (smoothie, donuts, etc.). Bref, on profite quasiment tout à fond.
L'attrait pour le pays est très fort, et on se sent vraiment bien et on y prend bien du plaisir. Comme si on aurait du venir ici plus tôt !
2. Stade de la crise :
Puis vient le temps de la "crise". Dans mon cas, c'est arrivé au bout de 9 mois, mais pour certains de mes amis, c'était au bout de 6 mois. Il n'y a pas de "timing" précis. C'est une chose personnelle où chacun réagit différemment.
Souvent cela coïncide avec un "choc psychologique" comme une rupture, un décès, le départ de proches, etc. Des émotions fortes donc. Dans mon cas, c'était une rupture à distance et le décès d'un ami proche en France (dur quand on ne peut même aller à son enterrement...).
Des doutes surgissent les peurs et les craintes. On se sent soudain vite perdu et abandonné devant l'immensité de la culture et le fossé entre notre "ancienne" vie et la nouvelle. On ressasse le passé, on redevient nostalgique, on pense (trop) souvent à nos proches restés dans notre pays d'origine.
Plus on discute avec eux (courriel, téléphone, messagerie instantanée) et plus cela nous réconforte tout en nous déstabilisant. On se dit parfois : "Pourquoi est-ce que je ne suis pas auprès d'eux à partager leurs moments ?". Heureux d'avoir de leurs nouvelles, malheureux de ne pas pouvoir les vivre réellement.
Puis, la peur et la colère (irrationnelle) arrivent. L'envie de tout "foutre en l'air". L'envie de changer d'air. Ce qui voit cela de loin (ou ne le vive pas) compare cela à de l'auto-apitoiement ou une forme de dépression. En définitive, on finit par manquer d'énergie, on sort beaucoup moins en restant seul chez soi, on se renferme (et c'est un joli cercle vicieux).
3. Stade de la guérison :
Puis au bout d'un certain temps (1 mois pour moi), on commence à sortir la tête de l'eau. Surtout grâce à nos amis (sur place comme à distance) qui nous réconforte et nous incite à ne pas nous laisser aller.
Même intérieurement, on voudrait que cet état d'hébétude cesse. On souhaite de plus en plus retrouver un "état normal". Pas euphorique mais pas déprimant non plus. Juste s'adapter réellement au pays.
On reprend goût à la vie petit à petit, étape par étape. Dans mon cas, c'est l'arrivée d'un ami au Québec qui m'a principalement remis sur pied. On refait donc des activités (pas trop mais assez pour nous changer les idées). On réalise un gros travail sur soi-même pour arrêter de penser à des choses sombres, déprimantes et nostalgiques.
C'est le cap le plus difficile à passer (selon moi).
4. Adaptation :
Puis vient le temps de l'adaptation. Celui où finalement, on se dit juste : "la vie est belle ici quand même. Même si je n'y resterais pas, je suis content d'y être maintenant, et j'y ai vécu de très belles choses !".
La vie devient une routine petit à petit. On est moins curieux, moins enthousiaste, mais pas démoralisé. On réalise que l'aventure valait le coup malgré les petits coups reçus. On se sent vivant.
Dans mon cas, bien que pas du tout malheureux, j'ai préféré rester en France après 15 mois sur Montréal. J'étais content de partir pour retrouver une vie à la française, avec mes proches là-bas. Une part de tristesse aussi, celle de quitter ses proches ici. Un petit conflit étrange mais pas déprimant, juste honnête et humain.
Conclusion personnelle :
Je n'irais pas jusqu'à dire que tout le monde passe par là, mais je suis certain d'une chose : je ne suis pas le seul à l'avoir vécu et nombreux sont ceux qui se reconnaîtront dans cette description.
Quand j'y pense aujourd'hui, cela me fait plus sourire qu'autre chose (preuve que j'ai surmonté cela, et d'ailleurs, je suis revenu !). Je me dis surtout que passer par là oblige à évoluer, mûrir, et au final, prendre du recul sur la vie en général.
Chacun réagira différemment à ces différentes étapes. Un de mes amis a craqué (au sens littéral) et nous l'avons forcé à rentrer chez lui (dépression sévère, médicaments, psychologue et tentative de suicide...). Bref, tout n'est pas rose. D'autres ne vivront cela que très modérément, sans sentiment de grande gêne.
Pour finir, je me rappelle avoir publié ici (il y a bien longtemps dans une lointaine galaxie ) mes périodes d'humeur et ressenti. Je les ai retrouvé et vous les fais de nouveau partager. Vous verrez que je suis vraiment passé par tout
28/02/2008 : Le mal du pays
10/06/2008 : Retour aux sourcesDernière modification par Zifnab Hydre ; 20/05/10 à 01:10.
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- 20/05/10, 01:35 #2Moi je suis passée a la phase 2 au bout de 1 mois seulement
Ou alors c'est du au fait que je cherche un boulot sans en trouver, je ne sais pas c'est bizarre... mon quotidien Toulousain et mes amis me manquent beaucoup, mais je ne me dis pas que je les retrouveraient dans un an puisque je ne retournerai pas vivre a Toulouse de toute façon, car je l'ai quittée car il n'y a pas de boulot dans ma branche.
Ou alors c'est le sentiment de n'appartenir a aucun endroit en particulier : plus a Toulouse et pas encore a Montréal. Bref, on a beau savoir qu'il y aura des moments difficiles et y être préparé, quand on est en plein dedans, on a l'impression que ce n'est pas gérable.
- 20/05/10, 01:40 #3Dur comme expérience.. Mais apparemment tu as quand même apprécié ton séjour.
C'est quand même bien d'informer les autres sur ce qui peut aussi arriver lors d'un si long voyage.
- 20/05/10, 03:18 #4Merci d'avoi pris le temps de décrire tes sentiments, je crois qu'on passe plus ou moins tous par ces phases et on en parle pas forcément!
- 20/05/10, 05:20 #5Ça, ne pas trouver un boulot, je comprends parfaitement. Ça va faire 1 mois et demi que je suis ici, j'ai quitté comme beaucoup mon boulot en France et je n'en ai toujours pas de nouveau. J'avais certes prévu le coup en préparant mon budget pour au moins 3 mois sans salaire (mes petites économies !). Je ne regrette absolument rien pour le moment. Il y a bien des moments où je me dis "Zut quand même" mais ça ne dure vraiment pas.
Ton sentiment de ni appartenir à Montréal ni à Toulouse, je l'ai aussi vécu. C'était justement durant ma période creuse... D'ailleurs, je ne suis pas revenu (immédiatement) sur Toulouse à mon retour. Je ne voulais pas trop, en plus, j'avais un sentiment d'échec (mais qui n'a vraiment pas duré heureusement). J'y suis retourné plus tard simplement pour revoir mes amis, et ça c'est très bien passé.
Je garde une foi inébranlable en la vieDernière modification par Zifnab Hydre ; 20/05/10 à 05:28.
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- 20/05/10, 14:59 #6L'article de Jérôme reprend en fait un article qui se trouve sur le site d'immigration Canada (ou Québec ?) qui détaille cet état.
Personnellement, après trois ans ici, je n'ai pas vraiment vécu la phase 2...
Peut-être que j'ai eu une version très light ou qu'elle n'est jamais venu.
Ou alors, ça va venir bientôt !
Peut-être que j'étais bien préparé mentalement...
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