6 mois à Montréal…Flash-back

[maryn]

J’ai enfin fini mes études, Hervé et moi avons attendu si longtemps ce fameux voyage … Montréal…
Un beau jour d’octobre 2004, un rayon de soleil se reflète dans le feuillage aux couleurs flamboyantes, un écureuil se faufile entre les branches, allongée sur la pelouse du Parc Mont-Royal, je suis tombée sous ton charme…Avec douceur, la magie de ton été indien s’imprègne dans mes pensées et dans mes rêves.
Puis le quartier des affaires, avec ses hauts buildings, suis-je en Amérique? non, les enseignes en français sont là pour me rappeler que je suis dans la seconde plus grande ville francophone du monde après Paris, étrange contraste lors du premier contact avec ses rues à l’allure New-yorkaise et ses inscriptions dans la langue de Molière.
Les vergers du Mont St Hilaire, perchée à même l’arbre, je croque dans une pomme que je viens de cueillir, j’ai l’impression d’avoir retrouver mes 10 ans, des familles entières, du papi à l’enfant qui sait à peine marcher, s’affairent autour de nous pour trouver le plus beau pommier parmi toutes les variétés, certains font même une sieste, la bonne humeur se lit sur les visages…
Quelle est donc cette lumière qui semble animer les gens d’ici? Un sourire au détour d’une rue, un conseil prodigué dans un commerce, la découverte d’un mélange de sérénité et d’énergie…Alchimie enivrante qui, peu à peu, fait naître en moi l’idée de goûter à la vie d’ici.


Septembre 2005 – Marseille
La vie a repris son cours normal, j’ai maintenant un travail en CDI, un appart sympa, je suis bien dans mon couple, quelle est donc cette idée qui vient encore me trotter dans la tête depuis maintenant 1 an? Tenter l’expérience d’une autre vie, prendre le risque de repartir à 0 dans une autre ville, sur un autre continent…

Serai-je assez forte pour quitter ma famille, mes amis, la ville qui m’a vu grandir? Marseille, tu baignes de soleil mon existence depuis 25 ans, ton accent chantant est ancré dans ma voix, vais-je arriver à m’éloigner et connaître le grand froid, le vrai, celui qui pique le visage, celui qui glace les mains, celui qui transforme les trottoirs en patinoires improvisées?
Aurai-je assez de cran ou d’inconscience pour quitter mon petit confort douillet, mes habitudes rassurantes, une situation stable alors que d’autres personnes se contenteraient largement de ce que j’ai déjà?

Octobre 2005
Dans l’entreprise de mon compagnon, on parle d’une éventuelle fermeture pour raisons financières, l’idée de partir est toujours là, l’envie se confirme, le déclic vient de se produire…Et puis mon frère Gilles, vient aussi d’arriver à Montréal…
Les quelques économies que nous avons devraient suffire…Une visite sur emploi-international.org et Hervé tombe sur une place de cuisinier « spécial Pvtiste », il se lance et postule…il est choisi mais son contrat démarre …dans 10 jours !! il va falloir de l’organisation mais ça y est cette fois, on y est, l’aventure commence!

Avril 2006
Déjà 6 mois que nous nous sommes installés à Montréal, Hervé n’a pas gardé le travail trouvé de France, et a changé au bout d’une semaine pour une bien meilleure place. Je travaille depuis Janvier et je commence à prendre mes repères dans mon nouveau boulot. Le rêve a rejoint la réalité, on se fait peu à peu à notre nouvel appart, nous avons même pris un petit chaton, donc quoiqu’il arrive nous ramènerons un petit bout d’ici avec nous… La découverte de la vie courante s’est fait progressivement, pas à pas, il y a tant de choses à voir, à faire… Nous ne sommes jamais autant sortis, super restaus, parcs enchanteurs, soirées variées (matchs d’impro- boite à chansonniers- concerts- billards), activités fréquentes de toutes sortes (la dernière = papillons en liberté au jardin botanique).
L’Hiver, quant à lui, n’est pas si terrible finalement, à condition d’être bien équipé et d’appliquer quelques « règles de survie »…Enfin quel dynamisme culturel et économique!
Il y a ici globalement un sentiment de sécurité et de calme et, en même temps, les magasins sont ouverts même le week-end, il y a toujours du monde dans le métro…
Puis le quotidien reprend aussi parfois ses droits, les gens ici aussi sont maussades, il y a quand même pas mal de détresse et de misère autour de nous, bien sûr il y avait forcément les côtés négatifs à découvrir, notamment qu’il vaut mieux être en bonne santé, car les structures médicales sont surchargées et, en tant que pvtistes nous devons faire l’avance pour tous les soins (comptez par exemple 100 dollars et quelques heures d’attente pour voir un médecin).
En tout cas, c’est une expérience riche, intense, qui permet de mieux se connaître, d’abandonner certains à priori culturels, de rencontrer du monde, d’apprécier un nouvel environnement de vie tout en relativisant sur la vie d’avant, en France. Car même si la comparaison n’est pas obligatoire, elle se fait un peu subrepticement, et une question légitime peut commencer à émerger :
Où ai-je envie de poser mes valises pour quelques temps? Partir, Prolonger, Rester…En ce qui me concerne à ce stade de l’aventure, je n’arrive pas vraiment à me prononcer…
Comment vivre loin des miens qui me manquent tant? Mais comment ne pas voir la qualité de vie et les perspectives d’avenir qui sont ici ?
Au-delà de ces questions, je veux aussi profiter de cette aventure au jour le jour car rien ne sert de se projeter trop loin, mais ce que je retire de ces 6 mois c’est que si c’était à refaire je le referai, je sais à présent que les risques pris valaient la peine, ne serait-ce que pour ne pas vivre toute sa vie en se demandant : et si je l’avais fait? …

[sandranat13]

Très beau récit Maryn, merci beaucoup
Bonne continuation à tous les 2 ( 3 avec le petit chaton! lol a t il un accent quebecois lui aussi?? :dejadehor lol)