Salut Paradoxe !!
Bienvenu parmi nous et n'hesite pas à nous raconter ton histoire, on est très curieux
Mouais, bon, c'est pas juste... Lui il en connaît plus que vous déjà, il est obligé de se farcir ma face tous les jours.
Bon, ok, je me lance alors... Mais c'est vraiment juste pour niveler le terrain avec Mat. Vous m'arrêtez si je radote
PRÉLUDE :
La première fois que j’ai pris mon sac à dos j’avais 14 ans, mes parents avaient dû me signer une autorisation de sortie du territoire pour que la douane me laisse partir…. –
Nah, c’est trop loin ça, je reprends –
ACTE 1 :
La nième fois que j’ai pris mon sac à dos, il était déjà bien usé -
mais tu peux crever la gueule ouverte avant que je le change celui là -. Cette fois là, c’était spécial… Pour la première fois mon sac à dos n’était pas seul. Par un étrange concours de circonstances une jeune -
y a pas eu détournement de mineur, elle avait 18 ans révolue monsieur l’agent - demoiselle avait embarquée avec moi.
Vu que ça pouvait pas être pour mon physique –
Punaise, j’avais encore les cheveux courts à l’époque - , ni celui de mon pauv vieux sac à dos, je me suis dis que c’était peut-être pour mon argent… -
Bon là forcément ça se voit pas, mais je me marre en me souvenant de la situation financière de l’époque, DÉFINITIVEMENT PAS pour l’argent donc - En tout cas, avec ses yeux de princesse égyptienne, son teint de déesse des sables et sa crinière de lionne sauvage, peu importaient ses motivations premières, mon sac à dos n’avait pas pu résister.
Cette fois là c’était trois mois pour rallier Chicago à l’œuf-en-gelé, Route 66 oblige. Ma seconde fois en Amérique du Nord -
j’avais déjà combattu les maringouins au Nord de Chicoutimi quelques années plus tôt -, et sa première à elle.
Évidemment à mi-chemin on fait un pitstop à Las-Vegas. –
La meilleur ville pour tout routard digne de ce nom sur le continent, on y dort et dîne pour presque rien, pour peu qu’on ne soit pas joueur
–
C’est dans cette ville que je me suis fait une promesse : …
ACTE 2 :
Quelques années ont passées, ma princesse est depuis longtemps au courant de l’état de mon compte en banque, et pourtant son sac à dos et toujours à côté du mien, dans un placard
C’est glauque, morose, je sens ce picotement que je connais bien dans le bas du dos –
Non, non, c’est pas ma tumeur – les pincements au cœur, la nuit les images des endroits où j’ai été se mélangent aux rêves des places où je ne suis pas encore allé… Je suis mûr… Faut que je reparte.
Sauf que cette fois, je suis pas certain de vouloir revenir. Je me dis qu’il vaut peut-être mieux que je me souvienne de l’hexagone comme il était que comme il semble devenir…
Alors cette fois je ne vais pas dans les ambassades pour un visa de séjour prolongé, j’y vais pour me renseigner sur l’immigration…
Australie : « See mate, here is the thing : we used to, but hey mate, no more voluntary immigration… You need a job to get in mate. » –
Et moi qui pensais connement faire l’inverse… Aller là-bas pour trouver un job… Rigolez pas, IL N’Y AVAIT PAS DE PVT EN CE TEMPS LÀ –
USA : « Sure, put your name here, we have a big lottery every year to give away fabulous, marvellous green cards to open the doors of heaven to struggling meaningless people like yourself, sign with your blood right here » -
Moi, jouer ma vie à la lotterie ? Elle est bien bonne celle là –
Canada : « Ben tu sais, nous on cherche des gens travailleurs, motivés, si possible bilingue… » -
Guess what mon homme, sous les cheveux longs et derrière la barbe de trois jours, y a un travailleur comme t’en a jamais vu dans ton ministère, motivé comme pas deux, regarde j’en tremble d’excitation, able to insult you in [ choose the correct language ] English – Breizh – Français et tout les dérivés d’argots. -
« Aussi, heu, on cherche… hum… des gens diplômés… » -
Ben là tu tombes bien, je vois que mon déguisement de looser t’as bluffé, tu veux quoi là ? 1er cycle en dessin industriel, 2ème cycle en mécanique appliquée, maîtrise de journalisme… Attend j’en ai un qui va marcher là le rutilent !Ingénieur systèmes!… Hum, dis-moi qu’ils cherchent pas d’informaticiens dans ton pays ? –
« Oui bon, alors là c’est bien oui, bon, Mais ! Ha! Ha!, On veut des gens qui connaissent déjà le pays, l'ont au moins visité, voir même y connaissent du monde... » -
Ben dis moi juste sur lequel de mes passeports tu veux regarder les tampons, quant aux connaissances sur place, faudra que tu te déplaces pour vérifier, ils ont pas l'électricité ni le téléphone... Va te falloir un hydravion aussi. Où alors t'attends le prochain raid Hariccana, tu pourras pas les manquer, ça sera les deux avec les motoneiges les plus pourries, ceux qu'arrivent toujours premiers -
« Evidemment, évidemment, seulement voilà, on recrute des gens qui vont rester, on veut des gens qui vont s’intégrer, on veut matière à faire du bon canadien ! » -
Je te le dis, on est fait pour s’entendre toi et moi, je le fais pas pour moi tout seul le dossier, pour qui tu me prends ? J’emmène ma princesse avec moi. Parce que tu peux me flasher tout les étés indiens du monde, 48deg parallèlle ou pas, si la couleur de feu de tes feuilles d’érables ne se reflète pas dans les yeux de ma princesse, ça vaut rien mon gars, c’est juste terne. Et pis j'ai une promesse que je me suis faite et que je n’ai pas encore tenue, tiens viens je te la dis dans l’oreille… -
« Ha ben dans ces conditions, bien sûr, signez là, et là, en bas ici, voilà, petite visite médicale et vous aurez vos papiers dans quelques mois » -
Même avec les cheveux longs et pas rasé ? –
« Meuh oui, bien sûr » -
Non parce que je te sentais vachement axé sur les apparences là quand même. Enfin tant mieux parce que je les aurais pas coupés –
ACTE 3 :
Quitter son pays sans rien de défini au bout, avec tout à refaire, on savait que se serait dur, alors en attendant nos papiers, on a sorti les sacs-à-dos du placard , vendu tout le reste et mis les voiles pour la Californie, continuer notre premier voyage ensemble.
Itinéraire : LA – Montréal -
en suivant la ligne la moins droite possible -
Durée : jusqu’à ce qu’on ait les papiers pour passer la frontière.
PitStop obligatoire : Las-Vegas –
Je ne sais pas lequel des deux était le plus lourd à porter, ma promesse personnelle durant toutes ces années, ou la bague dans le fond de mon sac les derniers jours -
EPILOGUE :
Frontière Americano-Canadienne, une vielle Ford Escort avec des plaques californiennes et 10 000km de plus au compteur que trois mois auparavant s’arrête malgré les gestes insistant du douanier qui fait signe de continuer.
« You can go… » -
Non, pas vraiment, ce serait une entrée clandestine et on veut pas démarrer d’un mauvais pied –
« T’en ven-tu donc toué là, ti parle français, ven don de la Californie » -
c’est parce qu’on est français, tiens voilà nos passeports européens –
« T’es don ben loin de ta maison toué là » -
Non, on vient juste d’y arriver à la maison, voilà nos papiers d’immigration –
« Attends y toi, t’es pas un peu fou ? C’est pentoute le poste de l’aéroport icite… Charly! Charly! T’en va pas le croir, deux français qu’entrent comme immigrants dans une voiture américaine par not poste de boulboul-les-3-pélerins » -
Ben quoi, j’allais pas prendre l’autoroute, non ? L'arrière pays est vachement beau dans le coin –
Finalement ils ont trouvés les formulaires d’immigration à remplir –
organisés les fonctionnaires ici -, tentés de nous expliquer que les voitures louées en Californie ne peuvent pas être rendues sur le territoire canadien –
Pas grave on l’avait achetée –
Oh, dernière chose; On a omis de leur mentionner que ma femme avait changé de nom de famille entre temps, on jugeait la situation assez compliquée comme cela…
Ok, bon voilà, La question du comment je suis arrivé est réglée… C’est clair pour tout le monde ? Moi je m’y suis un peu perdu je dois dire… Mais c’est de vot faute, vous m’avez pas arrêté.
Maintenant, comme j’ai promis à ma princesse de dormir plus que 4 heures par nuit, je vais vous laisser…