L'année où tout a changé

[citronelle33]

Je rentre juste d'une soirée entre amis et nouveaux venus, et j'ai ressenti le besoin de vous raconter ma petite histoire. Non pas qu'elle soit des plus originales, mais je pense que chaque histoire est unique et mérite d'être racontée. Et j'espère qu'elle pourra aider les prochains pvtistes à trouver leur voie.

Tout a commencé en 2010, quand j'ai fait un stage dans un village-vacances. Je sortais des études pour être agent de voyages, je faisais voyager les autres, leur vendait du rêve derrière mon bureau. Je me cherchais, je n'avais pas assez d'expérience pour travailler, et j'étais trop peu sûre de moi pour me lancer. J'ai donc fait une licence pro qui demandait de faire un stage en fin d'année, stage que j'ai donc fait dans ce village-vacances. J'ai rencontré une personne (du forum et qui se reconnaîtra) qui m'a parlé de son pvt au Canada, et qui m'a fait rêver. L'idée s'est incrustée dans ma tête et je me suis inscrite sur ce site. J'ai rencontré des gens sur le tchat, dont une personne (qui se reconnaîtra aussi) qui m'a dit, avant même que je sois complètement décidée à partir, qu'il fallait que je réfléchisse au fait de vouloir rester ou non au Canada. C'était beaucoup trop loin pour moi pour que je m'en rende compte. Je voulais partir, point.

8 mois après, je me dis que j'aurai du y réfléchir beaucoup plus. Il y a des gens pour qui le PVT est une année sabbatique, pour d'autres c'est un premier pas vers la résidence permanente, pour d'autres c'est une énième voie de garage, ne sachant pas quoi faire d'autres, bref il existe autant de raisons de partir que de pvtistes. La mienne donc, c'était de partir, de me décrocher de ma petite vie trop tranquille, dans laquelle j'angoissais.

Je suis partie à... Montréal bien sûr. Pourquoi? Aucune idée. Il faut bien commencer quelque part. J'avais rencontré une personne sur le tchat (qui se reconnaîtra aussi) et avec qui j'ai sympathisé. On s'est dit tiens, pourquoi ne pas partir ensemble. J'étais encore loin d'imaginer que cette personne deviendrait aussi chère à mon coeur. Et puis en arrivant, j'ai rencontré une autre personne, avec qui j'ai très vite sympathisé aussi. Deux semaines plus tard ces deux personnes partaient pour Vancouver, j'étais perdue, je m'étais trop attachée. Que faire? Et c'est là que le PVT prend tout son sens. Qu'est ce qui m'obligeait à rester? Rien. Qu'est ce qui m'obligeait à partir? Rien. Partir ou rester? J'étais seule à prendre la décision, chose que je n'avais jamais faite dans ma vie, ou en tout cas sans les mêmes implications. Je suis restée une semaine de plus à Montréal et puis je suis partie pour Vancouver.

Vancouver.... je quittais les -20° de Montréal pour retrouver les 10° de Vancouver et sa fameuse pluie. J'ai fait un mois de tourisme, j'ai cherché du travail fin février, j'ai passé 1 mois et demi en auberge. Toujours la pluie. Le boulot qui ne venait pas. Le moral qui vacillait. Un jour, une foire à l'emploi a eu lieu et j'ai été contacté rapidement par une chaine de fast food. Je n'avais que ca, il fallait payer l'auberge et éventuellement manger. Je me lance. Un mois après, le moral au fin fond des chaussettes, j'ai trouvé un boulot dans ma branche. Alleluya! Et puis les rencontres ont commencé à se faire, les beaux jours sont arrivés.

Je suis tombée amoureuse de Vancouver, de ses buildings blanc, bleuté, rose ou vert suivant la lumière du soleil, de ses ponts avec vue imprenable sur les montagnes à quelques kilomètres de là, de sa tranquillité, de sa verdure, de ses plages, de ces gens bizarres aussi il faut le dire. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien. J'avais des amis, un boulot, quoi demander de plus me direz vous.

Et puis j'ai fait une erreur. J'avais envie de prendre l'air, d'utiliser mon pvt pour bouger, ne pas rester qu'à Vancouver. Je suis partie en road trip une dizaine de jours, et revenue à Vancouver je n'ai pas voulu la quitter. Mais j'avais quitté mon job, quitté mon appart. En Colombie Britannique, si vous voulez faire votre demande de résidence permanente, il faut passer par le Provincial Nominee Program ou PNP, un peu l'équivalent du CSQ au Québec, sauf que le PNP demande un travail à temps plein depuis plus de 9 mois consécutifs dans la même entreprise. Il me restait 5 mois sur mon visa. Je devais donc passer par un Jeune Professionnel, et donc trouver un emploi dans ma branche.

3 semaines et 2 entretiens plus tard, toujours pas de boulot. Que faire? Partir ou rester? C'est une question que vous n'arrêterez pas de vous poser, et personne ne vous dira la bonne réponse. Parce qu'il n'y en a pas tout simplement. le PVT est une expérience hors du commun qui vous apprendra énormément sur vous, soyez en sûrs. Si je restais, je prenais le risque de dépenser de l'argent dans la nourriture et la coloc dans une ville où la saison touristique chute à grande vitesse. Pour les gens qui veulent rentrer en France après le PVT, la question ne se pose pas ici. Cherchez n'importe quel travail, profitez un max et retour au bercail. Sauf que je ne veux pas retourner en France.

Il me faut donc trouver un travail à tout prix, vraiment à tout prix. Quitte à sacrifier Vancouver. Des jours à me torturer l'esprit, et puis une fausse opportunité de boulot à Whistler a tout changé. Et si je partais? Mais où? Une rapide recherche internet m'a fait comprendre que l'Alberta est une province en grosse demande de main d'oeuvre. En discutant avec plusieurs personnes et surtout avec la personne qui m'avait dit de bien réfléchir au fait de rester ou non au Canada, j'ai décidé de partir à Banff.

Je pars donc demain soir pour Banff, ville certes très mignonne, mais qui n'est pas Vancouver. Je sais que ce sera une nouvelle expérience, tout comme Montréal et Vancouver l'ont été, je sais que je vais rencontrer d'autres gens et d'autres paysages. Mais ce soir, je ne pense pas à tout ça. Je pense à mes 7 mois passés dans cette ville, à ces gens que j'ai rencontré et qui ont littéralement changé ma vie, à tous les souvenirs que je m'y suis fait, bons comme mauvais, à tous ces moments où je me suis dit "Mais pourquoi repartir en France?". J'ai une bonne dizaine de petites expériences qui m'ont décidé à vouloir rester ici. J'aime cette ville et je sais que d'une manière ou d'une autre j'y retournerai.

Si vous avez lu jusque là, merci beaucoup.

Dernière chose, je pense que le PVT est un projet qui doit être réfléchi pour pouvoir en profiter un maximum, que vous restez un an, ou une vie. De toute façon, quoi que vous prévoyez de faire avant de partir, dites vous bien que ça va changer. Et heureusement. Prenez les opportunités qui s'offrent à vous, personne ne sait ce qu'il adviendra, mais tentez quand même. Pensez aussi qu'il y a des sacrifices à faire pour avoir ce qu'on veut au final. Je suis prête à passer 2 ans dans le froid et la neige pour avoir ma résidence, je sais qu'après je pourrais aller où bon me semble et faire tout ce dont j'ai toujours rêvé.

[Cyndy]

Tout à fait d'accord avec ta conclusion (tu t'en doutes!)

Merci pour ce témoignage, j'espère qu'il sera utile aux prochaines générations.

[alex4]

Je me retrouve bcp dans ton temoignage sur la ville de Vancouver et sur l'experience du PVT.
Tu ressors pas indeme d'un sejours à Vancouver et en BC

Apres 10 mois à Vancouver avec un refus de JP à la fin, depuis 5 mois en France tout les jours je repense a cette ville qui est tout simplement magnifique.
J'espere pouvoir y retourner en JP et plus tard en RP.

[carpe40]

Un mois plus tard je découvre ton témoignage.
MERCI ! merci pour ce partage, pour le contenu qui je suis sûre sera utile aux futurs partants !
Bonne continuation !

[Helene]

Et Katell ressortit ce témoignage! Merci!

Merci à toi Anne-Céline pour ce témoignage vrai et sincère. J'ai bien ressenti toutes tes émotions en te lisant.
Et un mois après, où en es-tu?

[citronelle33]

Je suis bien arrivée à Banff et j'ai trouvé un travail en 3 jours comme réceptionniste dans un petit hôtel, pile poil dans ma branche. Je commence à m'installer et à vivre les premières neiges. Banff est très jolie mais ce n'est pas Vancouver, j'essaye donc de ne pas trop y penser. Il y a un organisme qui aide les travailleurs étrangers à s'installer de façon permanente ici en Alberta, il va falloir que je les contacte pour savoir exactement ce qui est demandé, si je dois bien passer par un JP et l' AINP, l'Alberta Immigrant Nominee Program, ou si j'ai d'autres solutions.

Je vous tiens au courant!

[Pierrot$]

D'accord avec toi le PVT doit être réfléchi sous plusieurs points...

Merci pour ton partage