Annabelle : partir en PVT Colombie pour faire du théâtre
Annabelle est partie en PVT en Colombie pour rejoindre une troupe de théâtre. Elle nous raconte son expérience…
Je suis ensuite partie faire mes études à Caen, en Basse-Normandie. J’y ai commencé des études d’Arts du Spectacle et me suis spécialisée en 2e année en théâtre. J’ai toujours adoré le théâtre ! Ça m’a tout d’abord aidée à vaincre une timidité un peu trop handicapante étant enfant, puis, à me construire par la suite, à me définir, à avoir confiance en moi. Il est toujours présent dans ma vie, aujourd’hui, à 28 ans.
Après 2 années de fac à Caen, j’ai décidé de participer à un échange universitaire international. Grâce aux bourses j’ai pu m’envoler pour ma première grande aventure, afin de finaliser ma licence au Mexique. Cette année-là m’a vraiment donné le goût du voyage. L’année suivante je partais pour Paris, puis Barcelone et enfin Bogota.
Toutefois, je ne pense pas qu’il soit indispensable de parler espagnol pour partir dans un pays hispanophone. Bien sûr, connaître quelques mots de vocabulaire à son arrivée peut s’avérer très utile ! Mais le principal est de se lancer, d’être ouvert et curieux, d’avoir envie de connaître une nouvelle langue, une nouvelle culture. La communication viendra petit à petit. C’est incroyable comme on apprend vite lorsque la langue et sa pratique font partie du quotidien.
Je me suis très vite sentie intégrée dans ce petit théâtre de Bogota et ai ensuite créé un monologue avec l’un des dirigeants. Je garde un très très bon souvenir de ces collaborations artistiques et je vous invite, si vous passez par le quartier de La Candelaria à Bogota, à vous rendre au Centre Garcia Marquez el original.
Malheureusement Bogota, pour des raisons politiques, n’a pas de métro. Le système pour se déplacer est de prendre le métro-bus : “Le Transmilenio”. C’est le nom donné au système de bus de la capitale et l’un de mes pires souvenirs. Les bus sont tellement bondés aux heures de pointe qu’il est impossible d’y monter, ou il faut se faufiler et être prêt à passer tout son trajet (pour moi 1 h 30 ou 2 h pour la première classe de la journée) prise en sandwich entre deux inconnus.
Le bus a une ligne réservée mais le trafic est tellement saturé qu’il est pratiquement impossible d’arriver à l’heure souhaitée, à moins de ne partir très en avance, ce que font une majorité de Colombiens qui quittent leur domicile à 4 ou 5 h du matin pour arriver au travail à temps.
Enfin, c’est aussi un vrai repère de pickpockets. Ils agissent souvent en bandes et sont très organisés, aussi vaut-il mieux toujours maintenir fermement son sac devant soi, ne rien avoir dans les poches et surtout ne pas sortir son téléphone portable.
Pour en venir aux bons souvenirs maintenant, il y en a beaucoup ! Tout d’abord les gens sont très gentils, respectueux, aidants. Les Colombiens aiment beaucoup les étrangers et n’hésitent pas à le montrer.
La nourriture est exquise ! Je suis végétarienne et j’ai pu tout au long de mon séjour manger de bons plats sans difficultés. Il suffit de demander simplement ce qu’on peut vous offrir et ce sera tout de suite pris en compte. Les jus de fruits sont remarquables !
J’ai adoré aller danser la salsa, la cumbia, el merengue, la bachata avec mes amis. Les Colombiens vivent en dansant et en chantant, ça fait partie de leur culture. Une fête sans musique et sans pas de danse n’existe pas.
À Bogota, plusieurs quartiers sont considérés comme mal famés et donc à éviter mais c’est surtout le soir que je n’osais pas sortir toute seule. Je ne suis pourtant pas de nature trouillarde mais les recommandations incessantes de mes amis colombiens m’ont marquée. Le centre-ville de Bogota se vide très tôt en semaine. Comme les gens doivent se lever aux aurores et sont souvent exténués par leur journée de travail et leurs nombreuses heures de trajet. Les rues deviennent silencieuses et désertes vers 21 h, et on ne sait jamais trop sur qui l’on pourrait tomber. En revanche, le week-end c’est beaucoup plus animé !
En soi, c’est le gouvernement colombien qui est dangereux. Le climat qu’il génère par ses actes politiques n’est pas du tout favorable à la paix sociale. Les inégalités qui règnent à Bogota, surtout par la division nettement marquée des quartiers nord (riches) et des quartiers sud (pauvres) sont facteurs de tensions, donc d’insécurité et d’illégalité. Pour envisager l’avenir, la Colombie doit encore panser ses plaies du passé.
Heureusement nous n’avions rien réservé. Nous avons juste eu le temps d’arriver dans le département d’Antioquia lorsque la Colombie a commencé à s’alarmer en voyant les premiers cas de coronavirus arriver sur son territoire. Nous connaissions déjà les conditions de sécurité mise en place en Europe. Lorsque nous avons appris que l’aéroport d’El Dorado allait fermer définitivement ses portes le 22 mars, nous sommes rentrés immédiatement à Bogota.
Les hôtels fermaient ainsi que les musées et les parcs. Mon copain voulait se rendre à l’aéroport de peur de ne plus pouvoir rentrer en Espagne. Son avion était prévu pour le 28 mars. Je me suis dit que je ne me voyais pas rester à Bogota compte tenu de la situation sanitaire. Je ne voulais pas me sentir seule, ne voulais pas être confinée sur un autre continent… Je ne pouvais pas continuer à payer mon loyer sans travailler et le théâtre allait fermer.
Alors sans regrets, car j’avais accompli tout ce que je désirais, mon monologue en poche, j’ai fait ma valise et je suis partie. Ça a été un périple de trois jours mais j’ai pu passer le confinement en Espagne, avec mon amoureux. Bien sûr cette décision brutale de partir du jour au lendemain, après avoir vécu 6 mois en Colombie et fait des projets m’a fortement affectée, mais j’ai pris la décision dont j’avais envie à ce moment précis. L’imprévisible est partout.
La Colombie est un pays magnifique, il y a tellement à découvrir dans sa culture, son passé, ses paysages, ses traditions, ses habitants, ses dialectes, etc. Avec le PVT, on peut voyager et travailler de plein de manières différentes, alors foncez !
Cette année, je vais donc travailler, économiser, m’informer. Puis je vais très certainement intégrer une nouvelle compagnie de théâtre, à Barcelone, pour de nouveau faire des représentations de mon monologue et peut-être avoir l’opportunité de créer d’autres projets par la suite.
Merci Annabelle pour tes réponses !
Après un an passé à découvrir l'Australie en PVT, puis un an à Toronto et 6 mois dans l'ouest canadien (toujours en PVT), je suis ensuite partie en vadrouille un peu partout autour du globe.
I spent one year exploring Australia on a working holiday, followed by another year in Toronto and 6 months in Western Canada. After that, I travelled around the globe.
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