Localisation
Barcelona, Espagne
Profession
Comédienne

Annabelle est partie en PVT en Colombie pour rejoindre une troupe de théâtre. Elle nous raconte son expérience…

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Bonjour Annabelle ! Peux-tu te présenter ?
Je suis née à Paris, dans le 11e. Mes parents ont très vite délaissé la capitale, qu’ils trouvaient trop stressante et étouffante pour venir s’installer dans le Maine et Loire, plus précisément à Angers. C’est là que j’ai grandi.

Je suis ensuite partie faire mes études à Caen, en Basse-Normandie. J’y ai commencé des études d’Arts du Spectacle et me suis spécialisée en 2e année en théâtre. J’ai toujours adoré le théâtre ! Ça m’a tout d’abord aidée à vaincre une timidité un peu trop handicapante étant enfant, puis, à me construire par la suite, à me définir, à avoir confiance en moi. Il est toujours présent dans ma vie, aujourd’hui, à 28 ans.

Après 2 années de fac à Caen, j’ai décidé de participer à un échange universitaire international. Grâce aux bourses j’ai pu m’envoler pour ma première grande aventure, afin de finaliser ma licence au Mexique. Cette année-là m’a vraiment donné le goût du voyage. L’année suivante je partais pour Paris, puis Barcelone et enfin Bogota.
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Tu es donc partie en PVT en Colombie. Pourquoi cette destination ?
Il y a 3 ans, j’ai commencé une formation de mime corporel et théâtre physique à Barcelone. J’y ai fait de superbes rencontres et surtout celle d’une amie colombienne avec qui j’ai par la suite monté un spectacle. C’est elle qui m’a proposé de venir faire des représentations à Bogota. J’ai saisi l’opportunité et en ai profité pour faire un PVT d’1 an en Colombie.
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Parlais-tu espagnol avant de partir ?
Ayant vécu 1 an au Mexique et 2 ans en Espagne avant de partir pour la Colombie, je parlais déjà couramment espagnol, ce qui m’a permis de m’intégrer très facilement dans le pays.

Toutefois, je ne pense pas qu’il soit indispensable de parler espagnol pour partir dans un pays hispanophone. Bien sûr, connaître quelques mots de vocabulaire à son arrivée peut s’avérer très utile ! Mais le principal est de se lancer, d’être ouvert et curieux, d’avoir envie de connaître une nouvelle langue, une nouvelle culture. La communication viendra petit à petit. C’est incroyable comme on apprend vite lorsque la langue et sa pratique font partie du quotidien.
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Tu t’es donc installée à Bogota pour faire du théâtre… Tu nous racontes ?
Je suis arrivée à Bogota en octobre 2019. Notre spectacle était programmé dans un petit théâtre du centre historique les deux premières semaines de novembre. Attirer du public dans une ville où se dresse des théâtres indépendants à chaque coin de rue n’était pas chose facile. Nous avons malgré tout réussi à honorer toutes nos représentations avec plus ou moins de spectateurs selon les jours et l’humeur du ciel. C’est là que je me suis rendue compte que vraiment, le monde du spectacle est partout le même, avec son lot de chances et de malheurs.

Je me suis très vite sentie intégrée dans ce petit théâtre de Bogota et ai ensuite créé un monologue avec l’un des dirigeants. Je garde un très très bon souvenir de ces collaborations artistiques et je vous invite, si vous passez par le quartier de La Candelaria à Bogota, à vous rendre au Centre Garcia Marquez el original.
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As-tu eu l’occasion de voyager pendant ce PVT ?
Pas autant que je l’aurais voulu, car je travaillais beaucoup. Mais j’ai parcouru un peu tous les recoins de Bogota et ses alentours (la cathédrale de sel de Zipaquira, Montserrat, la lagune de Guatavita, etc.). Je suis aussi partie dans le département du Tolima, à Ibague, qui est considéré comme la ville de la musique en Colombie. J’ai découvert Medellin, la capitale du département d’Antioquia et à 80 km de là, dans la campagne colombienne, le village de Guatapé et ses maisons colorées. Puis, pour encore un peu plus d’authenticité, j’ai poussé jusqu’à San Rafael, un petit village de l’arrière-pays Antioqueño. Les rivières y sont splendides !
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Quels sont tes meilleurs souvenirs, et les moins bons ?
Je garde surtout de bons souvenirs de mon expérience en Colombie même si je ne me verrais pas du tout vivre de nouveau à Bogota. Cette ville est immensément grande ! Je vivais dans le centre historique de Bogota, mais en parallèle de mon activité de comédienne, qui ne me faisait pas vivre à elle toute seule, loin de là, je donnais des cours de français particuliers. Parfois je faisais 5 ou 6 heures de bus dans la journée. Je devais me rendre pratiquement tous les jours tout au nord de la ville, ou même dans des communes avoisinantes pour donner des cours à mes élèves.

Malheureusement Bogota, pour des raisons politiques, n’a pas de métro. Le système pour se déplacer est de prendre le métro-bus : “Le Transmilenio”. C’est le nom donné au système de bus de la capitale et l’un de mes pires souvenirs. Les bus sont tellement bondés aux heures de pointe qu’il est impossible d’y monter, ou il faut se faufiler et être prêt à passer tout son trajet (pour moi 1 h 30 ou 2 h pour la première classe de la journée) prise en sandwich entre deux inconnus.

Le bus a une ligne réservée mais le trafic est tellement saturé qu’il est pratiquement impossible d’arriver à l’heure souhaitée, à moins de ne partir très en avance, ce que font une majorité de Colombiens qui quittent leur domicile à 4 ou 5 h du matin pour arriver au travail à temps.

Enfin, c’est aussi un vrai repère de pickpockets. Ils agissent souvent en bandes et sont très organisés, aussi vaut-il mieux toujours maintenir fermement son sac devant soi, ne rien avoir dans les poches et surtout ne pas sortir son téléphone portable.

Pour en venir aux bons souvenirs maintenant, il y en a beaucoup ! Tout d’abord les gens sont très gentils, respectueux, aidants. Les Colombiens aiment beaucoup les étrangers et n’hésitent pas à le montrer.

La nourriture est exquise ! Je suis végétarienne et j’ai pu tout au long de mon séjour manger de bons plats sans difficultés. Il suffit de demander simplement ce qu’on peut vous offrir et ce sera tout de suite pris en compte. Les jus de fruits sont remarquables !

J’ai adoré aller danser la salsa, la cumbia, el merengue, la bachata avec mes amis. Les Colombiens vivent en dansant et en chantant, ça fait partie de leur culture. Une fête sans musique et sans pas de danse n’existe pas.
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On parle souvent de la Colombie comme d’un pays assez dangereux… Qu’en penses-tu ?
La Colombie a été un pays dangereux par le passé, mais je ne crois pas qu’aujourd’hui elle soit un pays plus dangereux qu’un autre. Je me suis sentie en insécurité à Medellin et à Bogota, car ce sont de grandes villes.

À Bogota, plusieurs quartiers sont considérés comme mal famés et donc à éviter mais c’est surtout le soir que je n’osais pas sortir toute seule. Je ne suis pourtant pas de nature trouillarde mais les recommandations incessantes de mes amis colombiens m’ont marquée. Le centre-ville de Bogota se vide très tôt en semaine. Comme les gens doivent se lever aux aurores et sont souvent exténués par leur journée de travail et leurs nombreuses heures de trajet. Les rues deviennent silencieuses et désertes vers 21 h, et on ne sait jamais trop sur qui l’on pourrait tomber. En revanche, le week-end c’est beaucoup plus animé !

En soi, c’est le gouvernement colombien qui est dangereux. Le climat qu’il génère par ses actes politiques n’est pas du tout favorable à la paix sociale. Les inégalités qui règnent à Bogota, surtout par la division nettement marquée des quartiers nord (riches) et des quartiers sud (pauvres) sont facteurs de tensions, donc d’insécurité et d’illégalité. Pour envisager l’avenir, la Colombie doit encore panser ses plaies du passé.
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Quel impact a eu la pandémie de Covid-19 sur ton PVT ?
Au mois de mars, mon copain est venu me rendre visite en Colombie. On s’était dit qu’on allait rester les deux premières semaines à Bogota car je devais travailler. Les deux semaines restantes nous devions voyager sur la côte caribéenne.

Heureusement nous n’avions rien réservé. Nous avons juste eu le temps d’arriver dans le département d’Antioquia lorsque la Colombie a commencé à s’alarmer en voyant les premiers cas de coronavirus arriver sur son territoire. Nous connaissions déjà les conditions de sécurité mise en place en Europe. Lorsque nous avons appris que l’aéroport d’El Dorado allait fermer définitivement ses portes le 22 mars, nous sommes rentrés immédiatement à Bogota.

Les hôtels fermaient ainsi que les musées et les parcs. Mon copain voulait se rendre à l’aéroport de peur de ne plus pouvoir rentrer en Espagne. Son avion était prévu pour le 28 mars. Je me suis dit que je ne me voyais pas rester à Bogota compte tenu de la situation sanitaire. Je ne voulais pas me sentir seule, ne voulais pas être confinée sur un autre continent… Je ne pouvais pas continuer à payer mon loyer sans travailler et le théâtre allait fermer.

Alors sans regrets, car j’avais accompli tout ce que je désirais, mon monologue en poche, j’ai fait ma valise et je suis partie. Ça a été un périple de trois jours mais j’ai pu passer le confinement en Espagne, avec mon amoureux. Bien sûr cette décision brutale de partir du jour au lendemain, après avoir vécu 6 mois en Colombie et fait des projets m’a fortement affectée, mais j’ai pris la décision dont j’avais envie à ce moment précis. L’imprévisible est partout.
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Quels conseils donnerais-tu à un futur pvtiste en Colombie ?
Je pense que pour vivre à fond son PVT en Colombie, il faut partir dans l’optique de ne pas s’établir quelque part. C’est dommage de vivre dans une ville qui ne nous plaît pas, même si le travail ou les projets trouvés y sont intéressants. Il y a de beaux projets et de belles personnes partout. L’important est aussi de se sentir bien dans son environnement et dans son quotidien.

La Colombie est un pays magnifique, il y a tellement à découvrir dans sa culture, son passé, ses paysages, ses traditions, ses habitants, ses dialectes, etc. Avec le PVT, on peut voyager et travailler de plein de manières différentes, alors foncez !
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Et pour finir, quels sont tes projets désormais ?
Désormais, mes projets sont incertains, comme la situation. Je pense que pour la première fois de ma vie je vais utiliser cette année comme une année de bilan, de transition, mettre au clair mes envies de futur, de réorientation professionnelle. J’aimerais accéder à une formation pour pouvoir enseigner le français aux étrangers professionnellement.

Cette année, je vais donc travailler, économiser, m’informer. Puis je vais très certainement intégrer une nouvelle compagnie de théâtre, à Barcelone, pour de nouveau faire des représentations de mon monologue et peut-être avoir l’opportunité de créer d’autres projets par la suite.

Merci Annabelle pour tes réponses !

Annelise

Après un an passé à découvrir l'Australie en PVT, puis un an à Toronto et 6 mois dans l'ouest canadien (toujours en PVT), je suis ensuite partie en vadrouille un peu partout autour du globe.

I spent one year exploring Australia on a working holiday, followed by another year in Toronto and 6 months in Western Canada. After that, I travelled around the globe.

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