Localisation
Hong-Kong, Hong Kong
Profession
Programmatrice culturelle
pvtistes
Bonjour, est-ce que vous pouvez vous présenter ?
Prénom : Julia, 26 ans
Durée du PVT : 12 mois
Emplois exercés pendant le PVT : Professeur de français, responsable de la clientèle dans un magasin de meuble, guide touristique, rédactrice, photographe, mannequin, assistante relations VIP dans une foire d’art contemporain, coordinatrice de projet pour une exposition. Prénom : Anne, 27 ans
Durée du PVT : 11 mois
Emplois exercés pendant le PVT : graphiste, distribution de flyers
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Un an après, quand vous relisez cet entretien, quel est votre sentiment par rapport au regard que vous aviez sur votre PVT Hong-Kong à l’époque ?
Julia : Quelle surprise de me trouver aussi négative à la lecture de cet entretien, un an après ! Lorsqu’on me demande comment s’est passé mon PVT, je déborde généralement d’enthousiasme, et hurle à qui veut l’entendre que c’est une expérience que chaque jeune se doit de tenter. Pourtant, j’ai eu des moments difficiles, c’est vrai : le manque d’argent, l’instabilité professionnelle, et l’angoisse grandissante de voir approcher la date d’expiration de mon visa. Que faire une fois le PVT terminé ? Où aller ?
Hong Kong me charme toujours autant. J’en aime les couleurs, les rues un peu chaotiques, les coins de nature insoupçonnés, l’odeur de la coriandre. J’aime les amis que je m’y suis faits, et que je côtoie toujours, pour certains, depuis mes premières semaines à HK. Je connais mieux la ville, elle me prend moins au dépourvu – pourtant, c’est toujours la même émotion qui me saisit, régulièrement, quand je réalise où je vis, quand je vois Victoria Harbour s’étendre au loin devant mon balcon. Anne :Quand je lis l’article, j’ai l’impression d’être une enfant sur-enthousiaste, mais c’était vraiment mon état d’esprit et c’est encore comme ça que je parle de mon expérience à Hong Kong. De manière générale il y avait beaucoup de bonheur et de coups dur, rien de platonique. Certains jours la goutte des climatiseurs sur mon épaule était celle de trop et j’avais envie d’exploser, et le reste du temps je trouvais tout génial, même l’humidité. Les flaques des climatiseurs me manquent (presque) d’ailleurs.
Quand je disais que ce qui me manquerait serait probablement de ne plus me dire « waouh je suis là » tous les jours, c’est bien vrai ! Depuis que je n’y suis plus, je ne me dis plus « waouh » tous les matins même si je vis dans une belle ville. La dernière fois je suis allée à Londres, je suis restée à Canary Wharf, et j’ai retrouvé cet esprit harbour, chantier naval, building en construction, bus-boat, ça me faisait vraiment du bien ! Même quand je suis passée à Dunkerque, j’étais heureuse de voir des grues…
Le rapport à la mer me manque beaucoup, et à la culture chinoise aussi ! Heureusement mon copain cuisine vraiment comme un chef, surtout des plats asiatiques. Et puis il y a au pied de chez moi une petite épicerie chinoise. Sinon quand je disais que prendre soin de moi et avoir mon petit cocon douillet me manquait, je réalise que c’est toujours le cas depuis que je suis rentrée. Finalement, je ne tenais peut être pas plus que ça à la mode et à prendre soin de ma féminité. Je n’ai jamais eu autant d’autonomie et d’indépendance que là bas, j’ai appris à vivre avec peu d’affaire, et j’ai continué en revenant en France. J’essaie finalement de recréer ici la vie que j’avais là bas et je me rends compte que Hong-Kong est la ville du monde où je me sens le mieux (c’est fort, mais c’est vrai).
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Comment se sont passés les derniers mois de votre PVT ?
Julia :Suite à cet entretien, j’ai continué à donner des cours particuliers de français, j’ai réalisé quelques shootings photo pour des couples, j’ai travaillé sur une expo d’art pendant dix jours (de l’artiste Joan Cornella – si vous aimez l’humour noir, allez voir ce qu’il fait !) et j’ai obtenu un petit boulot comme… mannequin sur un salon d’électronique, l’un des jobs les plus incongrus que j’aie faits ! Je suis désormais la pro de la démonstration de perche à selfie…
À l’issue de mon PVT, j’ai récupéré les fameux deux mois de caution versés pour l’appartement au moment de l’entretien, et ai donc entrepris un voyage de sept semaines au Japon, à Taiwan et en France, où je n’étais pas retournée depuis plus d’un an ! Anne :Quand on a réalisé que mon copain ne pourrait me rejoindre (à mi-parcourt), j’ai décidé de rentrer et de voir Hong-Kong comme une expérience qui ne durerait pas. J’ai donc choisi de continuer de profiter de mon PVT jusqu’à la fin de mon année (pour faire un peu plus d’un an sur place).
Puis mon entreprise a eu des petits soucis, nous ne pouvions plus être payé… Une situation angoissante parce que je n’avais pas l’envie ni la force de chercher un autre taf pour si peu de temps sur place. J’avais besoin de payer mon loyer jusqu’à novembre, pas assez de liquidité, et j’avais aussi envie de voyager. Finalement les salariés de ma boite, adorables, ont décidés que je rentrais dans les personnes prioritaires et se sont sacrifiés pour que je sois payée. J’ai baissé mon temps de travail pour être payé moins, je suis restée avec eux jusqu’au bout pour les aider. Il faut savoir qu’à Hong-Kong, quand on ne peut pas te payer, on te paie pas tout simplement… Donc c’était plutôt surprenant que tous aient décidés de me supporter alors que dans tous les cas, je les quittais. Émotionnellement c’était les montagnes russes.
Enfin j’ai tout de même pu partir un mois : je suis allée a Taiwan et aux Philippines en backpack avec une cousine, c’étaient des vacances fantastiques… les paysage, la nourriture, mais surtout des rencontres hallucinantes… et puis Taiwan, ce n’est pas connu, pourtant c’est magnifique, et vraiment facile et simple. Si je n’avais pas dû rentrer, je pense que j’aurais réfléchis au PVT là bas.
Les derniers mois ont donc été surprenants et intenses en rencontres, en bonheur, j’ai aussi profité de Hong Kong et de mes amis un maximum (surtout Julia :)).
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Comment ça se passe pour vous depuis la fin de votre PVT ?
Julia :Oh, pour moi ça se passe super bien… Car je suis toujours à Hong Kong ! Contre toute attente, alors que je m’apprêtais à rentrer en France pour de bon, j’ai trouvé un emploi fixe dans ma branche… et pas des moindres : j’ai été embauchée comme responsable de la médiathèque de l’Alliance Française de Hong Kong, un poste qui correspond en tout point à ma formation et mes expériences pro. J’ai vu passer l’annonce de l’Alliance Française, j’y ai postulé, j’ai eu un entretien et dix jours plus tard, j’avais la réponse, j’étais prise ! Je n’aurais pas pu rêver mieux. Cela m’a permis de faire mon voyage en Asie et en France en toute sérénité, de retrouver mes proches en sachant qu’une autre aventure m’attendait dans un petit bout de terre que je ne voulais pas quitter : Hong Kong…
L’Alliance Française a alors sponsorisé mon visa de travail. Je n’ai presque rien eu à faire, simplement remplir un papier administratif et attendre – ça a été plutôt rapide, environ trois semaines. une fois mon visa accepté, j’ai dû aller le chercher à la tour d’immigration, par une visite qui ressemble beaucoup à celle que j’avais faite pour récupérer le PVT.
Même si les problèmes liés au coût de la vie sont les mêmes, je suis à présent dans une situation beaucoup plus confortable, avec un salaire fixe, supérieur à ce que j’avais en PVT. Bien sûr, j’ai moins de souplesse dans mon emploi du temps, mais je fais un travail que j’adore, que je n’aurais jamais pensé trouver un jour. J’ai emménagé dans une coloc avec des amis que je connaissais de mon année en PVT, située à cinq minutes de mon travail… En bref, je suis bien et ne songe pas à bouger avant un certain temps ! Anne :En rentrant j’ai d’abord décidé de profiter de tout le monde, de voyager un peu en Bretagne et en Belgique, c’est assez important de pouvoir maintenir cette excitation du voyage chez soi. La difficulté, c’était de me remettre dans la vie à la française (spécialement après Hongkong qui est d’une facilité déconcertante).
Le retour était un peu difficile, j’étais préparée psychologiquement mais pas assez techniquement.
Je voulais monter un vrai projet à distance avec mon collègue. Pour ça je voulais me mettre en freelance, mais je ne m’étais pas assez renseignée sur les statuts. J’ai donc eu une longue période de ping-pong administratif pour régler ma situation personnelle et ma situation professionnelle. Il aurait fallut que je commence les démarche avant mon retour et que je ne commence pas à travailler sans être bien installée.
J’ai donc finalement commencé à m’intéresser aux postes en agence pour faire une transition plus douce et developper mon réseau. Le marché n’est pas celui de Hong Kong, les postes moins payés et moins intéressants. Mais la plus value de mon expérience sur le CV jouait beaucoup : pas mal d’entreprises travaillent avec la Chine et mon expérience à Hong-Kong prouve aussi mes qualités d’adaptations. J’ai réussi à trouver une super agence en France.
Mon but est de me remettre en freelance dans le futur. Mais pour l’instant, j’attends de voir où cela me mène. Une fois bien installée, je serais plus en mesure de monter mon projet.
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Une dernière remarque ?
Julia :J’espère ne pas vous avoir découragé avec quelques réserves émises sur les difficultés que j’ai rencontrées en tant que PVTiste : oui, Hong Kong c’est cher, oui, il faut baisser ses exigences en terme de confort de vie ; mais tout ira bien, vous vous en sortirez, et vous passerez une année merveilleuse, colorée, enivrante, dans un endroit unique, une ville intensément urbanisée, mais à 70 % couverte de verdure et de montagne… et qui sait, peut-être même que vous y resterez ! Anne:Il y avait une légèreté dans ma vie à Hong-Kong, j’avais un groupe d’amis international, on faisait beaucoup de choses culturelles ensemble, j’avais des petites habitudes, j’étais toujours en tongue, je faisais un tas d’activités. À mon retour en France, tout me semblait ennuyeux (le train train métro-boulot-dodo-week-end-apéro-dodo de mes amis par exemple), très sérieux et très compliqué… Surtout en rentrant avant la période électoral qui, il faut l’avouer, peut être violente. Mais finalement, ça n’est que « le choc du retour » : j’ai eu des gros moments de craquage, je suis allée voir des copines qui étaient parties et revenues de l’étranger, qui montaient leurs projets. Finalement, on n’est jamais seul. Elles m’ont dit qu’on pouvait recréer une bulle telle qu’on l’avait là-bas et c’est ce que j’ai fait. En plus de tout ça, je vais régulièrement en Angleterre et j’y retrouve mon ancien collègue de Hong-Kong, un de mes meilleurs amis aujourd’hui. Je continue aussi à échanger beaucoup avec mes amis locaux (je vais être demoiselle d’honneur en novembre).
J’étais préparée psychologiquement à la difficulté du retours mais pas techniquement, je recommande donc de vérifier tout ça avant de rentrer, de ne pas se mettre la barre trop haute concernant ses projets de vie, de contacter d’anciens pvtistes; vraiment !
Marie

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