Pour Anne et Julia, ce PVT Hong Kong est leur tout premier PVT. Julia est originaire de la région Centre-Val de Loire (mais elle vivait à Paris avant de partir) tandis qu’Anne vient des Hauts-de-France. Pour Anne et Julia, le PVT Hong Kong n’était pas une première expérience à l’étranger : Anne avait fait un stage au Canada, Julia avait été professeur de français aux États-Unis pendant un an.

Julia a une formation en médiation culturelle et métiers du livre. La première destination qui intéressait Julia était le Canada, « mais comme ce PVT est très difficile à obtenir », elle a renoncé à partir au Canada, sans renoncer au PVT : « Plutôt que de me décourager, je me suis dit que j’allais quand même partir en PVT ». Pourquoi Hong Kong ? Parce qu’elle voulait obligatoirement partir dans un pays anglophone. Elle avait mis de côté la Nouvelle-Zélande et l’Australie, parce qu’elle avait entendu « qu’on travaillait dans les champs ou ce genre de choses » et l’éloignement géographique de ces destinations l’effrayait un peu. Elle avait déjà eu l’occasion de se rendre en Chine, un voyage qu’elle avait apprécié. Pour Julia, Hong Kong « n’était pas un choix par coup de cœur ». Le coup de cœur est arrivé plus tard, une fois sur place.

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Anne, de son côté, a suivi une formation en arts appliqués pour devenir graphiste. C’est lors de son stage au Canada qu’elle découvre le principe du PVT, un concept « trop cool » selon elle. Elle a aussi réalisé au cours de son séjour au Canada que le métier de graphiste lui permettrait de travailler partout dans le monde. Elle avait déjà fait un séjour touristique à Hong Kong auparavant, et elle avait adoré (« j’ai eu un vrai coup de foudre »). Après avoir cherché un Volontariat International en Entreprise (VIE) pour un poste de graphiste à Hong Kong, sans succès, elle s’est tournée vers le PVT : « Je me suis dit bingo, fantastique. Je vais pouvoir être graphiste à Hong Kong ». Pour Anne, travailler en Asie constitue un véritable avantage pour sa vie professionnelle future : « L’Asie, c’est très bien vu sur un CV ».

Malheureusement, quand Anne fait sa demande de visa, les quotas sont atteints (c’est la seule année où les quotas pour Hong Kong ont été atteints). Elle doit donc attendre janvier avant de faire sa demande. Mais l’appel de Hong Kong est désormais trop grand : elle décide de partir en touriste dès novembre 2015 et attendra la réouverture du quota, au mois de janvier.

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L’emploi à Hong Kong

La recherche d’emploi

Julia avait un défi de taille : elle est spécialisée dans la production d’événements culturels. Ayant peu d’espoir de trouver dans ce domaine, elle a donc décidé d’élargir sa recherche à « la culture au sens large ».

Mais cette recherche d’emploi s’est avérée difficile : toutes les annonces exigeaient de parler 3 langues (cantonais, mandarin et anglais). Ne parlant qu’une seule de ces trois langues (l’anglais, avec un excellent niveau), sa recherche d’emploi dans ce secteur a été compliquée. En attendant, elle a travaillé comme vendeuse dans un magasin de meubles sur Central pendant un mois. Même si cette expérience ne s’est pas révélée totalement satisfaisante (l’entreprise était en difficulté et Julia devait gérer des clients mécontents par e-mail et au téléphone à longueur de journée), il s’agissait d’une première expérience dans le commerce pour elle, une expérience qu’elle juge bénéfique. Elle y a découvert le contact en face à face avec les clients, qu’elle a beaucoup apprécié. Elle a aussi aimé travailler dans un environnement où beaucoup de ses collègues étaient hongkongais. Elle a d’ailleurs raconté cette expérience professionnelle sur son blog Sailing to Philadelphia.

Après 4 mois sur place, Julia a fini par trouver une petite mission dans son domaine : une semaine dans une foire d’art contemporain (Art Basel).
Mais une semaine de mission ne suffisait pas pour payer son loyer et vivre à Hong Kong. Elle s’est donc tournée vers des cours de français (job qu’elle avait déjà exercé aux États-Unis). Après avoir trouvé un certain nombre d’élèves, elle s’est « rapidement reposée sur ça » en se disant qu’elle pourrait continuer à chercher un emploi à côté. Malheureusement, elle admet s’être « laissée un peu absorbée dans les cours ». Ceux-ci lui permettaient d’avoir du temps libre, laissant plus de place à la découverte : « J’avais vraiment envie de découvrir Hong Kong ». Après quelques mois, elle a complètement arrêté de chercher un emploi dans le domaine de la culture.

Arrivée sans visa, Anne a tout de même commencé à regarder les annonces d’emploi, sans grande motivation au départ. Mais pour elle, « ça n’est pas comme en France, tu ne recherches pas un emploi deux mois en avance ». Elle a vite vu qu’il y avait beaucoup d’offres d’emploi pour le graphisme, mais aussi pour des postes plus larges qui nécessitent d’être « multi-tâches ». Même s’il était écrit sur chaque annonce qu’il fallait parler mandarin ou cantonais dans son domaine, « ça n’est pas forcément un truc qu’ils réclament », selon Anne. Toutefois, elle précise que sur l’annonce de la boîte dans laquelle elle a trouvé un emploi, « il n’y avait pas cette mention […] il était uniquement dit que je devais être fluent en anglais ».

Le domaine des arts appliqués n’est pas très populaire auprès des étudiants hongkongais, selon elle, même si les entreprises ont besoin de ce type de qualifications. Cela lui permettait en quelque sorte de poser ses conditions. Elle raconte ainsi avoir eu plusieurs entreprises françaises à Hong Kong qui « ont essayé de [lui] imposer des conditions parisiennes alors qu’elles avaient plus besoin d’ [elle] que [elle] d’eux. »

Elle a commencé à envoyer des CV après avoir demandé son visa en janvier (« j’étais sûre de l’avoir »). Elle a envoyé 4 CV au cours de la première semaine. Ses candidatures étaient à chaque fois adaptées au poste qu’elle convoitait : « je passe beaucoup de temps à chaque fois pour une candidature, je m’y mets à fond ». Et cette stratégie a payé puisque les quatre entreprises lui ont proposé de la rencontrer.

« J’ai envoyé ma candidature à l’entreprise pour laquelle je travaille actuellement une semaine après la publication de leur annonce. En France, ça serait cuit puisqu’il y aurait 400 candidatures le premier jour. Je l’ai fait à la française : j’ai envoyé un message et ils m’ont répondu. J’ai dû insister, et j’ai ré-insisté. Après, quand j’ai été embauchée, ils ont mis dans ma petite description sur le site que je refusais qu’on leur dise non. ». En fait, avant qu’elle obtienne son PVT, son employeur s’inquiétait pour son visa, quand bien même elle lui avait expliqué qu’elle allait en obtenir un sans avoir besoin de leur soutien. Après avoir obtenu son PVT, elle a tenu à les relancer. Ils lui ont immédiatement demandé si elle était disponible pour les rencontrer dans la journée. Le lendemain, elle allait valider son visa en faisant un aller-retour à Macao et elle commençait à travailler le même jour.

Sa recherche d’emploi s’est faite essentiellement sur des groupes Facebook et sur JobDB. Mais elle juge que les recherches sur JobDB sont plus compliquées car « on est beaucoup à toujours postuler ».

Être prof de français à Hong Kong

Son boulot de prof de français, Julia l’a trouvé en faisant des recherches sur Internet. Elle a rapidement trouvé quelqu’un qui mettait en relation des professeurs et des élèves. Ayant eu des désaccords avec cette personne, elle a continué à chercher des élèves par elle-même, en postant par exemple des annonces sur des groupes Facebook. Le job de prof de français nécessite de chercher régulièrement de nouveaux élèves « car ça évolue très vite ». En effet, Julia explique que « les Hongkongais travaillent énormément » et ont donc peu de temps à consacrer à des cours de français. S’ils n’ont plus le temps, ils vont arrêter les cours de français, qui sont parfois leur seul « hobby ». Autre problème : ceux qui prennent des cours avant de partir en France arrêtent une fois qu’ils sont partis. Pour Julia, le turnover des élèves est « le côté un peu négatif » de ce job qui « paye bien ».

Par contre, Julia préfère avertir que le fait d’ « être français pour donner des cours de français ne suffit pas ». Selon elle, il faut avoir un peu d’expérience pour justifier de ses compétences. Il faut aussi de la « motivation pour ça, un bon contact ». Enfin, même s’il y a de la demande pour des cours de français, « il y a aussi beaucoup de Français ».

Julia recommande ainsi de ne pas partir en PVT « en se disant juste « bon je donnerai des cours, et ça ira tout seul ». Même si ça n’est pas si dur de trouver des élèves, il y a quand même de la concurrence et il y en aura encore plus. Avoir de l’expérience ou avoir un très bon contact et être doué pour le côté pédagogie est un gros plus ».

Parmi les défis rencontrés, Julia a dû « s’adapter aux exigences locales ». Pour elles, les Hongkongais qui prennent des cours vont avoir évidemment un intérêt pour la culture ou la langue, mais il va toujours y avoir une « motivation académique, professionnelle ». Ils sont prêts à dépenser beaucoup d’argent pour ces cours, mais ça ne doit pas être en vain. Ils attendent un bon niveau et sont exigeants sur la grammaire.

Être graphiste à Hong Kong

Anne occupe cet emploi dans une entreprise qu’elle considère différente des entreprises traditionnelles. Son patron, un Américano-japonais marié à une locale, souhaitait ouvrir une entreprise « où le graphiste est au cœur du projet ». L’ambiance est très détendue même si au début, « c’était très calme ». Elle explique que « ça se veut comme une boîte cool, avec une ambiance cool ». Pourtant, elle ne l’a pas ressentie à son arrivée. « Tout le monde était très calme, soit par nature, soit par culture, ça m’a fait un peu bizarre au début ». L’arrivée d’un collègue anglais a beaucoup changé la donne. « Tout le monde a commencé à se délier, à poser des questions aussi et ça a vraiment changé l’ambiance ». Maintenant, « c’est beaucoup plus dynamique », « l’ambiance est très très bonne et les gens sont très respectueux ».

Par rapport à son niveau d’anglais, elle explique qu’ils « avaient besoin de quelqu’un de fluent en anglais. Je ne pensais pas l’être mais apparemment, pour eux, je faisais l’affaire ». Ne pas connaître le cantonais n’a pas été un véritable problème pour elle dans ce métier. Elle cite l’exemple de son logo en cantonais qui avait été préféré à celui d’une locale : « j’excelle en logos qui ne sont pas dans ma langue ».

Au niveau des horaires, Anne travaille généralement de 10 h à 19 h avec une heure de pause dans la journée. Elle explique qu’elle peut parfois travailler le samedi pour un client en difficulté. Ils disposent d’un groupe WhatsApp sur lequel ils discutent tous ensemble. Elle explique qu’ils sont libres de répondre ou non en dehors des heures de bureau.

Une situation d’emploi satisfaisante ?

Julia voit tout de même dans sa situation un peu précaire (plusieurs petits boulots) des avantages, comme celui de pouvoir « faire plein de choses différentes et d’avoir un emploi du temps très souple, ce qui fait que j’ai parfois plein de temps la journée, donc je peux aller faire des trucs quand tout le monde bosse, ce qui est assez sympa ». Pour elle, toutes les semaines sont différentes. En revanche, le fait de ne pas savoir combien elle va gagner chaque mois l’inquiète, regrettant parfois d’être un peu ric-rac ou de ne pas avoir assez d’argent. Elle estime gagner entre 12 et 18 000 $HK par mois environ (selon les mois). Mais « c’est très variable ».

Anne, de son côté, aime le petit côté famille de sa boîte. Elle estime avoir un second cercle « amical » au travail, en plus de son cercle d’amis. Elle raconte une petite anecdote où, en retard parce qu’elle récupérait les clés de son nouvel appartement, plusieurs de ses collègues lui ont proposé de l’aider à emménager. Elle aime également la confiance que ses employeurs lui ont donnée : « Très vite, on m’a donné les clés du bureau. Je peux y aller pour regarder des films avec mes potes si je veux. Je peux y accéder pour bosser le week-end ».

Au bout de 4 mois, Anne a obtenu une augmentation (quand elle en avait obtenu une en France après un an et demi). Elle est passée de 16 000 à 21 000 $HK par mois. Mais ce qu’elle semble apprécier le plus, c’est la reconnaissance de la part de ses employeurs : « ils reconnaissaient totalement mes compétences ». Alors qu’elle s’était présentée comme une junior au moment de son embauche, elle est désormais considérée comme directrice artistique, chose qu’elle n’aurait pas pu imaginer en France. Elle fait ici un parallèle avec le Québec où « on peut te laisser ta chance ».

Elle voit ici une grosse différence avec la France : « En France, tu peux bluffer, t’as le droit de mentir sur tes compétences et tes boss pensent que tu mens dans tous les cas. Et ils vont prendre des gens surqualifiés pour un poste. Et puis, tu ne vas pas évoluer. C’est en tout cas ce que j’ai ressenti dans toutes mes expériences, même si je suis toujours tombée sur des gens cool en France ».

Julia, elle aussi, est persuadée qu’à Hong Kong, « on nous laisse notre chance ». Selon elle : « je crois à ça à 100 % et ça n’est pas un mythe. C’est un peu le rêve américain asiatique je crois ». Même si Julia n’occupe pas le boulot dont elle rêverait, elle considère que « Hong Kong m’a permis de développer d’autres choses grâce à cet esprit, on te donne ta chance ».

Elle a ainsi monté un site de photo. Elle ne l’aurait jamais fait si elle n’était pas venue ici. Pour elle, à Hong Kong, « il y a une énergie, une confiance, un élan, qui fait qu’on n’attend pas qu’on ait 10 000 diplômes à présenter, on veut qu’il y ait du résultat. Et quand on peut montrer ce qu’on sait faire, eh bien, ça suffit aux gens ». Elle a trouvé des gens via Facebook qui l’ont payée pour faire une séance photo avec eux. En France, elle explique qu’elle ne sait même pas par où elle aurait commencé, qu’elle n’aurait même pas osé créer un site ou se mettre en avant.

Julia voit dans une année en PVT « une chance de développer tous les trucs qu’on adore faire, qu’on n’a pas pu trop faire avant parce qu’on n’avait pas le temps et que ça ne rapportait pas de l’argent en France. Et donc, là, on peut essayer en fait, ça rapportera de l’argent ou pas. Mais c’est se dire qu’on va se donner à fond là-dedans, parce qu’on est loin de chez soi et qu’on peut se le permettre. Elle encourage ainsi tous ceux qui ont une idée à développer et qui ne sautent pas le pas ou qui n’y arrivent pas, à venir à Hong Kong, parce que « ça sera peut-être plus facile ».

De l’importance du réseautage dans sa recherche d’emploi

Anne et Julia s’accordent sur l’importance du réseautage pour la recherche d’emploi. Toutes les deux ont constitué un groupe d’amis, tous étrangers et très cosmopolite. Elles expliquent que quand ils se voient, « on fait des retours sur nos expériences et ce sont toujours des retours très positifs. Tout le monde s’encourage, si quelqu’un connaît quelqu’un, on va s’échanger des contacts ».

Anne a trouvé son emploi grâce à l’une de ces personnes rencontrées peu après son arrivée. Alors qu’elle n’avait fait que 2-3 soirées ensemble, une de ses connaissances ici a vu une annonce passer pour du graphisme, sur Facebook. Elle a fait une capture d’écran et la lui a transmise. Julia acquiesce et explique que cette personne est la même qui lui a donné le plan pour un emploi dans un magasin de déco pour lequel elle a travaillé quelques semaines.
Anne explique qu’elle a été encouragée dès son arrivée à rencontrer des gens. Elle n’avait au départ qu’un seul contact sur place (Julia n’en avait aucun), un « pote de lycée » qui était lui aussi à Hong Kong et qui lui a présenté « tous les gens qu’il connaissait dans le graphisme ».

Elles jugent que le réseautage est souvent mal vu en France, assimilé à du « piston ». Anne explique qu’à Hong Kong, ça n’est pas péjoratif comme ça peut l’être en France. « C’est de l’entraide. Il y a une nana qui savait que je cherchais un poste, elle ne voulait pas seulement me rendre service. Elle savait que ça me rendait service, mais que ça rendait aussi service à son boulot, et à elle aussi. Du coup, elle a organisé l’entretien. Elle n’a pas dit « C’est ma pote, on la prend ».
Selon Anne, « ici, tout le monde est attentif pour tout. Ça va rendre service, on le fait. C’est pas du piston, tu peux sentir que tu mérites ton boulot ».

Pour Julia, c’est la culture anglo-saxonne qui fait ça, « c’est beaucoup plus dynamique », explique-t-elle. Mais Julia tient tout de même à nuancer un peu cet aspect sur le réseautage. Pour elle, il y a aussi beaucoup de réseautage qui ne va rien donner : « Il y a aussi le côté blabla où il ne se passe rien, où on rencontre des gens, on envoie des e-mails et il ne se passe rien. Ça n’est pas non plus le miracle directement. Mais par contre, il faut savoir qu’effectivement, ça peut marcher et il faut avoir la foi dans ce système-la. Il faut en jouer en fait. »
C’est par le réseautage que Julia a trouvé une petite mission d’une semaine à la foire d’art contemporain d’Art Basel : « Un soir, j’étais à côté d’une dame très gentille qui venait de commencer à travailler pour Art Basel à un poste de marketing, à qui j’ai donné mon CV. J’ai appris plus tard que c’est elle qui avait transféré mon CV à quelqu’un qui cherchait du monde pour travailler pour la foire elle-même. Je n’ai jamais postulé pour ce travail en fait. Comme quoi, même si ça paraît être un mythe et que je n’ai pas eu tant de choses que ça jusqu’à présent dans le genre, le côté réseau, c’est un vrai enjeu à Hong Kong. Finalement, le seul travail que j’ai trouvé dans le secteur de la culture, je n’y ai pas vraiment postulé, c’est quelqu’un qui a transmis mon profil à la bonne personne ».

C’est quoi un bon salaire à Hong Kong ? Quel est le coût de la vie à Hong Kong ? 

Quand on commence à parler des salaires, Anne regrette une « pression extérieure sociale » faite par d’autres expatriés présents à Hong Kong. Alors qu’elle était satisfaite de son premier salaire à 16 000 dollars, certaines personnes lui ont dit qu’il était trop bas.

Avec son nouveau salaire, Anne semble confiante. Elle suit une règle de la division par 3 (« ton loyer doit coûter environ un tiers de ton salaire »), une règle qu’elle suivait aussi quand elle vivait dans le nord de la France. « Là, je peux me dire que je mets un tiers de mon salaire dans mon loyer ».

Toutefois, elle estime que, comme elle ne cotise pas à la retraite ou à la sécurité sociale, il faut mettre un peu d’argent de côté, « même si on a une assurance ».
Elle est satisfaite d’un salaire à 21 000 dollars. Comme elle vient juste d’être augmentée, elle ne réalise par encore trop comment cela va changer sa vie quotidienne. Avec 16 000 dollars, elle explique qu’elle s’en sortait tout juste. Elle ne s’achetait pas de vêtements, mais elle sortait faire la fête le week-end, elle allait sur de belles plages, elle a pu se racheter un portable quand elle a perdu le sien, etc.

Pour elle, le salaire est obligatoirement lié au coût des loyers à Hong Kong, qui sont très élevés. Selon elle, mettre la moitié de son salaire dans un loyer « ne permet pas vraiment de pouvoir mettre un peu d’argent de côté en cas de coup dur ou pour voyager ».

Julia en revanche estime que gagner 2 fois le prix de son loyer est plus la norme, en particulier pour les Hongkongais. Pour elle, 16 000 dollars est un peu juste mais « ça va ». Un bon salaire pour Julia, c’est à partir de 20 000 $HK par mois « vu le coût de la vie ».

À des périodes où Anne et Julia étaient un peu limites en terme d’argent, elles se posaient souvent la question de la pertinence de tel ou tel achat. Anne s’est ainsi déjà demandé « Vais-je acheter de nouvelles culottes ce mois-ci, vais-je m’acheter un tapis de bain ? » 😉

Julia qui doit beaucoup bouger dans le cadre de son travail estime que le coût de transports est assez élevé à Hong Kong. Comparé à Paris où elle vivait avant de partir, le coût des transports lui semble plus élevé (elle disposait d’une carte de transport remboursée à 50 % par son entreprise en France). Elle estime qu’elle dépense bien plus de 300 $HK par mois pour les transports.

Les difficultés à Hong Kong

Le coût des logements

Julia a vécu plusieurs mois dans une colocation avec 4 personnes. L’immeuble n’était pas dans un très bon état et il y avait énormément d’humidité dans sa chambre, qu’elle a retrouvée couverte de moisissure après quelques jours d’absence seulement. Anne, de son côté, a vécu dans plusieurs colocations et a souvent changé de logement lors des premiers mois de son PVT.

Les loyers sont extrêmement élevés à Hong Kong. Julia explique ce que « ça nous pousse à  baisser totalement nos normes ». Après Hong Kong, « Paris ne [lui] semblera plus jamais cher ». Le coût des logements a été un véritable choc pour elle, même si elle savait que « ça allait coûter cher » : « En fait, je crois que personne ne s’attend à avoir des logements de piètre qualité pour un prix aussi élevé. Personne ne s’attend vraiment à dépenser 700 euros par mois pour une chambre pas top, dans un appart laid avec 4 autres personnes. Je pense que ça peut être un choc. ».

Anne, de son côté, s’attendait soit à payer un loyer extrêmement élevé, soit à avoir de toutes petites surfaces : « Je m’étais dit que c’était l’un ou l’autre. Donc quand j’ai eu les deux (un loyer élevé pour une toute petite surface), je me suis dit tant pis. »
Toutefois, elles sont contentes du logement dans lequel elles viennent d’emménager ensemble et qui coûte 14 000 $ par mois même s’il est « quand même minuscule ».

D’un point de vue pratique, la petite taille des logements pose aussi des problèmes logistiques : « on ne peut pas faire trop de courses, sinon, on n’a plus de place. On ne peut pas avoir plus de 4 assiettes… ».
Anne avertit aussi sur les coûts d’installation dans les logements : « Pour le logement, c’est deux mois de caution, un demi-mois de frais d’agences, donc là aussi, c’est un coût très important ».

L’humidité et le climat à Hong Kong

Le climat à Hong Kong est très très très humide. Pour Julia, « il n’y a rien qui puisse préparer un Français à affronter l’humidité de Hong Kong ». Pour Anne, l’humidité, « c’est le pire ». Cette humidité, elle se propage partout : sur les murs d’un appartement, mais aussi sur ses vêtements, ses chaussures, ses sacs, ses valises… Pour Anne, « il y a toujours des trucs que tu mets dans un coin ». Or, avec l’humidité, il « faut remuer tes affaires sans arrêt ». Anne a aussi appris que le noir prenait plus la moisissure que le reste, donc il vaut mieux éviter d’acheter des « trucs noirs ». Certain de ses sacs ont moisi. Tout subit l’humidité.

Plus généralement, Julia estime que « le climat hongkongais est un climat très dur ». Elle a eu assez froid en hiver, ce qui la faisait ne pas se sentir bien. À l’époque, elle vivait dans un appartement « pourri et très humide ». La plupart des appartements ne disposent pas de chauffage puisque les températures descendent rarement bas. Or, pendant cet hiver-là, les températures sont restées assez froides (approchant même de 0, quelque chose d’exceptionnel à Hong Kong). Par conséquent, on n’a pas toujours une sensation de confort à Hong Kong.

Pour Julia, vivre à Hong Kong est parfois « une bataille constante » : « J’adore cet endroit, j’y suis bien et il y a plein de choses que j’adore ici, mais je trouve qu’il faut lutter tout le temps pour tout : le climat est très dur, tout est très cher. Le moindre truc est compliqué, notre agent immobilier était folle. Il faut avoir une énergie pour tout ». L’humidité, la petitesse des logements et la promiscuité de la vie en colocation font qu’Anne a l’impression que « le confort basique est difficile à obtenir ».

La culture à Hong Kong

Quand on demande à Julia ce qui lui manque à Hong Kong par rapport à la France, l’un des éléments qui lui vient à l’esprit est la culture, ou le manque d’accès à la culture ici. Selon elle (qui admet qu’elle était « gâtée à Paris »), « il y a de la culture, mais c’est limité ». Les événements culturels sont prisés et « on voit toujours les mêmes gens ». Julia regrette aussi le prix de la culture : « tous les événements un peu culture, art et tout, c’est cher, c’est un certain milieu ». Elle regrette d’ailleurs que la culture à Hong Kong soit très orientée autour de l’argent : « c’est souvent très fric, les gens parlent beaucoup d’argent ».
Toutefois, elle apprécie beaucoup deux musées de la ville (qui sont désormais gratuits) : le musée d’histoire de Hong Kong et le Hong Kong héritage museum.

Mais malgré ces difficultés, Anne et Julia sont très attachées à Hong Kong. Si Julia devait quitter Hong Kong demain, elle dit qu’elle en pleurerait. Pour Anne, c’est avant tout la nourriture bonne et bon marché qui lui manquerait. Anne explique aussi que ne plus se dire tous les jours « Waouh, je suis à Hong Kong » lui manquerait. : « Hong Kong, c’est quand même plein de vues de ouf, de rooftops et tout ça » .
Julia, ce qui lui manquerait aussi, « ce sont les couleurs, les odeurs, les temples, les gens, le grouillement de gens partout, qui est toujours là, mais qui n’est jamais vraiment très oppressant ». La mer et la proximité des plages aussi…

Enfin, la sécurité dans les rue de Hong Kong lui manquerait : « On ne se sent jamais en danger à Hong Kong ». Ici, Anne et Julia ne craignent ni les vols, ni les agressions. Anne s’amuse ainsi d’une remarque que lui avait faite un de ses collègues : « Mais tu sais Anne, des fois, ils trouvent des portables, eh bah ils ne les apportent même pas au commissariat ». Ici, « la norme, c’est de rapporter les choses aux gens qui les ont perdues ».

Des conseils pour les pvtistes qui souhaiteraient venir à Hong Kong ?

Venir avec BEAUCOUP d’économies

Julia et Anne répètent en cœur qu’il faut absolument venir avec des économies en arrivant. Le fait qu’’Hong Kong coûte cher « n’est pas un mythe » selon Julia qui se réjouit qu’il y ait cette obligation de présenter un justificatif de fonds de 25 000 $HK lors de sa demande de visa. Elle était heureuse d’arriver avec une somme supérieure aux 25 000 $HK demandés et conseille à tout le monde de venir avec le plus d’argent possible : « Ça fond à une vitesse pas possible ».
Pour Anne, le PVT Hong Kong reste un véritable investissement mais elle estime qu’il peut être « très rentable ».

Être prêt à laisser un peu de côté son confort personnel

Anne conseille aux gens d’être prêts à laisser un peu de côté son confort personnel. Elle regrette de ne pas pouvoir prendre plus soin d’elle, de ne pas manger aussi sainement que lorsqu’elle était en France. Elle fait ici un parallèle avec la vie étudiante : « à Hong Kong en PVT, c’est comme quand tu es étudiant. Il y a un moment où tu préfères bouffer des raviolis et sortir avec tes potes ».
Selon elle, il faut être prêt à faire des sacrifices sur la taille de son logement et sur la nourriture et privilégier au maximum les sorties avec ses amis rencontrés sur place, quitte à prévoir un poste de dépense plus important pour ça.

Se laisser porter par le dynamisme de Hong Kong

Julia, qui n’a jamais réussi à trouver un job dans son domaine pendant la durée de son PVT, continue d’estimer que le fait que son domaine professionnel soit difficile d’accès à Hong Kong ne doit pas être une raison suffisante pour se décourager. Selon elle, Hong Kong est « tellement dynamique et il y a tellement de choses qui se passent que même sans trouver le contrat de ses rêves, on va toujours trouver d’autres trucs ».
Julia, en plus de ses cours de français, a ainsi eu l’occasion d’être photographe, guide touristique, et d’écrire des articles pour une revue. Elle considère qu’il y a moins de cloisonnement entre les emplois ici, que c’est « beaucoup plus transversal » : « C’est pas comme en France où il faut avoir fait telles études ou tel master et tel truc pour arriver à tel travail. Ici, il faut que tout le monde essaye s’il a envie. Selon elle, il faut savoir rester « très simple par rapport à ce qu’on attend du PVT ». Même si on ne trouve pas une opportunité de travailler dans son domaine, Julia conseille de « garder l’esprit ouvert et de se laisser charmer ».

Rencontrer plein de gens mais ne pas rester au sein d’une communauté

À Hong Kong, loin de leurs familles, Anne et Julia ont réussi à créer des liens très forts avec des personnes venant de partout dans le monde. Anne considère que « c’est quand même cool de pouvoir rencontrer un maximum de gens différents, de ne pas s’enfermer dans une communauté ». Elle considère qu’on peut très vite s’enfermer et elle conseille aux Français de ne pas trop traîner avec des Français expatriés ici : « Je dirais de ne pas se rabattre sur la communauté des Français exclusivement. pvtistes oui, mais pas que. »
Anne explique ainsi que certains de ses amis français n’ont pas l’impression d’avoir suffisamment évolué dans leur maîtrise de l’anglais. « Beaucoup de Français parlent français dans le cadre de leur boulot, ils ont des amis français », rien qui ne les pousse au quotidien à parler une autre langue que leur langue maternelle.
Pour rencontrer des gens, Anne conseille notamment de rejoindre des groupes Meetup autour de ses centres d’intérêt. Elle estime aussi que pvtistes.net peut aussi être une bonne façon de rencontrer« des gens avec différents backgrounds. »
Julia, de son côté, a monté un groupe Meetup d’écriture à Hong Kong (chose qu’elle faisait déjà en France) pour rencontrer d’autres personnes partageant sa passion. Elle considère que tous les gens qui adorent découvrir de nouvelles personnes vont adorer Hong Kong pour sa facilité de rencontrer des gens. Selon elle, « il ne faut jamais avoir peur de prendre des numéros ».

Ne pas se mettre la pression

Julia recommande à tous les pvtistes de ne pas se mettre la pression une fois sur place au niveau professionnel. Selon elle, « on peut ressentir une pression, même en tant que pvtistes à Hong Kong, qui est très orienté carrière, travail, argent ». Pour elle, la situation des pvtistes ici est différente, et il ne faut par conséquent « pas s’en vouloir de ne pas avoir un super job ». Selon elle, « il faut juste accepter que c’est un autre truc, qu’on n’est pas dans le même moment de nos vies que les expatriés qui vivent à Hong Kong et que ça n’est pas très grave, qu’il faut prendre ce qui vient ».
Anne acquiesce : « À un moment, oui, il y a la pression de tous les gens qui ne comprennent pas ce qu’on fait, la pression de tous les gens qui réussissent et qui peuvent pas comprendre qu’on ne réussisse pas parce qu’on fait tout simplement pas la même chose qu’eux. Il y a 1 000 pressions ».

En guise de conclusion

Pour terminer,  laissons le mot de la fin à Julia qui résume son impression de Hong Kong en une phrase :

« Hong Kong, c’est au carrefour de l’Asie, de plein de pays. C’est vraiment top pour voyager. Mais il faut avoir un esprit ouvert et apprécier le lieu tel qu’il est parce qu’il y a des moments où c’est pesant parce que c’est très cher ou parce que par moment, c’est très compliqué. Mais juste, si on est content d’être là, on peut tous les jours se réjouir d’être dans un endroit aussi génial, aussi coloré, avec des gens aux parcours aussi différents. »

Julie

Cofondatrice de pvtistes.net, j'ai fait 2 PVT, au Canada et en Australie. Deux expériences incroyables ! Je vous retrouve régulièrement sur nos comptes Insta et Tiktok @pvtistes avec plein d'infos utiles !
Cofounder of pvtistes.net. I went to Canada and Australia on Working Holiday aventures. It was amazing!

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(1)Commentaire

tiphaine I |
Il me tarde de savoir un an après ce qu'elles font maintenant