Localisation
Profession
pvtistes
Ville de provenance et ville de destination
Provenance : Paris. Destination : Tokyo et Osaka.
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Tu as passé combien de temps au Japon ?
J’ai passé en tout 4 ans au Japon, avec un an en vacances-travail au milieu. J’ai passé 1 an et demi en voyage d’échange dans le cadre de mes études dans la région d’Osaka, un an en vacances-travail (dont six mois à Tokyo), et un peu plus d’un an et demi en visa de travail à Osaka juste après. Ces 4 ans ont été entrecoupés de passages en France (surtout pour terminer mes études).
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Baroudeuse ou pas ?
Je suis une très très grande baroudeuse : j’ai voyagé dans beaucoup de pays (se faire des amis internationaux pendant ses études à l’étranger, ça aide !), mais assez peu pendant mon année en vacances-travail, car c’était plus du travail que des vacances. C’est un peu ironique, mais j’ai surtout voyagé avant et après !
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Que faisais-tu en France ?
J’étais étudiante dans une grande école. Je suis partie en vacances-travail quelques mois après mon diplôme : c’était dans l’optique de revenir au Japon pour y commencer ma carrière.
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Pourquoi cette envie de t’envoler pour le Japon ?
J’étudiais le japonais depuis longtemps (le lycée), et je suis de cette génération des ados fans de la pop culture japonaise (jeux vidéo, mangas, musique), ce qui m’a donné envie d’en apprendre plus sur le pays et sa culture.

Une partie de mes études supérieures tournait autour du Japon, où j’avais du coup déjà étudié quand je suis partie en vacances-travail. Il paraissait évident, vu ma lancée, que c’était le bon moment de tenter le Japon… Je m’étais dit que j’allais y passer quelques années, perfectionner mon japonais, me faire de l’expérience, puis possiblement aller voir ailleurs… et c’est exactement ce qui s’est passé !
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Pourquoi Tokyo ?
Je suis partie en vacances-travail pour un stage de six mois à Tokyo. Il se trouve qu’à la base, je devais le faire à Osaka, et il a été changé au dernier moment… Je dois dire que j’aurais préféré Osaka… (C’est un peu comme un Lyonnais ou un Marseillais qui doit aller à Paris pour le travail : souvent, ils y vont à reculons ! Moi qui avais toujours vécu à Osaka au Japon, grande rivale de Tokyo, j’ai toujours considéré qu’Osaka était « mon chez moi » au Japon). J’avais cette possibilité de me faire une expérience professionnelle et pas mal d’amis à Tokyo, je me suis donc lancée. Ceci dit, dès mon stage terminé, je suis partie à Osaka ! Je n’ai pas vraiment aimé vivre à Tokyo : trop de monde et la ville est trop grande, trop impersonnelle. Au terme de mon stage, j’ai donc décidé que je ne resterais au Japon que si je pouvais m’installer à Osaka. J’y ai trouvé in extrémis du travail 3 jours avant de rentrer en France !
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Est-ce que c’est la première fois que tu vivais à l’étranger ou que tu partais aussi longtemps ?
J’avais déjà vécu en tout un an et demi au Japon avant le vacances-travail (en tant qu’étudiante), et j’avais passé beaucoup de temps dans les pays anglophones avant ça (sans y vivre pour autant).
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Quel était ton niveau de japonais en arrivant et à la fin de ton PVT ? 
Je parlais déjà couramment japonais en arrivant : j’ai commencé à apprendre le japonais à 15 ans, toute seule dans ma campagne, avec un manuel ; je l’ai finalement passé au bac en LV2, car je m’étais tellement passionnée que mon niveau était meilleur que celui de ma LV2 « officielle ». La plupart des gens ne le savent pas, mais il est possible de demander à passer la langue que l’on souhaite en LV1 ou LV2 au bac, sans pour autant avoir suivi des cours dans son lycée… comme je l’ai fait avec le japonais. J’ai ensuite poursuivi mon apprentissage pendant mes études supérieures : j’ai choisi ma grande école en partie car elle avait un programme sur l’Asie et des cours de japonais, ainsi que des échanges avec des facs japonaises, ce qui m’a permis d’aller étudier la langue sur place pendant un an et demi. Je suis passée par beaucoup de méthodes et de professeurs différents, ce qui fait que mon apprentissage a été un peu chaotique.

Je viens d’une famille de linguistes, et je ne trouve pas que le japonais soit difficile en soi, comme beaucoup semblent le penser ; pour moi, c’est surtout la méthode qui pose problème : souvent, les cours de japonais sont dispensés par des expats japonais qui, certes, parlent leur langue, mais ne savent pas bien l’enseigner (j’en ai fait les frais !)… Et encore moins à des étrangers. Souvent, ils insistent sur des points qui nous sont évidents, et sont incapables de nous en expliquer d’autres, car ils ne sont pas linguistes. Je trouve également que les manuels sont très fades et pas naturels : le plus connu, Minna no nihongo, se passe dans une entreprise japonaise dans les années 1980, avec des vidéos et dialogues ridicules et mal joués (qui sont le lieu de bien des private jokes entre expats au Japon). Franchement, ça ne fait pas rêver !

Je ne connais pas de bons manuels pour apprendre le japonais en français, si ce n’est le Manekineko, mais ce n’est qu’une introduction. Les seuls potables pour un apprentissage plus poussé que j’ai pu voir étaient en anglais, je recommande donc de jeter un œil de ce côté-là.

J’ai toujours eu l’impression de devoir me battre pour apprendre correctement le japonais, et finalement, je n’ai eu un enseignement convenable que lors de mon échange au Japon. J’ai eu beaucoup de chance de tomber sur une fac avec un bon programme pour étudiants étrangers et de bons profs, j’ai fait des progrès énormes !

La seule vraie « difficulté » du japonais, c’est qu’il faut apprendre par cœur les kanji (les idéogrammes japonais).

Et pour ça, il n’y a pas de secret… C’est du bachotage ! Je conseille donc aux gens de se forcer à se farcir au moins 2-3 kanji par jour, faire des lignes et des lignes, et essayer d’en connaître le plus possible (après avoir appris les 2 alphabets phonétiques, les hiragana et les katakana, qui restent la base de la base). Il y a de nombreux jeux de memory ou autre méthodes en ligne, essayez de les varier pour emmagasiner !

Il faut aussi s’habituer aux subtilités des niveaux de langue, et adapter son discours à la personne à qui on parle, ce qui demande évidemment une pratique avec quelqu’un.

Bref quand je suis arrivée pour mon PVT, je parlais déjà couramment japonais (j’avais aussi passé le JLPT N2, test de niveau de langue sur 5 niveaux le plus connu pour le japonais… Je n’aime pas trop ce test car c’est un bête QCM qui ne valide que la compréhension du candidat, mais le N2 est le minimum syndical pour avoir un niveau de japonais « crédible », et souvent pour être employable au Japon.)

J’ai malheureusement relativement peu travaillé en japonais pendant mon PVT (comme cela arrive souvent aux étrangers ! L’environnement de travail au Japon est soit pas assez en japonais, soit 100 % japonais et trop difficile à suivre) et je n’ai donc pas l’impression d’avoir fait d’énorme progrès en un an.
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Quelles ont été tes premières impressions ?
Lors de mon tout premier voyage au Japon il y a de cela quelques années, simplement en touriste, j’ai adoré le dépaysement, pouvoir pratiquer mon japonais encore hésitant à l’époque, et découvrir ce pays où j’avais voulu aller depuis si longtemps. Tout semblait si pratique : les combini (supérettes) ouverts 24 h/24 où on peut tout acheter, les trains bien indiqués et à l’heure, les gens serviables et prêts à aider, les lieux si différents et si intéressants pour l’œil occidental…

Pour ce qui est du début de mon PVT, je dois dire que j’ai eu un choc : je suis arrivée en janvier, et j’avais oublié un élément essentiel du Japon : le fait qu’il n’y a ni isolation, ni chauffage central dans les habitations. Je ne souhaite à personne l’expérience de souffrir le martyr le matin en s’extirpant de sa couette, dans une chambre où il fait 4°C ! (Ça vous arrivera forcément si vous passez l’hiver au Japon, sauf si vous allez à Hokkaido, dans le nord, où on a décidé qu’il valait mieux avoir de l’isolation quand même !).

Ma période de « lune de miel » comme on dit, avec le Japon, était clairement déjà terminée quand j’ai commencé mon PVT !
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Comment s’est passée ta recherche d’emploi ? 
Je vais dire quelque chose qui agace toujours, mais c’est la vérité dans mon cas : j’ai eu de la chance, j’ai parlé aux bonnes personnes ! J’ai eu mon stage en passant par une amie qui venait de terminer le sien dans une agence française, et qui m’a recommandée auprès de ses patrons ; cependant, mon niveau de japonais a aussi beaucoup joué. Ensuite, j’ai trouvé un emploi à Osaka dans la traduction suite à une offre trouvée par hasard par une autre amie, où j’ai postulé (toujours par hasard) à un moment où ils avaient vraiment besoin de quelqu’un en français ; j’ai passé un test qui m’a permis d’avoir un emploi dans cette agence.
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Dans quels domaines les pvtistes au Japon ont le plus de chance de travailler selon toi ?
S’ils ne parlent pas japonais, dans 95 % des cas ils peuvent difficilement espérer autre chose que prof de langue dans une école privée (ce qui signifie plus être un partenaire de conversation en français qu’être un véritable enseignant face à une classe). L’avantage pour les Français, c’est qu’il s’agit d’une langue recherchée au Japon, le français intéresse beaucoup. Cela reste tout de même bien moindre face à l’anglais. Beaucoup de Français enseignent également l’anglais… mais on préférera un Anglo-Saxon, surtout qu’il y en a toujours à la pelle pour faire ce travail !

On peut également espérer devenir vendeur/serveur dans un restaurant français, mais c’est moins répandu évidemment.

Il est à noter cependant que si un(e) PVTiste a des compétences techniques précises dans des domaines comme l’ingénierie ou les technologies de pointe, il est possible de trouver quelque chose sans pour autant bien parler japonais, mais cela demande sans doute une recherche en amont du voyage.

Enfin, si l’on veut vivre « dangereusement », on peut travailler dans un bar ou tout établissement de divertissement, mais cela est techniquement interdit avec un visa vacances-travail !
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Quel est ton regard sur le monde du travail au Japon ?
Je n’irai pas par quatre chemins : c’est généralement très dur, sauf si on a beaucoup de chance. Ce sont de longues heures de travail (heures supplémentaires généralement non-payées), très peu de vacances (généralement 10 jours par an, dans le pire des cas, on sera forcé de les prendre à un moment précis, comme le Nouvel An), des salaires à la base pas forcément mauvais mais qui n’évoluent pas pour les étrangers, des réunions interminables, du sexisme paternaliste, devoir toujours parler en japonais ultra poli et utiliser des formules alambiquées alors que cela saoule absolument tout le monde dans l’entreprise, un respect totalement démesuré imposé vis-à-vis des supérieurs, une technologie totalement anachronique (oui, le Japon utilise des fax et Internet Explorer et ne voit pas où est le problème au XXIe siècle), le fait que l’on peut être muté à l’autre bout du pays d’une semaine sur l’autre (tant pis si vous avez de la famille, elle restera derrière vous ! Vous ne pensiez quand même pas qu’il y avait des politiques de regroupement de familles quand même ?!) et un dévouement à 100 % à son entreprise…

Il y a également beaucoup de problèmes de stress chez les employés japonais dû à leur volonté d’éviter d’incommoder leur supérieur ou leur client : ils font souvent preuve d’une sorte de proactivité démesurée en supposant que quelque chose risque d’être très très très important, alors que finalement, bien souvent, tout le monde s’en fiche et ils se sont fait un sang d’encre pour rien. Cette attitude peut être vraiment dure à vivre et mettre la pression, surtout si on a la malchance d’avoir un supérieur comme cela.

Cela sera un peu moins dur dans une entreprise tenue par des étrangers (attention, même si une entreprise est étrangère à la base, si les dirigeants de la section Japon sont japonais, cela se passera généralement comme dans une entreprise japonaise !), mais comme elle traite généralement avec des clients japonais, ceux-ci sont souvent à l’origine de bien des heures supplémentaires (« Bonsoir, il est 19 h, j’ai ABSOLUMENT besoin que vous terminiez ce projet d’ici DIMANCHE MATIN ! » : dites au revoir à vos plans de soirée, votre conjoint malade et l’évènement très important dans la vie de votre enfant, l’entreprise passe en preums !).

Évidemment, c’est plus simple lorsque l’on est prof dans une école privée, où il y a moins de pression (mais on demande généralement aux profs de rester toute la journée sur place, même s’ils n’ont qu’un cours à 8 h et un autre à 18 h !).
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Quand on pense au PVT Japon, on imagine un fort choc culturel, est-ce que tu peux nous en dire plus ?
Oui c’est un gros choc culturel. Ce qui est bien, c’est que si l’on veut du dépaysement total tout en étant dans un pays sûr, propre, sans guerres et avec un taux de criminalité très bas, le Japon est une super expérience !

Combien de fois me suis-je dit « je rentre éméchée à 3 h du matin à pied en pleine grande ville, et je sais que je ne risque quasiment rien, quel bonheur ! » ? Je crois que beaucoup de Parisiennes rêvent de ça… Le Japon donne généralement l’impression d’être un grand parc d’attraction pour quelqu’un qui y débarque.

Comme je le disais, tout est pratique, et il y a du divertissement à tire-larigot ! Les touristes et étudiants en échange sont toujours extrêmement bien accueillis, car les Japonais adorent présenter leur pays aux étrangers, mais c’est lorsque l’on souhaite travailler et s’installer à long terme au Japon que cela fait hausser des sourcils. Au début d’une conversation avec un Japonais, la question « combien de temps tu penses rester au Japon ? » est généralement dans les 5-6 premières posées, ce qui peut être très décourageant à la longue pour ceux qui y habitent, s’y sont mariés et sont installés depuis 20 ans. Au Japon, on sera toujours vu comme un étranger (et dans le pire des cas, comme une bête de foire).
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Tu es restée un an après la fin de ton PVT, tu peux nous expliquer ta démarche ?
Dans mon cas, comme je travaillais dans une entreprise de traduction étrangère dirigée par des étrangers, ils avaient l’habitude de faire ces démarches et cela n’a posé aucun problème. J’ai pu faire ma période d’essai pendant mon visa vacances-travail, au terme de laquelle j’ai reçu un contrat d’un an et un visa de travail pour cette durée. Cela s’est bien goupillé !

Il est parfois difficile d’avoir un visa de travail au Japon pour deux raisons. La première, c’est que les employeurs ne veulent pas s’embarrasser à faire les démarches administratives : celles-ci ne sont pas très compliquées dans les faits, mais il faut généralement le faire soi-même s’il n’y a que des Japonais dans votre entreprise, car ils ne les connaîtront pas (comme ça a été mon cas pour mon dernier emploi au Japon). Il vaut donc mieux se renseigner soi-même à l’avance pour être à même de rassurer son entreprise sur le processus et le prendre en main ; à ce stade, il est évidemment primordial d’avoir soit un bon niveau de japonais pour se débrouiller seul(e) à l’immigration, soit de très bons amis sur qui compter pour le faire avec vous !

Les démarches ne coûtent pas grand-chose (l’employeur doit fournir quelques documents dont l’émission est payante, il demandera éventuellement à l’employé de rembourser ces frais) et elles prennent généralement moins de 2 mois. Il y a un souci assez fréquent à propos de la documentation, c’est que d’un coup de fil ou d’une visite à l’immigration à l’autre pour vérifier les démarches, deux agents pourront vous donner deux listes de documents différents… J’ai moi- même eu 4 réponses différentes… Je m’en suis arrachée les cheveux ! Face à cela, on peut conseiller de noter le nom de l’agent à qui vous avez parlé, pour qu’il comprenne qu’il sera en tort personnellement si jamais il y a une erreur.

La seconde raison pour laquelle avoir ce visa peut être complexe est que comme dans la plupart des pays développés, le Japon rechigne à donner un travail à un étranger lorsque cet emploi pourrait être occupé par un Japonais (concurrence déloyale sur le marché interne). C’est pourquoi le visa vacances-travail est très pratique : il n’engage pas l’employeur, et on peut faire n’importe quel emploi, ce qui peut notamment servir pour la période d’essai, pendant laquelle on convaincra l’employeur de nous garder et de faire les démarches pour le visa de travail, comme dans mon cas. Dans beaucoup de domaines, il peut être très compliqué d’avoir un visa de travail après le visa vacances-travail, car il est généralement demandé d’avoir 10 ans d’expérience (j’ai un ami étranger qui travaille dans l’import-export qui s’est vu refuser un visa de travail après avoir travaillé un an en vacances-travail pour son employeur au Japon, et qui n’a donc pas pu continuer).

L’immigration essaye aussi assez souvent de trouver un moyen de refuser de délivrer le visa… La plupart des gens que je connais ont dû demander à leur patron de taper du poing pour avoir enfin leur précieux sésame !

Cependant, il faut savoir que les visas de travail pour la traduction (comme ce fut mon cas), ou pour les emplois qui impliquent même un tout petit peu de traduction, sont très faciles à avoir, car il s’agit du domaine dans lequel il FAUT incontestablement des étrangers, et ça, même l’immigration le conçoit !
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Quelles ont été tes plus grosses difficultés au Japon ?
Pour le logement, il faut savoir que beaucoup d’agences immobilières et de propriétaires refusent de louer à un étranger (il est triste de devoir dire que les Français peuvent au moins s’estimer heureux de ne pas être Chinois ou Coréen, pour qui c’est encore pire). Il faut généralement avoir de la chance et tomber sur une agence et un proprio compréhensif (heureusement, il y en a !), mais il faut être prêt(e) à essuyer bien des refus, surtout si on n’a aucun garant japonais.

Personnellement, j’ai pu m’en sortir à Tokyo par des canaux étrangers (j’ai vécu dans une famille d’accueil française), puis, une fois à Osaka, mon entreprise s’est portée garante pour mon appartement, comme c’est souvent le cas même pour les Japonais (à savoir que si vous changez d’emploi quelques mois plus tard, le propriétaire s’en fichera… C’est pour la garantie initiale !). Le PDG de ma boîte s’était lui-même porté garant, mais comme il était étranger, mon propriétaire a fait grise mine : il préférait que ce soit un Japonais de ma boîte, quitte à prendre quelqu’un en dessous du PDG !

Pour trouver un emploi, je suis passée par des réseaux personnels et j’ai eu de la chance… Désolée, ce n’est pas une réponse très encourageante !

Il y a un point qui est très agaçant au Japon : l’argent. Les paiements par carte sont extrêmement rares (même pour les gros achats !) et tout se fait donc en liquide. Or, il faut aussi savoir que les distributeurs n’acceptent pas les cartes étrangères, sauf dans les bureaux de poste et les combinis 7/11. En outre, les distributeurs ferment généralement après une certaine heure (17 h-18 h) et les jours fériés, sauf ceux des 7/11, qui ne ferment jamais. Je connais des gens qui se sont retrouvés coincés sans aucun argent pendant 3 jours à cause de cela, il faut faire très attention !

Un conseil sur les banques pour ceux qui voudraient ouvrir un compte : elles sont plus ou moins bienveillantes envers les étrangers, selon les cas. On conseillera plutôt Shinsei qui, d’après ce que je sais, ne pose pas de problème aux expats et propose ses services en anglais. Mitsui Sumitomo est également bien, mais elle est de plus en plus stricte. Il faut surtout éviter les petites banques locales car il n’est pas possible de retirer son argent dans le reste du Japon, ou Mizuho qui n’encourage vraiment pas les étrangers à ouvrir un compte chez elle (lorsque j’étais en vacances-travail et que j’avais tenté de le faire chez eux sur demande de mon employeur, ils m’ont demandé d’appeler l’immigration moi-même pour vérifier que j’avais le droit d’ouvrir un compte en banque avec ce visa… alors que j’avais déjà sans problème un compte chez un de leurs concurrents !).

Il faut savoir aussi qu’il est très difficile d’obtenir une carte visa au Japon lorsque l’on est étranger. Pour les amis, il y a généralement deux types d’étrangers : ceux qui essayent au maximum de rester avec des Japonais et de ne pas fréquenter les autres expats, et ceux qui restent entre expats. Je suis passée du premier cas au second… Les Japonais étant souvent des gens réservés, qui ne partagent que peu leurs sentiments, il est souvent difficile de nouer de véritables amitiés. En 4 ans au Japon, le nombre de mes conversations « profondes » ou « sérieuses » avec des Japonais peut honnêtement se compter sur les doigts de la main. \

Beaucoup d’expats se rendent comptent au bout d’un moment qu’ils n’ont que 2 ou 3 « vrais » amis japonais, contre une flopée d’amis étrangers… et ces amis japonais sont en fait des « exceptions » qui ont vécu à l’étranger et ne sont plus considérés comme « normaux » par leurs pairs ! Ceci dit, j’ai eu la chance de vivre en famille d’accueil japonaise quand j’étais étudiante, ce qui m’a permis de nouer une véritable relation avec une famille japonaise super sympa, et j’en suis ravie !

Je terminerai sur les relations en disant cash qu’il est beaucoup plus simple pour un étranger hétérosexuel de trouver l’amour que pour une étrangère. Nous avons l’image d’avoir de bien trop fortes têtes pour plaire aux Japonais lambdas, tandis que nos homologues hommes ont la réputation d’être d’irrésistibles romantiques ! (Imaginez, ils regardent les filles dans les yeux quand ils leur parlent, contrairement à bien des Japonais ! Quel charme !). Il est par ailleurs souvent très compliqué d’être homosexuel au Japon et de chercher une relation sérieuse, car il s’agit d’une sexualité généralement cachée et encore mal comprise dans la société. On ne se fera pas jeter des pierres, mais on aura du mal à se faire comprendre.

Pour terminer sur les problèmes du Japon, je dirais en bref que les gens qui arrivent deviennent professeurs de langue pendant un temps car ils ne parlent pas japonais, et qui ensuite souhaitent changer d’emploi et travailler avec des Japonais, « histoire d’avoir une vraie expérience pendant 1 an ou 2 avant de partir » ont honnêtement beaucoup de mal à y arriver. Le japonais est véritablement un frein pour la plupart des carrières autre que l’enseignement.
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Quel est ton meilleur souvenir de ton PVT au Japon ?
Mes petits voyages à Osaka ou dans le nord du Japon pour voir des amis étrangers de ma période d’étudiante pendant mon stage, et le mois que j’ai passé chez une copine américaine en été, entre mon stage et mon emploi ! Tous les moments que j’ai pu passer avec mes amis au Japon, en fait. Peu d’histoires de découvertes touristiques pendant mon PVT… si ce n’est mon ascension du Mont Fuji avec une couchsurfeuse ! C’était très sympa 🙂
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Est-ce que certaines choses françaises t’ont manqué ?
Le sarcasme (presque inexistant au Japon) et le fait de pouvoir discuter de problèmes de société. Ceci dit, je le faisais allègrement avec mes amis étrangers… Et le pain, oh oui ! 🙂
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Qu’est ce qui te manque maintenant que tu es rentrée en France ?
Mes amis qui y sont restés, expats comme japonais, me manquent cruellement, c’est vraiment l’essentiel.

Sinon, la propreté des villes, l’absence presque totale de harcèlement de rue, les temples de Nara… … et Kyoto, ainsi que la liqueur de prune (umeshu) et certains plats japonais, comme les okonomiyaki !

Et de nombreuses petites choses qui peuvent avoir l’air insignifiantes, jusqu’à ce qu’on s’en rappelle et qu’on se dise « ah oui, ici, cela n’existe pas… » comme les combinis ouverts 24 h/24.
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Qu’est-ce que cette expérience au Japon t’a apportée, du point de vue personnel et professionnel ?
J’ai l’impression d’avoir beaucoup grandi, même si c’est souvent par opposition au Japon (« L’esprit de groupe ? Le conformisme ? Le sexisme institutionnalisé ? Pas pour moi ! »). J’ai également appris à mieux comprendre différentes manières de penser et de voir les choses, ce qui est très enrichissant.

En outre, j’ai maintenant une expérience professionnelle atypique qui est très valorisante dans bien des pays et domaines, comme l’informatique.
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Quels sont tes projets maintenant ?
Je compte partir à l’étranger dans un pays anglo-saxon, qui correspond plus à mon tempérament. On verra où je trouve du travail !
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Quels seraient tes conseils à ceux qui prévoient de partir en PVT au Japon ?
Je conseille d’apprendre au moins les 2 alphabets phonétiques (hiragana et katakana) pour être un peu moins perdu(e), et à savoir lire au moins les noms des gares dans le train.

Je le répète : très honnêtement, il est extrêmement difficile de trouver un emploi (autre que prof de français) sans parler japonais… Et je ne parle même pas de l’anglais : je déconseillerais totalement à un Français ne parlant pas l’anglais de vouloir s’installer au Japon, c’est le minimum vital pour communiquer avec qui que ce soit !

Il faut aussi savoir que si l’on connait tous les histoires de « j’ai passé 6 mois à Londres, à la fin je parlais super bien anglais », ça ne fonctionne pas au Japon. Comme je le disais, le japonais n’est pas compliqué en soi, mais il est très différent des langues européennes : sans cours, on ne peut clairement pas s’en sortir correctement. Dans le meilleur des cas, on peut espérer pouvoir discuter dans un izakaya (bar japonais) pendant 2 heures autour d’une bière de sujets répétés mille fois (ce que l’on aime au Japon, comment est notre pays, etc.), mais il y aura notamment le souci de ne pas savoir lire et écrire, ce que beaucoup d’étrangers rechignent à faire (cela vient du fait qu’il est tout à fait possible de vivre au Japon sans parler japonais, uniquement anglais : j’en connais plein qui le font, mais ils sont évidemment tous profs d’anglais.

Les Japonais passent directement en anglais lorsqu’ils sont face à un non-asiatique, et aiment aussi en profiter pour exercer leur anglais, ce qui rend les possibilités de pratiquer son japonais assez compliquées).

Bref, n’allez pas au Japon les mains dans les poches pendant un an, en espérant que la langue vous viendra naturellement et que vous aurez un super niveau à la fin en vous tournant les pouces. Il faut travailler, il n’y a pas de secret !

Enfin, j’aimerais insister sur le fait qu’il ne faut pas sous-estimer le contre choc culturel : celui que l’on peut ressentir lorsque l’on retourne dans son propre pays. Il peut être très douloureux, plus important que le choc culturel initial et il peut représenter une véritable perte de repères (ne plus se sentir chez soi, etc.)… Beaucoup d’expats ont peur de rentrer dans leur pays à cause de cela. Personnellement, je suis partie du Japon il y a un an, et j’ai encore parfois l’impression de ne pas m’être réadaptée à l’Occident.
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Au Japon, est-ce que tu as connu des Japonais, anciens pvtistes en France ?
Non ! J’en connais qui y pensent, mais comme les Japonais sont encore beaucoup dans un esprit « emploi à vie » (qui pourtant ne marche plus beaucoup en réalité aujourd’hui), il leur est difficilement imaginable de partir un an à l’étranger… même si certains en ont terriblement envie. Il faut savoir que repousser la date du premier emploi est extrêmement mal vu au Japon, et beaucoup d’employeurs refuseront d’employer quelqu’un qui a 23 au lieu de 22 (âge normal de sortie d’université) car il/elle sera alors considéré(e) comme trop vieux/vieille ! Seuls les Japonais qui sont SÛRS de ne pas retourner s’installer au Japon font le pas du visa vacances-travail, je crois…

Consulter d’autres interviews de pvtistes…
Consulter des récits de pvtistes (emplois, voyages, etc.)…

Julie

Cofondatrice de pvtistes.net, j'ai fait 2 PVT, au Canada et en Australie. Deux expériences incroyables ! Je vous retrouve régulièrement sur nos comptes Insta et Tiktok @pvtistes avec plein d'infos utiles !
Cofounder of pvtistes.net. I went to Canada and Australia on Working Holiday aventures. It was amazing!

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(15) Commentaires

Neil I |

expérience intéressante et merci pour le témoignage même s’il y a beaucoup de négativité dans l’écriture dû à une déception en observant le système japonais ^^. j’ai trouvé qu’il fallait avoir quand même beaucoup de chance 😉 ,bref il y aura toujours des problèmes mais pas la peine d’en faire autant …

Raphaël I |

Bravo pour ce témoignage empreint de vécu. C’est dommage que tu ne te sois pas un peu plus étalée sur certains aspects positifs -malgré ton sentiment de ras-le-bol- pour contrebalancer avec les aspects négatifs. Mais ce n’est que ton point de vue et c’est bien de mettre en garde les jeunes français qui sont à fond sur le Japon sur la réalité de la vie au travail. J’en retiendrai que ça doit être génial de pouvoir y passer des vacances prolongées mais qu’il faut mieux se réserver l’aspect expérience pour d’autres destinations. Au moins tu reviens en te disant qu’ici, on n’est pas si mal après tout.

Petit H.S. de voisin londonien: Londres, cette ville n’est pas trop impersonnelle à tes yeux ?

mojap I |

« Mais ce n’est que ton point de vue et c’est bien de mettre en garde les jeunes français qui sont à fond sur le Japon sur la réalité de la vie au travail.  »
Oui exactement, j’estime qu’il y a déjà moulte interviews sur « LE JAPON C’EST TROP BIEN ! » avec toutes les histoires habituelles. Faut contre balancer un peu la réalité, et parler des choses qui fâchent aussi (et partagées par beaucoup d’expats et ex-expats hein !)

Et c’est aussi exactement ça, je dis toujours : « allez visiter, c’est génial, allez y étudier, c’est formidable, mais je vous déconseille d’y rester pour bosser et vous installer ! »

Sur ton HS : J’aime bien Londres. Il m’a fallu du temps pour m’y habituer mais ça a plein d’avantages. Il faut s’y faire un petit nid avec ses activités et son groupe de potes pour bien l’apprécier je pense, ça peut être dur d’y être catapulté je pense. Objectivement, c’est vraiment un endroit bien où se retrouver (multiculturel, pleeeeein de trucs à faire, etc.). Impersonnel n’est pas le mot qui me vient, franchement ! C’est assez unique comme lieu, je suppose que NYC doit être assez proche. Je trouve ça juste possiblement un peu trop grand (un peu comme Tokyo).. Et évidemment beaucoup trop cher ! (Bon y a aussi le fait que c’est mort à part les boîtes de nuit à partir de 11h du soir, et ça, c’est franchement débile.)

Mais en vérité si j’avais eu le PVT Canada ou le programme jeune professionnel (paye ton employeur qui accepte de t’attendre 2 mois quand t’as pas une expérience de senior !…. Ouais, non. Je cherche toujours.) je serais déjà outre Atlantique. Du coup forcément comme c’est mon « 2e choix » bah… Ouais. On verra !

Raphaël I |

Merci pour ta réponse ! Haha, et Londres n’est que mon second choix étant donné que j’ai ma place dans le quota du PVT Canada 🙂 Ce n’est qu’une question de temps (début d’année prochaine). Pour ma part j’ai encore du mal avec Londres. Depuis 10 mois, j’y ai connu quelques personnes mais ils sont partis. Mais bon je n’ai pas la chance de travailler en zone 1 donc je reste assez éloigné du centre et je n’y vais que lorsque j’ai quelqu’un à y retrouver, vu le coût exorbitant des transports.

fanny I |

Bonjour! Je suis actuellement en pvt à Osaka et j’aurai aimé connaitre les raisons de ton retour en France. Est-ce que tu as été forcée de revenir par rapport au visa ou c’est pour te consacrer à ce nouveau projet d’aller dans un pays anglophone? Est-ce que tu connaissais très bien la vie japonaise au bout de quatre ans ou il y avait encore des choses à découvrir? Cela fait 7 mois que je suis au Japon et cela passe tellement vite que j’ai l’impression qu’un an sera juste une introduction.

mojap I |

Comme je le dis, je suis partie car j’en avais tout simplement ras-le-bol de ce pays, et surtout du monde du travail. Même à Osaka que je considère comme une de mes maisons, et où je trouvais ça plus supportable. J’ai abrégé mon visa de travail sur lequel j’aurais pu rester plus longtemps : aucun problème administratif de ce point de vue là.
Je me suis rendue compte au bout d’un moment que la majeure raison qui faisait que le Japon m’était encore supportable, c’était mes amis expats, sans qui je serais sans doute partie plus tôt. Mais rester dans un pays à cause de ses amis expats, qui eux-mêmes parlent de partir… Ce n’est pas viable. Et donc voilà, fuck le système, je suis partie ! Je précise que ce n’était pas pour revenir en France (apparemment les Français japonophiles croient souvent que le monde, c’est le Japon, et la France…) Je suis à Londres aujourd’hui ! On verra bien où je vais évoluer.
Ce que je peux dire, et je parle au nom de beaucoup de mes amis revenus du Japon vers nos contrées occidentales, c’est que travailler avec des Occidentaux après avoir bossé chez des Japonais, c’est un vrai soulagement.

Je n’ai jamais pensé à la durée de ma vie au Japon en terme de « est-ce que j’ai tout découvert ? » car on ne finit jamais de découvrir un pays – en partie car il évolue en permanence. Ce n’est que mon avis, mais si tu y es en te disant « je reste jusqu’à TOUT connaître » tu fais fausse route et tu n’y arriveras pas… C’est aussi ça, la beauté du voyage et de la découverte d’une culture, il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir 🙂 ce qui est sûr, c’est que le temps passe vite. à toi de voir si tu estimes que ce pays te convient à long, moyen ou court terme !
Tout ce que je peux dire avec certitude, c’est que je connais mieux le Japon que quelqu’un qui n’y a pas vécu, et que quelqu’un qui ne parle pas japonais !

Anthony I |

Bonsoir, ton expérience est vraiment intéressante, il parait clair que trouver du travail reste le gros Hic… J’ai pour projet d’aller au japon en PVT, avant, cela, j’aimerais apprendre la langue…. TU parles de manuel anglais un peu plus poussé pour apprendre le japonnais.. Pourrais tu me communiquer le nom de ces manuels??
Merci beaucoup, et bonne continuation

mojap I |

Merci !
Comme toute langue, il vaut mieux la travailler avec un professeur, car être catapulté sans avoir jamais pu échanger, ce n’est pas évident… Mais bon ! Je crois que le manuel « A dictionary of basic japanese grammar » de Makino et Tsutsui peut être bien – mes amis norvégiens (qui avaient le meilleur niveau de japonais à l’université où j’étais) avaient utilisé ça. il y a aussi les versions intermédiaires et avancées de ce même manuel.
Bon courage !

Momiji I |

Expérience intéressante! Surtout ton point de vue de l’entreprise Japonaise. Je bosse actuellement pour une boite japonaise en France, et malheureusement même en France, ils ne perdent pas leur habitudes (keigo à gogo, respect du senior, heures supp de malade chez les expats qui veulent bien se faire voir de leur maison mère). Par contre comme on est France, j’en profite (aussi pour rendre la pareille hein de quand j’étais au Japon!), je leurs dis « bah en France on fait ça et pas ça » et du coup, c’est souvent gros débat entre employés français locaux et les expats. Chose que je n’aurais jamais osée aussi si j’étais basée au siège au Japon. Quand je suis au Japon, je respecte la culture locale (même si ça me gonfle grave parfois), mais j’attends aussi qu’eux s’adaptent quand ils viennent en Europe. Donc l’expérience inverse est assez intéressante à débattre.

mojap I |

ça ne m’étonne malheureusement pas. Tu as l’avantage d’avoir la France de ton côté, oui. J’ai un ami (ancien camarade de classe) qui travaille de la même manière pour une boîte japonaise à Paris et doit souvent faire des voyages au Japon, et c’est un peu les mêmes soucis. Je trouve que tu as TOTALEMENT raison ! 🙂

Mathieu I |

Quelle belle expérience ! Merci de l’avoir partagée 🙂

Julie I |

Récit super intéressant, ça a été un plaisir de te lire !!

mojap I |

Et merci à toi, Lilou !

Florane I |

Merci beaucoup Morgane pour ce retour extrêmement intéressant sur ton expérience. Je partage entièrement ton point de vue sur le contre choc culturel qui peut être assez désarmant quand on revient dans son pays. Bon continuation pour la suite de tes aventures.

Anonyme I |

Merci d’avoir pris le temps de raconter ton expérience Morgane. C’était une entrevue intéressante.