mojap
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Je parlais déjà couramment japonais en arrivant : j’ai commencé à apprendre le japonais à 15 ans, toute seule dans ma campagne, avec un manuel ; je l’ai finalement passé au bac en LV2, car je m’étais tellement passionnée que mon niveau était meilleur que celui de ma LV2 « officielle ». La plupart des gens ne le savent pas, mais il est possible de demander à passer la langue que l’on souhaite en LV1 ou LV2 au bac, sans pour autant avoir suivi des cours dans son lycée… comme je l’ai fait avec le japonais. J’ai ensuite poursuivi mon apprentissage pendant mes études supérieures : j’ai choisi ma grande école en partie car elle avait un programme sur l’Asie et des cours de japonais, ainsi que des échanges avec des facs japonaises, ce qui m’a permis d’aller étudier la langue sur place pendant un an et demi. Je suis passée par beaucoup de méthodes et de professeurs différents, ce qui fait que mon apprentissage a été un peu chaotique.
Je viens d’une famille de linguistes, et je ne trouve pas que le japonais soit difficile en soi, comme beaucoup semblent le penser ; pour moi, c’est surtout la méthode qui pose problème : souvent, les cours de japonais sont dispensés par des expats japonais qui, certes, parlent leur langue, mais ne savent pas bien l’enseigner (j’en ai fait les frais !)… Et encore moins à des étrangers. Souvent, ils insistent sur des points qui nous sont évidents, et sont incapables de nous en expliquer d’autres, car ils ne sont pas linguistes. Je trouve également que les manuels sont très fades et pas naturels : le plus connu, Minna no nihongo, se passe dans une entreprise japonaise dans les années 1980, avec des vidéos et dialogues ridicules et mal joués (qui sont le lieu de bien des private jokes entre expats au Japon). Franchement, ça ne fait pas rêver !
Je ne connais pas de bons manuels pour apprendre le japonais en français, si ce n’est le Manekineko, mais ce n’est qu’une introduction. Les seuls potables pour un apprentissage plus poussé que j’ai pu voir étaient en anglais, je recommande donc de jeter un œil de ce côté-là.
J’ai toujours eu l’impression de devoir me battre pour apprendre correctement le japonais, et finalement, je n’ai eu un enseignement convenable que lors de mon échange au Japon. J’ai eu beaucoup de chance de tomber sur une fac avec un bon programme pour étudiants étrangers et de bons profs, j’ai fait des progrès énormes !
La seule vraie « difficulté » du japonais, c’est qu’il faut apprendre par cœur les kanji (les idéogrammes japonais).
Et pour ça, il n’y a pas de secret… C’est du bachotage ! Je conseille donc aux gens de se forcer à se farcir au moins 2-3 kanji par jour, faire des lignes et des lignes, et essayer d’en connaître le plus possible (après avoir appris les 2 alphabets phonétiques, les hiragana et les katakana, qui restent la base de la base). Il y a de nombreux jeux de memory ou autre méthodes en ligne, essayez de les varier pour emmagasiner !
Il faut aussi s’habituer aux subtilités des niveaux de langue, et adapter son discours à la personne à qui on parle, ce qui demande évidemment une pratique avec quelqu’un.
Bref quand je suis arrivée pour mon PVT, je parlais déjà couramment japonais (j’avais aussi passé le JLPT N2, test de niveau de langue sur 5 niveaux le plus connu pour le japonais… Je n’aime pas trop ce test car c’est un bête QCM qui ne valide que la compréhension du candidat, mais le N2 est le minimum syndical pour avoir un niveau de japonais « crédible », et souvent pour être employable au Japon.)
J’ai malheureusement relativement peu travaillé en japonais pendant mon PVT (comme cela arrive souvent aux étrangers ! L’environnement de travail au Japon est soit pas assez en japonais, soit 100 % japonais et trop difficile à suivre) et je n’ai donc pas l’impression d’avoir fait d’énorme progrès en un an.
15 Commentaires
Neil
expérience intéressante et merci pour le témoignage même s’il y a beaucoup de négativité dans l’écriture dû à une déception en observant le système japonais ^^. j’ai trouvé qu’il fallait avoir quand même beaucoup de chance 😉 ,bref il y aura toujours des problèmes mais pas la peine d’en faire autant …
Raphaël
Bravo pour ce témoignage empreint de vécu. C’est dommage que tu ne te sois pas un peu plus étalée sur certains aspects positifs -malgré ton sentiment de ras-le-bol- pour contrebalancer avec les aspects négatifs. Mais ce n’est que ton point de vue et c’est bien de mettre en garde les jeunes français qui sont à fond sur le Japon sur la réalité de la vie au travail. J’en retiendrai que ça doit être génial de pouvoir y passer des vacances prolongées mais qu’il faut mieux se réserver l’aspect expérience pour d’autres destinations. Au moins tu reviens en te disant qu’ici, on n’est pas si mal après tout.
Petit H.S. de voisin londonien: Londres, cette ville n’est pas trop impersonnelle à tes yeux ?
mojap
« Mais ce n’est que ton point de vue et c’est bien de mettre en garde les jeunes français qui sont à fond sur le Japon sur la réalité de la vie au travail. »
Oui exactement, j’estime qu’il y a déjà moulte interviews sur « LE JAPON C’EST TROP BIEN ! » avec toutes les histoires habituelles. Faut contre balancer un peu la réalité, et parler des choses qui fâchent aussi (et partagées par beaucoup d’expats et ex-expats hein !)
Et c’est aussi exactement ça, je dis toujours : « allez visiter, c’est génial, allez y étudier, c’est formidable, mais je vous déconseille d’y rester pour bosser et vous installer ! »
Sur ton HS : J’aime bien Londres. Il m’a fallu du temps pour m’y habituer mais ça a plein d’avantages. Il faut s’y faire un petit nid avec ses activités et son groupe de potes pour bien l’apprécier je pense, ça peut être dur d’y être catapulté je pense. Objectivement, c’est vraiment un endroit bien où se retrouver (multiculturel, pleeeeein de trucs à faire, etc.). Impersonnel n’est pas le mot qui me vient, franchement ! C’est assez unique comme lieu, je suppose que NYC doit être assez proche. Je trouve ça juste possiblement un peu trop grand (un peu comme Tokyo).. Et évidemment beaucoup trop cher ! (Bon y a aussi le fait que c’est mort à part les boîtes de nuit à partir de 11h du soir, et ça, c’est franchement débile.)
Mais en vérité si j’avais eu le PVT Canada ou le programme jeune professionnel (paye ton employeur qui accepte de t’attendre 2 mois quand t’as pas une expérience de senior !…. Ouais, non. Je cherche toujours.) je serais déjà outre Atlantique. Du coup forcément comme c’est mon « 2e choix » bah… Ouais. On verra !
Raphaël
Merci pour ta réponse ! Haha, et Londres n’est que mon second choix étant donné que j’ai ma place dans le quota du PVT Canada 🙂 Ce n’est qu’une question de temps (début d’année prochaine). Pour ma part j’ai encore du mal avec Londres. Depuis 10 mois, j’y ai connu quelques personnes mais ils sont partis. Mais bon je n’ai pas la chance de travailler en zone 1 donc je reste assez éloigné du centre et je n’y vais que lorsque j’ai quelqu’un à y retrouver, vu le coût exorbitant des transports.
fanny
Bonjour! Je suis actuellement en pvt à Osaka et j’aurai aimé connaitre les raisons de ton retour en France. Est-ce que tu as été forcée de revenir par rapport au visa ou c’est pour te consacrer à ce nouveau projet d’aller dans un pays anglophone? Est-ce que tu connaissais très bien la vie japonaise au bout de quatre ans ou il y avait encore des choses à découvrir? Cela fait 7 mois que je suis au Japon et cela passe tellement vite que j’ai l’impression qu’un an sera juste une introduction.
mojap
Comme je le dis, je suis partie car j’en avais tout simplement ras-le-bol de ce pays, et surtout du monde du travail. Même à Osaka que je considère comme une de mes maisons, et où je trouvais ça plus supportable. J’ai abrégé mon visa de travail sur lequel j’aurais pu rester plus longtemps : aucun problème administratif de ce point de vue là.
Je me suis rendue compte au bout d’un moment que la majeure raison qui faisait que le Japon m’était encore supportable, c’était mes amis expats, sans qui je serais sans doute partie plus tôt. Mais rester dans un pays à cause de ses amis expats, qui eux-mêmes parlent de partir… Ce n’est pas viable. Et donc voilà, fuck le système, je suis partie ! Je précise que ce n’était pas pour revenir en France (apparemment les Français japonophiles croient souvent que le monde, c’est le Japon, et la France…) Je suis à Londres aujourd’hui ! On verra bien où je vais évoluer.
Ce que je peux dire, et je parle au nom de beaucoup de mes amis revenus du Japon vers nos contrées occidentales, c’est que travailler avec des Occidentaux après avoir bossé chez des Japonais, c’est un vrai soulagement.
Je n’ai jamais pensé à la durée de ma vie au Japon en terme de « est-ce que j’ai tout découvert ? » car on ne finit jamais de découvrir un pays – en partie car il évolue en permanence. Ce n’est que mon avis, mais si tu y es en te disant « je reste jusqu’à TOUT connaître » tu fais fausse route et tu n’y arriveras pas… C’est aussi ça, la beauté du voyage et de la découverte d’une culture, il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir 🙂 ce qui est sûr, c’est que le temps passe vite. à toi de voir si tu estimes que ce pays te convient à long, moyen ou court terme !
Tout ce que je peux dire avec certitude, c’est que je connais mieux le Japon que quelqu’un qui n’y a pas vécu, et que quelqu’un qui ne parle pas japonais !
Anthony
Bonsoir, ton expérience est vraiment intéressante, il parait clair que trouver du travail reste le gros Hic… J’ai pour projet d’aller au japon en PVT, avant, cela, j’aimerais apprendre la langue…. TU parles de manuel anglais un peu plus poussé pour apprendre le japonnais.. Pourrais tu me communiquer le nom de ces manuels??
Merci beaucoup, et bonne continuation
mojap
Merci !
Comme toute langue, il vaut mieux la travailler avec un professeur, car être catapulté sans avoir jamais pu échanger, ce n’est pas évident… Mais bon ! Je crois que le manuel « A dictionary of basic japanese grammar » de Makino et Tsutsui peut être bien – mes amis norvégiens (qui avaient le meilleur niveau de japonais à l’université où j’étais) avaient utilisé ça. il y a aussi les versions intermédiaires et avancées de ce même manuel.
Bon courage !
Momiji
Expérience intéressante! Surtout ton point de vue de l’entreprise Japonaise. Je bosse actuellement pour une boite japonaise en France, et malheureusement même en France, ils ne perdent pas leur habitudes (keigo à gogo, respect du senior, heures supp de malade chez les expats qui veulent bien se faire voir de leur maison mère). Par contre comme on est France, j’en profite (aussi pour rendre la pareille hein de quand j’étais au Japon!), je leurs dis « bah en France on fait ça et pas ça » et du coup, c’est souvent gros débat entre employés français locaux et les expats. Chose que je n’aurais jamais osée aussi si j’étais basée au siège au Japon. Quand je suis au Japon, je respecte la culture locale (même si ça me gonfle grave parfois), mais j’attends aussi qu’eux s’adaptent quand ils viennent en Europe. Donc l’expérience inverse est assez intéressante à débattre.
mojap
ça ne m’étonne malheureusement pas. Tu as l’avantage d’avoir la France de ton côté, oui. J’ai un ami (ancien camarade de classe) qui travaille de la même manière pour une boîte japonaise à Paris et doit souvent faire des voyages au Japon, et c’est un peu les mêmes soucis. Je trouve que tu as TOTALEMENT raison ! 🙂
Mathieu
Quelle belle expérience ! Merci de l’avoir partagée 🙂
Julie
Récit super intéressant, ça a été un plaisir de te lire !!
mojap
Et merci à toi, Lilou !
Florane
Merci beaucoup Morgane pour ce retour extrêmement intéressant sur ton expérience. Je partage entièrement ton point de vue sur le contre choc culturel qui peut être assez désarmant quand on revient dans son pays. Bon continuation pour la suite de tes aventures.
Anonyme
Merci d’avoir pris le temps de raconter ton expérience Morgane. C’était une entrevue intéressante.
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