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Stéphanie, en PVT en Argentine, a travaillé pendant toute la saison estivale au bout du monde. 

travailler à Ushuaïa

 

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Quel emploi occupes-tu ? 
“Je travaille aux ventes d’une agence de tourisme qui s’appelle Onashaga Expeditions et je suis aussi guide pour la même agence pour les excursions à la Pinguinera [île où se trouvent les manchots de Patagonie]. Travailler aux ventes de l’agence, ça veut dire qu’on a une petite cabane au port touristique d’Ushuaïa dans laquelle on propose des navigations à la vente et aussi d’autres excursions en 4×4, kayak, randos guidées…  Guide à la Pinguinera, je pars d’Ushuaïa avec des petits groupes de maximum 18 personnes dans un van pour aller jusqu’à Puerto Almanza. Ensuite on commence une navigation en zodiac, jusqu’à la Isla Martillo où sont les pingouins. On passe entre 30 et 40 minutes sur place. Je leur explique tout, sur la région, les pingouins… et je réponds à toutes sortes de questions qu’ils peuvent avoir. “

 

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Comment as-tu trouvé ce travail ?  
“J’ai eu énormément de chance parce que quand je suis arrivée à Buenos Aires, j’ai rencontré un Argentin via Couchsurfing, dont la communauté est très active. L’application permet d’héberger ou de se faire héberger. Il y a aussi une partie hang out pour proposer ou participer à des activités. Beaucoup d’Argentins m’avaient contactée parce que je publie mes voyages quand je me rends quelque part. Je trouve que c’est un bon moyen pour rencontrer des locaux. J’ai été contacté par une personne qui m’a fait visiter la ville. Et puis on s’est revus dans d’autres rencontres Couchsurfing et on en est arrivés à parler du fait que j’aimerais bien travailler en Patagonie pour l’été. Elle m’a dit que sa sœur avait une entreprise à Ushuaïa. Elle lui a parlé de moi quand elle s’est rendue sur place. Elle a fait passer mon CV. Après ils m’ont contactée, on a fait un entretien téléphonique et on s’est mis d’accord pour que je travaille avec eux pour la saison d’été.” 

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Est-ce que tu es déclarée ? 
“Je suis déclarée. L’entreprise m’a demandé tous les papiers nécessaires pour travailler. Je ne sais pas s’il y beaucoup de gens qui travaillent complètement “illégalement” à Ushuaïa. Il y en a effectivement. Certaines heures ne seront pas déclarées. Mais en façade, ce sont toujours des gens qui sont déclarés. Et d’ailleurs, j’ai rencontré un Français qui cherchait du travail à Ushuaïa mais qui n’était pas en règle pour travailler parce qu’il n’avait pas de visa de travail. Il galérait parce que personne ne voulait l’embaucher sans son CUIL, le numéro qui sert à travailler, un peu comme notre numéro de sécurité sociale en France. À Ushuaïa, si on veut y travailler, notamment dans les milieux touristiques, où on est en contact avec des gens en permanence, c’est une condition exigée par les employeurs.” 

 

 

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Quel salaire perçois-tu ? 
“Ça a été un peu aléatoire en fonction des mois. C’est très peu transparent les salaires à Ushuaïa. J’ai eu du mal au départ à voir des grilles salariales, surtout avec l’inflation permanente en Argentine et l’économie en montagnes russes. Les salaires sont plus ou moins adaptés sur ça, ou en tout cas c’était le cas jusqu’aux élections. Le salaire de base dont on avait parlé pendant mon entretien était de 600 000 pesos. Ils m’avaient trouvé un logement, parce que c’est compliqué à trouver sur place. Le deal c’était qu’ils devaient me le déduire de mon salaire. C’était un petit studio très sympa, à 250 000 pesos, ce qui est très peu cher pour ici. Mais c’est vrai que c’est un avantage que ce soit eux qui l’aient trouvé en tant que locaux. C’est plus facile pour négocier avec le réseau sur place. Mon salaire versé était donc de 350 000. J’ai énormément travaillé au mois de janvier, donc j’ai touché 250 000 pesos de plus, donc 850 000 pesos. Février, j’ai été payée 650 000, c’était relativement plus calme. Le salaire, c’est très “flex”. Avec du recul et en connaissant maintenant le milieu à Ushuaïa, je négocierais beaucoup mieux. Ils m’ont demandé si je voulais revenir l’année prochaine pour l’été. Je ne sais pas encore, mais la négociation du salaire sera un point important si j’envisage de revenir. Il faudra voir comment je peux faire aussi puisque mon PVT s’arrête mi-septembre donc il me faudra un autre type de visa pour pouvoir travailler, mais je ne me suis pas encore penchée dessus.” 

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Est-ce que tu gagnes assez pour vivre à Ushuaïa ? 
“C’était largement suffisant pour vivre. J’économise même de l’argent, ce qui est exceptionnel en Argentine pour beaucoup de personnes. J’ai aussi eu un certain nombre de pourboires non négligeables pour le niveau de vie ici. Donc c’est un très bon job. Même si le salaire paraît peu élevé d’un point de vue français. J’ai aussi l’habitude d’économiser de l’argent. Et on travaille énormément en saison, avec un jour de repos par semaine, on ne peut pas dépenser énormément. Ça dépend aussi du rythme de vie de chacun, mais en ayant une vie normale, on arrive à économiser. D’autant qu’à Ushuaïa beaucoup d’activités de nature sont gratuites.” 

 

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Est-ce que tu as des avantages ? 
“Oui, et c’était l’idée de faire la saison touristique ici parce que c‘est l’endroit le plus cher. J’ai pu profiter de toutes les excursions que je voulais gratuitement grâce au réseau de l’agence, aux personnes connues. Ça c’est vraiment pas négligeable, parce que les excursions sont très chères ici. Les navigations sont des excursions classiques, incontournables, mais qui ont un coût que personnellement je ne pense pas que j’aurais payé en tant que touriste. Même des excursions auxquelles je n’aurais pas pensé, comme faire un tour d’hélicoptère. C’est l’un des bons côtés du job.”

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Comment se passe une journée de travail ? 
“Cela dépend de si je suis aux ventes ou si je suis guide. Les journées de travail aux ventes, c’est dans la petite cabane du port, avec une jolie vue sur le Canal Beagle et la chaîne de montagnes chiliennes de l’autre côté du canal. C’est 8 heures par jour, 6 jours par semaine ou plus, notamment au mois de janvier, où il y a eu énormément d’affluence. On restait donc en heures supplémentaires pour s’entraider les unes les autres. En gros, c’est accueillir les gens dans la petite cabane, leur présenter les excursions, répondre à leurs questions, leur vendre ce qu’ils voulaient, enregistrer dans le système de réservation, communiquer avec nos partenaires pour voir s’ils avaient des disponibilités pour les personnes intéressées, prendre les paiements en liquide, en virement, en carte, s’assurer que la cabane soit toujours propre, nettoyer le sol, faire les vitres.  Pour la partie guide, il faut arriver au moment du check in puis après partir avec le groupe dans le mini van jusqu’à Puerto Almanza, en commentant sur la route ce qu’on voit, en répondant à leurs questions. Puis on va sur l’île en zodiac et sur place, on explique la vie des pingouins, ce qu’on sait sur eux, et on répond aux questions supplémentaires qu’ils ont, on mange un petit goûter tous ensemble et on rentre à Ushuaïa.  Les parties “extras” du job, c’est répondre aux questions des gens sur les choses à faire à Ushuaïa, les bonnes adresses, des restaurants, des conseils de musées, de logement, de location de matériel… un peu de tout. Dans ce genre de job on est un peu tout : météorologue, psychologue, maman…”

 

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Qu’est ce que cela t’apporte ? 
“Énormément de choses. Je ne sais pas combien de personnes j’ai rencontrées cet été mais c’est incroyable. Il y a des personnes avec qui on a des discussions ou des contacts plus intenses ou plus profonds que d’autres par leur personnalité ou leur histoire de vie. C’est des échanges humains permanents donc ça apporte énormément. En terme de positionnement personnel, je suis dans un pays en crise économique et sociale et moi je travaille ici. En fait, je me suis rendue compte que j’avais complètement ma place ici, que ça ne dérangeait personne, qu’au contraire j’apportais quelque chose de plus parce que je parlais anglais et français et dans le milieu touristique ce n’est pas courant que les gens ici parlent anglais. Ça m’a apporté plein de bonnes choses, humainement essentiellement. On voit vraiment de tout dans ce genre de job. Ce n’est pas tous les jours facile parce qu’il y a des gens pas toujours sympas. Cela m’a permis de travailler sur ma patience à certains moments et d’accepter de ne pas tout contrôler parce que même si c’est une industrie touristique relativement cadrée, il y a quand même des moments où il y a des retards ou des problèmes humains ou matériels, qui font que quand on doit gérer un groupe, il faut savoir s’adapter. Et tout ça en 3 langues ! Plus souvent en espagnol et en anglais qu’en français. Ça aussi c’était un gros point positif.” 

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Est-ce que cette expérience te plaît ? 
“Globalement oui. Maintenant, je suis en fin de saison, il me reste 4 jours ici. Donc là je commence à faire le bilan et à prendre du recul. La période de janvier a été très compliquée. Physiquement et mentalement, parce que je faisais beaucoup d’heures de travail, j’avais beaucoup de demandes à gérer. C’était en tout début de saison en plus, l’équipe ne faisait que commencer. Il a aussi neigé au mois de janvier, alors que c’est le plein été. Et je me suis demandée ce que je faisais là. Il faisait plus chaud en France, là d’où je viens, en plein hiver, qu’ici en plein été. Donc cette période-là a franchement été compliquée. Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas senti qu’un mois ne se terminait pas. Ça a été le cas du mois de janvier 2024. Mais oui j’ai bien aimé ce travail. Il y avait beaucoup d’intensité, de rencontres, d’anecdotes, de voyages. Et puis c’est magnifique. Il fait froid, mais c’est magnifique.” 

 

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Qu’est-ce que tu apprécies le moins ? 
“La désorganisation, à certains moments, a été compliquée à gérer. Avec mes collègues, on a fini par trouver notre propre organisation entre nous pour y remédier un petit peu. Pourtant je suis flexible et habituée. On peut se dire que c’est la différence culturelle, mais mes collègues argentines avaient le même problème que moi. C’était simplement un problème de désorganisation. On a réussi à mettre en place une organisation pour y pallier. Mais dans toute cette désorganisation, chacun a eu sa place pour apporter sa touche personnelle, par exemple dans nos manières de guider. On nous a laissé carte blanche pour guider comme on voulait. Au début ça manquait de cadre, parce qu’on avait aucune indication sur les excursions en termes d’horaires, de détails. Mais finalement, ça nous a permis d’apporter notre touche personnelle, de le faire à notre façon et cela nous a valu des retours très positifs des gens qui ont fait les excursions avec nous. C’est un point très positif et ça correspond énormément à ma personnalité, donc c’est pour ça que je me sens bien en Argentine aussi de manière générale. J’ai aussi moins aimé le fait que certaines grosses entreprises et familles ici aient un peu le monopole, prennent beaucoup de place et en prennent de plus en plus. Malheureusement c’est le jeu et la réalité mondiale. Si je dois en ajouter un 3e, c’est tous les bateaux de croisière qu’il y avait sur la canal et dans le port. D’un point de vue écologique, je me suis dit qu’il y en avait beaucoup. Les bateaux qui vont en Antarctique, ceux qui ne font qu’y passer. Je ne m’attendais pas à voir autant de trafic de gros bateaux. Mais c’est aussi ce qui participe à l’économie locale, donc  je suis un peu partagée sur ça.” 

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Est-ce que tu le referais ?
“C’est la question que je me pose puisqu’ils m’ont demandé si je pensais revenir. Je pense que maintenant que je connais le fonctionnement local, interne, j’appréhenderais les choses d’une autre manière et que ça serait plus facile pour moi. En milieu de saison je me disais plus jamais. Pas mal de guides bossent en freelance ici, donc ça pourrait être une alternative. Mais ça va dépendre des questions de visas, de statuts… Effectivement, cette question, elle se présente dans la réalité, donc la réflexion est là. Après si je reviens ici tous les étés j’ai l’impression que je n’aurai jamais d’été. Réponse l’année prochaine.” 

 

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Est-ce que tu conseillerais cette expérience ? 
“Oui vraiment. C’est une expérience de vie pour les gens qui aiment le contact humain, qui ont envie de profiter d’un endroit tout en travaillant. C’est vraiment une belle opportunité. Après voilà, il faut être habitué·e à travailler en saison, 6 jours par semaine, 8 heures par jour minimum. Mais si ça c’est pas trop un problème, il n’y a pas trop à réfléchir. C’est une ville remplie de voyageurs. Il y a toutes sortes de gens : des backpackers, des touristes, des familles. La richesse des rencontres et la chance de vivre dans un environnement naturel tel que celui d’Ushuaïa sont incroyables donc bien sûr que je le conseille.” 

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Quels projets pour après ?
“Je retourne à Buenos Aires pour revoir tout mon petit entourage que je me suis fait là-bas et j’ai vraiment aimé la ville. Je pense que je vais passer l’automne dans le coin. Je vais éventuellement aller sur la côte. Et ensuite je pars du 17 juin au 25 juillet en volontariat aux Galapagos en Équateur pour avoir un été. J’ai eu une belle opportunité de volontariat là-bas. Ça m’intéresse énormément de vivre la vie locale pour mieux connaître leur politique de préservation de la nature mise en place depuis longtemps. Peut-être qu’avant, je passerai un peu de temps en Équateur, et vers Cali en Colombie. Je vais vers des régions où le climat est plus doux en hiver. Et puis je reviendrai à Buenos Aires après.” 

Le début de l’aventure de Stéphanie en Argentine.

Eloise

En PVT en Argentine pour 1 an, mon amour pour les empanadas grandit de jour en jour et je travaille dur pour apprendre le porteño.
Doing a Working Holiday in Argentina for 1 year, my love for empanadas doesn't stop growing and I am working to learn porteńo.

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