Camille, de Paris à Tokyo
Pas eu le moindre sentiment d’angoisse, de solitude, de regrets. Chaque journée était extraordinairement riche en rencontres, découvertes surprenantes, en visites et en exclamations de surprises (il y a tellement de détails rigolos dans la vie de tous les jours au Japon ! Les toilettes super high-tech par exemple, la mode, la nourriture bizarre mais délicieuse, les convinis partout et leurs machines bizarres, les distributeurs de tout et n’importe quoi). Les formalités obligatoires à l’arrivée dans le pays sont peu contraignantes.
Cette barrière de la langue était une frustration permanente ! A Tokyo, les gens ne parlent pas trop anglais, ou du moins, vraiment très peu. Ça a été de loin ma plus grosse difficulté au Japon.
Je me suis mise assez rapidement à apprendre, je n’avais pas le choix ! L’argent aussi, au début… Je savais que la vie à Tokyo n’était pas donnée, je n’imaginais pas que les prix des apparts et les tarifs des transports en commun étaient aussi élevés. Le premier mois a été assez dur à ce niveau là. J’étais partie avec peu d’argent de coté. Mais du coup, ca m’a aussi motivée à chercher un travail activement et j’ai eu la chance de vite trouver deux boulots qui me permettaient de gagner assez d’argent pour pouvoir vivre et sortir sans trop de problèmes.
Les matsuris l’été (festivals traditionnels), l’ascension en pleine nuit du mont Fuji, les soirées karaokés, le nouvel an (soirée exceptionnelle pleine de folies où on a suivi la tradition pour aller prier à 7h du mat avec tout le monde qui rentrait de soirée, les familles, l’ambiance était super), mes relations avec certains de mes élèves, ma soirée d’anniversaire, la découverte des autres régions du Japon comme Kyoto et Hiroshima, les restaurants d’okonomiyaki, les sushis dont je me gavais, les après-midi au sentos… et j’en passe !
Une chose assez étrange qui m’a manquée, c’est l’absence de débats et la certaine retenue des Japonais face à un conflit ou une différence d’opinion. Au Japon, les gens sont très aimables et il est difficile de hausser le ton sans que ce soit pris pour une possible agression. En France, c’est bien connu, on adooore râler. Quand on n’est pas content, on le dit, quand on n’est pas d’accord, on le fait savoir aussi. C’est là toute la différence. Au Japon, culturellement on garde ses sentiments ou ses idées pour soi, et si on n’est pas d’accord, on ne le dit pas forcement. Le débat est trop souvent absent, occulté sûrement par la politesse et la volonté d’éviter tout conflit. La notion de groupe prend un peu le pas sur la pensée individuelle parfois encore. Cela signifie qu’il est très dur de savoir exactement l’opinion de quelqu’un ou si la personne est d’accord ou pas d’accord et surtout il est quasi impossible de débattre sur un thème. J’adore parler, débattre et poser des questions, entendre des avis différents et échanger des idées, sans pour autant vouloir convaincre à tout prix la personne en face, ni faire dégénérer la conversation en baston ! A moins de connaitre vraiment bien la personne, c’est difficile d’établir un tel contact au Japon. Un petit détail qui m’a manqué !
Le fait de ne pas pouvoir exprimer exactement ce que je veux, aussi. Encore une fois, la barrière de la langue est un vrai obstacle. Le fait de ne pas pouvoir expliquer bien au pharmacien ce que l’on recherche par exemple ou de toujours devoir demander à un Japonais de passer un coup de téléphone pour moi, ou de m’accompagner à la banque pour expliquer à ma place, c’est contraignant !
J’ai rencontré des gens incroyables qui m’ont ouvert les portes d’une culture unique et m’ont fait participé à des événements locaux, m’ont entrainée dans des endroits emprunts maintenant pour moi de souvenirs inoubliables. A Tokyo, des petits détails font toute la différence. Le sentiment de sécurité ne m’a jamais lâché. La mode me permettait de m’habiller comme je le souhaitais sans aucune crainte de regards moqueurs ou de jugement (de la mini-jupe à la salopette bleue). Tout simplement, je me suis ouverte à une culture, à un mode de pensée diffèrent. Et puis je me sentais libre. Comme tout nouveau départ dans un lieu nouveau, avec des gens que je ne connaissais pas avant, on peut recommencer sur des bases nouvelles, avec une liberté de choix et de mouvement, et une absence de contraintes liée à la famille ou au décisions « normales » qu’on devrait prendre en France.
Une fois à Paris, ce sentiment ne m’a pas quitté. Et même encore maintenant j’y repense tout le temps. Mais je sais que c’était la meilleure chose à faire. Une fois rentrée, je savais que j’y retournerai mais j’avais besoin de travailler un peu d’abord et économiser (car un retour précipité en période de crise comme celle là, ça coûte un bras !)
J’y suis retournée au bout de trois mois.
Temporairement, c’est sûr que oui et c’est d’ailleurs un projet que j’aimerais concrétiser, si possible, dans les mois qui viennent.
Définitivement, non. Le Japon je l’adore mais je reste lucide sur le fait que la mentalité, la culture, et les modes de vie sont profondément différents et ne correspondent pas forcement à la façon dont j’ai envie de vivre ma vie. Le poids des traditions, le respect des règles, le système d’éducation surtout pour l’école du soir, les règles de famille et de la vie de couple, l’ultra politesse partout qui, à force d’en avoir trop perdent leur valeur, la hiérarchie qui existe partout, au travail et entre chaque personne, le regard porté aux étrangers parfois, il y a beaucoup de choses ancrées dans la culture japonaise qui, en l’espace d’un an ne m’ont pas dérangées (et m’ont même parfois amusées), mais qui peuvent être difficile à adopter dans sa vie quotidienne sur du long terme, surtout de la part d’un « gaijin » et je pense que ça deviendrait un frein si je décide de m’y installer définitivement… Je dis tout ca pour expliquer le fait qu’il peut être difficile de s’installer au Japon. Mais il y a évidemment des cotés géniaux à y habiter. Et ce sont ces raisons qui me poussent à vouloir y retourner au plus vite. Je ne passerai pas chaque jour à chercher un moyen de repartir là-bas si ce n’était pas le cas. C’est juste que chaque endroit a des avantages et des inconvénients.
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Amoureuse des Etats-Unis, de l'Utah et du voyage en train, j'ai passé 7 mois à Montréal en 2010, et j'en ai profité pour découvrir la Nouvelle-Angleterre en long, en large et en travers !
Mon coup de cœur avec Montréal date de 2008, et d'un mois estival là-bas... Depuis, je ne fais qu'y retourner !
J'ai réalisé deux tours des Etats-Unis (& Canada) en 2012 puis en 2014. Plusieurs mois sur les routes, c'est formateur... De retour à Montréal en 2019-2020 pour un PVT, avant de raccrocher !
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(7) Commentaires
Merci pour ce témoignage
Je cogite pas mal sur mon choix de destination pour mon 1er PVT et le Japon fait partie des destinations que j’envisage mais j’avais extrêmement peur de ne pas pouvoir trouver d’emploi sans parler japonais et du coût de la vie sur place mais à te lire ça semble gérable ???
Ca fait maintenant plusieurs fois que je lis ton témoignage, et à chaque nouvelle lecture ça me donne toujours plus envie de partir !!
Merci de faire partager ton expérience ! c’est vrai qu’on pense plus à des pays anglophones en général à cause de l’anglais !
c’est difficile d’apprendre le japonais ? tu as mis combien de temps avant de pouvoir te débrouiller un minimum avec la langue ?
Te lire était bien appréciable car je me retrouve plus dans ton profil que dans ceux que j’avais pu lire auparavant.
Tu as survécu (;p), et es heureuse de ton expérience.
Très motivant !
Merci bien 😉
Merci pour ton témoignage camille c’était très intéressant de lire tes différentes expériences au Japon. Tu a vraiment bien identifié ce que j’avais ressenti lors de mon court séjour là-bas. A te lire j’ai l’impression qu’il est facile de trouver un travail sur place du coup sa motive lol. Encore merci pour ce petit avant goût de Japon
Owi Owi la semaine après le tremblement de terre à surveiller les compteurs Geiger de l’université la plus proche 😉
Du coup tout le monde était devenu expert radioactivité: « alors tu vois chérie, si ça dépasse cette ligne, nous sommes morts »
On ne faisait pas les malins n’est-ce pas?
whouaw! J’ai eu l’impression d’y etre en te lisant!
Merci pour ton conseil! C’est exactement ce que j’avais besoin d’entendre..le lire n’est pas si mal non plus!;)
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