Ce qui manque aux Belges pendant un PVT

On ne va pas se le cacher, nous, les Belges, n’avons pas vraiment l’habitude de nous valoriser. Il est rare d’entendre des Belges dire qu’ils sont fiers. Fiers de notre pays, de notre histoire, de notre culture. Au contraire, il est plutôt commun de critiquer notre belle Belgique, certes avec beaucoup d’humour parfois. Entre notre propre record battu de jours sans gouvernement, la pluie, les nids de poule, l’administration et les infinités d’accents, il est vrai qu’il y a de quoi se plaindre… et de quoi rire. C’est donc avec beaucoup d’autodérision que nous, les Belges, parlons de notre plat pays.

Petit pays à la modestie parfois un peu démesurée, la Belgique regorge pourtant de nombreux trésors et d’une grande richesse. Les bandes dessinées, la capitale de l’Union Européenne, le trilinguisme officiel, notre Manneken Pis, le surréalisme, l’influence dans le développement du World Wide Web, le saxophone, nos fameuses expressions, les patins à roulettes mais aussi l’Atlas, le générateur électrique, ou même la théorie du Big Bang sont Made in Belgium. Alors, cette fâcheuse tendance à nous mettre dans l’ombre semble avoir révolté beaucoup de personnalités belges depuis des décennies déjà. D’ailleurs, nombreuses sont celles qui revendiquent leur belgitude et défendent haut et fort les couleurs de notre pays ! Jacques Brel, Antoine Wiertz, Angèle, le Grand Jojo, Benoît Poelvoorde, Eden Hazard, Jean-Claude Van Damme lui ont déclaré leur amour sans pudeur. Même Jules César le disait, « Horum omnium fortissimi sunt Belgae », « de tous les Gaulois, les Belges sont les plus braves. »

Je ne vais pas le cacher, j’ai fait longtemps partie de ceux qui ne voyaient aucun intérêt à la Belgique. Pourtant, après de nombreux voyages, je peux le dire, j’aime le monde mais j’aime aussi la Belgique. Et malgré ses petits défauts, je pense que nous sommes nombreux à réaliser, grâce au voyage, qu’au final, elle est belle notre Belgique !

J’ai donc invité d’autres voyageurs belges à me partager ce qui leur manque lorsqu’ils sont (plus ou moins longtemps) à l’étranger. Voici leurs réponses…

La nourriture

Les frites – que l’on parte 1 an, 3 mois, 10 jours, ou 1 semaine, la première chose que l’on fait en rentrant d’un voyage, c’est manger un bon pain frite (oui il y a même des études qui le disent). Ce moment à la friterie est même considéré comme le meilleur moment du retour de vacances. Et oui, on les aime nos frites !

Les sauces pour frites – parce qu’une frite sans sauce, ce n’est pas une frite. Alors, les sauces qui accompagnent nos savoureuses frites méritent, elles aussi, leur moment de gloire. La fidèle mayo, l’andalouse, la brasil, la samurai, et la cinquantaine d’autres sauces qui améliorent nos incroyables frites semblent beaucoup nous manquer à l’étranger.

Le chocolat – Pierre Marcolini, Godiva, Neuhaus, Côte d’Or… Quelle que soit notre préférence, le chocolat fait partie du quotidien des Belges, et pas pour rien ! Outre la teneur en cacao supérieure à tout autre pays du monde, nous avons la chance de compter parmi nous certains des meilleurs chocolatiers au monde. D’ailleurs, notre chocolat est protégé par le “Code pour le chocolat belge” pour assurer sa qualité. Alors qu’il soit en tablette, en truffe, en praline, ou en pâte à tartiner, le chocolat a pris une place très importante dans le cœur (et la culture) des Belges !

Les bières – probablement la première chose à laquelle on pense quand on dit “Belgique”. Avec plus de 2 500 bières belges, cette boisson fait partie intégrante de la culture, que l’on en consomme ou non d’ailleurs. Elle fait même partie de la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Et bien que la bière soit l’une des boissons alcoolisées les plus ancienne et probablement présente dans chaque culture, il n’y en a pas d’autres comme les belges.

Les chips paprika – les chips préférées des Belges (suivies de poivre et sel, et de bolo). J’ai longtemps cru que le goût paprika était universel. Malheureusement, ce n’est pas le cas et il est très difficile de trouver cette saveur à l’étranger. Même mes cousins français me demandent de leur ramener nos fameuses chips quand je vais leur rendre visite ! Pour une dose supplémentaire de belgitude, c’est surtout les chips Croky qui nous manquent.

L’américain préparé – étalé sur une baguette avec de la mayo et des petits oignons. La viande crue ne fait pas l’unanimité à l’échelle mondiale et cette spécialité belge que l’on retrouve partout chez nous semble être inexistante ailleurs. Certains pays proposent tout de même le steak tartare qui y ressemble mais il reste difficile d’en trouver.

Les gaufres – autre spécialité belge par excellence, vous retrouverez de nombreux restaurants fiers de pouvoir vous proposer des gaufres belges. Malheureusement, ces dernières seront bien souvent à des années lumières de celles que nous connaissons, accompagnées de poulet et de sirop d’érable. Oubliez donc le sucre perlé des gaufres de Liège et la légèreté des gaufres de Bruxelles… À l’étranger les gaufres sont plutôt denses et parfois au goût de levure prononcé. Donc même si la gaufre fait moins partie de notre quotidien que les autres spécialités belges, elle finit, à un moment donné, par tout de même nous manquer.

Le spéculoos – ce petit biscuit a une place bien précieuse dans notre cœur belge. Bien plus que le goût, le Spéculoos, c’est le café du dimanche en famille, celui qu’on trempe et qui fond sur notre langue. Le Spéculoos, c’est le matin de Saint Nicolas, c’est le souvenir de notre enfance. Donc bien qu’il commence à conquérir le cœur du monde, le Spéculoos peut nous faire voyager dans nos souvenirs et nous rendre nostalgique de bien d’autres choses.

Le chicon – il ne fera sans doute pas l’unanimité mais personnellement, je ne regrette pas les 30 $NZ dépensés pour 5 chicons ! Braisés, en salade, ou le chicon gratin, autant de saveurs qui manquent à nos papilles pendant un long séjour à l’étranger.

Le pain – s’il y a bien une chose qui unit beaucoup d’Européens, c’est notre amour du pain. Faire du pain en auberge, c’est comme faire du bonheur à partager. Et bien que chaque pays ait son propre pain, il est difficile de remplacer notre pain à nous, les Européens.

La raclette – à l’aube de l’hiver, quand les températures se rafraîchissent, une seule et unique chose peut venir réchauffer nos cœurs… la raclette ! Malheureusement, rares sont les pays où vous pourrez satisfaire cette envie.

La charcuterie – fidèle accompagnatrice des baguettes et de nos temps de midi, nous avons la chance d’avoir accès à de la charcuterie de qualité. Entre nos charcuteries belges, les charcuteries de nos voisins les Français et Hollandais, ou encore celles d’Espagne ou d’Italie, nous pouvons nous considérer comme gâtés.

La culture, nos normes et attitudes

Le carnaval – le claquement des sabots sur les pavés, le battement des tambours, le son des trompettes et des clarinettes… En période de Mardi Gras, les airs des Gilles de Binche résonnent en boucle dans ma tête. Si je le peux, je m’achète même des oranges sanguines pour accompagner la petite nostalgie qui m’envahit. Quel que soit le carnaval qui vous fait vibrer, je suis persuadée de ne pas être la seule ressentant ce petit pincement au cœur.

Les festivals – Werchter Rock Festival, Dour, Pukkelpop, les Ardentes, sans oublier l’incroyable Tomorrowland. Les festivals, petits ou grands, rythment nos étés et peuvent beaucoup nous manquer.

L’Europe – pouvoir se rendre en France, au Luxembourg, en Allemagne, au Pays-Bas, ou même en Angleterre en moins de 3 heures de voiture, c’est un des avantages de notre petit pays. En quelques heures seulement, nous pouvons nous retrouver dans une autre culture, entendre une autre langue, se confronter à d’autres habitudes, découvrir de nouveaux paysages, apprendre une autre partie de l’Histoire. Certes, nous faisons tous partie de l’Europe, mais il y a une telle diversité que nous avons peut-être été poussés à nous tourner vers les autres, à nous intéresser à la différence. D’ailleurs, la Belgique même s’est construite au travers de la diversité. Notre histoire implique et mélange nos pays voisins. Et qu’en est-il de notre trilinguisme ? Le néerlandais ne m’a peut-être jamais intéressé en secondaire, mais en voyageant, je le trouve tellement intéressant. Et quelle chance, d’ailleurs, d’avoir cette diversité linguistique au sein d’un si petit pays !

La convivialité – les moments partagés, les moments de qualité, l’accueil. Autour d’un petit verre, d’un paquet de frites ou d’un café. À travers la complicité, les débats, les moments d’aventures, ou les questionnements plus ou moins existentiels. D’ailleurs, les études montrent que, dans tous les domaines de vie, les Belges valorisent leur famille et leurs amis bien plus que tout autre chose. Chez moi, on disait souvent, s’il y a assez pour 1, il y a assez pour 10. Il y a toujours de la place pour un invité surprise. Alors… allez venez boire un p’tit coup à la maison !

La fête – peut-être est-ce à cause des carnavals et festivals, mais nous les Belges, avons la belle réputation de faire la fête comme jamais. L’ambiance aux concerts, les guindailles à Louvain la Neuve, les belles terrasses d’été, ou simplement les repas entre amis, nous les Belges, savons comment nous amuser… Malheureusement, nos attentes peuvent donc être assez élevées et nous pouvons parfois, ou souvent, être déçus des soirées à l’étranger.

L’éthique et les droits

L’accès et la qualité des soins de santé – vivre dans l’anxiété de devoir débourser des sommes astronomiques si quelque chose nous arrive ne devrait, selon moi, même pas exister. Malheureusement, ceci est une réalité dans de nombreux pays. En voyageant, je me suis rendu compte de la chance que j’avais de pouvoir être prise en charge en cas de besoin. En plus de cette facilité d’accès, la qualité des soins de santé est particulièrement reconnue.

L’accès à l’éducation – pour les voyageurs de longues dates ou les expatriés, l’accès à l’éducation peut parfois poser problème. En Belgique, nous avons la chance d’avoir un système éducatif peu coûteux et il existe également beaucoup de possibilités de formation.

L’éthique – bien que cela reste abstrait, certains questionnements éthiques et droits que nous avons en Belgique manquent à certains voyageurs. La simple idée de savoir que l’on a une liberté de décision et une autonomie sur notre propre corps en rassure plus d’un. Ici, je parle notamment de l’avortement, les droits LGTBQIA+, la procréation médicalement assistée et l’euthanasie. Les études montrent que bien que ces domaines peuvent toujours créer débats dans certains pays, ils sont bel et bien présents dans nos normes.

Conclusion

Si voyager m’a montré que d’autres modes de vie me correspondaient probablement plus que le mode de vie belge, il m’a aussi permis d’apprécier mon pays. Grâce aux voyages, je vois la Belgique sous un autre angle. Je vois ses accomplissements, ses grandeurs, son histoire. Je vois les belles choses que nous avons ainsi que la chance que j’ai d’avoir grandi dans ce pays. Le voyage m’a appris à être fière de ma petite Belgique et puis aussi, à l’aimer ce petit pays, au grand esprit.

Et vous alors, qu’est-ce qui vous manque de la Belgique quand vous êtes à l’étranger ?

p.s. : si comme moi, vous êtes ailleurs et que la Belgique vous manque peut-être un petit peu, je vous invite à regarder cette petite vidéo…