Le 9 novembre 2021, mon arrivée au Canada, je m’en souviens comme si c’était hier, et en même temps ce moment me paraît si loin.

2 ans de PVT au Canada : un avant et un après

Pendant ces 2 ans, j’aurais beaucoup évolué, fait d’incroyables rencontres, découvert de superbes paysages, pleuré, grandi, ri, mais surtout aimé.

Le Canada, quant à lui, je l’ai autant détesté qu’adoré. Mais à la fin, ce qu’il reste, c’est ce qu’on veut bien garder. Il ne restera donc que le positif et les moments de joie.

Si je devais aborder le sujet de la santé mentale (un sujet primordial pour moi et qui n’est pas à sous-estimer dans ce genre d’expériences), je crois qu’au Canada je suis descendue au plus bas. Mais c’est aussi ici que j’ai cherché et, je pense, trouvé les clés pour atteindre le plus haut. C’est finalement ici que je plante les racines de ce que je souhaite être ou de ce que je suis déjà. Cela explique sans doute pourquoi il est si difficile de prendre la décision de partir.

Beaucoup disent que le voyage vous change, je préciserais tout de même que le voyage, le PVT, ne vous change pas en claquant des doigts mais il accélère ce qui est en vous, il vous révèle. Si vous avez envie de ne rien en faire pour vous, il risque de ne pas se produire de grandes transformations (ce qui n’est ni bien ni mal en soi).

Quand vous vivez une expérience comme le PVT, vous devez apprendre à vous écouter, à vous faire confiance. Pour que les choses se déroulent comme vous le souhaitez ou au contraire quand les choses ne se passent pas comme prévues, vous devez réunir toutes vos forces. Vous serez amené à vous ouvrir à de nouvelles personnes, qui viennent de tous horizons, des personnes dont vous n’auriez parfois jamais croisé la route dans un autre contexte. Vous apprendrez à vous valoriser et à être fier de tout ce que vous avez découvert et accompli. Vous n’aurez plus les habitudes qui vous enferment dans un cadre qui peut-être ne vous convenait plus au fil des années. Loin des siens on devient finalement soi. Et quand l’entourage est aussi précieux que le mien, le soi est toujours le bienvenu.

Réflexions sur le retour : des sentiments contradictoires

Jamais je n’aurais imaginé que ce soit si dur de prendre la décision de partir du Canada. J’avais toujours vu mon expérience au Canada comme une parenthèse. Mais aujourd’hui, à l’approche du départ, je suis si triste que je me demande pourquoi je souhaite partir.

Pourquoi j’ai envie de rentrer alors que j’ai si peu envie de quitter mes proches sur place ? Je crois que parfois la seule réponse est l’instinct. Comme souvent, pour moi en tout cas, c’est lui qui prend le dessus.

Je ne me vois pas construire ma vie au Canada mais pourtant j’y laisse une partie de moi, j’abandonne certainement une version de moi pré-PVT et je laisse un bout de mon cœur dans les mains de toutes ces personnes qui me sont devenues si chères.

Je suis d’un naturel assez sociable et je crois qu’on peut dire que de manière générale j’aime les gens. Mais je dois avouer que quand je suis partie au Canada, je me disais « je m’en fous, j’ai déjà des amis incroyables en France, je sais que les suivants ne compteront pas autant ». Il faut dire que je partais par amour, et donc accompagnée, et qu’à ce moment-là la priorité n’était pas les autres (malheureusement peut-être). La claque que je me prends quand rien que l’idée de quitter ces nouvelles personnes me déchire le cœur.

Je reste tout de même convaincue qu’un retour réussi est un retour préparé. En effet, je pense qu’il faut avoir des projets et des objectifs pour ne pas constamment regarder en arrière mais être stimulé par ce qui nous attend.

Pour ma part, j’y songe déjà donc depuis plusieurs semaines, je vais retrouver mes proches qui sont incroyables et qui savent que le retour risque d’être un chamboulement, je vais partager un appartement avec deux de mes meilleurs amis, retrouver une région que j’aime tant, je conserve mon travail que j’adore et j’ai des projets plein la tête, que ce soit de voyages ou d’activités au quotidien. C’est plutôt pas mal !

Une question me reste pourtant, comment me projeter vers l’avenir alors que j’ai si peur de regarder en arrière et de regretter mon choix ? Un ami, qui a vécu l’expérience du PVT et du retour, me conseille tout simplement de ne pas me laisser l’option de regretter. Vivre le retour est déjà difficile, il ne faut pas en plus se persuader à l’avance qu’on prend peut-être la mauvaise décision alors que nous ne sommes même pas encore rentrés. C’est un nouveau voyage, de nouveaux projets, une nouvelle dynamique. Si un retour au Canada devait se faire, ce ne serait pas un retour en arrière mais un nouveau voyage.

De toute façon, malgré mes peurs et mes angoisses, je ne peux m’empêcher d’écouter cet instinct qui me suggère de rentrer. Puis quand j’y pense, je suis partie au Canada il y a 2 ans parce que j’ai écouté cet instinct et il ne s’est pas trompé, je n’ai jamais regretté. Et puis, je ne quittais pas la France parce que je n’aimais pas ma vie, je l’adorais déjà.

Alors pourquoi je ressens tant d’émotions tout d’un coup ? Si je relativise, je sais que j’y reviendrai pour revoir les personnes qui me manqueront. Et on ne va pas se mentir, en vivant à Montréal, tous mes amis sont français. Je leur prépare juste le terrain avant qu’ils se décident un jour, eux aussi, à rentrer.

Finalement, on se construit une dynamique qui nous convient, on s’entoure des gens qu’on choisit et on suit sa voie, peu importe où on se trouve.

Je crois que j’écris ce récit pour éclaircir mes idées mais aussi pour partager mes ressentis à des personnes qui potentiellement vivraient les mêmes émotions. On a souvent l’impression que les gens qui font des choix sont des personnes sûres de leurs décisions. Mais je crois plutôt que ce sont des personnes qui acceptent de prendre le risque de se tromper. Alors si vous êtes vous aussi dans le doute, que ce soit pour un départ, dans un sens ou dans un autre, sachez qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais choix. Par contre, c’est toujours un risque d’être déçu ou au contraire d’ouvrir la porte à des événements qu’on aurait jamais imaginé. L’important c’est de savoir ce que vous allez en faire 🙂

Le 27 juin 2024, la date choisie pour le départ, je ne verrai sûrement pas grand-chose, les larmes plein les yeux, mais je sais déjà que j’en ressentirai chaque seconde.

Marie

En PVT au Canada de novembre 2021 à 2023, je répondrai à vos questions avec plaisir. Après un road trip en Amérique latine (Colombie, Bolivie, Pérou, Guatemala), je suis rentrée en France en juin 2024.

On a Working Holiday Visa in Canada from November 2021 to 2023, I will gladly answer your questions. After a road trip in Latin America (Colombia, Bolivia, Peru, Guatemala), I returned to France in June 2024.

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(2) Commentaires

Jackson I |

Trop beaux tes mots, merci marie d’avoir partagé

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Marie I |

Merci beaucoup Jackson ! 😀