L’élément déclencheur qui m’a poussée vers le PVT
De janvier à avril 2022, je suis partie en Belgique ne pensant pas que j’allais vivre autant de choses dans un laps de temps si restreint. Ne pensant pas que j’allais littéralement tomber en amour avec un pays. J’ai visité 11 pays en Europe, mais c’est la Belgique qui m’a tant fait vivre et vibrer intérieurement. Je me suis trouvée, j’ai rencontré énormément de gens qui sont gravés à jamais dans mon cœur.
De retour au Québec, je sentais un vide, une distance entre moi et mes proches étrangement. J’avais si changé en si peu de temps. Je ne pensais pas que c’était possible. Tout comme le fait que j’ai eu le mal du pays pour la Belgique. C’était alors une évidence : je dois y retourner. Et quand j’ai quelque chose dans la tête, difficile de me l’enlever. J’ai alors pris rendez-vous au centre de visa sans en parler à personne. Je suis arrivée tout bonnement à ma mère : « Je dois être à Montréal le 28 juin… J’ai rendez-vous pour déposer une demande de visa pour la France ».
Choisir les Flandres
belgesfrançaises« Mais pourquoi la France et non la Belgique ? ». Simplement parce que c’était plus avantageux pour moi. Après comparaison, le PVT France est gratuit, pour une durée de 2 ans. Tandis que le PVT Belgique est au coût de plus ou moins 500 euros pour 1 an maximum. C’est ainsi que j’ai décidé de m’installer dans les Flandres françaises, à Lille. À savoir que mon but, c’est d’y rester sur le long terme.
1er trimestre : retour dans ma vie parallèle
Septembre, octobre, novembre
J’aime bien dire que j’ai deux vies qui sont parallèles : celle en Europe et celle au Québec. Arrivée sur Paris, c’était comme si je n’avais jamais quitté le vieux continent. Comme si en un clignement d’yeux, j’étais déjà de retour malgré 4 mois passés au Québec. Je vais toujours me rappeler de la réceptionniste de mon auberge de jeunesse qui m’a demandé où j’allais. Je retournais sur Bruxelles après ces quelques jours dans la capitale française. Elle m’a dit tout bonnement : « Ah ! Vous retournez à la maison ? ». Je suis restée figée, surprise. Mais je me suis dit que c’était probablement un signe de la vie : je retournais réellement à la maison.
Le premier mois sur Lille, j’avais pris une chambre chez l’habitant. Je restais chez une gentille Lilloise qui a été d’une grande aide. Pendant ce mois, j’étais en recherche active d’un emploi dans mon domaine, qui est la communication. Il fallait que je trouve un employeur qui allait bien vouloir me garder après mes 2 ans. J’ai passé beaucoup d’entretiens, rencontré beaucoup de personnes intéressantes. Tous venaient à la même conclusion : j’ai une superbe personnalité, mais je n’ai pas assez d’expérience. Ça m’a beaucoup découragée. Comment pouvais-je créer mon expérience si personne ne donnait ma chance ?
Refus après refus, le mental n’était pas à son apogée, mais j’avais quand même cet espoir de réussir. Je savais au plus profond de moi que quelque part, quelqu’un allait me donner ma chance. En plus, ajoutons à cela la recherche d’une colocation. Je suis finalement tombée sur une personne humaine et compréhensive de ma situation. Elle ne m’a demandé aucun papier, elle m’a juste dit : « Je te fais confiance ». Le 10 octobre 2022, j’ai enfin emménagé dans mon nouveau chez-moi, le premier depuis pratiquement 1 an.
Vivre d’amour et d’eau fraîche
Le mois d’octobre a été un mois d’adaptation dans mon nouveau lieu. Je passais encore énormément d’entretiens. Fin octobre, je suis partie spontanément en road trip avec un inconnu en Belgique. Nous n’avions pas de logement arrivé sur Bruxelles, c’était juste l’aventure totale dans mon pays d’amour. Je ne sais pas si c’est l’euphorie du début d’être avec quelqu’un de nouveau, mais étonnamment, ça été vite fusionnel avec cette personne. Nous nous sommes même rendus jusqu’à Namur pour une petite fête d’Halloween chez mes amis.
Novembre a été doux. J’ai passé beaucoup de temps à Dunkerque avec cet inconnu, devenu rapidement quelqu’un pour moi. J’avais tout de même cette perpétuelle préoccupation, celle de la recherche d’emploi sans fin. Je devais lâcher prise, continuer à chercher sans tomber dans l’obsession et la frustration. Je continuais à croire en moi, en mon rêve malgré tout. Avec tout ce stress que je pouvais ressentir, ce dit inconnu a été un petit baume pour mon cœur. J’imagine que cette douceur que j’ai eue provenait de là. J’ai également été à Paris un week-end, rejoindre ma mère qui y était pour le travail.
2e trimestre : se ressourcer dans son pays d’adoption
Décembre, janvier, février
Un bon vendredi matin de décembre, je me suis dit : vais-je être fière de moi d’être restée à la maison à ne rien faire ? Si j’avais dû revenir au Québec parce que je ne trouvais pas d’emploi, je ne pense pas que je l’aurais été. Ce n’est pas en attendant chez soi que les choses bougent. J’ai alors pris un billet de train direction Gand, sur un coup de tête. L’argent revient, mais le temps non. J’avais cette envie de m’évader, de fuir. Sur le chemin vers la gare, j’ai eu un appel pour un entretien. Le mardi d’après, je me lançais aveuglément dans un nouvel emploi : assistante administrative et communication pour une boîte de prêt-à-porter pour femme. Un peu naïve, je n’ai pas fait attention aux potentiels « red flags ». Tout était beau, tout était rose, mais je me suis vite rendu compte que ce n’était qu’une illusion…
Arrivent les fêtes de fin d’année. Au début, ça peut faire peur de penser qu’on sera seul pour cette période joyeuse et festive, je l’avoue. Heureusement, j’étais bien entourée. Je vais toujours être reconnaissante envers ce dit inconnu avec qui je suis partie en Belgique. Grâce à lui, j’ai passé un beau week-end de Noël. J’ai pu découvrir des classiques de la nourriture française, entre autres. Pour le jour de l’an, j’ai été retrouver une de mes meilleures amies en Belgique, à Namur. C’est probablement un de mes plus beaux souvenirs que j’ai ici. Tous expatriés, nous nous sommes rassemblés pour fêter la nouvelle année, loin de notre famille. Au final, je n’ai jamais été aussi bien entourée pendant cette période que je redoutais.
Retrouver l’amour de ma vie
Janvier, mes parents sont venus me rendre visite. Je leur ai fait découvrir mon nouveau coin de pays. Malheureusement, mon petit cœur a eu mal au cours du mois. Je perdais un énorme repère dans ma vie en France. En plus d’avoir un job qui ne m’épanouissait pas, ça n’a pas été un moment très facile. J’avais également une de mes colocs qui nous quittait, je perdais donc un autre repère ici. Je sors heureusement toujours le positif de tout, et comme maman dirait : « Mets ça dans ta petite poche à expérience ». De là, j’ai été me ressourcer dans ce pays qui m’a fait tant vibrer, cette place que j’aime d’un amour inconditionnel : la Belgique.
Février, maintenant 2 mois que je travaille pour cette boîte peu épanouissante à environnement toxique. Je me suis vite rendu compte qu’on m’avait fait avaler de belles paroles, qu’on m’avait vendu du rêve si on veut. Malgré tout, je me disais que j’étais dans une bonne position : j’avais un emploi, je savais payer mes factures. Malgré cela, je voyais bien que la société ne tournait pas rond et que je devais la quitter au plus vite. Sachant faire une distinction bien claire entre ma vie personnelle et professionnelle, je profitais tout de même pleinement de mon temps libre, tout en gardant ma joie de vivre. Ma nouvelle coloc m’a aussi apporté un vent de fraîcheur.
3e trimestre : quand tout s’effondre pour laisser place à quelque chose de mieux
Mars, avril, mai
Mars, l’angoisse se faisait de plus en plus ressentir. J’étais toujours à la recherche d’une nouvelle opportunité professionnelle. Heureusement, j’avais des collègues avec qui discuter à distance. On se donnait un support mutuel. Autrement, je profitais bien de mes week-ends en Belgique avec les colocs, comme j’aime les surnommer. Ma mère est venue à Namur, au courant du mois, pour le travail. À savoir que c’était sa première fois dans ce pays. J’étais si impatiente qu’elle puisse enfin rencontrer mes amis (un peu la famille ici) et l’amour de ma vie, Bruxelles.
En avril, je sentais que je coulais de plus en plus avec le bateau. Comme de fait, la boîte pour laquelle je travaillais est tombée en liquidation judiciaire à la fin du mois. Mon rêve s’est écroulé en un claquement de doigt. Je pensais devoir y renoncer. Je n’ai jamais autant pleuré, je me trouvais stupide d’avoir accepté ce job, de ne pas être partie plus tôt du moins. Je pensais que je sabotais mon propre rêve.
S’en est suivie une vraie galère. Selon le mandataire judiciaire, pas de sécurité sociale, pas de prise en charge pour le salaire. Je perdais alors 2 mois de salaires, mes jours de congés payés, des primes… Ce n’est que de l’argent, certes, mais j’en avais besoin si je voulais rester en France. Surtout que j’anticipais à nouveau la recherche d’emploi. Donc, j’allais être encore un moment sans revenu. Je me répétais : je finis toujours ok malgré tout. C’est lorsque que tout s’effondre que quelque chose de mieux nous attend derrière, et cette expérience m’a prouvé la véracité de cette affirmation.
La fin ?
Ainsi, je pensais que le mois de mai était la fin. Revirement de situation : j’avais envoyé une candidature spontanée en décembre dernier, proposant d’écrire sur le PVT France. 6 mois plus tard, « Nous sommes aujourd’hui intéressés par ta candidature ». Mi-mai, j’ai alors commencé ce nouvel emploi en freelance : rédactrice web. Les choses ont fini par s’aligner avec les étoiles et à faire du sens. J’ai trouvé une solution avec le mandataire judiciaire, avec l’aide du ministère de l’Intérieur. Je croyais que c’était la fin quand ce n’était que le début. J’ai également soufflé ce mois-ci ma 24e bougie entourée des gens les plus importants dans ma vie ici, dans mon pays préféré.
4e trimestre : tout fait du sens
Juin, juillet, août
Je crois que juin a été l’un des plus beaux mois. Je vivais littéralement dans deux pays. Je passais des semaines entières en Belgique. Un week-end, j’ai eu des petites retrouvailles avec des amies à Bruxelles. Celles avec qui j’avais tant vécu en si peu de temps. Avec qui je partage quelque chose de précieux dans cette ville magique à mes yeux, une amitié sincère. Parce que Bruxelles est pour moi la ville de l’amour, je devais forcément rencontrer quelqu’un avec qui j’allais partager beaucoup de bons temps.
J’ai également partagé de chouettes moments avec une nouvelle expatriée sur Lille. Je n’ai jamais cherché à être en contact avec des gens de ma nationalité ici. Toutefois, je sentais que je devais être là pour elle, la prendre sous mon aile si on veut. Même si la vie l’a amenée dans une autre ville, il y aura toujours un lien entre nous, car on se comprend entre expatriés.
Juillet a été le mois du Québec. Quand on s’expatrie, on peut s’attendre à ce que certaines personnes en particulier viennent nous rendre visite. Étonnamment, ce seront les personnes que vous attendez le moins de voir qui feront le voyage. Une amie de longue date, que je voyais très peu souvent, est venue me rendre visite avec son copain. Ça été un week-end court et rapide, mais de qualité. Le 21 juillet est un jour qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. Une journée significative, car c’était la fête nationale belge, mais également parce que j’étais à Bruxelles avec mes deux meilleurs amis du Québec. Nous sommes arrivés à la cathédrale St-Michel-et-Gudule et comme par hasard, la famille royale était là. Un peu groupie, j’ai pu leur serrer la main. Comme quoi Bruxelles ne s’arrête jamais de me faire vivre des choses.
Le dernier chapitre de cette année
Août, dernier mois de ma première année en France. Une année qui est passée extrêmement vite. Je me rappelle que je me disais : 2 ans, j’ai le temps. En fait, non. Je n’ai pas vu passer le temps. Je pensais également que ça allait être facile, étant donné que j’étais déjà partie une première fois. La vie nous réserve plein de surprises. J’ai rencontré des gens qui ont pris une place importante dans ma vie. Tandis que d’autres n’étaient là qu’un bref instant pour m’enseigner quelque chose. Le mois d’août ne fait que commencer et je sais déjà qu’il me réserve plein de belles surprises, dont un week-end à Budapest.
Ce que j’en conclus après 1 an
Est-ce que le Québec me manque ? Pas du tout. Ça peut paraître égoïste, mais c’était une évidence que je devais être ici. Malgré que j’ai souvent pensé que rien n’allait et que je devais abandonner, que je pédalais dans le vide. Mais finalement, je suis ok et j’ai bien fait de croire et d’avoir confiance en moi. Après avoir fait ce bilan, sans trop rentrer dans les détails, je me dis que j’en ai vécu des choses. Je n’avais pas prévu une recherche d’emploi si longue, une peine de coeur, une liquidation judiciaire.
Aujourd’hui, avec du recul, je suis reconnaissante d’avoir expérimenté ces choses et je ne changerai rien à mon parcours même s’il est imparfait. Il y a tout de même eu beaucoup plus de positif que de négatif, des souvenirs que je vais chérir encore longtemps. Je ne regrette pas du tout d’avoir fait ma demande de PVT sur un coup de tête. Ce que j’en conclus, c’est que je n’ai jamais été aussi heureuse de vivre autant proche de ma ville préférée, d’avoir des amis en or et d’avoir enfin un job que j’aime. Par dessus tout, je vis la vie que j’ai toujours voulue.
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