Est-ce que vous connaissez le blues des 3 mois ?
Moi, j’en avais vaguement entendu parler. Un terme qui revenait parfois dans les conversations de voyageurs, sans que je m’y attarde vraiment. Et puis un jour, sans prévenir, il m’est tombé dessus.
Alors aujourd’hui, j’avais envie de vous raconter mon blues des 3 mois de voyage, dans l’espoir que ce récit puisse vous aider à l’anticiper, à mieux le comprendre ou simplement à vous sentir moins seul le jour où il viendra frapper à votre porte.
Le grand départ : un rêve qui devient réalité
Je suis partie faire un PVT en Colombie, un pays dont je rêvais depuis des années. J’ai préparé mon départ plusieurs mois avant : demande de visa, mise en location de ma maison, suspension de mon crédit, réservation des premiers logements, organisation de l’arrivée… les mille détails qui précèdent un grand saut.
Puis enfin, le jour du départ est arrivé. Ce moment où tu fermes la porte derrière toi, avec cette sensation étrange : tu laisses une vie entière pour en commencer une autre.
L’excitation était à son comble. Le projet devenait réel. J’y étais.
À lire :
Calendrier PVT Colombie : démarches et checklist avant le départ

Les premiers mois
Les premiers mois en Colombie ont été tout simplement incroyables. Tout était nouveau, tout était intense.
Les premières empanadas mangées sur le trottoir, les couchers de soleil qui te laissent sans voix, les fruits exotiques, les treks dans la jungle, les rencontres qui marquent. Chaque jour avait le goût de l’aventure.
Je me souviens m’être dit plusieurs fois : “C’est exactement pour ça que je suis partie.”
Et finalement, pourquoi est-on si heureux au début d’un voyage ?
Certaines études montrent que le voyage stimule la production de dopamine, de sérotonine et d’endorphines, créant un véritable cocktail chimique de bien-être.
Chaque nouveauté libère encore plus de dopamine, ce qui renforce l’euphorie et grave les souvenirs dans notre mémoire.
Pendant plus de trois mois, je me suis émerveillée de tout : les montagnes, les volcans, l’océan, les Caraïbes, les Andes, l’Amazonie… La Colombie m’a portée. J’en ai rêvé et je n’ai pas été déçue.
À lire :
PVT Colombie : mes premières impressions après 2 mois de voyage

Le changement de pays… et le début du blues
Puis est venu le moment de quitter la Colombie pour l’Équateur. C’était le plan depuis le départ : faire mon PVT en mode nomade.
Et là sans prévenir, le blues des 3 mois est arrivé. Progressivement, une fatigue profonde s’est installée. Sans même m’en rendre compte.
Changer constamment de logement, avoir peu de confort, pas de routine, enchaîner les bus, devoir toujours tout planifier où dormir, où manger, quoi faire…
Le voyage en mode nomade demande une organisation permanente. Chaque jour, il faut décider, anticiper, s’adapter. Et à la longue, cette charge mentale est devenue épuisante…
Quand l’émerveillement laisse place à la lassitude
Je suis arrivée en Équateur vidée, après plus de trois mois à m’émerveiller chaque jour, je n’arrivais plus à ressentir la même chose. Je me suis demandée si j’allais réussir à aimer ce pays. Si la flamme allait revenir.
À ça s’est ajouté un manque énorme : la famille, les amis, le quotidien partagé.
Et puis il y a ces détails qui finissent par peser : la nourriture française, la facilité de tout trouver, la simplicité du quotidien. Ici, parfois, il n’y a qu’un petit stand de rue, trois tomates, des pâtes et de l’eau. Et tu réalises à quel point ton confort “normal” te manque.
Le corps lâche avant l’esprit
Je voyageais avec mon copain et notre idée en Équateur, c’était de randonner. Alors on est partis pour un trek à plus de 3 000 mètres d’altitude.

Et là, mon corps a dit stop. Mal des montagnes, fatigue intense. Je pense que l’épuisement mental n’y était pas pour rien. Mon corps ne voulait plus avancer, et mon esprit ne voulait plus randonner.
En rentrant de cette randonnée, un chauffeur de taxi nous annonce qu’il y aura des manifestations à Otavalo et Quito, avec un risque d’être bloqués plusieurs jours à l’hôtel.
Se poser les bonnes questions
Je crois sincèrement que parfois, la vie nous envoie des signaux. Et quand le chauffeur nous a parlé des manifestations à Quito et du risque de rester bloqués plusieurs jours, ça a été comme un déclic. Ce n’était pas un message de plus, c’était celui qui venait s’ajouter à tout le reste. Et là, le message était clair : ce n’était pas le bon rythme, pas le bon endroit, pas la bonne manière.
Tout s’est enchaîné très vite. En deux ou trois jours à peine. Alors en rentrant de cette fameuse randonnée le soir, nous nous sommes posés et nous nous sommes demandés :
- Qu’est-ce qu’on veut vraiment vivre ?
- Comment retrouver la flamme ?
- Qu’est-ce qui nous fait vibrer, profondément ?
Voyager autrement : Ralentir pour mieux ressentir
Accepter que les “premières fois” soient derrière nous n’a pas été simple. Mais on a compris une chose : c’était normal, notre voyage devait évoluer.
Ce qui nous faisait vibrer, ce n’était pas de cocher des lieux sur une liste. C’était le surf, les rencontres, les échanges, le fait de s’ancrer quelque part. Alors on a ralenti.
À partir de là, notre voyage a complètement changé de direction. Nous sommes restés deux à trois semaines dans chaque spot de surf.
Petit à petit, nous avons appris à connaître les gens. Nous nous sommes fait des amis et nous avons intégré un peu du quotidien local.
La flamme des premières fois avait disparu, oui. Mais ce que nous vivions était différent, plus doux, plus profond, plus sincère.
On n’a pas vu les volcans les plus célèbres.
Mais on connaît les pêcheurs, les surfeurs, la boulangère, les serveurs, etc. Et aujourd’hui, c’est ça notre richesse, notre flamme, ce qui nous fait vibrer.
Le blues des 3 mois n’est pas un échec
Aujourd’hui, ça fait plus de six mois que nous voyageons. Et le blues du voyageur n’est pas revenu. Alors oui on a des coups de mou, des galères mais on se sent à notre place et on a rarement envie de rentrer.
Je crois que le blues des 3 mois n’est pas là pour gâcher le voyage. Il est là pour le réajuster.
Pour nous rappeler qu’on est fatigués. Qu’on a besoin de ralentir. Et qu’il n’existe pas une seule bonne façon de voyager.
Parfois, il ne faut pas changer de rêve. Juste changer la manière de le vivre.
