« Les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens des Incas et les Argentins des bateaux ! » – Proverbe populaire
L’Argentine est une nation aux racines profondément européennes, avec 90 % de sa population descendant principalement d’Italiens et d’Espagnols. La société argentine est très proche des cultures d’Europe du Sud (italienne principalement). Les traditions, la famille et le catholicisme ont une place très importante dans une société par ailleurs très chaleureuse, accueillante, prête à tout partager et à charlar (bavarder) pendant des heures et des heures. Elle se revendique d’ailleurs elle-même comme une “Europe d’Amérique du Sud”.
Un pays fondé sur l’immigration
L’immigration en Argentine constitue l’essentiel de l’histoire récente argentine. Depuis le milieu du XXe siècle, le pays a accueilli environ 6 millions d’immigrants et d’immigrantes, venant majoritairement d’Espagne et d’Italie. Durant cette période, la population du pays a été multipliée par dix. Cet afflux de population a façonné les générations actuelles et continue d’influencer la culture du pays.
Aujourd’hui, les migrants qui s’installent en Argentine, proviennent principalement des pays voisins comme le Chili et le Paraguay.
Les peuples autochtones en Argentine
Avant la colonisation européenne, l’Argentine était peuplée de nombreuses ethnies autochtones, par la suite décimées. Bien que l’Argentine se perçoive comme une nation aux racines européennes, les archéologues ont mis en avant le fait que le pays était habité depuis plus de 100 000 ans par des peuples natifs.
L’Argentine compte aujourd’hui 39 nations autochtones reconnues par l’État. On peut citer les Mapuches, les Aymaras, les Guaranis et les Chanes. Ces populations qui ont petit à petit perdu leurs terres et leurs droits n’ont pas été incluses dans le récit national. Les historiens qui ont étudié l’histoire de l’Argentine s’entendent pour dire que sa construction s’est faite par une soumission des peuples autochtones à travers des pratiques d’extermination progressive et systémique. Ils sont souvent perçus comme un problème, non comme une richesse.
Depuis 1994, la Constitution du pays reconnaît les droits des peuples autochtones et bien qu’il existe de nombreux instruments juridiques permettant la mise en place de lois protectrices et inclusives, le fossé demeure entre la théorie et la pratique.
En 2022, Human Rights Watch soulève les manques d’accès aux services de base dont sont victimes les populations des nations autochtones partout en Argentine, notamment concernant l’accès à l’éducation, aux soins, à la justice et à la terre.
Bien que n’ayant pas leur place dans le débat politique, elles se retrouvent au devant de la scène lorsqu’elles luttent pour leurs droits fondamentaux et pour protéger leurs terres. C’est notamment le cas dans le Noroeste où d’importantes exploitations de lithium sont en train d’être construites sur des terres leur appartenant. En réponse, elles ont organisé des manifestations et des blocages.
Moira Millan est une weychafe mapuche, cela signifie guerrière, combattante et gardienne de la vie et des territoires. Elle représente aujourd’hui le combat des populations autochtones en Argentine. Militante originaire de Patagonie, elle coordonne notamment le Mouvement des Femmes et des Diversités indigènes pour le Buen Vivir (Bien vivre, ensemble) et se bat contre el chineo (violences sexuelles, racistes et coloniales qui existent depuis la conquête espagnole contre les femmes des peuples autochtones).
Les gauchos
Les gauchos sont les gardiens de troupeaux emblématiques des vastes plaines argentines, les cowboys d’Amérique du Sud. Ils incarnent une figure centrale dans l’histoire de la culture argentine.
Cela étant dit, le terme générique de gaucho rassemble bien plus de spécificités qu’il en est décrit dans la définition succincte de ces personnes aux multiples casquettes. Il existe plusieurs types de gauchos, dont :
- Basquiano : guide militaire, expert de sa région, qui menait les troupes à travers des terrains difficiles.
- Chasque : coursier de la pampa, qui transportait les messages à travers les régions, l’ancêtre du facteur.
D’autres gauchos vendaient de la nourriture et de l’alcool, aidaient à retrouver des animaux, ou des personnes disparues puisqu’ils savaient lire les traces laissées au sol.
Deux sortes de gauchos sont toujours présents en Argentine :
- le domador : dresseur de chevaux.
- le resero : le cowboy argentin classique, responsable de mener le bétail à travers les plaines.
Pour ce qui est de la tenue vestimentaire, les gauchos avaient des bottes, un chapeau ou un béret, une ceinture et une arme qui était souvent un long couteau appelé le « facon » en plus des éperons.
Les droits des femmes aujourd’hui
Les luttes menées par les femmes au cours de l’Histoire résonnent toujours aujourd’hui. En témoignent les Madres y Abuelas de la Plaza de Mayo qui continuent de se réunir toutes les semaines sur la Place de Mai en hommage aux personnes disparues lors de la dictature des années 70. Ce mouvement montre la place centrale des femmes dans les luttes populaires actuelles.
Les Argentines ont un héritage féminin très fort, ce qui explique pourquoi leur situation vis à vis des hommes est plus égalitaire que dans la plupart des autres pays d’Amérique latine.
L’égalité n’est cependant pas encore atteinte et les combats des femmes en Argentine ne sont pas terminés. Elles sont notamment confrontées à des inégalités salariales et à des plafonds de verre dans l’éducation et sur le marché du travail. Elles sont sous-représentées dans des branches dites “masculines” (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques). De même, les hommes sont peu engagés dans des domaines dits “féminins” (soins, santé, éducation, nutrition).
Depuis 36 ans, lors du Encuentro Nacional de las Mujeres (Rencontre nationale des Femmes), des milliers de femmes argentines se rassemblent pour échanger leurs idées sur des thèmes économiques, sociaux et politiques. Cette rencontre implique également aujourd’hui la communauté LGBTQIA+.
En 2022, Amnesty International fait un bilan de la situation des femmes en Argentine. L’ONG souligne alors la persistance du contexte d’impunité pour un grand nombre de féminicides et d’agressions contre les personnes de la communauté LGBTQIA+. Elle souligne également la difficulté d’accès à l’avortement, notamment dans certaines régions plus isolées et la fragilité de ce droit est indéniable vu le contexte politique actuel.
Les droits des femmes et des minorités en période de crise en Argentine
La quarantaine pendant la pandémie du covid-19 fut une période particulièrement difficile puisque le nombre de féminicides a explosé. Des mesures exceptionnellement adaptées aux circonstances d’isolement ont été mises en place pour protéger et accompagner les femmes victimes de violences.
Durant cette période, les mouvements populaires et féministes organisent des résistances et des alternatives. Les femmes sont à l’avant-garde de ce processus. Elles assurent les soins, la santé, l’éducation de base, l’alimentation et l’agriculture familiale. Ce sont elles qui soutiennent l’économie.
Les périodes de crise dans un pays sont souvent l’occasion pour les droits fondamentaux acquis par les luttes populaires d’être remis en question. C’est particulièrement le cas aujourd’hui suite à l’élection du Président Milei, ultra conservateur, anti-IVG, transphobe et pro-armes. Lors de sa campagne, il s’est montré particulièrement virulent contre les populations autochtones, la communauté LGBTQIA+ et les femmes en général.
(4) Commentaires
Les rapports homme/femme en Argentine… tout un programme ! Sur mon blog j’en parle ici https://destinobuenosaires.blogspot.com.ar/2011/02/el-no-ya-lo-tenes-ou-hommes-femmes-mode.html
Dans la partie Danse et Musique, un petit mot sur les milongas s’impose. C’est le meilleur endroit pour découvrir ce que signifient danse et musique en Argentine yo creo que!
« Et l’infidélité – des hommes essentiellement – est grandement tolérée. » J’aime pas énormément cette phrase.
Je sais pas si c’est une femme ou un homme qui a écrit cet article mais ici en Argentine, quand on est un homme étranger, c’est tout le temps qu’on se fait draguer.
Et si vous croyez y échapper en disant « Non j’ai déjà une copine » c’est franchement assez régulier que la femme/jeune femme vous réponde « Moi aussi mais c’est pas grave ».
Donc ce ne sont pas juste les hommes qui sont infidèles. C’est toute la société.
C’est tout à fait vrai ! Il y a de l’infidélité de tous les côtés.
Néanmoins, j’ai rencontré beaucoup de familles où le mari avec maîtresses est considéré comme un dieu, un beau gosse, etc. La fille, même si c’est « toléré », aura plutôt tendance à le cacher au risque de se faire taper sur les doigts.
C’est donc plus la façon dont l’infidélité est mise en avance par chaque sexe dont je parlais.
Par ailleurs, la société argentine reste machiste et, ça, je peux le dire qu’on le ressent en tant que femme !
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