- Âge au début du PVT : 28 ans
- PVT : solo en septembre 2018 à Saskatoon (Saskatchewan)
- Domaine professionnel : Marketing et communication
- Activité professionnelle au Canada : Chargée d’affaires culturelles
- Économies en arrivant : 5 000 euros
Un choix de destination surprenant !
J’ai grandi et passé toute mon enfance à Marseille. J’ai vu la neige… une semaine quand j’allais au ski, et c’était pas tous les ans ! J’ai fait le salon du PVT à Paris en 2016. J’ai hésité entre partir en Argentine ou au Canada et je me suis dit : « Ok, je me donne jusqu’à mars pour être tirée au sort par le Canada et sinon, je pars pour l’Argentine ». *Rires*
J’ai réussi à avoir le PVT dans les premières rondes. Je suis partie en n’ayant aucune idée de ce qu’était le Canada, honnêtement. Quand j’ai été sélectionnée, j’ai commencé à m’intéresser aux différentes provinces. Je suis tombée sur un site où il y avait une vidéo de chaque province. Je partais dans l’idée où je voulais m’installer, pis je voulais quand même essayer d’avoir une carrière au Canada. Il me fallait des opportunités d’emplois, car je voulais avoir une meilleure vie, moins stressante. J’avais du mal avec la concurrence en France, alors je voulais pas retrouver ça au Québec. L’Ontario, je connaissais pas trop à part Toronto et j’ai associé Toronto à New York alors je me suis dit : « Non, pas l’Ontario ». Pis Vancouver… Où y a pas la neige, ça, ça m’a plu ! Et après, j’ai vu à quel point c’était cher. *Rires*
Donc on enlève l’Ontario, le Québec et Vancouver, il reste plus grand-chose *Rires*. Il reste les Prairies. J’ai regardé les grandes villes des Prairies, Winnipeg, Saskatoon, Regina… et Calgary ! La vidéo de Saskatoon était vraiment fun, la communauté francophone (l’Assemblée Communautaire Fransaskoise) avait l’air très sympathique. Je leur ai écrit sur Facebook. Ils m’ont dit :
Un accueil francophone chaleureux
J’ai été super encadrée ! On est venu me chercher à l’aéroport tard le soir, on m’a emmenée à mon bed and breakfast. Mon hôte était adorable malgré mon niveau d’anglais qui était vraiment pas bon. Le lendemain, j’avais offert une boîte de gâteaux de Marseille à l’ACF pour les remercier. L’avantage à Saskatoon, et au Canada en règle générale, c’est que les centres communautaires francophones sont rattachés à l’école francophone.
Et c’est un peu impressionnant d’aller dans une école pour demander de l’aide, mais à Saskatoon, y a un immeuble en centre-ville avec dix associations francophones dedans et un restaurant ! Donc c’est beaucoup moins impressionnant et en rentrant dans l’immeuble, tout le monde parlait français ! Les différentes associations m’ont présenté ce qu’il se passe à Saskatoon, elles ont fait les démarches avec moi pour trouver un logement, pour trouver un travail par la suite, trouver des cours d’anglais… Vraiment, j’ai été très très bien encadrée ! Elles m’ont demandé ce que j’allais faire après mes quatre nuits de bed and breakfast. Je leur ai dit que je cherchais un appartement ou une colocation… J’avais trois jours pour trouver ! Elles m’ont alors rapprochée du directeur de la fédération des francophones de Saskatoon. Le directeur m’a proposé une chambre qu’il loue chez lui. C’est la meilleure des choses qui me soit arrivée ! J’étais en contact avec toute la communauté francophone, j’étais de tous les événements culturels durant les trois mois où j’ai vécu chez lui… Pis après, il m’a proposé un poste de chargée culturelle à Saskatoon ! *Rires* J’étais chargée de coordination et de promotion de la langue française. Mon rôle, c’était d’animer la communauté francophone à Saskatoon.
Le long hiver commence : entre appréhension et enthousiasme
Il a commencé à neiger début octobre… Pour une Marseillaise, la neige c’est toujours quelque chose de fou et je me suis dit : « Oh mon dieu, où je suis tombée ?! » *Rires* À Marseille, j’avais jamais acheté de manteau, j’avais seulement un coupe-vent…
J’avais que des petits gants en laine, de ceux que les Marseillais peuvent porter quand il fait 12 °C dehors ! *Rires*Ici, j’ai fait des événements culturels pour les enfants, dehors, à -43 °C.
J’étais sur un petit nuage pendant les premiers mois ! J’ai vraiment eu de la chance dans mon parcours. Dès les premiers temps, j’ai fait des rencontres car je me suis inscrite à la troupe de théâtre francophone dix jours après mon arrivée. Il y a des pvtistes qui, quand ils voyagent, se disent : « C’est pas bien de rester avec des Français, il faut apprendre l’anglais… ». Mais quand on va en Saskatchewan au milieu de nulle part et qu’on a un tout petit niveau d’anglais… *Rires* C’est bien d’être proche de la communauté. Surtout qu’à Saskatoon, il y a 18 000 francophones du monde entier, sur une ville de 300 000 habitants.
Sachant que dans les Prairies, c’est pas comme en France où il y a une ville de 300 000 habitants et quand tu fais une demi-heure de route, t’as une autre ville de 15 000 habitants… Ici, t’as plus personne avant trois heures de route. Pis encore plus personne à six heures de route… C’est des tout petits villages de moins de 200 habitants.
Ici, j’avais toujours quelque chose à faire au centre culturel, j’étais au courant de tous les événements ! J’allais souvent au bar *Rires*. Au Canada, les bars c’est toute une atmosphère, tu manges, tu bois, t’as de la musique live car il y a beaucoup d’artistes à Saskatoon. Tous les artistes des villages alentour, s’ils veulent vivre de leur musique, viennent à Saskatoon.
Y a quasiment tous les soirs de la musique live en ville. C’est vraiment très agréable. Et puis l’hiver, dehors tu peux pas rester très longtemps !
Saskatoon, une ville isolée et coûteuse
Les Prairies sont chères par rapport à Montréal. À Saskatoon, y a pas beaucoup de choix. Y a pas de petit marché du coin qui va faire des prix spéciaux. Tout le monde va faire ses courses aux mêmes endroits parce qu’il y a pas assez de population pour avoir beaucoup de diversité. Les prix sont ce qu’ils sont par manque de concurrence. Déjà, il faut oublier toute la bouffe française. Il faut être prêt à s’adapter ou alors être prêt à payer très cher ! C’est cher, mais les salaires sont plus élevés. Je m’en sortais.
Histoire et communautés
Il y a toute une histoire à découvrir en Saskatchewan, quand tu t’intéresses aux communautés francophones et même anglophones. La Saskatchewan, c’est la conquête du Far West, comme on peut lire dans les livres américains. Seulement, aux États-Unis, c’était il y a trois cent ans, mais en Saskatchewan, c’était il y a moins de cent ans. Les familles, quand tu leur parles, te disent : « C’est mon grand-père qui est venu défricher la terre en 1920… ». La ville de Saskatoon a moins de 100 ans ! Du coup, c’est des histoires qui se racontent de bouche-à-oreille. L’histoire commence à peine. Moi je viens de Marseille, c’est 2 600 ans d’histoire ! Alors découvrir une ville jeune, c’est passionnant. Forcément, les francophones et les anglophones n’ont pas les mêmes versions ! *Rires* Les Autochtones encore moins ! J’ai trouvé ça vraiment passionnant.
Un fiancé fransaskois
Fransaskois, c’est le nom qu’on donne aux francophones de la Saskatchewan. Je me suis fiancée à Étienne, qui est un descendant de Nicolas Rivard, qui a 15 000 à 30 000 descendants au Canada. Il y a encore sa maison en France, en Normandie, qu’il a quittée dans les années 1600. Des deux côtés de la famille d’Étienne, tout le monde est francophone, et de temps en temps, dans son arbre généalogique, il y a des Métis. Il est la 12e génération de Canadiens. On est allés dans son village de 300 habitants, dont la moitié parle français. On est allés à Noël dans la grande salle communautaire où 200 personnes faisaient un Noël géant : tout le monde se connaissait. Les Noël fransaskois ont été une belle découverte pour moi. Il y a un repas traditionnel canadien-français, à base de tourtières.
L’église fait une vente de tourtières en décembre, ils en vendent 300 ! Tout le monde se jette dessus. *Rires*. On s’est rendu compte que tous les deux, on venait de grandes familles. Du coup, les valeurs qu’on a sont quasiment les mêmes, alors qu’on a grandi dans des directions complètement opposées. Je le remarque de plus en plus car il me le fait remarquer : les francophones, peu importe d’où ils viennent, ont cette joie de vivre. C’est vrai qu’on est vraiment différents de nos voisins anglophones ! *Rires* Malgré tout, ce qui me manque au Canada anglophone, c’est la chaleur humaine.
Les paysages de la Saskatchewan
C’est vraiment le rêve canadien ! C’est sûr, il faut un permis et louer une voiture. Ce serait fou de venir en Saskatchewan sans permis. Tu peux louer une voiture facilement et rouler pendant trois heures, tu vois des champs, des animaux sauvages… Parce que c’est plat ! Tu peux vraiment voir très loin les biches qui se promènent… Tu peux pas les rater ! *Rires* Y a pas d’arbres ! Ou très peu d’arbres entre les champs. Si tu montes vers le nord, c’est la grande forêt canadienne. Tu as l’impression que le monde t’appartient. Tu as les aurores boréales, les grands lacs… Tu peux voir des aurores depuis Saskatoon, malgré la lumière de la ville. C’est magique et féérique.
J’ai notamment adoré le parc Waskasoo qui est à trois ou quatre heures au nord de la ville. J’ai vu des groupes d’orignaux, des loups, j’ai vu tellement d’animaux incroyables ! Avec mon fiancé, j’ai eu la chance d’aller dans le Grand Nord, à La Ronge, c’est une réserve. On est allés dans son chalet familial. J’y ai vu des aurores boréales, assise dans un jacuzzi !
Aucun commentaire
{{like.username}}
Chargement...
Voir plus