Jour 8 : de Taichung à Hsinshu – 92 kilomètres

Aujourd’hui, c’est l’avant dernier jour. Et sans que je sache trop pourquoi (enfin si, je viens de faire 7 jours de vélo…), un de mes genoux décide de m’abandonner. Quelques minutes après le début de la course de la journée, je dois remonter dans le van pour la troisième fois depuis le début de mon séjour. La veille, j’ai appris que je ne pourrais pas finir totalement le tour : mon avion étant trop tôt en fin d’après-midi, je quitterai mes camarades pour rejoindre l’aéroport après le déjeuner, le 9e et dernier jour.

groupe-tour-velo-taiwan

Alors que je mets mon genou sous la glace, l’une de nos pauses nous conduit au temple de Daijia Jenn Lann. Ce temple, très connu à Taiwan est dédié à la déesse Mazu, une déesse protectrice des marins (c’est la même que l’on retrouve à Hong-Kong sous le nom de Tin Hau). Mazu est une figure très importante dans la culture taïwanaise. Le temple a une histoire de 200 ans. Chaque année, entre le mois d’avril et de mai (le 23e jour du calendrier lunaire), un énorme pèlerinage sur 7 jours célèbre l’anniversaire de la déesse. Les pèlerins, présents par centaines de milliers, partent du temple de Daijia Jeen Lann pour rejoindre le temple de Feintien dans la région de Chiayi.

Nous reprenons la route (je reste encore une bonne heure dans le van) et le prochain arrêt est le siège de l’entreprise spécialisée de vélo Giant, l’entreprise avec laquelle nous réalisons le tour de Taiwan. Je ne connaissais pas cette compagnie avant de commencer mon tour, mais pour certains de mes camarades, nous sommes clairement dans un lieu sacré du vélo. Le fana de vélo m’expliquera ainsi comment sont réalisés les vélos ultra-légers : le carbone brut est tissé pour créer des feuilles très fines de carbone. Les feuilles sont ensuite découpées en petits bouts selon les besoins et assemblés sur des moules. Le moule, entouré de papier carbone est ensuite cuit avec un cadre souple à l’intérieur.

En sortant de cette visite, je réalise que ce sont mes dernières heures de vélo, et je trouve ça dommage de ne pas en profiter pleinement. Même si mon genou me fait encore mal, je compte terminer ma course. Après tout, la douleur est inévitable dans un tour comme celui-ci.

temple-matsu

Après le déjeuner, nous rejoignons la côte et retrouvons la mer de Chine, où nous apercevons des champs d’éoliennes. La matin, on nous les avait présentées comme des moulins à vent (windmill – ce qu’ils sont en fait) mais j’ignore pourquoi, je m’étais imaginée des moulins à vent plutôt de type hollandais que de type éolien. La vue sur la mer est très agréable, et nous sommes totalement seuls sur la piste cyclable que nous empruntons le long de la digue. Sur le chemin, nous nous arrêtons dans un temple plus moderne, dédié lui aussi à la déesse Mazu.

La fin du trajet est un peu monotone. Ce satané vent du nord n’aide pas à apprécier pleinement cette partie de l’île.  Nous arrivons finalement en fin d’après-midi à Hsinshu. Notre hôtel étant dans le centre-ville, nous en profitons pour aller goûter de délicieuses ramen (3 euros le bol de ramen, le rêve !). Décidée à profiter pleinement de ma dernière soirée, j’accompagne même une partie de mes camarades dans un night-club de la ville. Comme l’entrée et les consommations sont gratuites pour moi, je vais en profiter un peu. Et puis tant pis, je n’ai plus qu’une matinée de vélo le lendemain. Je n’étais pas allée en boîte depuis à peu près 10 ans. Il n’y a pas à dire, le vélo, ça rajeunit !

Jour 9 : Hsinshu – Taipei – 92 kilomètres – Aéroport de Taipei

La nuit fut courte, mais je me sens d’attaque pour cette dernière journée. Notre guide nous prévient qu’il y aura une côte assez raide, mais courte. À mesure que nous nous approchons de Taipei, je crois que nous allons pédaler dans un environnement très urbain, encore plus urbain que ceux des derniers jours. Mais bonne surprise, nous revoici au beau milieu de la campagne, à pédaler entre les champs de riz et les champs de thé !

Nous empruntons des petites routes bucoliques entre des terres agricoles et des rizières en terrasse. Puis arrive la fameuse « petite montée ». Je donne tout ce que j’ai. C’est mon dernier jour, il faut se donner à fond… Oui mais voilà, la petite montée, elle est en fait suivie par 6-7 kilomètres de pente bien raide derrière (la petite blague de la guide en fin de séjour). J’ai cramé toute mon énergie sur la première pente… C’est l’échec le plus total. Je finis donc une grosse partie de cette pente à pied. En même temps, cela me permet de profiter des paysages et d’admirer le coin, un petit havre de verdure entre les rizières, les potagers des habitants et les champs de théiers. La petite route que l’on emprunte est vraiment ravissante et c’est un plaisir de la parcourir à pied à côté de mon vélo. Après un petit passage en forêt et en arrivant là-haut, je maudis gentiment notre guide, très fière de sa blague en cette dernière journée (en même temps, elle a dû garder 15 garnements dissipés pendant 9 jours, c’était une bonne revanche).

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Et comme on nous l’a si souvent répété lors de ce séjour : après toute montée, il y a une descente. Et cette dernière est particulièrement top. Nous descendons à vive allure, devons quand même faire attention aux voitures en arrivant sur des voies plus empruntées. Arrivés en bas de la colline en quelques minutes seulement, nous passons devant le grand barrage de Shimen. Cette course folle dans la descente et le réservoir seront les deux derniers grands moments de mon séjour, la pause déjeuner étant quelques mètres plus loin. Quelle chouette façon de terminer mon séjour ! Non sans un pincement au cœur, je quitte les formidables personnes avec qui j’ai eu l’occasion de pédaler pendant 9 jours autour de cette merveilleuse île qu’est Taiwan. Mon périple s’arrête ici et je dois maintenant aller prendre mon vol pour retourner à Hong-Kong.

Dans la voiture qui me ramène à l’aéroport, mes sentiments sont partagés. Je suis terriblement heureuse et incroyablement frustrée. Alors que 10 jours plus tôt, j’étais persuadée que je n’arriverais pas à tenir ne serait-ce qu’une journée complète sur mon vélo, me voilà à regretter amèrement de ne pas pouvoir finir complètement cette course. Même si j’ai eu aussi le droit à ma petite médaille pour le tour (ma première médaille !!!), j’aurais tellement aimé revenir à la mairie de Taipei et célébrer ce moment avec les personnes extraordinaires avec qui j’ai eu l’honneur de faire le tour du pays. Je n’y serais jamais arrivée sans eux, sans leur énergie positive qui me motivait à avancer lorsque la douleur me pressait d’abandonner et de monter dans un des vans. Pendant une semaine, nous avons déliré, plaisanté, galéré, ri aux éclats, souffert, nous sommes devenus une petite famille dont tous les membres étaient complémentaires. Chaque membre de cette équipe et les 4 guides qui nous ont accompagnés auront toujours une petite place dans mon cœur.

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Je garde un souvenir ému de cette folle épopée. Taïwan est un pays fabuleux, qui mérite bien plus que 9 jours pour être pleinement exploré. J’ai particulièrement aimé les parties Est et Sud de l’île. Cette région sauvage, les rizières, les forêts et les collines m’ont totalement séduite. La partie plus urbaine à l’Ouest est un peu moins intéressante à parcourir à vélo : je pense qu’on ne peut pas pleinement apprécié l’énergie, le fourmillement et le côté culturel des différentes villes quand on est sur une selle de vélo.

Pour en avoir parlé avec des amis, Taïwan nous a tous fait la même impression : on y va sans trop savoir à quoi s’attendre, sans avoir d’attentes particulières. Pourtant, on repart avec des souvenirs et des beaux paysages plein la tête. On est émerveillé par la beauté de cette merveilleuse île, par la gentillesse et la douceur de ses habitants et par la fabuleuse nourriture que l’on peut y déguster.

Ces quelques jours autour de l’île ne m’ont donner qu’une seule envie : y retourner au plus vite ! D’ailleurs, j’ai déjà mes billets pour revenir à Taipei et y passer quelques jours. Étant à Hong-Kong, les vols sont assez accessibles et en deux heures, on peut être dans différents coins du pays (les villes de Kaoshiung, Tainan, Hualien et Taipei disposent d’aéroport avec des liaisons directes depuis Hong-Kong). J’espère avoir l’occasion d’y retourner une prochaine fois pour visiter les gorges de Taroko et les parcs nationaux qui se trouvent dans le centre du pays.

Je sais que je n’en ai pas fini avec cette fabuleuse île.

Marie

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