- 19/03/11, 01:45 #1
Oublié mais aussi méconnu de la jeune génération d'aujourd'hui (et malheureusement des québécois en général), Gérald Godin est pourtant une figure singulière dans le patrimoine culturel du Québec. Poète qui inventa les "cantouques", forme de poème qui n'hésite pas à jouer avec le joual (un parlé québécois) et les formes populaires du langage, il était aussi écrivain, journaliste, politicien mais également le compagnon de la chanteuse, engagée tout comme lui, Pauline Julien. Pris et épris de passion dans le combat linguistique du Québec, il a traversé de grands évènements historiques comme les Prisons d'Octobre ou le Grand référendum de 1995 sur l'indépendance du Québec mais aussi les purges à Radio-Canada (qu'il a gentiment rebaptisé "Radio Cadenas").
Simon Beaulieu, jeune réalisateur de 32 ans, rend hommage à cette figure de proue dans son film intitulé GODIN. A travers celui-ci, ce n'est pas seulement un homme profondément humaniste que nous découvrons mais ce sont les enjeux et les douleurs indentitaires d'un peuple qui s'expriment.
Si vous voulez découvrir le Québec, je vous invite à aller voir ce film. Il sort aujourd'hui, vendredi 18 mars pour une semaine au Cinéma Beaubien à Montréal et au Cinéma Le Clap à Québec.
Cinéma Beaubien
2396, Beaubien Est
Horaires : 10h - 13h30 - 16h45 - 20h10
Cinéma Le Clap
2360, chemin Sainte-Foy, Centre Innovation (la pyramide)
Horaires : 13h35 - 17h45
Site officiel : Godin . Documentaire sur le député-poète Gérald Godin
Bande-annonce : Godin Le Film . Bande-annonce on Vimeo
Et si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser ici ou à me contacter !
Bon cinéma !Dernière modification par Yellowkitty ; 19/03/11 à 01:51.
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- 19/03/11, 17:22 #2bonjour
aarrf c'est dommage qu'il ne soit en salle qu'une semaine , j'arrive dans 2 semaines
- 30/03/11, 21:40 #3" GODIN brasse la cage et me donne le goût d'aller voter !" (Spectateur anonyme)
Une petit mise à jour concernant l'actualité de ce film qui est au Cinéma Beaubien (Montréal) et au Cinéma Le Clap (Québec) pour une 3e semaine à partir de vendredi prochain (1er avril) et peut-être bien une 4e si nous sommes chanceux ! Tout dépend de vous, nos spectateurs !
Pour vous situer dans le contexte actuel, nous (enfin les québécois) sommes en pleine atmosphère électorale (fédérale et d'arrondissements/comtés). Un film comme celui-ci est donc très important car il montre l'engagement d'un homme (et celui de sa compagne, Pauline Julien, qui était une chanteuse très célèbre) envers le Québec. C'est un portrait singulier où l'artiste poète cohabite dans le même corps qu'un politicien pour défendre la langue française durant toute une vie sans langue de bois, avec vigueur et avec une verve incomparable comme rarement on voit en politique.
Pas besoin d'être québécois pour apprécier le film. Je l'ai vu et j'ai été très surprise de voir à quel point je ressentais la force de ce film. Si vous venez ici au Québec pour découvrir la région, vous ne pouvez pas passer à côté de sa culture, de son histoire et donc de ce film qui évoque l'ambiance sociale et politique des années 70-80, comment Radio-Canada a opéré des purges politiques, le référendum de 1995 pour l'indépendance du Québec...
C'est aussi, et pour finir, une belle histoire d'amour entre un poète québécois et une chanteuse, tous deux engagés et passionnés.
Bon film !
---------- Message ajouté à 20h40 ---------- message précédent à 20h38 ----------
Critique du film par Olivier Bourque pour le site internet ZAB MAG :
CRITIQUE DU DOCUMENTAIRE GODIN
C’était un géant sympathique. L’œil vif, le verbe coloré, le veston et la cravate soixante-dix… C’était un député dans le sens le plus pur du terme. Un servant pour ses électeurs, des Québécois pure laine, mais aussi des immigrants qu’il a appris à connaître jusqu’à devenir presque l’un des leurs. Mondialiste avant le temps, il était surtout le poète de macadam qui prenait des marches sur le Plateau avant que le quartier soit «cool» avec sa chanteuse de femme, un feu nommé Pauline Julien.
Près de 17 ans après sa mort, il fallait bien qu’on lui dédie un film. C’est maintenant chose faite, un (trop) court hommage pour cet homme d’exception qui incarnait ce Québec qui pense, ce Québec qui «aime se faire parler d’autres choses que Yogi Bear»… Un magnifique documentaire intitulé sobrement Godin réalisé par Simon Beaulieu.
Tout comme Pauline, il est né à Trois-Rivières, mais en 1938, dix ans après sa douce moitié. Cela ne l’a pas empêché de quitter le monde avant elle. Tumeur au cerveau pour lui, suicide pour elle après une maladie dégénérative. Avant son dernier tour de piste effectué sans fard (il s’est montré malade sans jamais le cacher), Godin aura marqué les esprits…
Journaliste de métier (il a oeuvré au Nouvelliste), il n’était pas un tribun comme Bourgault ou Lévesque (avec du recul, il a plutôt quelque chose de Lucien Bouchard dans le ton… même si les comparaisons s’arrêtent là), mais il utilisait toutefois le verbe comme une arme redoutable. Une douceur et une force l’habitaient à la fois, une dualité qui était exprimée dans ses paroles et ses écrits.
L'AFFICHE DU FILM
Si le Tango de Montréal montre son côté tendre et son amour de l’ethnicité de la Métropole (« Ce vieux cœur usé de la ville avec ses spasmes, ses embolies, ses souffles au cœur et tous ses défauts. Et toutes les raisons du monde qu’il aurait de s’arrêter, de renoncer… »), l’Énumération démontre son écœurement face à la structure mise en place pour asservir le peuple québécois.
Une immense fougue…
Cette fougue (heureusement), il l’a utilisé pour le bien public. À l’écrit, dans de nombreux recueils de poésie, comme recherchiste, mais surtout comme député, celui de Mercier à partir de 1976, délogeant le premier ministre Bourassa. Le soir de la grande élection, c’est la metteure en scène et comédienne Denise Filiatrault qui en fait l’annonce aux nombreux électeurs venus fêter. Elle embrasse son affiche, un moment à mettre dans les grandes archives.
Avant cette brillante carrière de politicien ou de simple député à vélo, Godin a subi les foudres de l’establishment, emprisonné lors de la Crise d’Octobre en compagnie de Pauline Julien. «Il n’a jamais été un terroriste, il aimait trop la vie pour cela», affirme un ami dans le documentaire.
Un homme d’émotions
Comme député, il a sillonné son comté, labouré de son amour, monté les marches des modestes demeures du Plateau Mont-Royal inlassablement. Assemblées de cuisines où il prenait le temps de parler avec les électeurs et pourquoi pas de prendre un petit verre avec la cuisinière… Des politiciens comme il n’y en a plus. C’était le double plus tendre de Lévesque, le romantique rebelle qui savait probablement encore plus toucher la corde sensible des Québécois, des Néo-Québécois…
Il avait le chic d’amener une émotion vraie qui se pointait n’importe quand. Appelé à souligner la fête nationale grecque à l’Assemblée nationale, il rappelait à juste titre que ce peuple méditerranéen n’avait jamais eu peur de parler d’indépendance, «un mot qui est méprisé ici». La taloche était d’autant plus sévère que Godin faisait toujours les choses avec une classe, un vrai monsieur qui parle et qui provoque l’admiration tout autant que l’adhésion.
Donc, une vie politique tout en cohésion avec ses valeurs. Il n’a jamais arrêté de parler le joual et de se battre pour l’épanouissement de la langue française. Pendant que sa douce chantait «Mommy» (un des moments forts du film), le député avertissait : rien n’est acquis, les Québécois doivent se battre pour conserver leur langue. Son parti allait adopter la Loi 101, le plus grand legs du mandat du PQ.
Les dernières marches
Godin l’iconoclaste. L’intègre. Le gars qui ne s’est pas fait acheter par Power Corporation ou autres fabriques à fédéralistes. Godin c’était aussi cet homme qui aimait les femmes et le bon vin. Qui n’a jamais hésité à sauter la clôture pour «voir si la pelouse était plus verte ailleurs». Le film d’ailleurs n’en fait pas grand cas : c’était vrai, Godin aimait la vie et les bonnes choses. Si bien que Julien folle de colère lui a déjà couru après avec une pelle après une de ses incartades.
Dans Godin, on suit aussi la fin, les dernières marches montées de l’homme. Une tumeur au cerveau, gonflé par la cortisone, le député est vacillant, mais il tient debout. Continu ses balades à vélo, le crâne balafré, mais toujours ce regard au laser. Chef du PQ, Jacques Parizeau lui propose une voiture, mais il l’a refuse.
Il s’éteint finalement en 1994 à 55 ans, mais il en paraît davantage. Pour ne pas l’oublier, on vous conseille fortement une petite visite au Cinéma Beaubien pour voir ce magnifique documentaire.
Godin – Les Films du 3 mars – 75 minutes – Sortie en salles le 18 mars 2011 – Québec.Dernière modification par Yellowkitty ; 31/03/11 à 19:10.
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