*Désolée pour le roman à suivre*
Je te remercie Vincent pour cette mise au point plus que juste et on voit que tu as pris le temps de te renseigner. D’ailleurs, je prie le ciel que notre ami Lapoire ne vienne pas faire son tour ici car il risque de voir son sang tourner plus d’une fois à la vue d’informations aussi erronées qu’infondées que certaines personnes mal informées viennent raconter ici.
Cela étant dit, je tiens d’abord à dire que je ne peux qu’être navrée pour toutes ces personnes qui ont vécu des expériences malheureuses dans notre pays. J’ai été amenée plusieurs fois à devoir expliquer à plusieurs amis futurs immigrants à quel point notre pays conjugue plusieurs points négatifs auxquels ils devront être confrontés à leur arrivée.
Ce qui me peine le plus dans le post précédent est de voir notre culture aussi mal comprise. Je ne pense pas que nous ayons une double culture. Je crois que nous avons construit au fil des siècles et à force de dure labeur, une culture qui nous est propre et dont nous sommes fiers. Nous avons su, je le pense, préserver notre langue malgré le fait que nous soyons entourés d’anglophones. C’est un combat ardu et oui, nous le vivons au jour le jour… C’est le lot de la minorité et peut-être que ne faisant pas face à cela dans votre pays, vous peinez à le comprendre et je ne puis vous en blâmer. D’ailleurs, avez-vous réfléchi à pourquoi le Canada accorde un quota aussi haut à la France par rapport aux autres pays?
En ce qui concerne le fait que nous ne maîtrisons pas notre langue, j’ai longtemps été d’accord jusqu’à ce que je comprenne que nous l’avions simplement fait évoluer au fil du temps et qu’elle est devenue différente. Comme tu le dis Vincent, plusieurs expressions proviennent du vieux français et de l’anglais. Là où j’ai du mal, c’est de me faire faire la morale par des gens qui utilisent des mots tels que « parking, planning, maxi best off, mail, etc,». Je trouve que c’est un peu de mauvaise foi. Pas que ce soit mal, mais je trouve juste que lorsque ce débat revient sur la table, je constate que les Français sont durs dans leurs commentaires par rapport à nous quand on leur reproche la même chose. Au pire, nous vous taquinerons sur vos anglicismes mais a contrario, on se fait carrément dire qu’on ne sait pas parler, qu’on ne va pas chercher dans le dictionnaire, qu’on a une double culture qui nous mène nulle part. Ne trouvez-vous pas cela légèrement exagéré?
Enfin, je souhaite répondre à propos du « C’est tu correct? » Ici, je vais paraphraser notre ami Lapoire à qui il répondait à une jeune Française très malheureuse à Montréal et qui rencontrait les mêmes préoccupations au sujet de la langue. Je lui laisse le loisir de me corriger (malgré que je sois un peu au courant de notre histoire) si jamais il passe dans le coin. Jusque dans les années 50-60, au Québec, le vouvoiement était de rigueur partout. Même les époux se vouvoyaient et même moi, j’ai vouvoyé ma grand-mère jusqu’à sa mort. Lors de la Révolution Tranquille, dans les années 70, les jeunes Québécois ont revendiqué un assouplissement dans les rapports sociaux et le tutoiement est devenu la norme, je dirais même, à outrage. Pour les personnes qui avaient grandi avec le vouvoiement mais qui souhaitaient s’adapter, ce ne fût pas une mince affaire ce qui a donné les fameux « Voulez-vous tu? C’est tu correct? « . Avec le temps, les « tu » se sont installés un peu partout dans nos phrases et sont devenus la norme dans le langage courant. Non mais ça tu pas d’allure rien qu’un peu ça??

Voilà, donc non, le « c’est tu correct » ne vient pas du tout de « Is that alright? » malgré qu’il peut être tentant d’en penser autrement. Donc attention aux conclusions rapides et faciles qui ne sont pas fondées du tout.
J’vous en donne une autre? Bon allez, parce que vous êtes gentils dans le fond J Saviez-vous que les « moé, toé » si agaçants et qui sonnent si « bûcherons » aux oreilles de nos amis Français proviennent en fait du vieux français qui était parlé par la bourgeoisie française venue s’installer en Nouvelle-France et bâtir des seigneuries. En effet, se servir des « moé » et « toé » était une façon très huppée de se démarquer de la classe paysanne qui elle, utilisait les « moi » et « toi ».
Voilà. Je suis désolée de m’être incrustée dans votre sujet, mais je souhaitais juste apporter ma pierre à l’édifice et oui je l’admets, j’ai été un peu blessée devant quelques propos durs qui semblent avoir quelques sources obscures à mes yeux. Pour le reste, je ne juge personne sur son ressenti personnel et encore une fois, je ne puis qu’être désolée de votre mauvaise expérience. Je vous souhaite le plus serein des retours sur votre terre natale.