Alors, pour répondre à Rémy :
Qu'as tu appris de cette expérience ?
Que tout était possible et que je pouvais me sortir de toutes les situations. Avant d’apprendre sur le pays, je crois que j’ai surtout appris sur moi-même. Je me suis retrouvée dans les pires galères, et je m’en suis toujours sortie. Je me sens forte comme jamais par rapport à l’avenir. En fait, je me sens capable de m'en sortir, quoi qu'il arrive !
Que retiens tu de cette année ?
Qu’il faut aller au bout de ses rêves et ne pas tomber dans le piège où l’on se contente de ce que l’on a. Tout ça par ce que l’on sait ce que l’on perd, mais pas ce que l’on gagne. J’ai démissionné deux fois. La première entreprise car je n’approuvais pas la stratégie marketing (ils ont d’ailleurs fait faillite depuis), la deuxième car je me considérais sous-payée. Gonflée me direz-vous ! Je l'ai payé, j'ai souffert du chomage (rien à manger, pas de quoi payer le loyer - d'où ma nouvelle règle : on ne démissionne pas quand on n'a pas de boulot assuré derrière lol)... Pourtant j'ai terminé par trouver ce que je voulais : $2550net/mois pour 37,5H/semaine, dans une boîte qui m’a appris beaucoup ! Certes, j’avais l’anglais, le CV et une lettre de référence canadienne. Mais pour ça il m'a fallu faire ma place l'année d'avant, lors de mon 1er séjour. Ca n'est pas tombé du ciel !
Ensuite, comme je termine mes études. Je crois que j’ai vu cette année comme un échantillon de ma vie future. Finalement, comme je savais que c’était "pour du beurre", j’ai tout osé. Et c’est ainsi que j’ai appris les limites de la vie mais aussi les miennes (en me cassant la gueule tout le temps et en me relevant). Je n’ai fait que ça cette année en fait. Pousser les limites, tomber et remonter. Je n’ai aucun mérite finalement. Je me suis juste tirée de la merde, en allant un peu plus haut chaque fois. J’ai changé 3 fois de logement, 3 fois de job. Je suis partie de rien, j’ai terminé j’avais tout. Jai pu tester mon niveau de vie, voir ce que je voulais privilégier dans ma vie plus tard et comment je voulais la vivre.
Qu'as tu le plus apprécié ?
Mon niveau de vie ! Sans aucune hésitation ! Je me suis fait hyper plaisir. Je n’ai pas vraiment vécu au dessus de mes moyens. Je dirai que j’ai vécu en fonction de ce que je gagnais. Le but c’était d’en profiter et de vivre comme je ne pourrai peut-être plus jamais me le permettre plus tard. J’ai eu un excès de folie pendant un an. Tout y est passé, économies, salaires, mais j’ai vécu comme une reine. J’aimais à me prendre pour une jeune cadre dynamique qui avait réussi et qui avait son condo en plein « financial district ». Mon appart’ était somptueux, je me payais des restaus, des fringues quand je voulais et j’allais au boulot en taxi. Une vraie new yorkaise ! Pour certains c’est aberrant et je les comprends, pour moi c’était indispensable. C’était ma raison d’être. Il fallait que je me sois infligée cette année de séparation pour quelque chose et donc quelque chose de grand ! Partir pour partir, je ne l’aurais pas supporté ! Par contre, je n'ai fait aucun voyage ! Ca c'est clair, je me suis baladée seulement en Ontario. Mais c'était un choix. Déjà, je connaissais les USA et le Canada d'avant. Mais je crois surtout que dans ma tête je n'étais pas là-bas pour ça.
Qu'as tu le moins aimé ?
Le fait de devoir mentir pour me vendre. En effet, j’ai vite compris que si je voulais trouver du travail, il fallait que je cache aux employeurs que je n’étais là que pour un an. Pendant l’entretien ça ne pose pas de problème de faire croire qu’on va rester et qu’on attend sa résidence permanente. Mais finalement, une fois dans l’entreprise, on se rend compte du mal qu’on va faire en partant comme ça. On réalise tout le temps et l’argent investis dans la formation. En particulier pour ma dernière boîte qui me traitait bien, j’avais énormément de mal à me regarder dans la glace. Ils allaient m’envoyer finir ma formation à NYC. Je ne pouvais plus supporter de mentir et de faire la nana qui s’investissait. Je voulais me retirer du jeu avant que ça n’aille trop loin. Et finalement, ma bonne étoile a fait que ma demande de prolongation de PVT a été refusée. Je me suis faite virer du Canada ! Donc, aucun regret pour mon entreprise. Même si je ne me pardonnerai jamais ce que j’ai fait. Question d’éthique !
Que referais tu différemment ?
Rien concernant mon ascension, j’ai suivi mon instinct, j’ai cru en moi et j’ai réussi. Mais par contre, je changerais clairement ma manière de vivre. Autant, je ne regrette aucune de mes dépenses en matière de logement, ni de sorties. Autant, je regrette de m’être trop bien installée là-bas et d'avoir dépensé mes économies. J’ai jeté une partie de ma vie en partant et ça, c’est hyper traumatisant ! J’ai eu besoin pendant l’année de me rassurer, et donc j’ai cherché à faire de mon appart’ un nid douillet. J’ai investi en meubles, en déco et en ustensiles de cuisine. Quel malheur quand je suis partie ! Où avais-je la tête ? C’était impossible à ramener. Alors j’ai jeté ! J’ai jeté ma déco, mes fringues, mes chaussures, des cadeaux même, j’ai donné mes meubles à des gens qui ne les méritaient clairement pas, bref, horrible. Je n’avais le droit qu’à 20 kg de bagages ! J’ai jeté 6 sacs poubelles taille jardin d'affaires. Comme je me faisais virer du pays, je n'ai même pas eu le temps de les refiler à des associations. Quel gâchis, quel argent jeté par les fenêtres ! Je crois que je ne m’en remettrai jamais. J’ai trop perdu. Je sais c’est en faisant des erreurs qu’on apprend, mais celle là, elle fait mal !
Qu'est ce qui t'as le plus manqué ?
Ma mère lol Quand je pétais les plombs, je pleurais comme un bébé en demandant ma Maman

Ca craint, mais c’est vrai ! Sinon, la bouffe, clairement ! C’est bien une des raisons pour lesquelles je ne pourrai jamais m’établir là-bas. Il n’y pas vraiment d’art de recevoir. Pas de grands repas, que des barbecues, pas de festins raffinés, que des pizzas et des hamburgers. J’ai compris, mais trop tard, que c’était le moment de découvrir d’autres cuisines. J’ai voulu manger canadien pendant un an, j’aurais du profiter des nombreuses cultures de la ville pour manger autre chose !
Je crois aussi que ma culture (art & entertainment) me manquait. Je ne me suis jamais sentie excitée intellectuellement là-bas...
Qu’est ce qui a changé en moi ?
Je me permets de rajouter cette question. Car je crois que ce genre d’expérience révèle des qualités et des défauts qu’on ne soupçonnait pas.
Je crois que depuis mon retour, mon grand défaut c’est que je me suis énormément endurcie. Je fais moins confiance aux gens. Mais surtout je suis plus exigeante vis-à-vis des autres. Comme je ne me suis pas épargnée pendant cette année, finalement je n’épargne plus les autres. Je trouve qu’il y a plus de cons qu’avant mon départ. Et je maudis les gens qui se complaisent dans leur merde. Quand on veut, on peut ! Ou au moins, on essaie !
Pour les qualités. Comme j’ai appris à prendre sur moi, à m’écouter dans mon bonheur et mon malheur, je crois que je suis devenue beaucoup plus humaine qu’avant. Le mal être des gens me parle. J’ai appris à ne plus les juger et à les écouter vraiment. De côtoyer un autre monde m’a permit de comprendre qu’on interprète et qu’on vit les choses en fonction de son passé, de ses bagages. Je suis donc plus tolérante. Je respecte désormais les réactions des autres, qu’elles mes paraissent justifiées ou non. Ce sont leurs valeurs, je me dois de les respecter. J’ai l’impression de mieux comprendre l’être humain, car je me suis observée pendant un an !
Voilà ! J’espère ne pas vous avoir saoulés ! Encore mieux que chez le psy ce forum lol En tout cas merci d’avoir posé ces questions. C’est la 1ere fois que je prends le temps de faire un bilan de mon année de PVT. Et vraiment je me rends compte que c’était plus une expérience humaine que touristique pour moi.
Quand je me relis, je me fais un peu flipper. J'ai un peu l'impression d'être à part, et d'avoir tout vécu avec une grande sensibilité. De l'avoir trop vécu même ! C'est censé être fun comme expérience lol !
Bisous