- 26/06/14, 09:13 #1Hey, hey, hey ! Je profite de mes ¾d'heures de wifi hebdomadaire, pour rédiger mon petit message mensuel sur ce forum. Je suis toujours à Clare, dans ma ferme de zucchinis. Mais les choses ont un peu changé depuis l'article publié il y a quelques jours et que je vous invite grandement à lire.
Il y a quelques semaines, en allant checker le bout de papier accroché au mur censé nous donner les horaires pour la journée du lendemain, j'ai eu l'étrange surprise de voir la mention « pumpkin » écrite à coté de mon prénom. A première vue, cette « promotion » a plutôt fait l'effet d'une punition. Un groupe de français (qui se sont fait virer depuis), ont eu l'occasion de tester le pumpkin picking dans cette même ferme. Selon leur dire, on travaille plus, et on gagne moins que pour les zucchinis. D'un autre coté, je suis heureux de faire quelques chose de nouveau. Je dois dire que les zucchinis commençaient à me gonfler sévère, à tel point que je songeais sérieusement à quitter la ferme. Pas assez d'heures, pas assez d'argent et surtout la désagréable pression d'être viré à tout moment parce que l'on a coupé un zucchini un millimètre trop petit.Donc, si les pumkins se révèlent pire que les zucchinis, il me suffira de m'en aller pour partir vers de nouvelles aventures.
Le lendemain j'en apprends un peu plus sur les détails de mon nouveau travail. Je ferai équipe avec 5 autres personnes. Tous anglais. Le paiement ne se fait pas à l'heure, comme pour les zucchinis, mais à la bin. 12$ par bin, que l'on se divise en 6, soit 2$ chacun. Petite précision, l'accommodation est gratuite pour les pumpkin pickers, ce qui nous fait économiser 30 $ par jour. Reste à savoir combien de bins, on peut remplir en une journée.
La première partie du travail est le picking. Chacun dans une rangée, les 6 pickers pickent les pumkins sans les ramasser. C'est chiant, c'est long, et le champs est infesté de red backs, ces araignées mortelles qui ont toujours la bonne idée de s'installer sur la pumpkin que je suis censé picker. Mais ça reste beaucoup plus facile que pour les zucchinis. Pas besoin de chercher une minuscule cucurbitacée au milieu de centaines de feuilles et de tiges. Il faudrait être vraiment nul, ou complètement myope pour louper cet énorme truc grisâtre qui attend patiemment au sol d'être coupé (oui, à ma grande surprise, les pumpkins ne sont pas oranges, mais grises, voire vertes). Pas besoin non plus de courir derrière une machine, ni de stresser à cause du regard suspicieux d'un superviseur à l'affut de la moindre petite erreur. Notre équipe travaille en totale autonomie. On prend nos pauses quand on veut, on avance à notre rythme, on peut chanter, danser, penser à autre chose... Du moment que le travail est fait, tout est permis. Rien que cet aspect place le pumpkin picking bien au dessus des zucchinis.
Une fois la rangée terminée (après 3 ou 4 heures), un tracteur chargé d'une remorque de 12 bins se place au centre de la rangée pour commencer la seconde partie du travail. Le packing. C'est là que les choses sérieuses commencent. 2 équipes de trois pickers se placent de chaque coté du tracteur. Le premier picker s'occupe de ramasser les pumpkins déjà coupées pour les lancer à un second picker, qui les lancera lui-même à la troisième personne, debout sur la remorque et dont la tâche est d'empiler les pumpkins dans les bins. Les postes tournent à chaque bin remplie et les pumkins doivent être triées par taille. Ce boulot est extrêmement physique. Rien à voir avec les zucchinis. C'est comme se faire des passes avec une boule de bowling pendant des heures et à un rythme qui nous laisse rarement le temps de souffler. Et vu que niveau physique, je suis plus proche du sandwich SNCF que de l'ex-gouverneur de Californie, je peux vous dire que le premier jour s'est fait dans la peine et la douleur.
Au fur et à mesure que les bins se remplissent, on réalise petit à petit que l'on est en train de devenir riche. Première journée : 90 bins, soit 180$. Comparé aux pauvres zucchinis pickers qui se font des journées de 4h, payés à20$/h avec 30$ pour le logement, je me dis que le pumpkin picking n'a finalement rien d'une punition. C'est dur, on bosse deux fois plus que les autres, mais après cette première journée je sens une vague de motivation m'envahir. Un sentiment qui avait totalement disparu depuis mon arrivée dans cette ferme. Si on continue comme ça, on tournera sans doute aux alentours de 1000$ à la semaine.
Malheureusement, c'est trop beau pour être vrai. Le pumpkin picking est plutôt du genre irrégulier. On ne peut pas travailler les jours de pluie (ce qui est forcément arrivé 5 ou 6 fois depuis), et il arrive que l'on doive attendre quelques jours que les pumpkins grossissent avant de pouvoir les picker. Et en attendant, retour, aux zucchinis dans la joie et la bonne humeur.
Il nous est même arrivé de travailler au black pour une autre ferme, le temps d'une journée. Le fermier est passé nous chercher pour nous emmener dans son champ à l'arrière de son pick-up, en mode ouvrier clandestin mexicain. Cette journée fut grosso modo la même que pour les autres, au détail près qu'il ne s'agissait pas de pumkins, mais de « butter nutpumpkin ». Une sorte de fruit immonde qui ressemble à une énorme cacahuète couleur chair. L'avantage c'est que c'est beaucoup plus léger qu'une pumpkin normale. L'inconvénient, c'est que c'est également beaucoup plus long pour remplir une bin. A la fin de la journée, le nombre de bins dépassaient seulement la vingtaine. Le fermier a dû prendre pitié de nous et nous à donné à chacun un joli billet de 100$, ainsi qu'un pack de bière à se partager en six. Vraiment sympa ce fermier...
L'arrivée de ce nouveau travail a donc prolongé mon séjour dans cette ferme. Et je compte bien rester encore quelques jours pour exploiter les dernières rangées du champ de pumkins. Si mes calculs sont exacts, il reste bien 1 000 $ de pumkins à picker. Cette ferme est également un merveilleux endroit pour regarder la coupe du monde pendant son petit-déjeuner. Plein de nationalités différentes (dont beaucoup d'anglais. Haha ! Bande de losers !), et par conséquent mon patriotisme s'en voit décuplé. On se sent toujours plus français à l'étranger que chez soi.Dernière modification par Pliz ; 26/06/14 à 12:40. Motif: Ajout du lien/petites corrections
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- 26/06/14, 13:01 #2Hey Nathan,
Merci pour ton récit. Je n'ai pas commenté l’article, mais franchement, pour moi qui aime bien visualiser les choses, c'est un plaisir de te lire (bon, peut-être la partie sur les redbacks ). C'est tellement imagé, on s'y croirait presque. Et puis les petites touches d'humour
, bien sympas aussi.
Contente de voir que ça a eu du bon les changements et imprévus, même au milieu des zucchinis et pumpkins.
Hâte de lire la suite de tes aventures.
Bonne continuation !
- 30/06/14, 10:09 #3Ah les pumpkins, moi aussi j'en ai ramassées et moi aussi j'ai été étonnée de les découvrir assez plate et grise/verte. J'ai fait ça un ou deux jours je me souviens plus mais ça m'a tellement crevée... J'étais contente de retourner aux melons...
Allez, gagne plein de sous pour en profiter encore plus après
- 30/06/14, 11:23 #4Si ça peut te rassurer les redbacks ne sont pas mortelles!!! Tu seras juste très malade si une d'entre elles te pique
- 03/07/14, 16:43 #5Tu as testé ?
Ca peut rassurer des gens ce que tu dis car il y a des gens qui hésitent à aller en Australie à cause des araignées : https://pvtistes.net/forum/us-et-cou...aignees-4.html
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- 23/07/14, 15:24 #6
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