Peu habitués à commenter l’actualité, nous ne pouvons rester muets face à la situation dramatique que connaît l’Australie ces derniers mois et particulièrement ces dernières semaines. Il nous semblait donc important de souligner quelques points.
“Toute l’Australie brûle” : oui et non
En étant loin, il est parfois difficile de réaliser l’étendue de l’Australie : pourtant, ce pays- continent représente environ la taille de l’Union Européenne. Selon où vous vous trouvez en Australie, cela pourrait être comme si vous viviez en Irlande et que la Grèce subissait les incendies. Cette carte générée sur The true size est plutôt parlante !
Le pays est immense et “seules” les régions de l’est et du sud-est sont extrêmement touchées (la Nouvelle-Galles-du-Sud – où se trouve Sydney, le territoire de Canberra et le Victoria – où se trouve Melbourne), quand le reste du pays connaît une saison des incendies “plus classique”.
Cependant, il est important de rappeler que les feux évoluent toujours alors que nous écrivons cet article : si l’on parle particulièrement des régions du sud-est, c’est parce qu’elles ont été très largement touchées et ont fait de nombreuses victimes, mais cela ne signifie en aucun cas que le reste du pays ne subit pas, lui-aussi, des dégâts catastrophiques. Certains parcs naturels ont été ravagés par les flammes, notamment sur Kangaroo Island (en South Australia) et en Western Australia, des routes ont également été coupées, laissant craindre un bilan plus lourd et des risques de pénuries dans certaines régions.
Ces incendies sont réguliers en Australie, pays habitué à des étés très secs, donc à hauts risques. Toutefois, ce qui surprend cette année, c’est que cette vague d’incendies est arrivée avec de l’avance par rapport aux années précédentes (entre deux et trois mois) et avec une ampleur rarement constatée : ceci met en évidence des sécheresses plus précoces, plus intenses aussi, symboles du réchauffement climatique.
Annuler son PVT ? Surtout pas !
La question de l’annulation ou du report est légitime face à l’ampleur de la crise actuelle, pourtant, comme nous venons de l’expliquer, l’Australie ne se limite pas qu’aux régions touchées de plein fouet par cette catastrophe. Le reste du pays est plus épargné et même dans les États particulièrement exposés, la vie ne s’arrête pas pour autant. Alors, pour l’annulation, nous souhaitons vous dire un grand NON ! L’Australie a d’autant plus besoin de nous, il n’est pas question d’abandonner ce merveilleux pays.
Par contre, une révision de vos projets peut s’avérer utile : en effet, pour tous ceux qui envisageaient des road trips entre Brisbane et Melbourne par la côte, il vous faut repenser vos trajets pour des raisons évidentes de sécurité. Signalons toutefois que les centre-villes de Brisbane, Sydney et Melbourne ne sont pas directement menacés, si ce n’est la très mauvaise qualité de l’air.
Pour ce qui est du voyage, l’immensité australienne vous attend : vous avez l’embarras du choix une fois sur place pour vous établir ou pour vadrouiller sur les routes. D’ailleurs, pour connaître les conditions en temps réel de la région où vous vous trouvez / où vous souhaitez vous rendre, vous pouvez suivre ce lien. Actualisée régulièrement (toutes les 2 à 4 heures), cette carte permet de situer les foyers d’incendies. Enfin, si vous devez passer par une zone à risque – ce que l’on vous déconseille – pensez à vous renseigner auprès des autorités locales (pompiers, police) pour connaître l’état des routes notamment et vérifier la faisabilité de votre trajet.
Agir de manière responsable pendant la saison où le risque de feu de brousse est élevé
L’essentiel des feux sont d’origine humaine. Pour autant, l’Australie ne fait pas face à une vague gigantesque de pyromanes. Par exemple, fin 2019, la police du New South Wales annonçait avoir arrêté plus de 180 personnes suite à des infractions liés aux feux de brousse. Si une vingtaine d’entre eux ont été arrêtés pour avoir délibérément provoquer des départs de feu, les autres l’ont été pour avoir commis des délits qui ont provoqué ou peuvent provoquer indirectement des incendies (jeter son mégot, allumer un feu pour faire un barbecue).
Pendant la saison des feux de brousse, et encore plus quand l’état de “Total Fire Ban” est déclaré dans un État australien, les pvtistes doivent, comme toute autre personne en Australie, respecter des consignes permettant de limiter les risques d’incendie :
- Ne pas jeter ses mégots allumés par la fenêtre (et de façon générale, ne jamais les jeter ailleurs que dans une poubelle). Non seulement, il ne faut pas jeter son mégot éteint ou allumé par la fenêtre, mais le simple fait de taper sa cendre à l’extérieur du véhicule peut entraîner la dispersion de cendres chaudes qui pourraient créer un incendie. Sachez à ce sujet qu’à partir du 17 janvier 2020, les personnes qui jetteront leur mégots de cigarette dans la nature en Australie s’exposeront à des amendes pouvant aller jusqu’à 11 000 $AU pendant une période de “Total Fire Ban”. Par ailleurs, les fumeurs doivent toujours faire attention à bien éteindre leur cigarette (n’hésitez pas à utiliser des petits cendriers de poche).
- Aucun feu, même enterré, ne doit être fait en période de “Total Fire ban”. Même si c’est sympa un feu en soirée, vous ne DEVEZ PAS en faire. Ça n’est pas parce que vous n’êtes pas au milieu d’une forêt que le risque d’incendie n’existe pas. Si on vous dit de ne pas faire de feu, ça veut dire aucun feu, nulle part, pas même sur une plage ou dans un espace découvert.
- Rester au maximum sur les routes, ne roulez pas ou ne vous garez pas dans des zones herbeuses où la végétation est sèche : il y a là aussi un risque de déclencher un feu quand la végétation entre en contact avec un moteur chaud.
- Éviter de jeter des déchets dans la nature. C’est un principe qui doit être respecté en tout temps, mais on préfère le rappeler car ils peuvent en plus provoquer des incendies. Une bouteille en verre jetée dans la nature peut provoquer quelques jours, semaines ou mois plus tard un incendie : le soleil tape sur une bouteille en verre qui, par un effet loupe peut enflammer la végétation. Vos actions peuvent avoir des répercussions même plusieurs mois plus tard.
- Respecter les consignes des officiels là où vous vous trouvez. Toute interdiction ou ordre d’évacuation doit être toujours respecté.
Tourism Australia vous propose des consignes de sécurité générales, mais également État par État.
Comment aider ?
Suite aux terribles images des dégâts dans les médias et sur les réseaux sociaux, beaucoup se sont sentis concernés et souhaitent apporter leur aide.
Tout d’abord, Tourism Australia indique que « voyager en Australie est une des meilleures façons d’aider à la reconstruction après les incendies » et donne des conseils à ceux qui souhaiter aider l’Australie.
Ensuite, il existe plusieurs façons de vous mobiliser :
- Financièrement : plusieurs appels au dons ont été lancés, afin d’apporter une aide concrète aux victimes et un soutien financier aux pompiers. Il faut savoir que la plupart des pompiers australiens sont volontaires et que beaucoup de casernes n’ont pas de matériel suffisant pour faire face à une telle vague d’incendies (par exemple, des masques performants pour lutter contre les fumées nocives). Pour envoyer de l’argent, en ce qui concerne l’aide globale aux victimes, tournez-vous vers la Croix Rouge Australienne (Australian Red Cross) ou encore l’Armée du Salut (The Salvation Army) et pour adresser vos dons aux pompiers du New South Wales ou du Queensland, vous pouvez notamment vous rendre ici, ici, ou encore ici. Certaines célébrités ont également lancé leurs propres cagnottes, c’est le cas de Céleste Barber, humoriste australienne, dont la cagnotte à l’origine destinée aux pompiers de Nouvelle-Galles-du-Sud sera reversée à divers organismes face à l’ampleur qu’elle a pris (plus de 45 millions de dollars levés en quelques jours seulement – Plus d’infos sur sa page Facebook).
A NOTER : n’envoyez pas de l’argent sans vérifier l’authenticité de la cagnotte ! Préférez toujours les organismes officiels à des individus isolés prétendant être de bonne foi…
- Matériellement : si vous vous trouvez dans une zone sinistrée, il existe certains points de collectes avec des besoins très précis (principalement de la nourriture riche et non périssable – conserves, barres de céréales, etc., eau, mais aussi matériel de type cartons, outils…). Renseignez-vous auprès des municipalités pour connaître leurs lieux et les besoins spécifiques qui évoluent au fil du temps.
- Les animaux : une grande partie de l’élan de solidarité est liée à la mise en avant du terrible drame écologique qui est en train de se jouer en Australie avec notamment la disparition de millions d’animaux, pour la plupart endémiques, qui n’ont pas pu échapper aux flammes. Pour venir en aide à ceux qui ont survécu, vous pouvez envoyer des dons ponctuels à des associations comme WIRES ou encore WWF, mais aussi vous engager à plus long terme en parrainant un animal, un koala par exemple, sur WWF encore une fois ou auprès du Koala Hospital ou de l’Australian Koala Foundation (cette “adoption virtuelle” correspond à des dons mensuels – plusieurs options et montants possibles). Enfin, si vous êtes manuels, plusieurs associations et organisations appellent à créer du matériel de soin pour les animaux blessés : mitaines pour les koalas brûlés aux pattes, poches pour les kangourous et les chauve-souris, etc. Toutes les infos et les patrons ici.
- Le bénévolat : pour le moment, on ne peut pas réellement inciter les gens à se porter bénévoles sur le terrain dans le sens où la situation reste encore critique dans beaucoup de zones avec un risque potentiel d’évacuation d’urgence. Il faut donc réduire au maximum le nombre de personnes à évacuer si jamais il devait y avoir à le faire. Pour autant, le pays va avoir besoin de nombreux volontaires pour se reconstruire, une fois la menace passée : c’est à ce moment-là qu’il faudra se mobiliser sur place, que ce soit pour reconstruire les maisons détruites, déblayer, replanter des arbres, etc. En attendant, renseignez-vous du côté des municipalités pour participer à des éventuelles collectes (ou les organiser !) et rapprochez-vous des centres de protection de la faune pour connaître leurs besoins en matière de bénévoles.
Attention aux fake news
Face à l’ampleur de la catastrophe qui se joue depuis plusieurs mois en Australie, les médias se sont emparés de la situation (assez tard finalement) en produisant notamment des images sensationnalistes et à la limite du voyeurisme pour certains… Sans pour autant les blâmer, nous souhaitons aujourd’hui vous mettre en garde sur la possibilité de fake news, de montages photos irréels ou encore de rumeurs infondées.
En effet, au niveau visuel, deux photos ont récemment fait le buzz : une “carte” de la Nasa où l’on voit soi-disant l’Australie en flammes depuis l’espace, et une photo d’une petite fille portant un masque à gaz et tenant un kangourou dans ses bras, avec un arrière plan de flammes et de fumée. La première est en fait une image 3D représentant la superposition de données satellites de la NASA sur une durée d’un mois (entre décembre 2019 et janvier 2020), réalisée par Anthony Hearsey ; l’échelle – modifiée – et la durée de “pose” si l’on peut dire ainsi, donnent une image percutante mais qui a finalement été mal interprétée : ce n’est pas une image en temps réel des feux en Australie, mais un aperçu de l’ampleur des incendies par rapport au territoire sur un mois.
La seconde image, celle de la petite fille, est l’œuvre de l’artiste Thuie, spécialisée dans les photos-montages qui mettent en avant sa propre fille; ce cliché est devenu viral au moment où les incendies sont devenus plus médiatisés autour du monde, mais Thuie rappelle qu’il s’agit d’une pure création qui ne reflète en aucun cas une situation vécue.
Enfin, comme dans toute situation de crise et avec sa médiatisation, plusieurs fake news ont circulé dans la presse et sur les réseaux sociaux, notamment à propos de l‘origine des incendies. Nous n’entrerons pas ici dans un débat politique sur les différentes responsabilités de chacun, ni sur les affrontements idéologiques en matière d’écologie, mais l’information selon laquelle les écologistes seraient à l’origine de cette crise sans précédent (en refusant soi-disant les feux préventifs dans les zones à risques) a dû être démentie par les pompiers eux-mêmes. N’oubliez pas d’avoir un avis critique face à ce que vous lisez, informez-vous et vérifiez vos sources avant de véhiculer, à votre tour, de telles rumeurs.
Voilà ce que nous pouvions dire des incendies à ce jour. Toutefois, et nous l’avons signalé à plusieurs reprises dans cet article, la situation actuelle n’est pas encore totalement stabilisée, même si nous avons appris en début de semaine que le “méga-feu” qui ravage le New South Wales depuis trois mois semble enfin sous contrôle (sans pour autant être encore éteint). Le plus important est donc de vous tenir informé régulièrement et localement.
N’hésitez pas à partager vos retours en commentaires, à échanger vos informations et à en discuter ensemble.
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