Meghan, une pvtiste canadienne en PVT France

Je m’appelle Meghan, j’ai 24 ans et je suis Québécoise, originaire de la Côte-Nord plus précisément. J’ai fait des études en communication publique à l’Université Laval.

Depuis l’âge de 16 ans, j’ai voyagé un peu partout en Europe. J’ai toujours eu cette envie de partir vivre à l’étranger, un objectif de vie si on veut. Je suis donc en France depuis presque 10 mois déjà.

J’ai choisi la France principalement parce que c’est proche de la Belgique, vu que j’y suis restée 2-3 mois. Je suis littéralement tombée en amour avec Bruxelles, je me devais d’y vivre proche. On peut également faire un PVT en Belgique, mais le PVT France est gratuit, contrairement à 520 euros pour celui en Belgique. De plus, je trouvais plus avantageux de pouvoir y rester 2 ans au lieu d’une seule année. Pour faire un compromis, j’ai décidé de m’installer dans le nord de la France, à Lille, à 30 minutes de TGV de Bruxelles.

Les démarches sont relativement simples. Je trouve que le seul truc un peu plus compliqué est l’attestation de la RAMQ. Je m’étais prise un peu en retard pour faire la demande, du coup j’avais pris un formulaire de départ du Québec sur le site de la RAMQ. Ce n’était pas le bon, mais j’avais bien indiqué que c’était pour un PVT. J’ai reçu l’attestation en 2-3 semaines sans même prendre rendez-vous avec eux. J’ai vraiment eu de la chance. Dès que j’ai envoyé ce document au consulat, j’ai reçu mon passeport avec mon visa 2-3 jours plus tard.

Ayant fait des études en communication, mon objectif était vraiment de trouver un job dans mon domaine. Qui dit nouvelle diplômée rime avec difficulté à se trouver un emploi en France. Du coup, 3 mois après mon arrivée, j’ai su trouver un poste d’assistante administrative et communication pour une société de prêt-à-porter. Aujourd’hui, je suis en freelance en tant que rédactrice web pour Pvtistes.

Pas du tout. Je ne pourrai pas parler pour les autres régions, mais du moins dans le Nord, ils adorent les Québécois et ils sont très sympathiques. C’est très facile d’aborder les gens et ils sont également très curieux lorsqu’ils entendent l’accent. On me dit au minimum 2-3 fois par semaine : « Ah ! Vous êtes Québécoise ! J’adore votre accent ! ». De plus, étant restée sur Bruxelles avant, j’avais déjà au préalable mon groupe d’amis ici.

Ça peut vraiment paraître bête, mais l’alarme le premier mercredi du mois m’a vraiment surprise. J’ai dû taper alarme France sur Google pour comprendre ce que c’était. Aujourd’hui, je ne porte plus attention à cette alarme.

Le plus : Je trouve que la vie est beaucoup plus simple, moins stressante. Les gens adorent sortir, profiter des terrasses et du beau temps. Salarié, tu as minimum le droit à 5 semaines de vacances, ce qui est trop bien. Ce n’est pas un mythe quand on entend que les Français sont toujours en congés…

Ce que j’apprécie le plus également ici est la nourriture. De base, au Québec, je ne mangeais pas trop de charcuterie, de fromage, de pain. Depuis, c’est probablement la base de mon alimentation ici. Également, dans le Nord, on retrouve tout ce que j’aime de la Belgique : frites, gaufres et bière.

Autrement, j’apprécie vraiment le fait d’être proche de plein de pays, tous accessibles en train. Les weekends, je suis d’office en Belgique.

Le moins : c’est probablement l’administration, surtout en PVT. Ce n’est pas très connu auprès de certains établissements administratifs (même la plupart) ou des employeurs, du coup tu dois toujours expliquer ton statut et tes droits.

Je crois que mon meilleur souvenir est celui du nouvel an à Namur en Belgique. Nous étions un groupe d’expats de partout (Mexique, Équateur, Colombie, Italie, Allemagne, France). On a mélangé la culture de tout le monde pour le repas. On ne se connaissait pas tous, mais c’était beau de s’être rassemblés pour pouvoir partager un moment qui est normalement familial. Nos proches nous manquaient, donc on se comprenait tous dans un sens. C’est rassurant d’avoir des gens autour de soi qui vivent plus ou moins la même situation. Aujourd’hui, je considère vraiment ces gens comme ma famille en Europe.

L’entreprise pour laquelle je travaillais est tombée en liquidation judiciaire. J’ai perdu mon job du jour au lendemain, je n’ai pas été payée. Ça été très compliqué pour le moral, au vu de cette situation hyper stressante sur le plan financier. Je n’avais pas de sécurité sociale. Du coup, selon le mandataire, pas de numéro de sécurité sociale, pas de salaire. J’ai dû me battre avec lui et l’administration française pour prouver mes droits. Heureusement que j’ai eu le réflexe de contacter l’ambassade canadienne qui est venue littéralement sauver la situation. Ça été un bon deux semaines de galères.

Même si je trouve que les gens du Nord sont hyper sympathiques, je trouve quand même que nous sommes plus courtois au Canada.

Aussi, nous, les Québécois, sommes beaucoup plus susceptibles, donc devant des Français hyper directs, on est souvent secoués. Après quelque temps, on s’habitue et on ne prend plus rien personnellement.

Je trouve également que les Français sont beaucoup moins casaniers que les Québécois. Comme écrit plus haut, les gens profitent de l’extérieur, peu importe le jour de la semaine ou du temps qu’il fait.

Une chose qui m’a plutôt choquée, c’est à quel point il faut faire la bise à tout le monde ici, même si vous ne vous connaissez pas forcément. Je me rappelle d’être arrivée chez quelqu’un avec un de mes amis et j’ai dû faire le tour de la table (une dizaine de personnes) pour faire la bise pour saluer, sinon ça aurait été mal vu.

Une autre grosse différence : la sécurité. Au Québec, je n’avais pas à penser à toujours surveiller mes biens personnels ou même à verrouiller la porte de mon domicile. Je pouvais marcher tard le soir sans penser que je risquais d’être embêtée.

Je suis partie seule, mais ce n’était pas la première fois. J’avoue que la première fois, quand mes parents m’ont laissé à l’aéroport, je me suis dit : « mais qu’est-ce que je fais ? ». Je n’aurais pas pensé, mais quand on voyage seule, on n’est jamais complètement seule. Je trouve qu’on est beaucoup plus ouvert à aller vers les autres, on n’a pas le choix de toute façon. Je me dis que si je pars avec de bonnes intentions, je ne vais qu’attirer des gens avec de bonnes intentions également.

Autrement, on apprend à se connaître pour de vrai, à voir de nouvelles facettes de nous-même. C’est à ce moment que tu fais des rencontres qui changent littéralement ta vie, qui te font découvrir et apprendre des choses. J’aime dire que c’est à ce moment que je me suis trouvée et que je me suis sentie sur mon X.

Est-ce qu’il y a des inconvénients ? Non, je ne crois pas. Sur le coup, tu penses que c’est une mauvaise idée, mais au final, c’est la meilleure idée que tu as eu de toute ta vie. Partir une deuxième fois toute seule, je savais que j’en étais capable.

Déjà la première fois, mes parents n’étaient pas très enthousiastes à l’idée que je voyage 3-4 semaines toute seule sans itinéraire. C’était plus court, la pilule était plus facile à avaler j’imagine. Toutefois, quand j’ai vraiment pris la décision de quitter pour vivre en France, ils paraissaient plutôt inquiets. Je me mets à leur place aujourd’hui et j’avoue que, si ta fille de 23 ans décide de quitter pour un autre pays sans logement et emploi au préalable, ça doit être stressant. Je crois qu’aujourd’hui ils sont fiers du parcours que j’ai fait. Concernant mes amis, ils m’ont beaucoup encouragé, parce qu’ils savaient que c’était vraiment un rêve et ils ont vu à quel point que j’étais épanouie en Belgique.

Je crois profondément que quand tu as peur d’une décision que tu as prise, c’est que c’est la meilleure que tu aurais pu prendre pour toi-même. Une fois que tu te lances, tu es hyper fière de toi, tout est possible. Le parcours ne sera pas parfait, mais tu ne peux pas éprouver de regret malgré tout. Le PVT est une montagne-russe d’émotions, c’est ce qui fait la beauté de cette expérience.

Côté conseil, je crois que de partir avec le double de ce qui est demandé en termes d’argent n’est pas de refus. Surtout si tu es dans une situation comme la mienne où tu es un jeune diplômé à la recherche d’un job dans ton domaine. La recherche peut parfois être longue, mais il faut être persévérant. J’aime bien me rappeler cette citation : « Aies le courage de suivre ton cœur et ton intuition. Ils savent ce que tu veux réellement. Le reste est secondaire » – Steve Jobs

L’été approche, j’ai donc des amis du Québec qui viennent me voir en juillet. Je vais leur faire visiter mon nouveau chez moi et probablement découvrir avec eux de nouveaux endroits. Je vais également devoir affronter l’administration française pour prolonger mon visa, à suivre…