Localisation
Nelson, BC, Canada
Profession

Émilie a tout plaqué, appartement, boulot et mari, pour partir en PVT au Canada… Elle nous raconte !

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Bonjour Émilie ! Peux-tu te présenter ?
Hey, ici Émilie, en PVT au Canada, 35 ans, originaire de l’Essonne. C’est là où j’ai grandi et où je suis revenue vivre à la fin de mes études de commerce, mais avec regrets après ce que j’avais fait mûrir en moi lors de séjours prolongés en Allemagne pour des stages et d’un semestre d’études au Canada.
Mon parcours est « atypique », je ne rentre dans aucune case, je suis une touche-à-tout et cela n’a pas été un atout dans le contexte français pour « trouver ma voie », sous-entendu « une carrière ». Je suis diplômée d’Audencia Nantes, j’ai un CAP cuisine et suis titulaire du CAPES d’allemand. J’ai testé toutes sortes d’entreprises, du bistrot parisien à la multinationale en passant par le statut d’auto-entrepreneur.
Je me passionne non seulement pour la cuisine mais aussi pour la littérature et l’écriture, j’ai pratiqué l’athlétisme en compétition avec un certain investissement. Je suis une accro du vélo et du plein air, la nature comme l’urbain. J’aime les voyages pour l’évasion qu’ils m’offrent et ce que je parviens à retrouver de moi-même en m’éloignant de mes origines.
emilie pvt Canada
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Tu es actuellement en PVT au Canada. Pourquoi cette destination ?
En 2007, j’ai eu la chance de passer un semestre à Ottawa dans le cadre de mes études de commerce. J’y étais arrivée en plein été indien, j’avais traversé l’automne multicolore puis fini sous la neige… Cette succession des saisons m’avait profondément marquée, quelque chose dans la nature de ce pays continuait de m’appeler des années après. J’avais depuis lors toujours eu envie de revenir et d’explorer le reste de cet immense territoire dont je n’avais pas du tout saisi la mesure ni même la culture en tant qu’étudiante séjournant sur un campus. Et cela tombait bien car ayant passé les 30 ans, le choix de destinations en PVT était restreint !
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Tu as tout quitté en France, un emploi, un appartement, un mari… Quand et comment as-tu pris cette décision ?
Mon départ a été un pas à pas dont le Canada s’est révélé être la destination après une période recentrage. Début 2018, j’ai vécu une expérience exceptionnelle qui m’a reconnectée à moi-même en me faisant réaliser que la vie que je menais n’avait rien à voir avec celle à laquelle j’avais aspirée. J’ai participé à une course en relais aux États-Unis, The Speed Project, recrutée par une équipe de Français. Au retour de ce voyage, j’avais changé et c’était comme si j’ouvrais les yeux. J’ai commencé à être honnête avec moi-même et aussi avec mon entourage. Cela est notamment passé par ma demande de divorce qui m’a permis de retrouver la liberté de choix nécessaire au départ à l’étranger. J’ai essayé d’obtenir une mutation à l’étranger par mon travail mais cela n’a pas marché et j’ai réalisé qu’il me fallait aussi me séparer d’un idéal professionnel et social qui n’était pas le mien.
En fait tout s’est enchaîné au fil des entraves dont je me défaisais. Mon inscription au bassin d’abord en juillet 2018 puis renouvelée en décembre 2018, a été récompensée début 2019. Avec le temps, mon besoin de distance se confirmait et les délais m’ont été utiles.
Mon PVT en poche, je savais que j’allais revenir à une certaine précarité ou simplicité matérielle. Pour la vivre au sens d’une liberté et non la subir, j’ai fait le choix du grand tri pendant les mois qui précédaient mon départ. Malgré ma préparation, j’ai vendu des meubles jusqu’à la veille de mon départ pour Vancouver ! Par tout ce processus, j’ai commencé mon apprentissage de la patience, à construire un projet personnel en évitant le piège de la fuite et de la précipitation.
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Comment ont réagi tes proches à l’annonce de ton départ ?
Très différemment et je suis encore à l’analyse de leurs réactions des mois après. J’ai procédé par étapes là aussi. Ce projet était le mien et j’avais justement eu trop tendance à me laisser influencer par les autres dans le passé. Seules quelques personnes étaient au courant de mon projet. J’ai annoncé mon départ une fois que mes préparatifs étaient avancés et mon billet en poche, à deux mois du vol.
Il y a eu des manifestations de soutien, des encouragements et de l’émerveillement à l’idée de ce que j’osais entreprendre, cela venait surtout de la part de ceux qui avaient saisi ce que j’avais traversé de bouleversements récents pour reprendre ma vie en main.
À l’opposé, j’ai aussi eu droit à de l’incompréhension ou de l’indifférence. Beaucoup s’attendaient à me voir partir en Allemagne, mon pays de cœur, mais pas aussi loin. Comme quoi j’avais bien dissimulé celle que j’étais au fond de moi car le départ au Canada me redonnait un élan et une sérénité que je n’avais pas ressentis depuis longtemps.
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As-tu parfois des regrets sur ton choix de partir au Canada ?
Non, absolument aucun. J’avais besoin de partir et il me fallait mettre fin à mes frustrations et en quelques semaines au Canada, j’avais déjà accumulé tant d’expériences ! Mon séjour est déjà un succès personnel. J’ai à l’esprit que je peux prendre un billet d’avion à tout moment, le PVT s’arrêtera quand ce sera le moment pour moi.
Je crois que je n’ai pas de regrets car je voyage libérée, j’ai fait comme un « reset », je ne souhaite pas retrouver la vie que j’avais avant de partir. Et après le PVT ce sera tout simplement un nouveau chapitre.
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Tu es désormais au Canada depuis quelques mois. Te souviens-tu de tes premiers jours sur place ?
Vancouver, mi-juin, c’est déjà l’été, le temps est magnifique, j’ai soif d’évasion, de lâcher-prise, je parcours la ville frénétiquement. Ce n’est pas bondé comme en région parisienne, j’y respire, il y a des parcs, les montagnes m’enveloppent alors que j’ai les pieds dans le Pacifique. L’administratif se règle en un rien de temps. Je rencontre quelques expats à Vancouver puis sur Vancouver Island, je suis ravie des Canadiens via Couchsurfing. Je suis heureuse malgré le contrecoup de fatigue du voyage et aussi des semaines avant le départ.
Ce qui m’a cependant pesé, c’était l’aspect financier car la vie au Canada est assez chère et Vancouver a un niveau de vie très élevé. Je m’en suis vite rendu compte et le passage au volontariat m’a vraiment soulagée. Et j’ai aussi compris qu’en voyage nomade il vaut mieux ne pas cadrer trop à l’avance son séjour : le volontariat que j’avais conclu avant de prendre mon billet pour Vancouver est tombé à l’eau 2 jours avant de commencer, j’ai dû rebondir à deux reprises après cela. Il faut être ouvert à ce qui peut se réaliser… ou jamais.
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Qu’as-tu fait jusqu’ici et quelle est ta situation actuelle ?
Depuis mon atterrissage en juin 2019 à Vancouver, qui ne fut qu’un point de passage, j’ai passé l’été et le début de l’automne sur Vancouver Island à faire des volontariats chez des particuliers (Homestays via HelpX), essentiellement du jardinage et de la cuisine. J’allais là où l’on pouvait m’accueillir ou encore là où quelqu’un me proposait de me conduire.
En août j’ai eu une opportunité de travail dans un restaurant avec un hébergement à Comox que j’ai saisie immédiatement car j’avais besoin de me poser et j’étais sous le charme de la Comox Valley. J’y ai passé deux mois puis, à l’automne, j’ai quitté l’île après un passage à Tofino et je me suis rendue sur la Sunshine Coast. J’avais décidé de passer l’hiver dans l’intérieur de la British Columbia, à proximité des montagnes. Je préférais la neige à l’hiver pluvieux sur Vancouver Island.
J’ai postulé dans des stations de ski pour travailler en cuisine dans la continuité de mon expérience à Comox. J’avais un poste partout où j’avais postulé et j’ai choisi Nelson pour les échos que j’en avais eus et parce que j’avais un contact sur place grâce à une personne rencontrée l’été. Depuis mon arrivée, mon expérience s’enrichit en se « connectant » aux locaux et en saisissant des occasions qui se présentent, j’apprends à faire confiance au hasard et j’en tire un séjour exceptionnel.
Finalement je suis toujours à Nelson mais je ne travaille pas à la station de ski où le travail ne me convenait pas. J’ai traversé une période difficile à me demander ce que je devais faire, partir ou rester ? Ou même rentrer en Europe ? Je me suis donnée le temps de la réflexion et j’ai fait une distribution de CV. Aujourd’hui je travaille en tant que baker dans un coffee shop, et j’en suis ravie !
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Comment envisages-tu les prochains mois ?
J’ai prévu de rester dans les Kootenays jusqu’au printemps puis de partir poursuivre mon exploration de l’intérieur, avec en priorité les Rocheuses. Je pourrais même profiter d’une opportunité de job pour cela. À la fin de l’été, je partirai pour l’Est où je souhaite retrouver l’automne qui m’avait tellement impressionnée il y a des années maintenant. Et puis j’ai envie de retrouver l’océan. D’une côte à l’autre, je cherche à m’immerger dans l’étendue du territoire, m’imprégner de chacun des lieux dans leurs diversités géographiques, sociales et historiques.
Évidemment, tout cela sous réserve des rencontres et des connexions qui se feront.
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Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui, comme toi, hésite à tout plaquer ?
Voyager est selon moi toujours une expérience enrichissante, se débrancher de son radar automatique est d’autant plus facile quand on met de la distance et qu’on va à la rencontre de la nouveauté. Mais il faut le faire en paix et accepter l’inconnu. Tout plaquer va souvent avec un idéal, un rêve qu’on imagine facilement accessible, une solution parfaite mais cela peut se révéler une fuite en avant. Contrairement à ce qu’on nous pousse à faire de nos jours, je ne pense pas qu’il faille d’objectif précis quand on se sent à une période charnière de sa vie sans savoir où l’emmener, il faut justement s’ouvrir et apprendre à cesser de tout prévoir et contrôler. J’ai trouvé qu’il m’avait été enrichissant de faire au préalable des voyages « initiatiques » en solo, ne pas se jeter du jour au lendemain dans une situation que l’on n’a encore jamais testée. Avant le PVT, j’avais découvert que j’aimais voyager en solo lors de vacances en Allemagne et au Portugal et à quel point j’avais réussi à en faire des expériences inoubliables.
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Quels sont tes meilleurs souvenirs jusqu’à présent ?
Je suis venue trouver la nature et les rencontres et j’en ai été remuée jusqu’aux larmes à plusieurs reprises. Sur Vancouver Island, j’ai assisté à des levers et des couchers de soleil splendides. Descendre travailler à vélo aux aurores illuminées dans une palette différente chaque jour, subjuguée par l’exquise combinaison de l’océan, des montagnes et de la forêt.
Une anecdote mémorable : à mon anniversaire, alors que je dînais sereinement en solo au restaurant, la discussion s’est engagée avec mes voisins de table qui, après un dîner joyeusement animé, m’ont offert le repas. Ces échanges spontanés n’ont cessé de ponctuer mon séjour.
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Et les pires ?
Ces moments où j’ai dû rebondir et faire confiance à ce qui se présenterait. Quand mon volontariat initial est tombé à l’eau, je me suis sentie perdue car c’était ce qui avait cadré mon arrivée au Canada depuis de longues semaines. Ensuite, il y a eu mon premier volontariat effectif que j’ai dû fuir au bout de quelques jours car je ne me sentais pas bien accueillie. Puis ma déception immense quand je suis arrivée à la station de ski après avoir attendu des semaines sans revenus pour réaliser que le job n’était pas pour moi. Ou encore quand j’ai dû quitter un volontariat 10 minutes après mon arrivée car je ne mange pas de viande et mes hôtes ne voulaient pas de « régimes spéciaux ».
Oui il y a eu des moments difficiles mais je les ai surmontés et, à chaque fois, cela m’a offert de meilleures perspectives.
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Pour finir, si tu devais résumer ce que t’apporte ce PVT, tu nous dirais quoi ?
Voilà une question à laquelle la réponse pourrait bien évoluer au fil du temps car je me sens en mouvement, différente d’étape en étape. Le PVT m’apporte le temps et l’espace d’apprendre à me connaître, à construire ma confiance en moi, à déterminer ce qui relève de mes envies et de mes motivations personnelles, à apprécier les choses simples. Vivre ce fameux instant présent qui commence à en préoccuper de plus en plus. Je m’étonne de voir combien des souvenirs parfois très anciens me reviennent à l’esprit alors que je suis si loin des lieux et personnes auxquels ils sont rattachés.
Peu à peu, je réalise ce à quoi je suis attachée et là où je puise mes racines. Je chéris ma langue maternelle et découvre le sens de la francophonie. Je réalise enfin que je me sens fondamentalement Européenne et j’espère pouvoir plus tard partager avec mes concitoyens en quoi cette identité m’est précieuse, même dans une autre société occidentale.

Merci à Émilie pour ces réponses ! Rendez-vous sur son blog pour suivre ses aventures…

Annelise

Après un an passé à découvrir l'Australie en PVT, puis un an à Toronto et 6 mois dans l'ouest canadien (toujours en PVT), je suis ensuite partie en vadrouille un peu partout autour du globe.

I spent one year exploring Australia on a working holiday, followed by another year in Toronto and 6 months in Western Canada. After that, I travelled around the globe.

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