Eva, serial PVTiste : Buenos Aires, Sydney et Toronto !
Pour chaque pays de PVT, dans quelles villes as-tu vécu ? Quelles villes as-tu visitées ? Quels voyages as-tu effectués ?
Je suis partie de France il y a 3 ans. J’ai commencé par 3 mois sur Quadra Island et Vancouver Island (en Colombie-Britannique) en HelpX parce que mon anglais était pitoyable. Ça rassure, pas de problèmes d’argent, de logement… Puis comme les billets n’étaient pas chers, j’ai fait un mois à Hawaï. Au retour, j’ai traversé le continent de Seattle à Québec en 3 mois. Après un an à exploiter le T du PVT à Toronto, j’avais des fourmis dans les jambes. J’ai donc pris un bus Toronto -> Banff et Jasper -> Whitehorse (3 semaines en HelpX). Avec visite de Dawson City, une petite ville construite pendant la ruée vers l’or (c’est là que Jack London a écrit ses livres : Croc Blanc, l’appel de la forêt… et rien n’a bougé !). Puis un road trip de Los Angeles à Miami (en 3 semaines : beaucoup trop rapide, complètement stupide). Puis de Miami à New York. J’ai passé 3 semaines à NY, c’était la troisième fois, et je ne m’en lasse pas. J’ai parcouru quelques autres pays par la suite : Jamaïque, Mexique, Haïti, République Dominicaine, Porto Rico et l’Inde.
Ma plus belle expérience, une rencontre : Morgan à Haïti. Puis il a fallu travailler… Oui, l’amour et l’eau fraîche, cela ne suffit pas.
Je voulais apprendre une autre langue alors j’ai choisi l’Argentine. J’y ai travaillé 7 mois. J’ai vu : El Calafate en Patagonie, Cordoba, Santiago du Chili, Iguazu et forcément… l’Uruguay.
Après un bref retour en France pour les fêtes, je viens d’arriver à Sydney et comme j’avais trouvé un billet avec une escale « très » longue, j’ai pu en profiter pour visiter Shanghai.
Tu es restée sur place pendant combien de temps ?
7 mois en Argentine.
1 mois en Australie, mais ce n’est pas fini.
Pourquoi cette envie de t’envoler dans chacun de ces pays ?
Pour l’Argentine : c’est surtout la langue qui a dirigé le choix.
Pour l’Australie… je vous réponds un peu plus loin 😉
Comment as-tu choisi ta première ville de destination pour chaque pays ?
Quelques jours après ton arrivée dans ces pays, quel a été ton sentiment dominant ?
Mais les joies et les amitiés sont plus fortes : on vit tous la même chose, on est dans le même état d’esprit, on se recrée une famille.
Les pvtistes en Argentine sont moins nombreux, qu’est-ce que tu pourrais ajouter sur cette destination en particulier ?
Le soucis c’est qu’en arrivant, personne n’y croit et les Européens ne comprennent pas bien comment cela se passe. Il faut un bon moment avant d’en voir tous les impacts. Notamment, les allers-retours en Uruguay… (il y a de longues discussions sur le sujet sur le forum Argentine). Les bons côtés : la vie est très chouette, il y a une vraie culture, une vraie histoire, une gastronomie de folie (la viande et le vin !), les milongas, le tango, les gauchos… et les gens vivent au jour le jour. Alors pour faire la fête, profiter de la vie et boire le maté : c’est super ! Pour les voyageurs aussi : les stations de la Cordillère sont superbes. Je suis une fan inconditionnelle du tango. C’est plus qu’une danse, c’est un nouveau moyen de communiquer. C’est une danse un peu rétro où il n’y a pas de séquence de pas à apprendre. L’homme dirige la danse et, avec son torse, va indiquer à la femme quand, où, comment bouger. La fille quant à elle doit « juste » écouter son partenaire. Il ne faut pas avoir spécialement le sens du rythme ou de l’élégance, car le début se joue sur la technique. Les filles ne sont donc pas avantagées par rapport aux garçons. Un prof m’a dit un jour : « il faut que tu m’écoutes, que tu entendes ma respiration, les battements de mon cœur, que je sois le centre de ton univers le temps d’une danse, que tu sois une partie de moi ». L’expérience est donc sensoriellement très intéressante, très différente.
Après les cours il faut se lancer dans des milongas. Ce sont des bals spécialement pour le tango, il y en a partout dans Buenos Aires, tous les styles, tous les niveaux, toutes les heures… Les hommes invitent les femmes d’un regard. Les femmes, si elles soutiennent le regard, font signe qu’elles acceptent la danse. Le couple se forme pour 3 tangos avant une rupture musicale. Malgré la proximité physique, je n’ai jamais croisé de dragueurs. Nous ne sommes là que pour danser. Dans les milongas pour débutants, les gens sont très gentils, aident, expliquent et ne jugent pas. Dans les bons côtés, je dirais aussi… les mauvais côtés. Si on s’intéresse un peu au sujet, on prend un cours d’économie en direct. Ça permet de bien comprendre les devises, les changes, l’inflation, la préférence nationale, la dette des Etats… On devient super calés sur le sujet.
Voilà pourquoi on ne parle pas trop de l’Argentine. C’est compliqué d’en parler (boulot, niveau de vie, voyage…) sans parler de la situation économique. Et quand on en parle , c’est long, rébarbatif… et ça fait peur à beaucoup de jeunes.
C’est une super expérience si on part avec de l’argent et qu’on accorde plus d’importance au V qu’au T du PVT.
Est-ce que ta situation professionnelle t’a paru satisfaisante, en PVT ?
En Argentine, j’ai eu plus de mal à m’adapter à la culture d’entreprise, et avec le problème du change du pesos… mauvaise idée !
En Australie, je viens de signer mon contrat, je n’ai pas encore commencé à travailler… mais les entretiens, RDV… ça m’a l’air très prometteur. En Argentine, les études étant quasiment gratuites, on croise beaucoup de jeunes du monde entier et surtout du Mercosur. Peu de salariés sont expatriés. Je travaillais dans un open space avec 100 personnes : j’étais la seule étrangère. Pour le job, je pense que oui, ça se trouve. Le salaire n’est pas excellent et il faut savoir créer ses opportunités (mon expérience ne peut pas faire office d’exemple). Un couple d’amis cuisiniers que j’ai rencontré là bas, a trouvé du travail pour 3 semaines sur un bateau partant d’Ushuaïa pour l’Antarctique : il y a vraiment des superbes expériences à faire (et oui je suis jalouse… l’Antarctique, quoi !) Mes réponses sont un peu biaisées. Je travaille sur un logiciel suédois très implanté en Europe et très peu dans le reste du monde… du coup la compétence est très rare. Au Canada, il y avait 10 personnes ayant mon profil et en Australie, quand mon chef a dit qu’il avait recruté un profil avec 7 ans d’expérience (moi), tout le monde a rit en disant que ce n’était pas possible de trouver cela sur le marché.
Ça ne reflète pas la réalité sauf pour un petit nombre de métiers dont la compétence française est reconnue : boulanger, pâtissier, cuisinier, les métiers de la mode…
En PVT, est-ce que certaines choses françaises te manquent ?
La nourriture m’a manqué les 6 premiers mois au Canada. Juste avant de m’installer, je suis allée prendre des cours de cuisine… ça me manque moins. Ou alors il faut vous trouver un pote cuistot !
A Toronto, c’est surtout l’architecture qui me manquait. De pouvoir se perdre en ville, de découvrir des ruelles, des places, des quartiers… là-bas, tout se ressemble plus ou moins.
Ma moto, même si ma famille m’a offert une moto de voyage en playmobile… ça ne compense pas complètement.
Pour éviter de tomber dans le manque, il faut profiter de ce qu’on n’a pas ou pas autant en France. La neige au Canada, le Tango en Argentine (aller se perdre dans des milongas le soir !), le surf en Australie. Se dire qu’on n’y est que pour un temps. Y aller à fond.
Quelles ont été tes plus grosses difficultés, au cours de tes PVT ?
Quels sont tes meilleurs souvenirs ? Qu’est ce que ces expériences t’apportent, du point de vue personnel ou professionnel ?
- Les sentiments d’enfermement et de liberté simultanés en Alaska.
- Apprendre à gérer la solitude au Yukon.
- La plongée avec les raies mantas.
- La beauté de Grand Prismatic.
- La rencontre avec Morgan et les garçons à Haïti.
- L’Inde avec ma grand-mère.
- Le tango à Buenos Aires.
As-tu d’autres projets ?
D’ici là je compense ma bougeotte par de la lecture : Alexandre Poussin, Sylvain Tesson… des livres de voyages extraordinaires.
Le but (avec mon chéri d’amour à moi !) est de passer nos licences de pilotage, de construire notre avion et de repartir voyager.
Le carnet de route n’est pas défini mais : un kibout en Israël, la fête des couleurs en Inde, un temple bouddhiste, les dogons, l’Amazonie, la Mongolie, Inuvik et les grands lacs, le Mali, la Birmanie… La carte se remplit vite (c’est l’jeu ma pauvre Lucette !) mais il va falloir faire des choix.
Quels conseils donnerais-tu aux futurs pvtistes ?
Si votre famille ne peut rien faire pour vous, ne lui racontez vos problèmes qu’à posteriori. Ça va les angoisser pour rien et vous devrez gérer leur angoisse en plus de vos problèmes… c’est contre productif. Si vous avez besoin de le partager, trouvez vous d’autres pvtistes : on a tous des galères, on n’y est sûrement passé !
Ça va paraître un peu bizarre, mais va où sont tes préjugés et tes peurs. Va comprendre. Tu penses que les Amishs sont une secte : va comprendre leur mode de vie. Tu penses que les Etasuniens sont fous avec leurs armes : alors va dans le Montana, les rencontrer pour débattre. Tu penses que les gens qui vivent sans eau et sans électricité sont fous : tente d’expérience. Va chercher l’expérience difficile, celle qui te poussera dans tes retranchements, celle qui te forcera à voir la vie autrement.
Force-toi à sortir des sentiers battus. Le tourisme est un déplacement géographique. Le voyage est un déplacement intérieur.
Consulter d’autres interviews de pvtistes…
Consulter des récits de pvtistes (emplois, voyages, etc.)…
Amoureuse des Etats-Unis, de l'Utah et du voyage en train, j'ai passé 7 mois à Montréal en 2010, et j'en ai profité pour découvrir la Nouvelle-Angleterre en long, en large et en travers !
Mon coup de cœur avec Montréal date de 2008, et d'un mois estival là-bas... Depuis, je ne fais qu'y retourner !
J'ai réalisé deux tours des Etats-Unis (& Canada) en 2012 puis en 2014. Plusieurs mois sur les routes, c'est formateur... De retour à Montréal en 2019-2020 pour un PVT, avant de raccrocher !
Sur PVTistes.net, j'aime partager mon expérience sur le forum, dans des dossiers thématiques ou même en personne ! Vous me croiserez sûrement à Lyon, ma ville de cœur.
Les Guides de pvtistes.net
Nos guides des pvtistes sont disponibles gratuitement au format PDF, pour que vous puissiez les consulter à tout moment, même sans connexion !
(25) Commentaires
Wahou, ça donne vraiment envie de sauter le pas !!!!!
Incroyable vie totalement rythmée par le voyage, l’aventure, et la découverte!
Super ITW, ça donne envie de Vivre tout simplement!
Merci Bcp Eva, merci bcp Pvtiste 😉
Super partage, merci pour ces bons conseils
Merci Eva pour cette interview, c’était très intéressant et très instructif ! Je rêve de faire plusieurs PVT dans les mêmes pays que toi donc ça me permet d’en apprendre un peu plus 🙂
J’adore.
Super interview!
Je souhaite rentrer en contact avec Eva (j’ai envoyé un message privé sur pvtistes), en espérant qu’elle me lira.
a+
Super témoignage, merci !
et la devise de la fin, géniale ! 🙂
Très intéressant ! J’ai aimé apprendre des choses sur l’Argentine grâce à toi ! Bonne route en Australie et continue de plus belle à nourrir ton déplacement intérieur !
Beau témoignage. L’Amérique du Sud me tente encore plus ! Le tango tout ça tout ça 😀
[ J’ai trouvé ça marrant d’angoisser pour seulement 1 mois de recherche d’emploi dans un métier spécifique. Il y a vraiment des secteurs très porteurs et d’autres non, c’est flagrant. Faites carrière en informatique !!! ]
La fin de l’interview est particulièrement belle ! Merci pour cette publication !
Tu veux rire… panique totale en arrivant a Buenos Aires…premier jours les resultats renvoyaient « result not found » :'( En 1 mois j’ai postule a 3 offres… et attendu…. appris a jongler 😉
wahou « result no found » ouais ça doit faire flipper !!!! en tout cas tu t’en es sortie ! chapeau l’artiste !
Merci pour le témoignage, j’ai beaucoup aimé le(s) mot(s) de la fin.
Juste une question…il est donc VRAIMENT possible de vivre plusieurs expériences de PVT ?
De ce que j’ai compris :
Tu peux faire autant de PVT que tu veux, tant que
– tu es dans la limite d’age définie (je crois que c’est 30 ans pour tous les pays sauf le Canada 35)
– tu ne peux faire qu’un PVT par pays, sauf l’Australie où c’est renouvelable pour un an de plus sous certaines conditions (basiquement avoir travaillé 6 mois dans l’agriculture)
Oui, Sebastien a tout a fait raison! (meme si je crois que ce n’est que 3 mois de travail a la ferme).
Par contre pour le Canada par exemple, si vous partez en commencant par des vacances, le plus judicieux est de commencer par un visa toursime (6mois) et d’aller repasser la douane pour activer le pvt quand vous comptez bosser 😉
Attention Eva,
ce que tu proposes est dangereux, car les douaniers voyent que tu as un pvt et donc ils peuvent te refuser le visa touriste.
ça peut peut etre marcher, ou pas 😉
cf cette anecdote : https://pvtistes.net/forum/le-permis-de-touriste/71927-pas-de-visa-touriste-avant-le-pvt.html
C’est bon à savoir, merci à vous deux pour les réponses!
zut alors dsl, nous c’et passe, ils nous ont demande ce qu’on venait faire. On a explique qu’on voulait faire du helpx pour apprendre l’anglais avant de valider notre pvt pour travailler. C’est passe comme une fleur et on n’a passe la frontiere 7 fois… ca doit encore dependre des douaniers.
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