Localisation
Montréal, QC, Canada
Profession

Isabelle est partie en PVT au Canada. Elle en a profité pour expérimenter le volontariat et pour s’aventurer hors des sentiers battus, notamment en Nouvelle-Écosse et sur l’Île-du-Prince-Édouard.

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Salut Isa ! Peux-tu te présenter et nous parler de ton rôle sur pvtistes.net ?
isa
J’ai découvert pvtistes.net en 2007, quand je préparais mon premier séjour à Montréal ! J’ai été bénévole pendant des années pour le site puis j’ai intégré l’équipe d’admins. Je rédige des dossiers et des guides et je fais tout un tas d’autres choses, espérant aider les pvtistes à réaliser leurs rêves.
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Tu es partie en PVT au Canada. Pourquoi cette destination ?
isa
Je ne suis partie en PVT qu’en 2019, ce qui est fou, il m’en aura fallu, du temps ! J’ai vécu à Montréal en 2010 (sous un permis de stage coop) et y suis revenue depuis, régulièrement, pour quelques semaines ou plusieurs mois (en tant que visiteuse).
Chaque année, je voulais repartir, cette fois-ci en PVT, mais la vie en a décidé autrement (une séparation, un manque de rapidité lorsqu’on obtenait le PVT au premier arrivé, premier servi, plus assez d’économies pour partir, d’autres voyages qui se sont interposés, des problèmes de santé…). Jusqu’à enfin avoir un peu de chance et être tirée au sort.

En 2008, j’avais eu un coup de foudre immédiat pour Montréal. Ça a été une révélation et je me suis sentie chez moi instantanément. C’est pour ça que j’y suis revenue régulièrement… Ce qui est marrant, c’est que bien que je sois fascinée par l’histoire, la littérature canadienne et que le Canada soit mon pays de prédilection sur pvtistes.net, je n’ai jamais eu de coup de cœur pour la vie “à la canadienne” et n’ai jamais souhaité y immigrer de façon permanente. Les allers-retours me convenaient bien, même si ça impliquait d’avoir constamment “le cul entre deux chaises” !
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Tu es arrivée quelques mois avant le début de la pandémie de Covid-19. En quoi celle-ci a-t-elle impacté ton PVT Canada ?
isa
J’ai été assez chanceuse d’avoir pu répondre aux conditions afin d’obtenir le PCU, l’aide du gouvernement canadien, suite à la perte de mon emploi à cause du Covid. Mais oui, j’ai perdu mon emploi, je n’en ai pas retrouvé un autre, mon conjoint est passé à temps partiel pendant un temps, on a eu très peur de l’avenir.

On avait pour objectif de rester un an de plus à la fin de notre PVT, on avait déjà consulté une avocate en immigration pour nous conseiller avant de se lancer dans une démarche compliquée. On avait aussi posé une option sur un van aménagé avec pour objectif de voyager quatre mois aux Etats-Unis, d’un océan à l’autre. Tout ça, c’est tombé à l’eau, mais comme tous les plans de tout le monde en 2020.
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Pendant ton PVT, tu as expérimenté le volontariat. Pourquoi avoir opté pour cette forme de “travail” ?
isa
Pour plein de raisons ! Déjà, parce qu’on avait décidé de partir en Nouvelle-Écosse depuis le Québec. À l’été 2020, c’était une des rares provinces qui accueillait les Québécois (sous conditions d’un confinement strict de 14 jours, avec un appel quotidien du gouvernement néo-écossais pour vérifier que tout allait bien). On avait pour objectif de faire un road trip d’au moins 4 mois, d’août à décembre, jusqu’à la fin de notre PVT (mais on ne se faisait pas d’illusions sur l’arrivée d’une deuxième vague de Covid). Donc je dirais :
  • pour économiser sur le logement : on n’avait pas les moyens de voyager plusieurs mois en payant un logement tous les soirs ;
  • pour les rencontres : à cause du covid, on a pas pu faire beaucoup de nouvelles rencontres à Montréal. Alors aller vivre chez les gens nous paraissait être une bonne opportunité ;
  • pour parler anglais : après 9 mois au Québec, j’avais vraiment besoin de parler anglais au quotidien ;
  • pour apprendre de nouvelles choses, notamment sur la permaculture et l’entretien d’un jardin potager ;
  • pour voyager tout doucement, en se donnant le temps de découvrir les Maritimes région par région.
Bref, je pourrais continuer un moment, mais on a pas réfléchi longtemps avant de s’inscrire sur le site de Workaway !
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Peux-tu nous raconter tes 2 expériences de volontariat en Nouvelle-Écosse ?
isa
Nos premiers hôtes étaient dans un petit village pas loin de la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse ! L’expérience est un peu sortie de l’ordinaire puisque nous n’avions pas le droit de sortir de la propriété pendant 14 jours. Ensuite, nous serions libres de voyager dans toutes les provinces maritimes, dans la fameuse “bulle atlantique”. On espérait vraiment que ça allait bien se passer… On avait vraiment pas le droit de partir de chez eux.

C’était chez un jeune couple (plus jeune que nous !) qui avaient construit une ferme de leurs propres mains, l’activité en était à ses balbutiements, ils en étaient à leur première année. Au quotidien, on devait nourrir les animaux (chèvres, chevaux, volailles, cochons et lapins), nettoyer leurs enclos, prendre soin d’eux et effectuer divers travaux de construction plus physiques (creuser des trous pour planter des clôtures, les dresser, etc). On avait convenu de 25 h de travail par semaine mais au final, vu qu’on était confinés, on travaillait tous les jours ou presque, et bien plus de 4 h par jour, en plus de faire les travaux ménagers. On était bien logés (dans une chambre avec salle de bain séparée), tout était propre (et on se rendait pas compte de notre chance à l’époque !) et on était bien accueillis… Sauf que malgré tout, il n’y avait pas beaucoup de moments de partage. Nos hôtes n’étaient pas très curieux ni chaleureux et n’avaient pas spécialement envie de discuter ni de partager des choses avec nous. Je dirais que cette première expérience s’est bien passée, mais ce n’était pas non plus exceptionnel au niveau relationnel.

On a pas enchaîné tout de suite sur la 2e expérience et on a profité de la liberté retrouvée pour voyager au Cap Breton, à Halifax et dans le sud de la province. On cherchait d’un oeil un autre Workaway, jusqu’à tomber sur l’annonce de Mark (un néo-brunswickois d’origine) et de Karen (une terre-neuvienne d’origine), installés dans la vallée d’Annapolis (région pour laquelle on a eu un coup de coeur !).
L’annonce était parfaite : ils vivaient depuis un an et demi sur une immense propriété bordée par un bois (avec leurs propres sentiers de randonnées), en étant parfaitement “hors réseau” (off the grid) : pas d’eau courante ni d’électricité (à part celles des panneaux solaires dans leur cabane principale). On serait logés dans une petite roulotte au fond du jardin, tout confort !
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Pour se doucher et faire la vaisselle, il fallait aller chercher de l’eau de pluie puis la faire chauffer au gaz. Pour boire, il fallait aller chercher de l’eau de source à 30 min de voiture, pour faire ses besoins, des toilettes extérieures (un trou, quoi !) faisaient l’affaire.
Nos hôtes nous ont accueillis comme si on faisait partie de leur famille : on a beaucoup échangé sur nos cultures respectives (on a découvert plein de traditions de Terre-Neuve !), on a cuisiné des spécialités espagnoles et provençales alors qu’eux nous faisaient des bons plats de l’est canadien… C’était exactement l’expérience qu’on cherchait.

Au quotidien, un rythme tout doux, 20-25 h de travail par semaine, on a beaucoup travaillé dans le jardin (plantations, arrosage, cueillette, désherbage, entretien des massifs, des sentiers de rando) et fait un peu de menuiserie et bien sûr, les travaux ménagers. On aurait pu rester un mois de plus chez eux, mais l’automne est arrivé très tôt… Début septembre, il faisait déjà très froid dans la roulotte non chauffée…!

C’était génial de vivre comme ça et on s’est adaptés beaucoup plus vite que ce qu’on pensait. En étant hors réseau, toutes les tâches quotidiennes prennent un temps infini, mais ça oblige aussi le cerveau à ralentir, à se concentrer et à profiter tout simplement des journées qui passent. On espère vraiment pouvoir garder le lien avec nos hôtes et leur offrir une visite guidée de notre région en France quand ils viendront nous voir ! C’est ça aussi, le volontariat, de très belles rencontres.

La vallée d’Annapolis est magnifique, on est tombés sous le charme de la petite ville étudiante de Wolfville, bref, on a eu l’occasion de découvrir un petit coin du Canada qu’on aurait jamais visité si Workaway ne nous y avait pas amenés.
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Tu as aussi eu 2 autres expériences de volontariat “ratées”, sur l’Île-du-Prince-Édouard et au Québec. Tu nous en dis plus ?
isa
Ratées, je ne sais pas, mais complètement manquées, oui ! C’est quand même pas toujours rose, de débarquer chez des gens. Pour l’Île-du-Prince-Édouard, on avait convenu avec des hôtes d’un séjour chez eux… Mais ils ont annulé au bout de quelques semaines, quand ils ont appris qu’on venait du Québec et malgré mes explications sur le fait qu’on respecte bien les mesures légales pour venir à l’IPE.

On a eu globalement pas mal de problèmes de manque de confiance des hôtes en venant du Québec. C’est pas grave, on y est allés quand même, dans cette petite province, et ça a été magique, c’est vraiment une province méconnue des pvtistes, à tort (je recommande à tout le monde d’y aller, surtout dans sa capitale Charlottetown qui a été un coup de coeur, ça aurait été à refaire, on aurait commencé notre PVT par ici !).
On avait pour objectif, l’automne, de revenir au Québec pour faire du volontariat dans la région de Charlevoix, notamment pour profiter du temps des couleurs. Déjà, il n’y avait pas beaucoup d’annonces même si on s’y est pris plusieurs mois à l’avance : tout était complet. Enfin, on a fini par trouver un volontariat d’un mois dans une ferme d’élevage, la proprio avait l’air plutôt sympa même si un peu difficile à décrypter par téléphone… On a tenté notre chance. On est restés 2 h sur place, pas une seconde de plus, après avoir beaucoup hésité à partir (principalement de peur d’être malpolis et de revenir sur nos engagements).

La maison dans laquelle on était logés (nous et un autre pvtiste volontaire) était dans un état de crasse absolument ignoble, il n’y avait rien de prévu pour les repas, la ferme (pourtant réputée) était dans un état inquiétant (animaux qui ne semblaient pas bien traités), et au final, on nous demandait de travailler au moins 30 h par semaine, tout en disant que c’était souple… Mouais. Après en avoir discuté entre nous pendant un moment, même si on se sentait super mal à l’aise à l’idée de partir, on a plié nos bagages. Pas comme des voleurs quand même, mais en téléphonant à l’hôte (qui ne nous avait toujours pas accueillis en personne) pour le lui expliquer (avec tact). Elle nous a dit qu’elle nous rappelait et ne l’a jamais fait… Alors on a dû revoir tout notre voyage et surtout trouver d’urgence un logement pour le soir même !

En bref : si vous ne sentez pas quelque chose, que vous avez déjà pas un super a priori et qu’une fois sur place, ça se confirme, si vous le pouvez : partez tout de suite. N’ayez pas peur d’être malpoli ou autre, les engagements doivent être aussi tenus par les hôtes. Et parfois, même quand on cadre bien les choses en amont, ça ne suffit pas…
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As-tu des conseils pour les pvtistes qui aimeraient tenter l’expérience du volontariat ?
isa
Ne pas le faire uniquement pour économiser de l’argent, parce qu’il faut quand même vouloir vivre chez des gens, et parfois même en communauté avec eux. Dans le cas du volontariat avorté au Québec, je me suis aussi sentie un peu “vieille” pour l’ambiance WWOOFing, avec un pvtiste beaucoup plus jeune… Donc il faut vraiment bien choisir un hôte qui vous convienne et ne pas choisir une expérience par défaut.

Aussi, même si c’est pas toujours évident dans une langue étrangère : téléphoner à l’hôte ! Il y a tellement plus de choses qui passent par téléphone et qui ne passent pas par mail, ça permet de mieux cerner la personne qui va vous accueillir.

Enfin, ne pas hésiter à se lancer pour acquérir de nouvelles compétences, c’est pour moi aussi l’un des intérêts principaux du volontariat : apprendre !
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De nombreux pvtistes restent vivre dans les grandes villes (Montréal, Toronto, Vancouver) pendant leur PVT. De ton côté, tu as exploré d’autres coins du Canada… Qu’as-tu aimé là-bas ?
isa
Même si j’aime toujours Montréal (moins, avec le temps qui passe !) et que je trouve que la vie dans les grandes métropoles canadiennes est une expérience à vivre, je regrette aujourd’hui de ne pas m’être installée plusieurs mois dans les plus petites villes, notamment Halifax, Charlottetown ou Wolfville… Il y a vraiment beaucoup d’opportunités et toute une vie sociale presque plus facile à construire quand on est francophone : le réseau des francophones est dynamique ! Les loyers sont moins chers, il y a plus d’entraide…
Même si j’ai aimé visiter l’Alberta, le Québec ou la Colombie-Britannique qui sont des provinces spectaculaires, j’ai trouvé que la vie était vraiment douce en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard !
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Et pour finir, quels conseils donnerais-tu à un futur pvtiste au Canada ?
isa
Se “forcer” un peu à aller vivre à s’établir au moins dans deux endroits très différents du Canada et à faire “moitié moitié” sur son temps de PVT ! Le Covid ne nous l’a pas permis, et c’est vraiment quelque chose que je regrette, même si on a eu la chance de faire un long road trip ! Encore une fois, j’aime la vie dans les grandes métropoles canadiennes, mais je trouve que les petites villes ont tellement à offrir !
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Merci Isa pour ton témoignage !

Annelise

Après un an passé à découvrir l'Australie en PVT, puis un an à Toronto et 6 mois dans l'ouest canadien (toujours en PVT), je suis ensuite partie en vadrouille un peu partout autour du globe.

I spent one year exploring Australia on a working holiday, followed by another year in Toronto and 6 months in Western Canada. After that, I travelled around the globe.

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(1) Commentaire

Anne I |

Chouette témoignage, merci Isa ! Oui, la vie est douce sur l’Île-du-Prince-Edouard et en Nouvelle-Écosse 🙂

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