Liliane, un PVT en solo à Séoul
Villes de provenance et de destination
Que faisais-tu en France ?
Comme je n’avais aucun impératif qui me retenait en France, je me suis dit que c’était le moment ou jamais de le tenter ce PVT Corée du Sud (parce que si, miracle, je le trouvais enfin ce boulot, j’allais pas le lâcher de si tôt !). Plusieurs de mes amis l’avaient déjà fait dans divers pays et avaient adoré l’expérience.
Pourquoi cette envie de t’envoler pour la Corée du Sud ?
Pourquoi Séoul ?
Quel était ton niveau de langue en arrivant ? Comment as-tu progressé ?
J’avais quand même fait l’effort d’apprendre le hangeul avant de venir, et je me suis inscrite pour un semestre de cours à Sogang Univ.
Le plan au départ était de ne suivre qu’un semestre, mais je me suis rendu compte que c’était vraiment le basique de chez basique, et que suivre le niveau suivant serait plus que bénéfique, parce que je suis vraiment pas du genre à étudier par moi-même. Si j’avais pu, j’aurais suivi le niveau 3 aussi, mais si j’étais venue pour étudier, un visa étudiant aurait fait l’affaire. Ça aurait été un peu gâché ce visa de PVT. Et puis, point plus important, l’école, ça coûte cher !
Maintenant, je suis des cours gratuits une fois par semaine à la Korea Foundation. Je ne trouve pas les cours terribles, mais ça aide à maintenir.
Et puis, j’habite en coloc avec des Coréens ou des gens avec qui ma seule langue est le coréen. Donc, au quotidien, je suis forcée d’interagir dans cette langue.
Est-ce que c’est la première fois que tu vivais à l’étranger ou que tu partais aussi longtemps ?
Quel a été ton sentiment dominant au cours des 2 premières semaines en Corée du Sud ?
Il y a eu le gros moment de doute et de stress à l’aéroport au moment du départ, en me demandant si j’arriverais vraiment à m’en sortir toute seule, dans un pays où je ne connais personne, où je n’ai pas d’amis, et où je ne connais pas la langue.
Sinon, par la suite, j’ai souvent pensé « contre toute attente, on dirait que je vais y arriver » !
Est-ce que ta situation professionnelle te parait satisfaisante, en Corée du Sud ?
Je travaille dans un Makgeolli Jib en temps partiel, et si on a besoin de quelqu’un dans l’autre restaurant de ma boss, un buffet, principalement pour les tours opérateurs chinois, je travaille plutôt là-bas. Mais je ne suis informée que le jour même de mes horaires et du lieu. Et au Makgeolli Jib, s’il n’y a pas beaucoup de clients, on me fait terminer plus tôt. Le truc qui me satisfait surtout, c’est d’avoir trouvé un emploi dans un environnement 100 % coréen. Ma boss et mes collègues ne parlent que coréen. Au Makgeolli Jib, ce ne sont que des clients coréens et les éventuels touristes japonais qui ont déambulé et trouvé ce resto je ne sais comment.
Au fait, si ça intéresse quelqu’un, ma boss adore les Françaises, et m’a dit de lui en présenter quand j’arrêterai le boulot 😉
Quelles ont été tes plus grosses difficultés en Corée du Sud ?
Alors que je parle trois langues et que j’avais un coréen débutant. Mais bon, je l’accorde, je n’apparais pas du tout comme quelqu’un de ‘friendly’ et ‘outgoing’.
Ça a été un comble d’avoir trouvé ce boulot avec mon coréen bancal, alors que les boulots en anglais ne voulaient pas de moi.
Et puis, le tutorat de français, quand t’es jaune, même si tu dis que t’es née et que tu as grandi en France, ils préfèrent quand même un blanc…
Quel est ton meilleur souvenir ?
On habite à Yeongdeungpo, donc au sud-ouest de la Hangang. Il était minuit et quelques, et on a commencé à longer la Hangang. Et nous avons marché pendant trois bonnes heures, en se racontant des histoires de fantômes, à discuter, à mettre la musique de nos portables. Il faisait bon, les gens étaient toujours dehors dans les parcs à 2 h du matin à jouer, boire, discuter, etc. et je me souviens m’être dit qu’une telle ambiance nocturne n’était possible qu’ici. Aussi, les Coréens ont cette expression de 불금 « burning friday » où, en bons Coréens qu’ils sont, donc, ils boivent et boivent. Et donc, la nuit, on les retrouve allongés, à dormir, par terre, en pleine rue, sur l’herbe, etc. Leurs poses peuvent être comiques parfois et j’adorerais pouvoir les photographier. Les policiers viennent aussi les voir pour leur demander si ça va, et restent souvent un moment avec eux.
Est-ce que certaines choses françaises te manquent ?
Le fait aussi qu’en France, il y a beaucoup plus de diversité de resto de nourritures étrangères (j’arrête pas d’en parler partout en ce moment haha, mais j’ai vraiment envie d’un pho et d’un poulet braisé avec ses bananes plantain…) Le fait que dans les relations interpersonnelles, l’âge ou la hiérarchie n’aient pas un si grand poid qu’ici.
Qu’est ce qui te manquera si tu rentrais en France ?
Même si en France, il y a des restos, ça ne dépasse pas le bibimbap, bulgogi et barbecue. Alors qu’en réalité, y’a tellement plein d’autres trucs super bons ! La sécurité. Pouvoir marcher dans une ruelle sombre en prenant son temps, avoir son sac à dos dans le dos dans le métro sans avoir peur de se le faire ouvrir, de poser son portable sur un siège pour le réserver le temps de passer commande…
J’aime le fait de pouvoir me balader en mini-short sans être agressée verbalement par un gars. Tout ce que je risque, ce sont des regards désapprobateurs (du genre « avec des grosses cuisses pareilles elle ose se mettre en short ?! ») mais ça je m’en fous, et d’ailleurs je suis même pas sûre que je les remarquerais, tellement je capte rien. Le rapport à l’apparence des Coréens, c’est quelque chose qui ne me manquera pas du tout ! Le wifi gratuit partout dans les rues. Super agréable. Même pas besoin d’acheter du data. Y’a toujours quasiment un hotspot quelque part. Leur façon de faire passer des entretiens pour les jobs alimentaires. Ici, ils ont compris que les petits jobs c’était pour l’argent. Pas besoin de lettre de motivation et d’essayer de trouver des raisons de malade pour faire genre on est super intéressé. Ils demandent les disponibilités, si on a de l’expérience, l’âge et c’est tout. Ça pourrait se faire au téléphone, mais comme ici, l’apparence compte, ils veulent te voir, même si c’est juste pour 5 minutes.
Qu’est ce que cette expérience t’apporte, du point de vue personnel ou professionnel ?
Du point de vue personnel, beaucoup. De la confiance en soi, et surtout, je suis fière d’avoir finalement entrepris cette expérience. Je ne me sentais vraiment pas capable d’entreprendre un PVT toute seule, mais au final, je l’ai fait, et ça se passe bien. Il me reste trois mois et quelques, et je testerai le WWOOFing et le backpack trip durant les deux derniers mois.
Et puis, j’ai envie de repartir, pour l’Australie ou la N-Z.
Quels conseils donnerais-tu aux futurs pvtistes ?
Ainsi, j’ai pu prendre une initiation au Darye, la cérémonie du thé coréenne, au Gyeongbokgung, et entrer dans une partie du palais qui est normalement fermée, assisté à la reproduction de la cérémonie des rites ancestraux Jongmyo Daeje, avec des places de choix, assisté au R16, compétition mondiale de bboy en place VIP, et tout ça gratuitement. Séoul a aussi un grand nombre de théâtres que l’on dit comparables à ceux de New York, et les Coréens aiment beaucoup aller voir des shows et comédies musicales. En hiver dernier, la KTO recrutait des étrangers pour aller voir certains shows. Les tickets sont gratuits (et toujours à de bonnes places !), et en échange, on doit juste écrire un rapport d’une quinzaine de lignes avec photos et le publier sur nos réseaux sociaux pour les promouvoir. Ils sont à l’écoute des côtés positifs et négatifs de ces rapports pour avoir la possibilité d’améliorer ces shows. J’ai eu l’opportunité de voir des shows qui étaient vraiment de bonnes surprises (mais aussi des navets !). C’est aussi l’opportunité de rencontrer d’autres étrangers en Corée, qui n’habitent pas forcément à Séoul, lorsque la KTO organise un événement pour les K-supporters.
Mais en tout cas, si j’avais eu les moyens, je ne serais pas allée voir les shows, à part un des plus connus, Cooking NANTA, et je suis reconnaissante de ce que la KTO fait pour les touristes étrangers.
Ils devraient poster une annonce de recrutement pour les K-performance supporters à nouveau cet hiver pour l’année 2015, donc si vous êtes intéressés, n’hésitez pas !
Consulter d’autres interviews de pvtistes…
Consulter des récits de pvtistes (emplois, voyages, etc.)…
Amoureuse des Etats-Unis, de l'Utah et du voyage en train, j'ai passé 7 mois à Montréal en 2010, et j'en ai profité pour découvrir la Nouvelle-Angleterre en long, en large et en travers !
Mon coup de cœur avec Montréal date de 2008, et d'un mois estival là-bas... Depuis, je ne fais qu'y retourner !
J'ai réalisé deux tours des Etats-Unis (& Canada) en 2012 puis en 2014. Plusieurs mois sur les routes, c'est formateur... De retour à Montréal en 2019-2020 pour un PVT, avant de raccrocher !
Sur PVTistes.net, j'aime partager mon expérience sur le forum, dans des dossiers thématiques ou même en personne ! Vous me croiserez sûrement à Lyon, ma ville de cœur.
Les Guides de pvtistes.net
Nos guides des pvtistes sont disponibles gratuitement au format PDF, pour que vous puissiez les consulter à tout moment, même sans connexion !
(13) Commentaires
Salut,
Merci pour ton témoignage ☺
Je voulais savoir si tu as eu des difficultés à trouver un logement ?
Sinon merci pour les infos !
Coucou,
C’est sympa de ta part d’avoir pris le temps de faire un tel témoignage. Le plus pays le plus loin dans lequel j’ai vécu c’est … l’Angleterre -_- … Pres de 3 ans et demi.
Parmi le peu de commentaire ainsi que ton témoignage, ressort plusieurs fois l’apparence et la couleur de peau. Si le fait d’être Asiatique a eu un certain impact (positif comme négatif), de quel cote pencherais la balance pour une peau noire ? Bon les regards tout ça, ça ne me dérangerais pas du tout, la curiosité de ce qui diffère c’est normal. Mais par exemple au niveau du travail (je suis pâtissière)et des relations sociales ?
Tres bon PVT en Australie ! J’ai une amie Hong-Kongaise, rencontrée a Londres, qui s’y plait beaucoup, bien qu’ayant elle aussi quelques soucis de stabilité. (j’ai des soucis d’accents car je tape en qwerty)
je pense que dans une grande ville, tu ressentiras moins d’impacts en référence à ta couleur de peau. surtout avec la jeune génération qui est plus ouverte aux étrangers etc. faut pas oublier que ça ne fait qu’une vingtaine d’années que le pays s’est ouvert, et que les coréens peuvent également sortir du pays librement.
à mon boulot, la fille qui me remplaçait était une guadeloupéenne. elle était foncée de peau, et quand elle est arrivée pour l’entretien, ma boss m’a dit « qu’est ce qu’elle est foncée! », « dis lui de rester calme, et de jamais s’énerver, que si elle a un problème, de venir me voir, et de pas crier sur le client » elle l’a gardée mais je la soupçonne de vouloir donner un côté exotique à son resto. et c’était la raison aussi pour laquelle cette collègue a quitté le boulot 2 semaines plus tard, parce qu’elle était traitée comme une poupée qu’on est fier de montrer.
il me semble que l’année dernière avec ebola, un restaurant ou bar à Itaewon a interdit l’entrée aux personnes noires.
un article est sorti récemment sur le sentiment de discrimination des étrangers à seoul
https://www.koreaobserver.com/2015/05/26/nearly-all-foreigners-victim-of-discrimination-in-seoul/
sinon, ca concerne pas la corée, mais quand même, la perception des personnes à peau noire en chine, un petit sketch sur youtube
https://www.youtube.com/watch?v=CqtS3hSwq3o
Bonjour,
J’avais effectivement entendu parlé de l’incident Ebola.
En tout les cas, merci beaucoup pour ta réponse =).
Une amie a moi était partie 6 mois a Beijing, et m’avais raconté, sa peau est très noire, elle a eu un peu de tout.
Bonne continuation a toi.
coucou
je viens de tomber sur un témoignage de 2 personnes noires en Corée
https://www.youtube.com/watch?v=IB1GrgkM1cE
Coucou =D !
Je te remercie pour cette vidéo, pleine de beaucoup plus de bonne humeur que ce a quoi je m’attendais. Au final, le discours comme quoi la xénophobie coréenne est plus tenable que le racisme japonais ressort la aussi, cela me rend curieuse.
Je te souhaite un très bon PVT en Australie.
Merci pour l’info de la KTO ! et puis bravo pour ton PVT, j’espere que le mien se passera mieux !
bon je partirai avec un avantage certain… je connais quelque personnes qui peuvent m’aider au debut.. a force d’y aller pour le vacances on s’y fait des amis 😉
Super, merci pour ce retour et l’info sur la KTO! Tu es en Corée jusqu’à quand du coup?
je suis partie mi novembre TT
Super interview Liliane, comptes-tu prolonger l’expérience par un autre PVT ?
oui =)
si les moyens me le permettent, je partirai en Australie en 2016
Hey super retour ici. Moi aussi je suis asiatique et français vivant en corée. Je trouve que l’expérience est tellement plus différente qu’un ou qu’une caucasien(ne) normal(e), c’est dommage que l’article ne met pas en avant plus ce témoignage.
En tout cas, bon séjour à toi et puis si on peut se rencontrer aussi au détour d’une soirée pour échanger nos expériences.
A toute et bon pvt !!
c’est vrai qu’en étant jaune, on « s’intègre » plus facilement, c’est plus facile de se faire passer pour un coréen.
y’a moins cet aspect « je te dévisage ou je t’évite » dont on entend souvent parler de la part des blancs.
pas plus tard que tout à l’heure, en rentrant du boulot, dans le métro, il y avait une place de libre à côté d’un blanc, la fille avait avancé d’un pas décidé vers cette place en entrant dans le wagon, mais lorsqu’elle a aperçu qui était à côté, elle s’est arrêtée net, s’est retournée. et est restée debout.
et quand la place à côté de la personne assise à côté du blanc s’est libérée, elle s’est jetée dessus…
y’a aussi pas de possibilité de faire des boulots de figurants, comme Morgane kkk, ou tout simplement du tutorat, comme je l’ai dit. ils ont cette idée reçue qu’un blanc enseignera mieux, que leur enfant apprendra mieux d’un blanc que d’un jaune, qui n’est pas un vrai français, même s’il est né, a grandi, vécu toute sa vie en france.
y’avait un article dans vice https://www.vice.com/read/south-koreas-not-so-subtle-racist-hiring-practices-0000313-v21n5
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