À la conquête d’un job mine en PVT Australie, les pvtistes ne savent pas toujours à quoi s’attendre une fois sur place. Attirés par les salaires mirobolants mis en avant dans de nombreuses vidéos, disponibles sur TikTok et Instagram, beaucoup se lancent dans l’aventure en pensant décrocher LE job en or. Mais la réalité est parfois bien différente. Oui, travailler dans les mines peut être financièrement très avantageux, mais à quel prix ?

    À travers le témoignage de Julien, nous entrons dans les coulisses des jobs en mine. Son expérience vous apportera un regard réaliste sur ce secteur prisé, en mettant en lumière aussi bien les aspects positifs que négatifs de ces emplois. Ici, l’idée n’est pas de vous décourager, mais de vous informer, au mieux, sur la réalité du terrain : de la recherche d’emploi, aux conditions de travail, jusqu’à la vie quotidienne des travailleurs en mine. Une immersion sans filtre pour vous aider à faire un choix éclairé pour préparer votre propre projet.

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    Bonjour Julien, peux-tu te présenter et nous expliquer ce qui t’a amené à travailler en mine en Australie ?
    Salut, moi c’est Julien. J’aurai 30 ans le 23 mars et je viens de la région Midi-Pyrénées. Je bosse comme ferrailleur/coffreur (steelfixer/formworker) depuis six ans dans le génie civil.
      Je suis arrivé à Perth le 16 juin 2023 avec un objectif clair : intégrer le secteur minier. J’en avais entendu parler par le bouche-à-oreille, et c’est mon meilleur pote qui m’a mis en contact avec Tim, scaffolder depuis plusieurs années en Australie. J’avais aussi déjà un contact sur place, Lucas, basé à Kalgoorlie-Boulder en tant que conducteur d’engins.
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    Comment as-tu recherché et trouvé du travail dans ce secteur d’activité très prisé par les pvtistes ?
    Ma première étape a été d’obtenir la White Card à Perth. Ensuite, sous les conseils avisés de Lucas, je suis parti à Kalgoorlie pour une première expérience dans une boîte de construction… mais franchement, le rythme très “lazy” ne me convenait pas du tout. J’ai besoin que ça bouge ! Du coup, retour à Perth où j’ai cette fois ciblé directement les sociétés de génie civil… et là, bingo !
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    Tu dirais que trouver un emploi en mine c’était plutôt facile dans le cadre de ton visa ? Pourquoi ?
    Honnêtement, pour moi, ça a été assez facile. Arrivé mi-juin, j’ai décroché mon premier poste en FIFO ((fly-in, fly-out) : un travail où vous vous rendez en avion et vous revenez en avion quelques jours / semaines plus tard)) début octobre, avec en prime les tickets payés par la boîte.
      Après, il faut prendre en compte mon profil : j’ai six ans d’expérience dans un domaine ultra-prisé, où la France est une référence. J’ai bossé sur des projets de grande envergure, notamment au CNIT à La Défense en 2019, sur le projet EOLE (une surélévation de bâtiment pour créer une nouvelle station de métro), où on bossait 30 mètres sous terre… un truc de fou, les gens ne réalisent même pas ce qui se passe sous leurs pieds ! J’ai aussi participé à l’extension de Monaco sur la Méditerranée avec le projet de L’Anse du Portier. Bref, mon CV a clairement pesé dans la balance.
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    Peux-tu nous en dire plus sur ton contrat actuel en mine ?
    J’étais en contrat casual (intérim) en FIFO depuis Perth. Je démarrais à 45 $AU/h avec une prime de panier de 75 $AU/jour, et l’hébergement était pris en charge. Ma situation était un peu particulière, car j’étais logé à Kalgoorlie, une ville minière de 35 000 habitants.
      Tous les matins, rendez-vous au dépôt à 4h45 pour partir vers les différentes mines des alentours (BHP Nickel West, Silverlake, KCGM Superpit…). En moyenne, on bossait 72h par semaine avec un dimanche off. Sur des contrats plus longs, notamment dans les mines plus éloignées, le rythme montait à 84h/semaine, 7/7 pendant 12 jours, avec seulement 2 jours de repos avant la fin du shutdown (période de maintenance/mise à jour des mines). Ça représentait un salaire net d’environ 3 360 $AU par semaine après impôts (1 365 $AU de taxes).
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    À quoi ressemble une journée de travail en mine ?
    Réveil à 4h : Push-ups, douche rapide. À 4h20, petit-déj et préparation des gamelles pour la journée. À 4h45, direction le parking pour le PreStart quotidien.
      5h : PreStart – briefing sécurité, bilan des tâches de la veille et planification de la journée.
      5h45/6h : Début du taf.
        L’avantage du génie civil, c’est la diversité des tâches : démolition, conduite d’engins, ferraillage, coffrage… chaque jour est différent.
          9h : Petite pause de 20 min.
          12h : Lunch break d’une heure.
          15h : Deuxième pause de 20 min.
          17h : Fin de journée (enfin, en théorie… parce que parfois, les pauses sautent et ça enchaîne sec).
          17h15 : Douche.
          18h : Salle de sport.
          19h : Dîner.
          21h : Dodo.
            Rythme intense, mais c’est ça qui fait le charme du boulot !
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    Quelles sont les principales difficultés que tu rencontres sur le terrain ?
    Les mauvaises nuits peuvent vraiment poser problème, surtout lors des grosses semaines. Avec mon équipe, on a un bon rythme : on aime notre boulot, on s’investit à fond et on bosse efficacement, mais c’est physiquement éprouvant.
      Pour tenir, il faut absolument dormir tôt… C’est une vraie vie de robot ! Mais c’est autorisé d’être fatigué, d’être moins efficace certains jours (encore heureux).
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    Les conditions de travail sont souvent décrites comme exigeantes. Peux-tu nous en dire plus sur l’impact physique et mental de ce métier ?
    En mine, on trouve vraiment de tout ! Certaines tâches peuvent être monotones, comme spotter (surveiller une zone pour la sécurité), mais elles restent essentielles. D’autres, comme le hozing (manipuler des tuyaux d’arrosage pour la boue), peuvent sembler répétitives, mais pour ceux qui aiment le travail bien fait, ça passe bien. Ce sont souvent les postes accessibles aux débutants avec les bons tickets.
      Mais la mine, c’est aussi une multitude de métiers : mécanicien, ingénieur (mécanique ou civil), scaffolders, conducteur d’engins, cuisinier, agent d’entretien, soudeur, routier, pompier, cordiste… Bref, il y a de la place pour tout le monde.
        L’environnement, lui, est très bruyant – EPI obligatoires – et les journées sont longues. L’été, la chaleur est extrême : 43 à 45°C à l’ombre… et pour couronner le tout, des légions de mouches viennent nous “motiver” tout au long de la journée !
          Physiquement, l’intensité est bien présente, mais personnellement, je n’ai jamais été aussi en forme de ma vie : une alimentation au top, du sport, du repos, et le corps suit sans problème.
            Mentalement, c’est une autre histoire. Ici, on est confronté à soi-même et à ses pensées. Avec les nuisances sonores et les protections auditives, on se retrouve dans une bulle où on exécute machinalement son travail. Pour tenir, il faut être émotionnellement stable. Si quelque chose te ronge (un proche malade, des problèmes de santé ou une relation compliquée), ça peut vite peser lourd sur le mental. Garder la tête froide, avoir une bonne hygiène de vie et surtout bien dormir, c’est essentiel pour rester fort mentalement.
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    Comment est l’ambiance de travail dans les mines ?
    Je peux parler de mon expérience et de ce que j’ai observé, mais c’est un ressenti personnel : chacun vit les choses différemment. L’humeur des collègues varie : certains ont mal dormi, d’autres ressentent le manque de leur famille… Il faut en être conscient.
      De mon côté, j’ai la chance d’être dans une équipe incroyable : ce sont de vrais bosseurs avec un excellent esprit d’équipe. Il n’y a aucune compétition malsaine, juste de la bonne énergie et un état d’esprit positif. Mais, inévitablement, il y a aussi ces moments de solitude, où chacun est plongé dans ses pensées. L’environnement et la nature du travail ne facilitent pas toujours la communication : on peut vite se sentir isolé, enfermé dans sa tête.
        Pendant les pauses, il arrive de se sentir comme “l’étranger” du groupe. Parfois, on est parfaitement intégré, parfois non… Take it easy. Mieux vaut ne pas trop y réfléchir : focus sur son taf, avancer, se fixer des objectifs et éviter de réagir à chaud.
          Le secteur minier prend aussi la santé mentale au sérieux. Des pôles psychologiques sont mis en place pour accompagner les travailleurs, et toute forme de harcèlement est traitée immédiatement. Femmes comme hommes sont protégés, et il existe des dispositifs pour intervenir rapidement en cas de problème.
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    On parle souvent des salaires élevés en mine. Selon toi, est-ce que cela compense les difficultés rencontrées ?
    Il faut être lucide : si tu travailles en mine, c’est avant tout pour gagner plus. Peu importe la raison qui t’amène ici, le facteur financier est la motivation numéro 1. Est-ce que ça compense les sacrifices ? Oui… mais jamais totalement.
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    Peux-tu nous parler des conditions de vie en dehors du travail ? Comment cela se passe dans la réalité ?
    Les logements sont simples mais fonctionnels : TV (les gamers, prenez la Play !), frigo, clim, douche et toilettes privées. Il faut parfois vérifier l’état de la clim, elles ne sont pas toujours bien entretenues, mais dans l’ensemble, c’est plus que correct. Et surtout, pas de loyer, ce qui est franchement appréciable ! Des laveries sont réparties un peu partout dans le camp.
      Côté bouffe… c’est le rêve. Matin, midi et soir, le choix est énorme, parfois même indécent ! 90 % des plats sont de bonne qualité, préparés par de vrais cuisiniers. Un grand respect pour eux.
        Pour gérer l’isolement, il faut savoir occuper son temps : sport, lecture, appel à la famille, jeux en ligne, Netflix & chill… Il y a aussi des espaces détente avec bar, billard, BBQ, et parfois même des terrains de tennis ou une piscine (bon, la piscine, je n’y ai pas encore eu droit, mais ça existe !). Franchement, c’est plutôt convivial.
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    Comment tu arrives à vivre dans cette vie particulière, très différente de ce que l’on peut connaître en France ?
    Le plus dur, c’est de ne jamais vraiment déconnecter du travail : on y vit, on y mange, on y dort… Mais en France, je faisais aussi des kilomètres pour enchaîner métro-boulot-dodo en déplacement. Ici, le sacrifice est plus grand, mais le jeu en vaut la chandelle. J’ai ma roadmap, mon plan A, B… et jusqu’au Z, et tout commence en Australie !
      Mon meilleur conseil ? Le sport. Pas besoin de viser le bodybuilding, mais il faut voir ça comme un exutoire : canaliser ses énergies, évacuer les mauvaises ondes dans une action positive (vélo, rameur, sac de frappe, muscu…). Les étirements sont essentiels aussi.
        Parfois, je médite – ce n’est pas une habitude régulière, mais ça aide. Et surtout : entretenir ses relations avec ses proches, bien manger, bien dormir, et avoir des objectifs clairs. Sinon, tout ça n’a pas de sens.
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    Qu’on se le dise, beaucoup pensent que la vie en mine, telle qu’elle est montrée sur les réseaux sociaux, est idéale. Selon toi, est-ce que la réalité est différente ?
    J’ai vu passer quelques vidéos, mais je ne suis pas vraiment cette actualité. Je pense avoir déjà cité pas mal d’aspects positifs ! Après, la réalité est propre à chacun : on perçoit tous sa propre réalité.
      Avec l’euphorie des premiers gros salaires, beaucoup d’influenceurs mettent surtout en avant l’argent. Peut-être qu’ils le vivent vraiment comme ils le présentent, je l’ignore. Mais il est clair que leur but est de générer un maximum de visibilité, et le tape-à-l’œil fonctionne toujours.
        Dans les faits, voici ce à quoi vous serez réellement confronté : vos pensées, une solitude omniprésente, un environnement assourdissant, une météo extrême, des conditions de travail éprouvantes et un rythme de 12h/jour, 7/7, qui peut être très dur pour certains organismes. En été, certaines zones atteignent les 48°C à l’ombre…
          Il y a aussi la possibilité de ne pas réussir à s’intégrer, de ressentir du rejet. Il faut être prêt mentalement. Ce que je viens de citer, c’est la réalité. Le taux de suicide dans ce secteur n’est pas anodin.
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    Pour toi, quels sont les avantages et les inconvénients d’un job en mine en tant que pvtiste ?
    Avantages :
    • Aucune distraction = zéro dépense.
      • Nourri, logé, blanchi, avec salle de sport gratuite.
        • Temps libre pour bosser sur ses objectifs (investissements crypto, formation en économie, etc.).
        • Inconvénients :
          • La solitude.
            • Les interactions humaines limitées.
              • Le manque d’affection.
                • La pénibilité du travail.
                  • La météo extrême.
                    • L’ennui…
                      • À certains moments, vous vous demanderez “Qu’est-ce que je fous là ?”.
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    Quels sont, selon toi, les profils de personnes qui pourraient s’épanouir dans ce type de travail ?
    Le profil idéal pour s’épanouir dans le secteur minier, c’est quelqu’un qui aime la rigueur et la discipline, capable de supporter une routine intense et répétitive. Il faut être mentalement stable, bien vivre avec soi-même et avoir une raison claire d’être là, car sans objectif, la solitude et la monotonie peuvent vite peser. Ce job convient à ceux qui n’ont pas peur de l’effort, qui savent se dépasser physiquement et mentalement et qui trouvent une satisfaction personnelle dans la dureté du travail. L’aspect social étant limité, il faut être indépendant, capable de gérer l’isolement sans sombrer dans la lassitude. Enfin, une bonne hygiène de vie (sport, alimentation, sommeil) est essentielle pour tenir sur la durée.
      En résumé : discipline, mental d’acier, autonomie et un objectif clair.
        Là-bas, c’est comme être en mission pour prendre de l’argent. J’essaie d’en tirer un maximum de positif. Avec ce travail, je réunis 80 % de ce que je recherche en ce moment dans la vie : argent, alimentation, hygiène sportive, aucune distraction, investissement.
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    Un dernier conseil pour ceux qui envisagent de se lancer, comme toi, dans une carrière en mine ?
    Premier point : les tickets
    Les formations minimales requises sont :
  • working at height,
    • confined space & gaz testing,
      • white card.
      • Pour du housekeeping, aucun ticket n’est nécessaire.
          Deuxième point : les références
          Avoir des référents australiens est un gros plus. N’imaginez pas débarquer en Australie et accéder directement aux mines sans avoir fait vos preuves avant.
            Troisième point : les qualifications
            Être qualifié vous donnera un net avantage sur les autres. Électriciens, plombiers, scaffolders, conducteurs d’engins, routiers… vous avez compris. Investir dans des formations, c’est investir en vous-même : plus de compétences = plus gros salaires et embauche plus rapide.
              Quatrième point : l’emplacement
              N’attendez pas le job parfait en FIFO depuis Perth ou ailleurs. Ne perdez pas de temps, allez directement à la source :
            • Kalgoorlie – Boulder,
              • Karratha,
                • Broome.
                • Si vous êtes proche des mines, vous aurez un accès plus rapide via les agences d’intérim locales. Prenez votre mal en patience, formez-vous, et devenez la personne dont ils ont besoin.
                    Si tu veux tenter l’expérience, sois prêt mentalement et physiquement. Ce n’est pas juste un job bien payé, c’est un mode de vie. Il faut accepter la solitude, le rythme intense, et savoir pourquoi tu es là.
                      Fixe-toi un objectif clair, que ce soit financier, professionnel ou personnel. Sans but, tu risques vite de te perdre dans la routine et l’isolement.
                        Ne néglige pas ta santé : mange bien, dors bien, fais du sport. Le sport, c’est ton meilleur allié pour canaliser l’énergie et rester solide mentalement.
                          Et surtout, garde une bonne mentalité. Ne te laisse pas submerger par les difficultés, reste focus, avance, et rappelle-toi pourquoi tu es venu.
                            Le jeu en vaut la chandelle… si tu es prêt à jouer.

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    Merci Julien pour ton retour d’expérience, très précieux pour les futurs pvtistes en Australie.
Morgane

Je suis partie en PVT Australie en avril 2022. Je suis restée 1 année sur place entre road trip à bord de mon van aménagé et travail (dans la restauration, en ferme, en cleaning en vente, en Freelance, etc). Aujourd'hui, j'ai retrouvé ma vie en France, mais je continue d'animer des ateliers pour parler de mon aventure et pour aider ceux qui souhaitent partir en Australie. Et peut-être un prochain PVT, qui sait ?
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I went on a Working Holiday Visa to Australia in April 2022. I stayed for one year, combining road trips in my beautiful van and various jobs in areas like hospitality, farming, cleaning, sales, and freelancing. Today, I've returned to my life in France, but I still conduct workshops to share my adventure and assist those who wish to go to Australia. And perhaps another Working Holiday Visa, who knows ?

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