Nichée dans les collines à l’ouest de Medellín, la Comuna 13 était l’un des quartiers les plus dangereux de Colombie. Aujourd’hui, elle est devenue l’un des quartiers plus visités du pays, symbole de résilience et de créativité.
Comuna 13, une visite pas comme les autres
J’ai eu la chance de visiter la Comuna 13 avec un guide natif, qui parlait français. Bien sûr, on peut s’y rendre seul, mais pour moi, c’était essentiel de comprendre l’histoire à travers les mots de quelqu’un qui l’a vraiment vécue. Difficile d’imaginer, en se baladant parmi les fresques colorées et l’énergie des artistes de rue, qu’il y a encore trente ans, ce quartier était considéré comme l’un des plus dangereux du monde.
Aux origines d’un quartier marginalisé
Dans les années 1960 et 70, beaucoup de familles ont fui les conflits dans la région d’Antioquia et sont venues s’installer ici. Avec presque rien, elles ont monté des petites maisons en briques, en bois ou en tôle, souvent sans eau ni électricité, sur les pentes raides de la colline. Mais très vite, la Comuna 13 est devenue un endroit stratégique pour les groupes armés : guérillas, paramilitaires et narcotrafiquants se battaient pour contrôler ce passage vers le Panama. À cette époque, traverser une simple rue pouvait coûter la vie : le quartier était divisé entre plusieurs groupes, et franchir la limite signifiait risquer d’être abattu.
L’Opération Orion : un traumatisme encore vif
Notre guide nous a parlé de l’un des épisodes les plus marquants : l’Opération Orion, en octobre 2002. Plus de 1 000 soldats et policiers, appuyés par des chars et des hélicoptères, sont entrés dans la Comuna 13 pour chasser les guérilleros. Les habitants, coincés entre les balles et plongés dans le noir après des coupures d’électricité, se sont cachés sous leurs lits, agitant des mouchoirs blancs pour supplier que les tirs s’arrêtent. Beaucoup ont perdu un fils, un frère, un voisin.
Puis, au fil de la visite, notre guide nous a parlé de ce qu’ils appellent la « fausse commune », cette colline juste en face de la Comuna 13. Pendant longtemps, les habitants ont pensé que les disparus y avaient été enterrés. Les fouilles n’ont commencé que récemment pour essayer de rendre les corps à leurs familles. J’ai encore des frissons en repensant à l’histoire de cette femme : elle tenait un petit stand d’empanadas, et chaque matin, en ouvrant ses volets, elle tombait nez à nez avec cette colline. Elle était convaincue que son fils y reposait. Vivre avec une telle vision sous les yeux, jour après jour… c’est bouleversant.
Du chaos à la renaissance
Malgré son passé douloureux, la Comuna 13 a choisi la vie et la créativité. La ville y a installé des escalators, ouvrant l’accès à des zones qui étaient autrefois coupées du reste de Medellín.
Les jeunes, eux, ont pris la parole à travers le street art, le hip-hop et la danse, pour raconter leurs histoires, leurs espoirs et leurs blessures.
Lors de ma visite, j’ai eu la chance d’assister à un spectacle de breakdance en pleine rue, suivi d’un rap improvisé à partir de mots que nous avions choisis. J’ai adoré cette énergie, cette vibe incroyable qui se ressent à chaque coin de rue !
Aujourd’hui, le quartier déborde de vie avec des murs explosant de couleurs et de messages. La Comuna 13, c’est un véritable musée à ciel ouvert… mais surtout un quartier qui a choisi de vivre.
Préparer sa visite
Prévoyez du liquide sur vous : il vous servira à payer votre guide, à laisser un petit billet (souvent 2 000 pesos) aux artistes de rue qui animent la visite, et à profiter de quelques gourmandises ou souvenirs sur place.
Choisissez un guide local : privilégiez quelqu’un du quartier, qui connaît la Comuna 13 de l’intérieur et peut partager son histoire et sa culture vécue.
Pour s’y rendre, deux options :
- prendre le téléphérique, qui offre une vue spectaculaire sur Medellín et permet de prendre conscience de l’immensité de cette ville nichée entre les montagnes,
- ou plus simplement, commander un Uber, mais sans la même expérience.
Prévoyez de bonnes baskets, une casquette, de la crème solaire et de l’eau : il fait très chaud, et on se laisse facilement emporter par l’envie de flâner des heures à chercher les fresques et admirer les maisons colorées accrochées à la colline.
(1) Commentaire
Bonsoir, Très beau récit mais que je viens de voir mot pour mot dans des stories Instagram (pseudo Mogauw_vadrouille) les gens n’ont peur de rien aujourd’hui.
{{like.username}}
Chargement...
Voir plus