Sarah vient de Montpellier et est partie au Canada d’octobre 2012 à janvier 2013, direction Montréal, où elle a effectué un stage dans le cadre de sa formation d’éducateur spécialisé.

Pourquoi avoir choisi le Canada, et plus précisément le Québec pour faire ton stage ?

Je souhaitais avoir une expérience dans l’autisme à l’étranger, afin de découvrir des pratiques et approches différentes de celles utilisées en France. À vrai dire, j’ai hésité entre la Belgique et le Canada, qui sont deux pays réputés pour leurs pratiques diversifiées et peu connues en France dans le domaine de l’autisme, bien que le Canada me semblait peut-être un peu plus novateur.

Ayant anticipé mon projet de stage à l’étranger en économisant, et souhaitant vraiment avoir une expérience hors du commun, j’ai tranché en tenant compte de mon budget : comme je disposais de suffisamment d’économies, j’ai choisi le Canada. J’avais toujours rêvé de voyager et n’ayant jamais pris l’avion ni mis les pieds et vécu sur un autre continent, c’était le moment de débuter une nouvelle aventure !

Étant une bille en anglais (vraiment !), j’ai choisi la sécurité en optant pour la partie francophone du Canada. En effet, la formation d’éducateur est très exigeante en terme de charge de travail, de contenu, et de dossiers à rendre pour le diplôme. Trois mois me paraissaient trop courts pour améliorer mon anglais et très risqué quant aux exigences de mon stage.

Pour obtenir l’approbation de mon école concernant ce stage à l’étranger, on m’a demandé de rédiger un pré-projet et un projet de stage qui a été étudié et validé en commission.

Tu as effectué ton stage dans une école du secondaire de Montréal, comment as-tu trouvé ton stage ?

Je me suis beaucoup documentée sur les métiers du travail social au Canada et sur les structures. Ca m’a paru bien compliqué, je devais trouver un stage pour pouvoir débuter les démarches liées à l’obtention d’un permis, et en plus la majorité des structures donnaient la priorité aux demandes des étudiants canadiens.

J’ai pensé qu’il serait plus judicieux de passer directement par une école formant des éducateurs, afin de bénéficier de conseils et de pistes pour ma recherche de stage. J’ai donc envoyé des tonnes d’e-mails à toutes les écoles de Montréal et de la région.

Au final, j’ai été en contact avec des formateurs du Cégep de Joliette (à environ 1 heure de Montréal), qui m’ont proposé une prise en charge complète : recherche d’un lieu de stage (ce qui m’enlevait une grosse épine du pied puisque je pouvais engager mes démarches administratives), cours proposés au Cégep, proposition d’une famille d’accueil, aide dans les démarches d’immigration, gratuité de l’inscription… Ce sont eux qui m’ont trouvé mon stage.

On avait convenu que je ferais un mois à Joliette, en cours, en étant hébergée en famille d’accueil, puis que j’irai à Montréal effectuer mon stage pour le reste du séjour, avec des regroupements au Cégep de temps à autres selon mes horaires. Mais cela ne s’est pas du tout passé comme ça !

Comment s’est passée ta demande de permis de stage ?

Comme je passais par une école, j’avais trois dossiers à constituer (sans compter toutes les démarches en France) : un CAQ (Certificat d’Acceptation du Québec), un permis d’étude, et un permis de stage. De plus, il me fallait passer une visite médicale incluant tous les examens les plus inimaginables (prise de sang, radios, analyse d’urines, etc.), car celle-ci est obligatoire lorsqu’on doit intervenir auprès de mineurs ou dans le médical.

Ces démarches sont devenues une vraie galère ! Concrètement, il fallait que j’attende d’avoir un lieu de stage et une convention pour faire le dossier de CAQ, ce qui a un peu tardé. J’ai ensuite envoyé ma demande de CAQ, et c’est toujours assez long pour avoir une réponse.

Pour tout dire, la veille de mon départ, je téléphonais à l’ambassade pour savoir si je passerais à la douane sans document papier. Je ne suis partie au Canada qu’avec l’e-mail de confirmation du CAQ et j’ai finalement reçu la version papier quelques semaines après être arrivée au Canada !

Pour les permis d’étude et de stage, il me fallait d’abord obtenir la confirmation par e-mail du CAQ. A savoir qu’ils demandent de rédiger un CV à la canadienne indiquant toutes les expériences professionnelles avec des dates de début et de fin précises et avec le cursus scolaire depuis la primaire !! Après des renvois de papiers (car il manquait des éléments au dossier), je ne voyais toujours rien arriver dans ma boite aux lettres. Je commençais à baliser car on m’avait donné comme date butoir le 12 octobre. D’ailleurs, plus personne n’y croyait sauf moi, normalement j’aurais déjà dû être partie.

Donc je suis montée en urgence à Paris début octobre pour récupérer en main propre mes permis d’étude et de stage, ce qui a été très simple, pour le coup. J’ai acheté mon billet d’avion 4 jours avant le départ, et fait ma valise la veille au soir !

Si j’ai deux conseils à donner, c’est 1. de ne pas négliger le moindre détail dans ces démarches car ils sont très méticuleux quand ils étudient nos demandes, et 2. de s’y prendre vraiment à l’avance car le traitement des dossiers est généralement laborieux et très long !

Je recommande aussi de passer la visite médicale dès le début si on pense qu’elle est nécessaire, plutôt que de faire comme moi et attendre qu’ils la demandent.

Peux-tu nous décrire une journée « type » pendant ton stage ?

Le stage s’est déroulé dans une école du secondaire ordinaire (équivalent du collège chez nous), et j’étais positionnée dans une classe spécialisée dans l’autisme.

Tout était nouveau et riche en découvertes, du fonctionnement de l’école à la neige et les bottes spéciales -20 °C (on changeait de chaussures dans l’école), et bien sûr le fameux accent et les expressions québécoises qui auront donné lieu à bien des fous rires !

ecole-canada-autisme

J’ai vécu mes journées avec les élèves au rythme de l’école, bien différente de ce que je connaissais :

Je commençais à 8 h le matin, puis on accueillait les élèves qui arrivaient vers 8 h 15. Ils portaient tous un uniforme rouge et gris (c’était pourtant une école publique). Nous commencions réellement la classe vers 8 h 30. Ensuite, les journées s’enchaînaient avec quatre périodes de classe.

En général, à 10 h les élèves mangeaient leurs goûters (gâteaux à la mélasse et autres aliments insolites). Puis on reprenait avec une heure de classe où mon rôle était de soutenir les élèves et l’enseignante pour les apprentissages de type français, maths, etc.

On allait ensuite manger vers 11 h 15 (les Canadiens mangent tôt !) et après le dîner (l’équivalent de notre « déjeuner »), on animait des activités pendant environ ½ heure : jeux collectifs, danse, lecture, jeux de société…

On reprenait les cours, par exemple en sport : l’école disposait de tout un dédale de salles et d’infrastructures, dont une piscine intérieure, une salle de musculation, de nombreux terrains de sport collectifs en intérieur et en extérieur.

Je terminais à 15 h, heure à laquelle on accompagnait les élèves à l’entrée de l’école pour qu’ils prennent leur bus (des bus scolaires jaunes comme dans les films !).

bus-quebec

Au début, je ne comprenais pas comment c’était possible de commencer aussi tôt le matin et de finir aussi tôt l’après-midi. Mais quand l’hiver est arrivé, j’ai vite : il commençait à faire nuit vers 15 h !

En tout cas, toute l’équipe était très accueillante (il y avait plusieurs classes spéciales) et le stage est passé très vite !

Quelles différences as-tu notées entre le Québec et la France par rapport à ton métier ?

Mon métier n’a pas tout à fait les mêmes équivalences au Canada : celui qui s’en rapproche le plus est TES (technicien en éducation spécialisée) qui correspond à 3 ans d’études, comme la formation française d’éducateur spécialisé. Cela dit, le cursus scolaire québécois est différent du nôtre : ils finissent le cursus ordinaire à 17 ans, pour ensuite passer aux études supérieures (Cégep, université…).

Donc les étudiants TES commencent leur formation à 17 ans ce qui pourrait être l’équivalent du bac +2, tandis que nous commençons à 18 ans avec un bac +3 même s’il n’est pas reconnu comme tel (et encore, en France peu de gens se lancent dans ce domaine sans expérience ou formation au préalable, ce qui est plus répandu au Québec).

Le contenu de la formation et les exigences en terme de compétences ne sont pas vraiment les mêmes, on n’attend pas exactement les mêmes choses de la part des éducateurs canadiens, même s’il y a des similitudes.

Lors de mon stage, j’étais considérée en stage de fin d’études pour le Cégep qui me suivait, alors qu’en France c’était juste considéré comme un stage court (notre stage de fin d’étude dure 1 an). On m’a donc confié un certain nombre de responsabilités, dont celle d’encadrer les jeunes seule, de participer à des réunions, de fabriquer du matériel adapté…

Concernant le salaire, au Québec tout dépend de si l’on travaille dans le communautaire ou dans le public, ce dernier étant mieux payé. J’ai quand même noté une différence du salaire, qui semblait plus intéressant au Canada qu’en France (tout dépend des villes aussi).

J’ai aussi l’impression que les éducateurs au Québec disposent de plus de ressources pour mener à bien leurs missions, toutefois cet avis n’est basé que sur mon expérience de stage (donc ce n’est pas forcément une vérité), et le contexte n’est pas vraiment le même.

Est-ce que tu as pu profiter de ton stage pour voyager un peu et découvrir la vie à la québécoise?

Oui, tout à fait, mon souhait était aussi d’expérimenter le mode de vie québécois, et de voyager un petit peu !

Étant arrivée plus tard que prévu, je n’ai pas pu résider dans les familles d’accueil de Joliette, par contre j’ai visité la ville de Joliette et son Cégep (c’est très joli comme petite ville). Les premiers jours, je logeais chez une amie, puis j’ai trouvé une colocation familiale dans un duplex, quartier Beaubien à Montréal.

Mes colocataires étaient vraiment très sympa et chaleureux, c’était une famille avec des enfants, et un colocataire venant d’Haïti. J’ai ainsi découvert les spécialités culinaires canadiennes dont la fameuse poutine (mais pas que !), j’ai goûté du phoque à ma plus grande surprise (je n’ai pas osé dire non), ils m’ont appris tout un tas d’expressions canadiennes, on a regardé les élections américaines en direct, on recevait souvent du monde, et mes colocataires m’ont fait visiter Montréal. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé le quartier du Vieux-Port. Ils m’ont aussi parlé de leurs voyages, donné des tuyaux pour certains trucs pratiques… J’ai découvert les ouragans durant l’automne (en gros tout le monde en France s’inquiétait mais il n’y a rien eu de spécial mis à part les alertes et des coupures de courant), les tempêtes de neige dont une grosse tempête qui m’a amenée à aller toquer chez les voisins pour emprunter une pelle et creuser un chemin (si on m’avait dit ça un jour !).

tempete-montreal

J’ai aussi passé les fêtes de fin d’année à Montréal, dont le nouvel an au Vieux-Port, dans une atmosphère à la fois électrique et magique, avec le patin à glace en plein air, la musique et le feu d’artifice au-dessus du fleuve Saint Laurent !

Mon stage étant très prenant, je n’avais pas vraiment le temps de m’éloigner de Montréal durant cette période. Donc j’ai attendu d’avoir fini en janvier, pour partir quelques jours à Québec. Grâce aux conseils de mes colocataires et collègues de stage, j’ai visité les chutes de Montmorency (magnifique), l’hôtel de glace (situé loin, très loin, au fin fond de la ville, j’ai eu un peu peur que le bus ne repasse pas d’ailleurs !)… La vieille ville avec le château de Frontenac, les musées, les petites rues, les plaines d’Abraham, le traversier sur lequel j’avais l’impression d’être dans Titanic…

Traversier-quebec

J’ai adoré la ville de Québec, c’est pas du tout la même atmosphère ni la même architecture qu’à Montréal, c’est superbe. Par contre il y fait vraiment froid et toute la neige était devenue du verglas donc c’était une vraie patinoire !

Au final, je suis revenue au Québec l’été suivant, pour 3 semaines, afin d’effectuer une formation spécifique suite à mon stage et j’en ai profité pour visiter d’autres coins : Tadoussac, le fjord du Saguenay, le parc du Mont Tremblant… et redécouvrir Montréal en été, ça n’a rien à voir et c’est très chouette aussi !

Quels sont tes projets aujourd’hui ?

J’ai fini mes études depuis 1 an ½ et je prévois de partir en PVT au Japon pour découvrir de nouveaux horizons courant 2016 ! J’aimerais bien retourner plus tard au Canada, où il me reste encore beaucoup à voir, et pourquoi pas en PVT pour pouvoir aussi y travailler en même temps. Mais il y a aussi plein d’autres pays qui me font rêver ! Je crois que quand on a goûté une fois au voyage, c’est difficile de ne plus repartir !

Sarah

J'ai eu la piqure du voyage en partant vivre au Canada durant mes études ! Suite à cela, j'ai fait un WHV au Japon, et depuis je suis de retour au Canada !

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(16) Commentaires

Muriel I |

Bonjour Sarah, ton récit est très intéressant. En projet PVT également j’aurais voulu savoir dans quel etablissement s’est déroulé ton stage et s’il c’est classes spécialisées ô. Tu une dénomination particulière ?

Je vois qu actuellement tu es au Japon. Tu es toujours dans le même domaine?

Au plaisir ?

Sarah I |

Bonjour Muriel,

Merci pour ton message ! Pour répondre à tes questions, mon stage était dans une école du secondaire de la CSPI (commission scolaire de la pointe de l’île), c’était bien des classes spécialisées (TSA ou TC) ; cela se nommait « classes d’habiletés sociales » (pour les TSA).
Tu envisages donc de travailler en tant qu’éducatrice au Canada ? Je pense qu’à l’heure actuelle, peut-être que Montréal ça doit être plus compliqué. N’hésite pas à t’éloigner, il y aura de chouettes coins et sûrement des belles opportunités aussi.

Sinon oui, je termine très bientôt mon PVT Japon, je suis toujours dans le même domaine sauf qu’au Japon c’est pas possible d’exercer à moins de refaire la formation version japonaise. J’ai cependant trouvé un lieu un peu par hasard où je fais du volontariat, auprès de personnes présentant un handicap. On ne se refait pas !

voilà voilà ! Bon courage pour ton projet ! Et n’hésites pas si tu as d’autres questions

Lisa I |

Bonjour,
Je suis éducatrice spécialisée et je vais partir pour fin mars à Montréal pour un an avec un PVT.
Aurais-tu des structures, des organismes à me conseiller pour postuler?

Un plaisir de lire ton article!

Sarah I |

Bonjour ! Merci pour ton retour ! Oui bien sûr je peux te conseiller des structures, après comme le champ d’action est vaste, as-tu un intérêt pour certains domaines en particulier ?

Sophie I |

Bonjour lilou08 ,
Je suis également Educ spe et je souhaiterai partir travailler au Québec.
Est ce que tu es arrivé à Montréal ? Serait il possible d’échanger davantage avec toi afin d’avoir quelques informations supplémentaires ?

En espérant que ton aventure se déroule bien !!
À tantôt 😉

Just do it I |

Hello collègues du social, je souhaiterais avoir des infos sur l’équivalence du diplôme educ spé, qqun peut il m’aider?

tiphaine I |

super retour 🙂

Sarah I |

Merci beaucoup ^_^

Anaïs I |

Oui un superbe article qui donne envie ! J’espère obtenir un PVT pour partir après mon diplôme d’éducatrice soit d’ici quelques mois ! Si tu as du temps Sarah je suis également intéressée par des échanges avec toi sur le métier !!

Sarah I |

Chouette si ça donne envie ! Merci pour ces retours ! Je suis bien sûr disponible pour échanger à ce sujet !

Cindy I |

Quel plaisir de lire un article sur le métier d’éduc au Quebec ! Je pars d’ici peu pour Quebec justement et je suis éduc, Sarah si tu as le temps je serais vraiment ravie de parler avec toi du métier et avoir quelques tuyaux en plus !

Hélène I |

Ravie que cette interview te plaise . n’hésitez pas à poser vis questions dans les commentaires ?

Sarah I |

Avec plaisir pour échanger sur le métier ! C’était l’objectif de cet article, pouvoir partager mon expérience notamment pour celles et ceux qui partent au Canada !

Julie I |

Merci pour ton récit !!

Decoster I |

svp comment vs contacter

Anonyme I |

Merci Lilou pour ton récit ça m’a beaucoup situé