“Excusez-moi, madame l’hôtesse, est-ce qu’il serait possible de demander au pilote de faire demi-tour ?”
Attention, poser cette question n’est pas une bonne idée. Ce n’est pas la raison qui parle, mais bel et bien l’appréhension (ou la terreur la plus totale). C’est que, une fois qu’on a fini de tout préparer, que les bagages sont empaquetés et que l’on est confortablement assis (façon de parler) dans l’avion qui nous emmène loin de chez nous, la peur fait son entrée en scène tandis que l’enthousiasme prend ses jambes à son cou.
Il faut bien le dire, cet enthousiasme qui avait été notre moteur durant tous ces mois de préparation, ces mois passés à faire des recherches sur internet, dans des guides, à soigneusement s’occuper de toute la paperasse, eh bien il ne fait plus trop le fier une fois que les roues cessent de toucher la piste de décollage.
Tout ce qu’il reste, à ce moment, ce sont les craintes que l’on ressasse pendant toute la durée du vol : la peur de ne pouvoir parler à personne si l’on se sent seul et que nos amis roupillent au pays, décalage horaire oblige. Et puis, est-ce qu’on va réussir à se faire comprendre, à trouver un boulot, ou est ce qu’on va passer une année misérable, seul sous un pont ?
L’appréhension nous rattrape toujours un moment ou l’autre. Bon sang, pourquoi est-ce que je suis parti ? J’avais un boulot sympa, mon chez-moi, ma vie, en fin de compte. Pilote, pitié, faites demi-tour !
Les choses ne s’améliorent pas vraiment lorsque les roues touchent la piste d’atterrissage et que l’on marche à nouveau sur la terre ferme, bien au contraire. On a vu plus accueillant que les dédales d’un gigantesque aéroport et les douaniers qui nous attendent de pied ferme.
Une fois à peu près installé, néanmoins, les choses changent petit à petit. On arrive à se construire une routine agréable : on a testé les petits restaurants du quartier, on connaît son préféré et celui qui nous a rendu malade. On commence à croiser les mêmes gens, on se souvient des visages, qu’ils soient souriants ou acariâtres. On ne passe plus des heures à chercher un paquet de pâtes dans le supermarché du coin. Au bout d’un moment, on est même capable de donner son chemin à un touriste perdu. La consécration ultime, en somme !
Avoir des repères, cela fait du bien, mais l’expérience ne s’arrête pas là. On vit au jour le jour pour la première fois depuis longtemps car tout est une découverte. La curiosité a pris le dessus sur la peur, on se sent comme un véritable aventurier. S’il le faut, si on en a envie, on repartira ailleurs, parce que lorsqu’on l’a déjà fait une fois, cela ne fait plus vraiment peur. L’appréhension n’est plus qu’un lointain souvenir : on est libre, et il n’y a rien de plus grisant.
Autre récit de pvtiste : Face aux doutes et aux craintes avant le départ en PVT.
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En complément de ce récit, n’hésitez pas à regarder le replay de ce live si vous avez quelques peurs qui persistent, ça pourrait vous aider à vous en défaire :
(28) Commentaires
Il me reste encore quelques mois avant de ressentir cette sensation. En attendant, je me prépare et je profite de chaque moment avant l’hystérie de la veille de départ et l’angoisse du départ. Au passage, article bien inspiré.
Hollande et ses ministres vont me manquer ! lil
C’est encore plus vrai quand on se lance sans avoir de boulot réservé sur place.
A chaque fois que je pars loin ou pour longtemps, j’ai un peu l’impression de me jeter dans le vide, mais plus on voyage, plus l’excitation du départ remplace la peur, même si c’est une aventure différente à chaque fois.
Je pars également fin avril mon souci est le logement pour le moment.
En tout cas bon courage à tous!
Miva
Super article…je pars à la fin du mois d’avril et c’est l’impression d’avoir oublié quelque chose qui me vient souvent à l’esprit quand je voyage… »Mais Oui!! j’ai oublié d’emporter avec moi, ma famille et mes amis.. » lol. C’est ridicule, c’est pas possible de les emmener partout avec moi (physiquement du moins) 😉
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