Ellie, d’où viens-tu et où es-tu partie ?

Je viens de Bruxelles et je suis partie au Canada ! J’ai atterri à Montréal (le prix du billet était moins cher et je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire). J’ai toujours voulu voir les montagnes dans l’Ouest (je rappelle que je viens d’un endroit qui est surnommé « le plat pays ») et je préfère les endroits froids aux endroits chauds.

J’ai passé 4 mois à Prince Rupert sur la côte ouest en Colombie-Britannique de novembre à février, et 5 mois à Mont-Tremblant au Québec de fin mars à août.

Que faisais-tu en Belgique avant de partir ? 

Je suivais des cours pour adultes afin d’obtenir mon diplôme de secondaire (j’aime prendre mon temps pour faire les choses !).

Pendant ton PVT, tu as choisi de beaucoup travailler, et notamment en auberge de jeunesse. Tu peux nous raconter ton parcours ?

Alors déjà, il faut savoir que je n’avais aucune idée de comment aborder ce PVT. J’étais ouverte à toutes les possibilités sachant que j’avais besoin de travailler pour financer mon année. Je savais que j’allais devoir faire des petits boulots mais je ne savais pas si je voulais m’installer dans une ville ou si je voulais bouger et voir du pays. Je me suis dit que je verrais au fur et à mesure et que je prendrais ce qui viendrait.
L’idée de travailler en auberge m’attirait par son côté social. Comme je voyageais seule, faire des rencontres et parler avec le plus de gens possible était un de mes objectifs. J’aime rencontrer des personnes différentes de moi, écouter leurs histoires de voyages et leurs points de vue sur les choses qui nous entourent. Travailler en auberge était donc quelque chose qui m’attirait énormément.

auberge-Prince-Rupert.

J’ai trouvé la première auberge à Revelstoke (près des Rocheuses) sur HelpX dans le but d’avoir une première expérience canadienne (et d’avoir un endroit où vivre, accessoirement). Ces 3 semaines à Revelstoke ont été un vrai choc : une toute petite ville entourée de montagnes gigantesques. J’étais principalement à la réception et j’aidais au ménage lorsqu’il y avait beaucoup à faire. C’était aussi ma première expérience anglophone et le fait d’être dans une petite ville a vraiment aidé à me mettre en confiance.

Toujours sur le site d’HelpX, j’ai trouvé ma deuxième auberge. Il y avait une annonce pour une place dans une auberge à Prince Rupert (sur la côte Ouest) qui disait que si l’on avait un permis de travail, un poste payé pouvait être envisageable. J’y ai donc répondu et après une petite conversation par téléphone, mes billets étaient achetés ! Prince Rupert était une belle surprise, c’est une ville entourée de montagnes et juste à côté de l’océan. J’y suis restée 4 mois, j’occupais la même fonction qu’à Revelstoke à la différence qu’ici je travaillais également dans le « Yarn Store » (magasin de laine) à l’intérieur même de l’auberge, et que j’y faisais un peu plus de ménage. J’y ai passé Halloween, Noël, le Nouvel An, j’y ai rencontré des personnes qui sont devenues comme une deuxième famille le temps de mon séjour. C’est une expérience intéressante de vivre H24 avec ses collègues et d’apprendre à connaître les résidents à long terme de l’auberge. On passe vite du lieu de travail à une grande colocation. Le fait que j’y ai vu mes plus belles montagnes a aussi rendu cet endroit extraordinaire.

J’ai trouvé ma troisième auberge lorsque mon contrat s’est terminé à Prince Rupert. Ayant, à ce moment-là, l’anglais et l’expérience en auberges, je me suis dit que j’avais mes chances de me trouver un poste similaire. Comme dit plus haut, je n’avais pas vraiment d’idées d’où je voulais aller et j’étais ouverte à toutes les propositions, j’ai donc cherché sur le site d’Hostelling International.

Auberge-Mont-Tremblant

Après deux petites semaines, j’avais trouvé ma dernière maison : le village de Mont-Tremblant. Je travaillais à la réception, à l’aide au nettoyage et également au bar de l’auberge. L’endroit était très différent des deux autres, par le changement de langue et de paysages, mais surtout pour sa position plus touristique. En haute saison, j’ai eu mes premiers groupes à gérer et des week-ends entiers où l’on affichait complet. Mont-Tremblant a été une expérience plus que géniale (apprendre à faire des cocktails arc-en-ciel, c’est plutôt cool).

Travailler en auberge ne m’a pas empêché de bouger dans les différentes régions et de voir du pays. Souvent, en auberge, on rencontre du monde ayant une voiture, ce qui fait des compagnons de visite pour ce qu’il y a à voir aux alentours et surtout, des contacts dans les villes du pays/monde.

Sur les 2 auberges dans lesquelles tu as travaillé en étant rémunérée, laquelle as-tu préférée ?

La Colombie-Britannique a dépassé toutes mes attentes niveau nature, vie sauvage et dépaysement. Venant moi-même d’une grande ville, je me suis vite adaptée aux petits patelins et à leurs bars du coin. Mais même si les paysages étaient plus qu’éblouissants, j’ai eu un gros coup de cœur pour mon séjour à Tremblant.

Peux-tu nous décrire une de tes journées type d’aubergiste au Canada ?

Toutes les auberges étaient similaires dans les grandes lignes mais toutes ont leur manière de faire. Suivant la période (matin ou en soirée) ou la saison (basse ou haute), les tâches variaient. Le matin, la première chose à faire était d’ouvrir les différentes portes, la réception, allumer le PC, vérifier les e-mails, la messagerie téléphonique, se faire un bon café (optionnel), et compter les différentes caisses. Ensuite, venait la préparation des petits-déjeuners : cuire les croissants, sortir les céréales, jus, confiture, etc. Durant la matinée, il y avait les petits-déj’ à gérer (la vaisselle, répondre aux demandes…), les check-out (s’assurer de bien récupérer toutes les clés, les « checker out » sur le pc) et répondre aux questions de ceux qui partent en randonnée ou de ceux qui reprennent le bus.

Durant la journée, c’était généralement plus calme. On s’occupait principalement des tâches qui prennent plus de temps, terminer le ménage, s’assurer que tout est propre, gérer l’administratif (e-mails, réservations…). En après-midi, les check-in arrivent ! On s’assure donc de faire les différents paiements et de répondre à toutes leurs questions. A partir de 17 h, c’est au bar qu’il faut donner un peu plus de vie, toujours s’assurer que la musique tourne bien et que tout le monde est servi. En été, à Tremblant, il y a également le foyer à l’extérieur, on s’assure donc d’allumer le feu, de l’entretenir et si c’est soirée barbecue, il faut quelqu’un aux fourneaux pour nourrir tout le petit monde.
En résumé le matin ça donne : petits-déj’, check-out, ménage. La journée : papiers, rangements, tâches diverses (couper du bois, peindre, faire des jeux à boire en basse saison). Et en aprèm/soirée : les check-ins, le bar, l’animation, la vaisselle des clients paresseux et faire sa caisse.

L’ambiance avec l’équipe était plus que géniale. Savoir bosser en équipe est quelque chose de primordial dans cette position. Si on arrive à s’amuser au travail, ça donne envie à tout le monde de se relaxer (ou de faire la fête) avec nous. J’étais la gardienne de nuit à Tremblant et par conséquent, j’habitais dans l’auberge. Je voyais donc chaque jour ma boss ou mes collègues. Le fait que je m’entende bien avec chacun d’entre eux a fait que je n’ai jamais eu l’impression de travailler.

Comme on s’amusait déjà bien entre nous, la relation avec les clients était encore plus présente. On n’hésitait pas à les inviter à boire un verre avec nous ou à nous rejoindre autour du feu.

On tombe également souvent sur des personnes plus compliqués ou difficiles, alors lorsqu’on reçoit des gens qui nous font rire ou qui sont reconnaissant de leurs séjours, ça donne encore plus envie de les satisfaire. C’est ce que j’aimais le plus dans ce boulot, les voir partir à reculons, les entendre dire qu’ils reviendront, les voir revenir, lire leurs messages sur internet ou le livre d’or, les voir s’amuser au bar ou chanter autour du feu, savoir qu’on a fait de leur séjour une expérience plus qu’agréable.

Combien étais-tu payée pour ce travail ?

J’étais au salaire minimum.  Le salaire minimum diffère de région en région, pour Tremblant c’était 11 $ brut (donc 10,35 $ net, plus au moins).

J’étais gardienne de nuit, c’est-à-dire que j’étais la personne d’urgence et que je devais être à l’auberge toutes les nuits à partir du moment où elle était fermée. Les petites auberges ne sont pas ouvertes 24h/24, les grandes le sont (encore un autre avantage d’aller dans les petites villes) et du coup ils ont besoin d’un staff qui dorme sur place la nuit. J’étais donc logée, en plus de mon salaire. Ce qui est un vrai bon plan lorsqu’on voyage avec un budget serré.

Quels conseils donnerais-tu aux futurs pvtistes qui souhaiteraient travailler dans une auberge au Canada ?

Il faut surtout être flexible ! Flexible dans les heures (les horaires changent souvent d’une semaine à l’autre) mais aussi dans la situation géographique. Les auberges des grandes villes vont très très souvent chercher des volontaires (petits-déjeuners, ménage, etc.) tandis que dans les petites villes, ils chercheront plutôt des employés saisonniers.

Il ne faut pas avoir peur des petites villes, elles peuvent être aussi touristiques que les grandes et avec beaucoup plus de chaleur humaine ! Vous ferez des économies facilement et les rencontres seront toujours présentes, si pas plus nombreuses. En effet, c’est dans les petites auberges que la relation au client est le plus présente ; l’endroit devient comme une seconde maison pour eux comme pour vous.
En plus d’être flexible, il faut surtout vouloir aller vers les autres. J’étais (suis ?) plutôt introvertie et pourtant une fois dans le bain, ça vient tout seul. Être dynamique, serviable, avoir beaucoup (beaucoup) de patience, savoir s’amuser, s’intéresser à l’autre et être souriant sont toutes des qualités à avoir ou que vous allez acquérir dans ce genre de milieu.

Il semble que ce PVT et toutes les belles aventures que tu as vécues aient été une véritable révélation pour toi, qui te décris comme quelqu’un de très anxieux avant ton départ. C’est super impressionnant de voir à quel point tu as su te dépasser, félicitations !

C’est super gentil ! J’étais effectivement super anxieuse avant mon départ, pas par rapport au voyage mais en général. Beaucoup d’anxiété sociale : incapable de passer un coup de fil, palpitations et tremblements juste pour aller faire des courses le samedi aprèm, crises d’angoisses dans les bus, banques, salles de concerts, en soirées.

J’ai perdu tellement d’années et d’opportunités à cause de ça. Mais plus que tout, j’avais envie de voyager, j’en avais envie plus que j’en avais peur. J’ai prévenu mon entourage que j’allais probablement faire crises d’angoisse sur crises d’angoisse, que j’allais avoir envie de tout arrêter, que j’allais surement être difficile à vivre. L’important ici, ce n’est pas d’éviter d’être angoissée, c’est de l’être, et de le faire quand même. J’ai pris l’avion toute seule pour la première fois et j’étais terrifiée, paralysée par la peur. Lorsque j’étais en chemin pour prendre le premier bus qui allait me faire traverser tout le pays toute seule pendant trois jours, j’étais terrifiée aussi. Mais je n’avais nulle part où aller à part cette gare. C’est comme ça qu’on fait : quand on n’a pas le choix, on n’a pas le choix. On n’a personne à appeler, pas de maison où on peut se réfugier, alors même si on a des palpitations et qu’on tient son sac avec des mains tremblantes, on y va, on fonce tête baissée. Et au bout d’un moment, à force de survivre à ces situations terrifiantes, on en vient par faire des choses que l’on n’aurait jamais pensé savoir faire.

J’ai pris mon avion pour rentrer et je n’ai pas paniqué une seule seconde. Aucune angoisse. C’était magique.
Tous les moments durs et difficiles valaient le coup, chacun d’entre eux ! Je les revivrais sans hésitation parce que les moments de joie, de bonheur, de fierté et de dépassement de soi-même les ont surpassés infiniment plus.

Eliana

PVT 2014/2015 de 364 jours au Canada : done.

PVT NZ? ... Maybe!

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(17) Commentaires

Charlotte I |

Merci pour ce retour d’expérience ! Je suis également plutôt anxieuse et introvertie et ça rassure de voir que malgré tout ça se passe bien 🙂 !
Bravo pour avoir dépassé tes limites et bonne chance pour la suite !

Julie I |

Super récit !

Cyril I |

Merci pour ce super témoignage, un plaisir à lire.

francois I |

Bonsoir Lamarie,
Merci encore pour tes réponses j’aimerai bien garder le contact avec toi.
Cordialement

francois I |

Bonjour Lamarie,

Merci pour ton temps précieux que tu me consacre .
Merci encore pour ton information , j’aimerai savoir s’il y’a au moins un pays d’où on peut bénéficier l’accord d’un PVT?
Porte toi bien et passe une bonne journée.
NB: j’aimerai bien aussi etre ami avec toi si tu ne voies aucun inconvénient à cela : je répond au : xxxxxxxxxxxxxx je suis sur whats apps merci

Marie I |

Bonjour,
Aucun pays africain ne dispose d’un accord de PVT avec un autre pays. Il y a quelques années, il y avait un accord entre l’Afrique du Sud et le Royaume Uni, mais il a été arrêté depuis pas mal de temps maintenant.

francois I |

Bonjour ,

j’aimerai savoir si un Africain peut bénéficier de ce genre d’avantage?
Merci pour vos réponses
Cordialement…..

Marie I |

Bonjour François,
Le Canada ne dispose actuellement pas d’accord de PVT avec un pays africain.

Hélène I |

Encore merci pour ton retour d’expérience, Ellie. ?

tiphaine I |

merci pour ton retour Ellie, tu as du passer une année exceptionnelle 🙂

Eliana I |

C’était génial ! Jamais rencontré autant de monde en si peu de temps !

Perrine I |

Merci pour ce super témoignage ! J’ai commencé à travailler en auberge de jeunesse l’été dernier en France après mon retour de PVT Nouvelle-Zélande. J’espère pouvoir continuer au Canada et ainsi rencontrer du monde. Bonne continuation 🙂

aurelie I |

Bonjour! Super ton parcours!
Peut-Tu m’expliquer les démarches à faire pour faire le pvt au Canada? Merci

tiphaine I |

salut,
un peu de lecture https://pvtistes.net/le-pvt/canada/