Restauration, hôtellerie, professorat sont les secteurs professionnels prisés par les pvtistes au Japon car ils recrutent en masse. Néanmoins, arrivant au pays du Soleil-levant après un Master qui visait à me former à travailler dans le milieu culturel, j’espérais trouver un emploi en lien avec mes études. La tâche s’est révélée être plus ardue que prévue. 

Je n’ai certes pas trouvé d’emploi stable et rémunérateur dans le secteur culturel au Japon, mais j’ai réussi à avoir une petite expérience au sein d’un festival de cinéma, que je vous raconte aujourd’hui. 

Travailler dans le secteur culturel en PVT Japon : mes principales difficultés

Avant de partir, j’avais connaissance de la richesse du réseau culturel français au Japon. Entre les 4 Alliances Françaises, les 5 Instituts Français ou les programmes de résidence franco-japonais, je me disais que j’allais bien trouver mon bonheur et un lieu où je pourrais mettre à profit mes compétences. Naïve, je pensais donc qu’il serait possible d’avoir de courtes expériences professionnelles. J’étais prête à faire du bénévolat ou des courts stages. Le salaire m’importait peu tant que je pouvais avoir une expérience significative dans le secteur culturel, qui ne m’imposait pas trop de contraintes puisque je souhaitais avoir du temps pour voyager pendant mon année de PVT.

Seulement, j’ai été confrontée à deux problèmes. D’abord, mon absence de maîtrise du japonais s’est avérée être un frein de taille. Sans certification d’un niveau JLPT N2, je n’allais pas pouvoir aller bien loin. Ensuite, le statut des offres (stages longs, CDI à temps-plein) était là aussi problématique pour moi. Je n’étais pas prête à m’engager dans un 35 heures pour 6 mois et personne ne semblait vouloir d’une aide ponctuelle. Peut-être voulais-je trop le beurre et l’argent du beurre. Soit dit en passant, les exigences des offres d’emploi étaient très pointues. Je ne pense donc pas que j’aurais été acceptée avec mon profil junior. 

Pourquoi travailler dans un festival au Japon ?

Je souhaitais avoir une expérience en immersion dans le secteur culturel au Japon car je savais que son fonctionnement était totalement différent de ce que j’avais pu apprendre et voir en France, notamment en termes de communication ou de médiation avec les publics. Comme son nom l’indique, « l’exception culturelle française » est unique et j’étais très curieuse de découvrir les problématiques de démocratisation culturelle d’un autre pays.

Cela me semblait donc être une expérience particulièrement enrichissante en termes de rencontres humaines et culturelles. 

Comment est-ce que j’ai postulé ?

J’ai d’abord épluché différents sites internet pour lister les événements culturels et festivals qui me faisaient de l’œil. Il était souvent très difficile de trouver une personne à contacter par e-mail. 

Dans le cas du festival auquel j’ai participé, je les ai approchés via la rubrique « Contact » de leur site. Il était impossible de mettre mon CV ou une lettre de motivation en pièce jointe. J’ai donc écrit un court texte de présentation en anglais, où j’expliquais mes motivations. J’ai aussi transmis le lien de mon profil Linkedin afin de servir de CV. 

J’ai été contactée en quelques semaines et on m’a proposé un entretien en ligne. Je stressais beaucoup car mon niveau de japonais était proche du néant, mais j’avais pris soin de préciser que je ne maîtrisais pas la langue. 

L’entretien ne s’est ni bien passé, ni mal passé. J’ai été assez surprise car il s’est déroulé avec 4 personnes, dont le directeur du festival. Lors de mes entretiens en France, c’était généralement plutôt avec le directeur ou la directrice du département auquel je postulais mais jamais avec un représentant général. Dans un mélange d’anglais et de japonais, nous avons discuté de mes motivations, compétences et disponibilités. On m’a également précisé qu’il allait être difficile de me payer et on m’a demandé s’il était possible pour moi d’avoir le statut de bénévole (où mes repas et transport seraient pris en charge). Comme c’était pour un temps court (5 jours) et que ce festival m’intéressait énormément, je n’y ai vu aucun problème. J’avais déjà fait de nombreuses fois du bénévolat en France et je pense que c’est sur le terrain que l’on apprend le plus de choses. Néanmoins, j’ai été une nouvelle fois étonnée puisque contre toute attente, j’ai été payée ! 

Quelles ont été mes missions ? 

Le rythme de travail n’était pas très intense puisque mes journées commençaient aux alentours de 9 h ou 10 h et se terminaient vers 18 h. De manière générale, j’assistais le département de la production pour toutes ses missions. Cela pouvait aller de l’achat de dernières minutes d’un carnet de dessin à la prise de photos pour Twitter, en passant par la réception d’un vélo, pour se déplacer entre les différents cinémas de la ville. 

Les différences culturelles entre le Japon et la France dans le secteur événementiel

Plusieurs dimensions du festival m’ont particulièrement surprise, notamment concernant tout ce qui relève de la communication et des relations presse. Cela dépend peut-être du festival en lui-même et pas de la culture japonaise. Par exemple, les interventions avec la télévision et les journalistes étaient très factuelles alors qu’en France, on a tendance à essayer d’être interactif en posant des questions inédites ou en proposant des formats assez courts et dynamiques. Lors d’une intervention, plus de 10 minutes ont été passées à situer le pays d’origine d’un réalisateur sur une carte du monde, ce qui, relevait à mon sens plutôt d’une dimension didactique que ludique. Si en Europe, on a tendance à insister sur le synopsis d’un film pour en faire la promotion, ici c’était l’origine du créateur qui était mise en avant. 

Une autre différence que j’ai pu constater relève de la communication interne. À titre anecdotique, il fallait mettre tout le monde en copie pour chaque message, même les plus futiles.

J’ai aussi pu observer le fameux cliché de la carte de visite dont on m’avait tant parlé. Tous mes collègues en avaient et les échanges de cartes étaient incessants. J’ai donc pu mettre en pratique les conseils que j’avais lu dans le dossier Trouver du travail au Japon. Avec intérêt, je saisissais à deux mains les cartes que l’on me confiait et je prenais soin de bien lire toutes les informations avant de les ranger. Mon porte-monnaie s’en est retrouvé quelque peu alourdi après ces cinq jours !

Enfin, les cérémonies officielles étaient assez traditionnelles puisque par exemple, un grand ruban a été coupé pour signifier l’ouverture du festival. Également, la remise de prix était assez solennelle puisque remerciements, costards et courbettes étaient de rigueur.

Quel bilan est-ce que je tire de cette expérience ?

Concernant les points positifs, je me sens très chanceuse d’avoir pu participer à ce festival puisque mes collègues ont été très accueillants, bienveillants et sympathiques. J’ai pu rencontrer des personnes que j’admire et me faire de bons amis. C’était très intéressant de pouvoir voir de l’intérieur la culture du travail japonaise avec les « Otsukaresama desu » incessants au bureau (expression qui signifie « Merci pour votre travail »). 

À propos de mes difficultés, j’avais au départ peur de mal faire car j’ai conscience qu’il y a énormément de règles implicites que je pouvais ne pas connaître. En France, on m’a toujours poussé à prendre beaucoup d’initiatives dans le cadre professionnel mais ici c’est plus difficile car la division du travail est assez cadrée. J’avais peur qu’apporter de l’aide à une personne dont les missions étaient différentes des miennes soit mal pris, comme si j’insinuais qu’elle ne pourrait pas faire son travail correctement seule. Il était parfois difficile de trouver ma place, d’autant plus avec la barrière de la langue.

D’un point de vue personnel, cela a été très riche en rencontres et en découvertes. J’ai pu vérifier ou au contraire infirmer certains clichés que j’avais sur le monde du travail au Japon. Si la politesse et la présentation de soi semblaient importantes, en revanche, l’ambiance n’était pas aussi stressante qu’on le raconte. Mes collègues étaient ouverts d’esprits et nous avons beaucoup plaisanté ensemble.

D’un point de vue professionnel, j’ai découvert le fonctionnement de l’industrie japonaise et j’ai pu améliorer (un peu) mon japonais. J’en garde donc un très bon souvenir.



Camille

Après un premier voyage au Japon, j'ai tenté l'aventure PVT en m'installant plusieurs mois à Tokyo ! Entre petits boulots dans la capitale et voyages dans tout le pays, cette année a été plus qu'enrichissante et je partage désormais ce que j'aurais aimé savoir avant mon départ. :)

After my first trip to Japan, I chose the visa PVT to settle in Tokyo for several months! Between odd jobs in the capital and travels all over the country, this year has been more than rewarding, and now I'm sharing what I wish I'd known before I left France. :)

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(2) Commentaires

Morgane I |

Hello Camille !
Merci beaucoup pour ton témoignage très intéressant (et assez rare me semble-t-il).
J’aimerai beaucoup avoir l’occasion d’échanger plus précisément à ce sujet avec toi, si tu es d’accord/que tu as le temps. En effet, je pars en PVT au Japon en octobre prochain (2024), et j’ai moi-même l’envie de découvrir le monde culturel au Japon (notamment cinématographique). J’ai un master dans ce domaine, et je suis actuellement doctorante (recherche sur le cinéma d’un réalisateur japonais).
Je te remercie également pour tes différents articles que j’ai lu avec attention !
Morgane

Camille I |

Hello, tu peux m’envoyer un message en privé si tu veux 🙂