Dans notre dossier sur la cuisine coréenne, nous vous parlions des grandes spécialités locales, celles que vous rencontrerez très rapidement au cours de votre séjour et qui ne vous sont peut-être déjà plus inconnues. Dans ce dossier, nous allons éveiller votre palais à de toutes nouvelles saveurs. Abats ou petites bêtes exotiques, étonnants, déroutants ou peut-être dégoûtants pour certains (mais délicieux pour d’autres !), chacun aura son propre avis sur la question. Les plus téméraires tenteront de mettre leur estomac à l’épreuve quand d’autres seront intraitables. « Manger ça ? Jamais ! ». Avouez que votre curiosité vous pousse malgré tout à en savoir plus… C’est partie pour un tour culinaire de l’extrême !
1 – Beondegi (번데기)
Derrière ce charmant mot se cache une petite bête pas franchement ragoutante : le ver à soie, ou plus précisément son état larvaire. Beondegi signifie littéralement « chrysalide » car ce petit ver est cuisiné entre son état de larve et celui de sa métamorphose finale, donc « en cours de transformation ». Bien que peu attractif pour nous occidentaux, c’est pourtant un met très populaire en Corée du Sud. On en trouve un peu partout en été, sur les étales des marchands ambulants qui les préparent dans de grandes cuves en métal d’où s’échappe une drôle d’odeur que vous ne pourrez ignorer. Dehors, on les déguste chauds, dans un gobelet en plastique, à l’aide d’un petit pique en bois. On en trouve également en conserve, trempant dans leur jus, dans tous les bons supermarchés. À la maison, on peut ensuite les réchauffer à la casserole ou au micro-ondes. Au niveau gustatif, cela se rapproche un peu du goût des fèves cuites, pas mauvais donc.
2 – Gaebul (개불)
Dans la famille des petites créatures sympathiques, j’ai nommé le Gaebul, joliment surnommé « poisson pénis » ou encore « intestins de mer ». Avouez que rien que le nom donne une envie folle d’en avoir dans son assiette ! Ah non ? Vraiment ? Pourtant ce gros ver à la teinte grisâtre (pouvant mesurer jusqu’à 30cm de long !) est un met connu pour ses vertus aphrodisiaques. Les restaurants coréens qui en servent ont généralement un aquarium devant l’entrée pour attester de leur fraîcheur. En effet, le geabul est censé être découpé vivant et servi frais en carpaccio agrémenté d’un peu d’huile de sésame, de sel et de gochujang (pâte de piment). Et il continue de gesticuler dans l’assiette ! Sa texture est un peu caoutchouteuse. Cru, il a un goût de palourde, cuit son goût est plus proche de celui de l’andouillette. Tout un programme…
3 – San-Nakji (산낙지)
Impossible de passer à côté de ce plat qui est sans doute le plus connu des occidentaux dans cette liste (de nombreuses vidéos circulent d’ailleurs sur YouTube).
Le Nakji est un petit poulpe, surnommé aussi « bébé poulpe » à cause de sa petite taille. Bien qu’on nomme ce plat « poulpe vivant », de nos jours, l’animal est souvent tué avant d’être découpé. Pourtant, certains restaurants continuent de pratiquer ce rituel cruel qui consiste à découper chaque tentacule une par une en maintenant l’animal en vie. Des associations pour la défense des animaux se battent aujourd’hui encore pour stopper cette pratique.
Le « carpaccio de poulpe » est servi cru assaisonné d’huile de sésame et de graines de sésame grillées. Ses gesticulations post-mortem sont dues au système nerveu complexe présent dans les tentacules du céphalopode, ce qui rend ce plat particulièrement impressionnant (et rebutant pour beaucoup).
Attention, consommer ce plat n’est pas sans risque et certaines fines-bouches ont déjà subi « les foudres du poulpe ». En effet, les ventouses situées le long des tentacules, chacune pourvue de neurones, conservent leur pouvoir de préhension longtemps après avoir été détachées du corps. Une ventouse peut donc s’accrocher à la parois de la gorge et provoquer un étouffement… Alors, chiche ?
4 – Sundae (순대)
Pour décrire ce plat simplement, le Sundae, qui n’a absolument aucun rapport avec les glaces d’un certain fast food, est un peu l’équivalent de notre boudin noir. Cette saucisse coréenne est fourrée d’un mélange d’intestins de porc ou de vache, de sang, de riz, de légumes ou encore de nouilles transparentes appelées dangmyeon. C’est un plat ancestral qui date de la période Goryeo (918–1392) durant laquelle les sangliers proliféraient dans la péninsule. Il existe différentes sortes de sundae selon les régions, incluant même une version au calamar farci appelée « Ojingeo-Sundae ». On consomme généralement ce met dans la rue, comme encas, accompagné de tteok-bokki (gâteaux de riz pimentés) et de twigim (beignets frits de légumes ou de poisson), ou dans une soupe brûlante du nom de « Sundae-Guk ».
5 – Dwaeji-makchang (돼지막창)
Si vous êtes déjà allé en Corée du Sud, vous avez peut-être déjà vu des pancartes mettant en avant ce plat devant les restaurants. Vous savez, ces petites « rondelles » blanches grillées sur un barbecue. À première vue, ça ressemble à un bout de gras avec un trou au milieu, rien de bien repoussant. D’ailleurs, c’est littéralement ce que vous mangerez, du gras. Ça fond dans la bouche. Mais qu’est-ce que ça peut bien être ?
Assez de suspense, je vais vous révéler de quoi il s’agit. Prêt ? Le Dwaeji-Makchang est une partie sous-estimée du porc… son rectum ! Miam ! Les coréens en raffolent ! Si c’est un plat si prisé, c’est que le haut taux de calcium qu’il contient en fait un aliment idéal pour accompagner l’alcool et éviter la gueule de bois. Il se déguste grillé au barbecue, accompagné de pâte de soja (doenjang) et d’oignons verts hachés. Alors, durant votre prochaine soirée arrosée, pensez au rectum de porc !
Variante : le Gopchang (곱창), de l’Intestin grêle de porc ou de boeuf à préparer sur le grill. Un choix cornélien s’offre à vous…
6 – Jokbal (족발)
Vous vous en rendrez vite compte, le porc est une viande très consommée en Corée du Sud. Certains morceaux de choix ont même des facultés anti-âge ! C’est le cas du jokpal, des pieds de porc marinés dans un mélange de sauce soja, ail, gingembre et vin de riz. On le déguste en petit morceaux enveloppé dans une feuille de laitue fraîche et agrémenté de sauce piquante. La gélatine qu’il contient est censée tonifier la peau et lutter contre les rides. C’est ce qu’on pourrait appeler de la « beauty food ».
Accessoirement, c’est aussi un plat anti gueule de bois. Si on peut faire une pierre deux coups…
7 – Gejang (게장, 게젓)
Direction les beaux rivages pour ce délicieux plat de fruits de mer de première fraîcheur. Au départ, le Gejang est un plat de crabe frais fermenté qui se consomme cru, sans trop d’artifices. De nos jours, il est préparé de différentes façons. On peut, par exemple, fourrer le crabe de riz cuit et de petits légumes pour rendre ce plat plus copieux. La préparation du Gejang est assez longue : le crabe est d’abord lavé et salé avant d’être enfermé dans un pot en terre cuite pendant plusieurs heures. Pour l’assaisonnement, on mélange de la sauce soja avec de l’huile de sésame, du sucre, des oignons verts, de l’ail, du gingembre et du piment rouge (aïe, ça pique !). On recouvre ensuite le crabe du mélange qu’on laisse s’imprégner pendant 1 h, puis on réchauffe à nouveau la préparation avant d’en napper à nouveau le crabe, ceci à plusieurs reprises. Comme c’est un plat fermenté (#kimchi), certains plats de Gejang peuvent être consommés jusqu’à un an après leur préparation ! C’est un met particulièrement salé et épicé qui ne conviendra pas à tous les palais. On le consomme de préférence en période estivale car il ferait baisser la température du corps.
8 – Bosintang (보신탕)
Autrefois consommé pour ses vertus soi-disant “revigorantes”, le Bosintang est une soupe à base de viande de chien. Si ce plat a été relativement répandu au XXe siècle, il est aujourd’hui largement rejeté par la population sud-coréenne, en particulier les jeunes générations.
En 2024, le Parlement a voté une loi interdisant la consommation de viande de chien, qui entrera pleinement en vigueur d’ici 2027. Ce plat controversé, critiqué depuis longtemps par les défenseurs des animaux en Corée comme à l’international, est donc appelé à disparaître du paysage culinaire coréen.
Quel est votre plat préféré ? Et celui que vous n’oserez jamais goûter ? Dites-nous ça en commentaire !
Et bon appétit bien sûr !
(2) Commentaires
J’aurais les pieds de poulet je trouve sa bizarre comme plat.
Très intéressant, je suis plutôt aventurier en bouffe mais dans les plats que tu décris, il y en a aucun qui me tente et surtout pas le Dwaeji-makchang 😀
{{like.username}}
Chargement...
Voir plus