Depuis 2015, la loi française prévoit des dispositions pour faciliter le départ des jeunes étudiants en année de césure, pour un projet personnel. L’année de césure, c’est faire une pause au minimum d’un semestre et au maximum d’un an pour se consacrer à autre chose. Ces projets peuvent être divers : consacrer du temps à une association, monter un projet entrepreunarial, effectuer des stages ou une autre formation temporaire, etc ! Nous avons posé nos questions à Yvan Couallier, chargé de mission Euroguidance au Centre d’Information International de Lyon (un organisme de l’Éducation nationale), pour comprendre comment le PVT peut être envisagé dans le cadre d’une année de césure.
Pour en savoir plus : Éducation nationale (le site propose également une foire aux questions très instructive).
Qu’est-ce que l’année de césure ? Quel est le dispositif légal qui l’encadre ?
Une année de césure est une interruption temporaire des études pour se consacrer à un autre projet, l’idée étant bien de reprendre sa formation à la fin de cette année. La césure est encadrée par une circulaire apparue en juillet 2015 et qui est remise à jour tous les ans par décret (circulaire n° 2019-030 du 10-4-2019). Une convention est donc signée entre l’étudiant et son organisme de formation qui précise les modalités de cette césure, les droits et obligations respectifs de l’étudiant en formation initiale et de l’établissement d’enseignement supérieur, ainsi que la situation de l’étudiant vis-à-vis de la réglementation des prestations sociales.
Une année de césure, c’est à quel moment de ses études ?
La césure peut être théoriquement réalisée à tout moment des études, depuis l’obtention du bac jusqu’au Doctorat. Cependant, la césure est soumise à l’autorisation du chef d’établissement et certains programmes n’acceptent pas de césure à l’entrée en formation. Par ailleurs, la césure peut durer un semestre ou un an.
Quels projets peuvent être envisagés pour faire une césure ? Le PVT en fait-il partie ?
Plusieurs formes de projets peuvent être réalisés, que ce soit en France ou à l’étranger. L’idée principale est que la césure permette d’acquérir une expérience professionnelle ou personnelle. La césure peut alors prendre différentes formes, sans être exhaustif : une formation dans un domaine différent de la formation d’inscription d’origine, une expérience en milieu professionnel, un engagement de service civique ou un projet de création d’activité en qualité d’étudiant-entrepreneur.
Juste après le Bac, comment s’inscrire en année de césure sur Parcours Sup ?
La demande de césure est faite sur Parcours Sup au moment de saisir ses vœux entre janvier et mars. Une case est à cocher à cet effet. Une fois admis dans un établissement d’enseignement supérieur, il faut alors suivre les procédures propres à chaque établissement. Il s’agit souvent de déposer un CV et une lettre de motivation et s’ensuit alors un entretien pour expliquer son projet et ses motivations.
Et en rentrant au bout d’un an, comment cela se passe pour intégrer sa formation ?
Lorsqu’on part en césure, un accord est signé entre l’étudiant et son établissement d’enseignement supérieur et accord stipule les conditions de réintégration dans la formation dans laquelle le jeune était initialement inscrit. Cela permet de sécuriser un départ à l’étranger, l’étudiant part plus sereinement en sachant qu’il a sa place de réservée à son retour.
Si c’est une année de césure alors que les études supérieures sont déjà entamées (entre la Licence et le Master, entre le BTS et la Licence, etc.), comment faire, administrativement ?
Le principe reste le même. Pour bénéficier d’une année de césure, il faut être inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur. Il faut alors commencer par postuler dans une école, être admis dans un programme et seulement à ce moment là déposer sa demande de césure. Encore une fois, l’établissement n’est pas obligé d’accorder la césure.
Y a-t-il des recours si le chef d’établissement n’accepte pas la césure ? Si la demande est refusée, faut-il renoncer ?
La circulaire du 10 avril 2019 rappelle aux établissements qu’ils doivent justifier un refus de césure et présenter aux étudiants les voies de recours possibles. Ces éléments doivent être indiqués dans le règlement des études et/ou le règlement intérieur de l’établissement.
Si la demande est refusée, il appartient alors à l’étudiant de renoncer ou non à son projet. S’il souhaite quand même partir à l’étranger, il renonce alors à sa place dans son établissement et prend le risque de ne pas être reçu l’année suivante.
Avez-vous des conseils pour convaincre les chefs d’établissement ?
Il faut tout d’abord que le projet soit bien réfléchi et bien construit. Il ne s’agit pas de partir un an en vacances mais bien de vivre une expérience qui sera enrichissante et qui valorisera le parcours de formation. Une des craintes des établissements est que l’étudiant n’arrive pas ensuite à se remettre au travail scolaire. L’expérience montre au contraire que les jeunes qui ont vécu ce type d’expérience reviennent plus matures et avec plus d’envie de réussir leurs études. Bien sûr cette expérience peut aussi chambouler les projets d’orientation mais il vaut peut-être mieux alors s’en rendre compte à ce moment-là et se réorienter de manière positive. D’autres pays comme la Suède, l’Allemagne ou le Danemark, par exemple, encouragent leurs jeunes à vivre de telles expériences sans que leur scolarité soit ensuite mise en péril.
Pensez-vous qu’année après année, l’année de césure entre de plus en plus dans les mœurs des jeunes et des établissements ?
Oui sans aucun doute. On le voit clairement auprès des universités qui affichent maintenant des procédures claires sur la demande de césure avec un calendrier et des procédures bien établies. La demande reste encore assez faible mais devrait augmenter dans les années à venir. Les établissements plus modestes en taille gèrent encore ces demandes au cas par cas mais devront également se positionner clairement vis-à-vis des étudiants qui feront certainement de la possibilité de l’année de césure un de leurs critères de choix d’établissement.
Selon vous, pourquoi est-ce une bonne chose de faire une année de césure ?
Une année de césure, d’autant plus si elle se fait à l’étranger, permet vraiment de s’ouvrir au monde, de gagner en autonomie et en maturité. Elle doit être bien préparée et chaque jeune doit réfléchir au type de mobilité qui lui convient le mieux, avec quel degré d’encadrement et à quel moment de son parcours. L’apport linguistique sera indéniable mais bien plus que cela, c’est la découverte de soi à travers les autres et leur culture qui sera le point d’orgue de cette césure.
Existe-t-il des organismes qui accompagnent les jeunes dans la préparation de leur année de césure ?
En fonction de leurs projets, les jeunes seront plus ou moins encadrés par des organismes. Un point de départ pour réfléchir à ce que l’on veut faire peut être de se renseigner sur le site Euroguidance France et d’effectuer le quiz sur l’année de césure qui permet alors de dégager des pistes de mobilité possibles.
Ensuite en fonction du projet, il appartiendra à l’étudiant de se diriger ou non vers des organismes parfois payants comme dans le cadre de séjours linguistiques, par exemple, ou de se rapprocher d’associations pour réaliser un volontariat du corps européen de solidarité.
Les établissements d’enseignement supérieur et notamment les universités accompagnent par ailleurs de plus en plus les étudiants dans cette démarche et il ne faut alors pas hésiter à les contacter.
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